Tuer des Palestiniens est un élément-clé de la politique israélienne

Scènes des funérailles de 12 martyrs tués lors d'une frappe aérienne israélienne sur Gaza le 9 mai 2023 - Photo : Mohammed Salem

Par Abdel Bari Atwan

Netanyahu imagine pouvoir sauver sa peau politique en intensifiant ses massacres.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu tente de se sortir de ses crises intérieures en reprenant sa politique d’assassinats et de massacres dans la bande de Gaza.

Le raid de 40 avions qu’il a mené mardi à l’aube contre trois dirigeants du Jihad islamique et leurs familles, au cours duquel 12 civils, principalement des femmes et des enfants, ont été tués, visait également à provoquer une rupture entre le mouvement et son partenaire, le Hamas.

Mais ce massacre n’atteindra pas ses objectifs. Il se retournera contre lui et pourrait même déclencher une guerre régionale.

Ces raids aériens et ces assassinats ne reflètent pas la force d’Israël, mais son désespoir et son incohérence. Ils constituent également un embarras majeur pour l’Égypte, qui sert d’intermédiaire et où les trois dirigeants de la résistance s’apprêtaient à se rendre pour des pourparlers.

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Le Caire avait reçu des assurances d’Israël dans le cadre de l’accord conclu en mai dernie, pour mettre fin aux attaques de missiles du Djihad islamique en représailles à l’arrestation de membres importants à Jénine, en Cisjordanie.

A présent, le groupe aurait refusé de répondre aux appels des autorités égyptiennes appelant au calme, ce qui indique qu’il a l’intention de riposter avec force.

Le fait qu’Israël cible les membres du Jihad islamique en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, à l’exclusion [le plus souvent -N.d.T] des autres groupes de résistance, en particulier le Hamas, est un stratagème flagrant et cynique pour semer la discorde entre eux.

Le Hamas devrait être assez intelligent pour ne pas tomber dans ce piège. Il a été fortement critiqué par ses électeurs palestiniens pour avoir laissé le Jihad islamique affronter seul l’assaut de l’année dernière.

Cette fois, le Hamas sera contraint de participer aux représailles, car le dernier massacre israélien n’a pas seulement tué les trois dirigeants du Jihad, mais aussi 12 civils, violant ainsi les termes de la trêve convenue avec le mouvement, qui est tenu, en tant qu’autorité dirigeante dans la bande de Gaza, de protéger la vie des personnes vivant sous son autorité.

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Netanyahu pourrait bien avoir ordonné ce massacre afin d’exploiter les éventuelles représailles palestiniennes comme prétexte à un assaut total sur la bande de Gaza visant à anéantir les groupes de résistance.

Mais il s’agirait là d’un acte de folie qui entraînerait d’énormes pertes politiques et militaires. Il s’agirait d’une répétition, à plus grande échelle et avec plus d’efficacité, de la campagne de l’épée de Jérusalem de 2021, qui a coupé Israël du monde extérieur, fermé ses aéroports et envoyé des millions de colons israéliens se réfugier dans des abris.

À l’époque, M. Netanyahu s’était tourné vers le président américain Joe Biden pour qu’il arrête les missiles et avait imploré les Égyptiens d’intercéder.

Mais il ne rencontrera ni l’un ni l’autre s’il envoie ses chars dans la bande de Gaza. Il sera accueilli par des roquettes Kornet et un barrage de missiles améliorés visant les villes occupées par Israël et pouvant causer de lourdes pertes.

Cela pourrait signifier sa fin et celle de son gouvernement fasciste, et lancer le compte à rebours vers la fin de l’État d’occupation israélien.

10 mai 2023 – Raï al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine