La violence des colons israéliens pousse les Palestiniens au point de non-retour

Des néo-nazis israéliens masqués - sous la protection de soldats israéliens - jettent des pierres sur des Palestiniens (non visibles sur la photo) lors d'une manifestation contre la construction d'un avant-poste israélien près du village palestinien de Turmusaya et de la colonie juive de Shilo au nord de Ramallah en Cisjordanie, le 17 octobre 2019 - Photo: Jaafar Ashtiyeh

Par Adnan Abu Amer

Les attaques menées par les colons israéliens contre les Palestiniens en Cisjordanie, parallèlement aux violences commises par les soldats des forces d’occupation, se sont poursuivies au point de susciter des alertes israéliennes et de faire craindre que ces attaques ne déclenchent une révolte dans les zones palestiniennes.

Les alertes des services répressifs israéliens font état d’informations selon lesquelles colons ont pour projet de mener des opérations destructrices contre les Palestiniens et leurs institutions, domiciles et exploitations agricoles, notamment en brûlant leurs voitures et leurs bâtiments, en les tabassant et en leur lançant des pierres. Ces éléments, ainsi que d’autres, pourraient enflammer la région, car ils pourraient inciter les Palestiniens à réagir collectivement aux violentes attaques des colons.

À la lumière de la série d’attaques de la résistance palestinienne qui ont eu lieu ces dernières semaines, l’occupant israélien craint que la violence des colons et de leurs militants d’extrême-droite contre les Palestiniens n’aggrave encore la situation dans les territoires palestiniens, faisant monter les tensions sur le terrain entre les Palestiniens d’une part et les colons soutenus par l’armée israélienne d’autre part.

En plus des récentes opérations palestiniennes, l’armée israélienne et l’agence de sécurité israélienne Shabak ont observé une flambée des manifestations sur le terrain dans diverses régions de Cisjordanie.

Au cours de ces protestations, des pierres et des explosifs ont été lancés sur les forces de l’armée d’occupation et les véhicules des colons.

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Les troupes d’occupation, de leur côté, ont répondu par des tirs d’armes à feu en plus de lancer plusieurs campagnes d’arrestation de jeunes Palestiniens, qu’ils soient soupçonnés de mener des opérations offensives ou de participer à des jets de pierres et à la pose d’engins explosifs.

En outre, d’autres formes de résistance populaire sont apparues dans diverses villes de Cisjordanie.

Les avertissements israéliens concernant les attaques sanglantes menées par les colons contre les Palestiniens coïncident avec la publication de déclarations israéliennes accusant ces mêmes colons d’enflammer la situation.

Un exemple notable en est la récente déclaration d’Omer Bar Lev, ministre israélien de la sécurité publique, qui a accusé les colons de mener des actes violents pour faire dégénérer la situation sur le terrain avec les Palestiniens, de sorte que ceux-ci soient obligés de répliquer aux attaques à l’aide d’armes blanches ou d’armes à feu.

Les Israéliens craignent que ces attaques ne se poursuivent dans les jours à venir.

L’armée d’occupation a suivi 15 incidents contre des Palestiniens ces derniers jours, notamment des cas d’incendie d’un bâtiment, d’incendie d’une voiture, de jets de pierres, de descente dans une maison, de coups de matraque, d’utilisation de gaz poivré, etc… Au cours de l’une de ces attaques violentes, un chauffeur de camion palestinien a été frappé à la tête par une pierre lancée par un groupe de colons juifs à Chumash.

Pendant un certain temps, il n’y avait pas eu de telles violences des colons contre les Palestiniens. Mais comme l’atmosphère est “saturée d’une grande quantité de carburant” – ce qui est l’expression utilisée par l’occupant pour parler d’une situation tendue – alors ces actions agressives des colons contre les Palestiniens peuvent avoir des conséquences dévastatrices.

L’armée et l’ensemble des services répressifs sont conscients que si “une quantité supplémentaire de carburant s’infiltre dans le feu”, il sera très difficile de stopper les violences des colons contre les Palestiniens.

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Les attaques permanentes des colons contre les Palestiniens remontent à 1891, lorsque le projet de colonisation juive a commencé. Au cours des années qui ont suivi, les colons ont fait preuve d’une hostilité et d’une cruauté extrêmes envers les Arabes. Ils les ont attaqués sans justification et les ont agressés de manière humiliante sans raison.

Ils étaient fiers de leurs actes et il n’y avait personne pour arrêter cette vague dangereuse.

Parallèlement à la violence des colons contre les Palestiniens en Cisjordanie et à la complicité des forces d’occupation, certaines voix israéliennes, bien que peu nombreuses, ont appelé à freiner la politique militaire adoptée par l’armée d’occupation et à mettre fin à la politique du “doigt sur la gâchette”, car elle ne fait qu’augmenter le nombre de victimes palestiniennes.

Ces voix israéliennes n’expriment pas nécessairement une volonté de sauver le sang des Palestiniens, mais elles craignent ce qu’elles appellent “le génie qui sort de sa bouteille”, puis le passage de la situation en Cisjordanie à un point d’escalade sans précédent, qui pourrait tout emporter avec lui.

C’est pourquoi ces voix appellent à changer la façon dont les soldats de l’occupation agissent dans les territoires occupés, en particulier en Cisjordanie.

Après avoir inculqué à ses soldats la politique d’une prétendue “main douce sur la gâchette”, l’occupation israélienne semble désormais incapable de changer l’état d’esprit de ses soldats.

L’état-major général en est certainement responsable, même s’il fait mine de retenir son souffle à chaque nouveau mort palestinien. Le résultat est que “le génie est sorti de sa bouteille” et que la seule façon de le pousser à y retourner est de changer fondamentalement la conduite politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés, qu’ils ont transformés en une bombe à retardement qui peut exploser à tout moment.

D’autre part, les Israéliens craignent véritablement que l’occupation ne finisse par détruire définitivement le tissu même de la société israélienne en transformant ses soldats en un groupe de tueurs tirant sur tout objet en mouvement sans le moindre risque pour eux-mêmes.

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Ces voix israéliennes estiment que leur armée n’a aucune stratégie ou tactique pour engager le combat. Ils sont, au mieux, compétents pour humilier les Palestiniens et perturber leur vie quotidienne. Ils prétendent que les Palestiniens menacent leur vie et continuent donc à les tabasser pendant qu’ils sont menottés dans des véhicules militaires.

Lorsqu’ils atteignent leurs bases, ils continuent à les battre et à appuyer leurs armes sur les corps de leurs détenus. Tout cela se passe alors que ces détenus sont toujours menottés, ont les yeux bandés et endurent des insultes.

Dans ces circonstances, toutes les révélations concernant l’ouverture d’enquêtes par la police militaire israélienne doivent être considérées comme des tentatives de tromper le public, même après la formation de comités de sécurité et d’enquêtes criminelles militaires.

Bien que ces enquêtes puissent aboutir à l’arrestation de certains soldats et à la prolongation de leur détention, il s’agit néanmoins de mesures homéopathiques qui ne dissuaderont pas d’autres personnes de commettre les mêmes abus.

La règle que les Israéliens refusent de reconnaître est que pour chaque action, il y a une réaction.

Ainsi, toute violation commise par l’armée d’occupation à l’encontre des Palestiniens donne lieu à des opérations offensives de représailles contre ces soldats. L’armée d’occupation poursuit pourtant ses crimes contre les Palestiniens, malgré le prix sanglant payé par ses soldats et ses colons.

Il est clair que la vague actuelle de violence des colons pousse les territoires occupés vers une explosion sans retour.

28 décembre Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine