Le travailleur Abdulfatah Obayat, torturé et battu à mort par des colons de Gilo

Photo : via english.palinfo.com
Chaque année plusieurs dizaines de travailleurs palestiniens décèdent dans des accidents du travail sur les chantiers de construction en Israël (Palestine de 1948) ou dans les territoires occupés en 1967 - Photo : via english.palinfo.com

Par StoptheWall

Les colons israéliens ont torturé et battu à mort un ouvrier palestinien sur son lieu de travail dans la colonie israélienne illégale de Gilo. Le corps d’Abdulfatah Obayat a été retrouvé dans un bâtiment de la colonie mercredi dernier, 16 décembre 2020.

La Nouvelle Fédération Syndicale Palestinienne considère ce meurtre brutal comme l’une des formes de brutalité les plus flagrantes auxquelles sont soumis les travailleurs palestiniens dans les entreprises israéliennes. Nous appelons l’Organisation internationale du travail, la Confédération syndicale internationale et les syndicats à tenir Israël et ses entreprises responsables de leurs crimes contre les travailleurs palestiniens.

Appel à l’action

Abdulfatah Obayat, un père de 37 ans originaire de Bethléem, a été retrouvé mort dans un bâtiment de la colonie illégale de Gilo mercredi. Avant de l’assassiner, Obayat a été gravement torturé par une bande de colons israéliens fanatisés.

Dès qu’elle a appris la nouvelle du meurtre d’Obayat, sa famille a publié la déclaration qui suit :

“Abdulfatah a été martyrisé après avoir été brutalement agressé par un groupe de colons alors qu’il travaillait dans la colonie de Gilo. Le corps d’Abdulfatah a été retrouvé dans un bâtiment, et il portait des traces de coups et une était corde enroulée autour de son cou. Abdulfatah ne faisait que gagner sa vie quand les colons l’ont tué”.

Mohammed al-Blaidi, le secrétaire général de la Nouvelle Fédération Syndicale Palestinienne, a commenté ainsi le meurtre inhumain d’Obayat :

“Le meurtre d’Obayat s’inscrit dans le contexte de la discrimination systématique et érigée en système à l’encontre des travailleurs palestiniens des entreprises israéliennes. Nos travailleurs sont régulièrement soumis à des actes violents de passage à tabac et de meurtre, soit par les forces d’occupation israéliennes, soit par les colons israéliens. Le mauvais traitement des travailleurs palestiniens par les employeurs israéliens est une autre forme de brutalité à leur égard, surtout lorsqu’ils ne bénéficient d’aucune protection dans des conditions de travail désastreuses et dangereuses.

“Depuis la propagation de la pandémie COVID-19, les employeurs israéliens ont arbitrairement licencié des milliers de travailleurs palestiniens tout en leur refusant totalement leurs droits. Malheureusement, il n’y a pas de soutien réel et concret aux droits de nos travailleurs au milieu de ces graves violations de leurs droits humains ; nous appelons les syndicats du monde entier à tenir Israël pour responsable de cela en le boycottant et en le sanctionnant.”

Les colons israéliens et les forces d’occupation torturent et assassinent les Palestiniens en toute impunité. Le régime d’apartheid d’Israël qui soumet les Palestiniens à son système juridique discriminatoire ne criminalise pas les crimes commis par les colons et les soldats contre les travailleurs palestiniens.

Au milieu de cette situation d’apartheid et de colonisation, tenir Israël responsable de ses violations constantes des droits de nos travailleurs dans les entreprises israéliennes est l’obligation des organisations qui défendent les droits des travailleurs à travers le monde.

Nous demandons instamment à l’Organisation Internationale du Travail, à la Confédération Syndicale Internationale et aux syndicats du monde entier de tenir Israël responsable, en se joignant au mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) dirigé par les Palestiniens et en exerçant une pression efficace et urgente sur leurs gouvernements pour qu’ils agissent :

(1) en déclarant Israël comme un État d’apartheid selon la définition des Nations unies de la Convention sur l’apartheid (1973) et en appelant à la réactivation du Comité spécial des Nations unies contre l’apartheid.

(2) en interdisant les biens et services des colonies israéliennes et en cessant toute activité avec les entreprises israéliennes et internationales qui opèrent dans les colonies israéliennes et en tirent profit.

(3) en garantissant que la base de données des Nations unies sur les entreprises ayant des activités liées aux colonies israéliennes, publiée le 12 février 2020, sera mise à jour et publiée chaque année de manière transparente.

Le système d’oppression à trois niveaux d’Israël – l’apartheid, le colonialisme de peuplement et l’occupation – est une entreprise économique qui s’est développée grâce à l’exploitation de centaines de milliers de travailleurs palestiniens.

La décision d’Obayat et de beaucoup d’autres de travailler dans les colonies israéliennes n’est guère le résultat d’un libre choix. L’étranglement de l’économie palestinienne et les politiques israéliennes qui sapent tout développement d’une économie palestinienne créent les taux élevés de chômage et de pauvreté qui obligent les travailleurs comme Obayat à chercher du travail dans les colonies.

Le fait de déposséder les Palestiniens de ressources économiques clés, principalement leurs terres et leurs ressources en eau, est une raison majeure qui les pousse à chercher du travail dans les colonies israéliennes. Sans terre et sans eau, aucun développement économique palestinien n’est possible, ni aujourd’hui ni à l’avenir.

Pour gagner sa vie et celle de sa famille, Obayat a dû travailler dans la colonie de Gilo construite sur des terres volées à son peuple. Gilo, construite sur les terres de Beit Jala, Beit Safafa et al Sharafat, est située au sud-ouest de Jérusalem-Est.

Créée en 1971 et actuellement habitée par environ 30 000 colons illégaux, Gilo joue un rôle dans l’isolement et la ghettoïsation de Jérusalem en la coupant de Bethléem, d’Hébron et du reste de la Cisjordanie occupée.

La colonie a été construite principalement sur une carrière, d’où proviennent des pierres que les Palestiniens ont utilisées pour construire de nombreuses structures à Bethléem et à Jérusalem. Cette carrière représentait une source principale de revenus pour les habitants palestiniens de la région.

La colonie de Gilo a également fortement limité les activités agricoles des villageois d’Al Walajeh. Comme toutes les colonies de cette région, Gilo a aussi restreint l’accès des Palestiniens aux ressources naturelles, principalement l’eau.

Dans le contexte de la propagation de la pandémie de COVID-19, Israël en profite pour maintenir son économie en exploitant des centaines de milliers de travailleurs palestiniens, les réduisant à des conditions de travail inhumaines et pénibles.

L’exploitation et les mauvais traitements systématiques des travailleurs palestiniens avant et après la propagation de la pandémie sont un élément clé de l’apartheid et des pratiques coloniales d’Israël, lesquelles ne font que prospérer.

18 décembre 2020 – StopTheWall – Traduction : Chronique de Palestine