La résolution 2803 vise à partitionner Gaza et à briser la volonté palestinienne

26 novembre 2025, complexe médical Nasser, Khan Yunis, au sud de la bande de Gaza - La famille Al-Qahouji enterre l'un de ses fils tué lors d'un bombardement israélien. Une cérémonie d'adieu a eu lieu à l'intérieur de l'hôpital, avant que le corps ne soit transféré vers son lieu de repos définitif. Le complexe médical Nasser continue de recevoir un grand nombre de morts et de blessés à la suite des opérations israéliennes en cours dans toute la bande de Gaza. Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 300 Palestiniens ont été assassinés par les forces israéliennes depuis l'entrée en vigueur du soit-disant accord de « cessez-le-feu » le 10 octobre - Photo : Doaa Albaz / Activestills

Par Ramzy Baroud

La résolution 2803 du Conseil de sécurité des Nations unies montre qu’en réalité la guerre menée par Israël contre Gaza n’a jamais cessé. Elle a simplement changé de forme.

La résolution 2803 du Conseil de sécurité des Nations unies est vouée à l’échec. Cet échec aura un prix : davantage de morts palestiniens, des destructions massives et l’extension de la violence israélienne à la Cisjordanie et à d’autres régions du Moyen-Orient.

La résolution, adoptée le 14 novembre 2025, était un lot de consolation pour Israël qui a échoué à atteindre l’objectif ultime du génocide qu’il a commis à Gaza pendant deux ans : le nettoyage ethnique de la population et la prise de contrôle totale de la bande de Gaza.

Gaza a brisé une doctrine israélienne fondamentale : la certitude absolue que sa suprématie militaire, fondée sur une technologie bien supérieure fournie par les États-Unis et l’Occident, lui permettrait de soumettre le peuple palestinien.

Même s’ils savaient que prendre le contrôle de Gaza ne serait pas chose facile – comme en témoigne l’histoire de la violence israélienne dans la bande de Gaza –, les dirigeants israéliens étaient absolument certains d’y parvenir.

En août, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré avec une totale confiance qu’Israël avait pour objectif de « prendre le contrôle de toute la bande de Gaza ». Cela s’est avéré être un vœu pieux.

Comment Israël a-t-il échoué à soumettre une population appauvrie et assiégée de 2 millions de personnes, soumise à un blocus, à une famine et à l’un des génocides les plus horribles de l’histoire ? C’est une question qui sera posée aux historiens futurs.

Le Conseil de Sécurité punit la victime et récompense le criminel

La conséquence immédiate, cependant, est politique : Israël et ses soutiens occidentaux, en particulier les États-Unis, comprennent qu’un échec total d’Israël à Gaza serait interprété par les victimes d’Israël comme un signe crucial des temps.

En fait, l’idée de l’implosion d’Israël et de la fin du projet sioniste est passée de la marge des débats intellectuels au centre. Ces idées sont discutées par les Israéliens eux-mêmes et constituent un sujet récurrent dans les médias israéliens.

Un titre tel que celui du Haaretz du 15 novembre n’a rien de choquant : « Dans un site secret de Harvard, une archive massive sur Israël est conservée – au cas où Israël cesserait d’exister ».

Ainsi, le soi-disant « plan de stabilisation global pour Gaza » du président américain Donald Trump, signé à Charm el-Cheikh le 30 octobre 2025, a marqué le début officiel du projet américain visant à sauver Israël de ses propres erreurs. Ce prétendu « cessez-le-feu » avait pour but de donner à Israël une marge de manœuvre.

Au lieu d’occuper tout Gaza et d’en chasser les Palestiniens, Israël allait désormais recourir à l’ingénierie sociale et politique pour atteindre le même objectif.

La première phase du plan, qui plaçait la majeure partie de Gaza sous contrôle militaire israélien en prévision d’un retrait progressif, s’avère déjà être une imposture. Au moment où nous écrivons cet article, Israël, selon le bureau des médias du gouvernement de Gaza, a violé l’accord près de 400 fois, tuant plus de 300 Palestiniens.

Israël continue de démolir systématiquement les zones palestiniennes et a commencé à opérer de plus en plus à l’ouest de la « ligne jaune », qui sépare Gaza en deux régions.

Pire encore, selon les autorités de Gaza, Israël a étendu sa part de Gaza, estimée à environ 58 %, vers l’ouest.

Le « cessez-le-feu » a effectivement mis en place un nouveau mécanisme qui permet à Israël de mener une guerre unilatérale – avec une expansion territoriale, des destructions, des assassinats et des massacres occasionnels – tandis que les Palestiniens n’attendent rien d’autre qu’un simple ralentissement de la machine de mort israélienne.

Cette situation n’est pas tenable, d’autant plus qu’Israël a également violé le principe le plus fondamental du cessez-le-feu imaginaire : permettre l’entrée de l’aide vitale à Gaza.

La résolution 2803 du Conseil de sécurité des Nations unies approuve le « Plan global de stabilisation pour Gaza » sans imposer aucune obligation juridiquement contraignante à Israël. Elle établit un Conseil d’administration et de surveillance transitoire (TAOC), qui exclut totalement les Palestiniens, y compris l’Autorité palestinienne soutenue par l’Occident.

Le pouvoir exécutif de ce TAOC serait la Force internationale de stabilisation (ISF), dont la seule mission serait de « stabiliser l’environnement sécuritaire à Gaza » au nom d’Israël, notamment en désarmant les groupes palestiniens.

Selon la résolution, l’ISF opère « en étroite consultation et coopération », ce qui signifie que cette force est chargée d’atteindre les objectifs militaires d’Israël, permettant ainsi à ce dernier de déterminer le calendrier et la nature de son prétendu retrait progressif.

Comme les Palestiniens refusent de désarmer – car un désarmement inconditionnel sans garanties internationales significatives conduirait certainement au retour complet du génocide israélien –, Israël refusera certainement de quitter Gaza.

Netanyahu l’a clairement indiqué le 16 novembre, lorsqu’il a déclaré qu’« Israël ne se retirerait pas » sans désarmer le Hamas, « que ce soit par la manière douce ou par la manière forte ».

Pour les Israéliens, un cessez-le-feu signifie affamer et tuer

La partition de Gaza est une tentative menée par les États-Unis pour changer la nature du défi auquel Tel-Aviv est confronté, mais elle vise en fin de compte à atteindre les mêmes objectifs initiaux.

La résolution a pleinement servi les intérêts d’Israël, d’où l’enthousiasme de Netanyahu, mais Israël refuse toujours de la respecter, indiquant clairement qu’il n’y aura pas de deuxième phase du plan initial de Trump.

Cependant, l’ensemble du projet politique est voué à l’échec. Même si les souffrances des Palestiniens vont certainement s’aggraver dans les mois à venir, la stratégie américano-israélienne est fondamentalement viciée : elle repose sur la tromperie et la coercition, et sur l’hypothèse erronée que les Palestiniens, craignant un génocide, accepteront tout plan qui leur sera imposé.

Cette hypothèse ignore l’histoire. Les Palestiniens ont toujours réussi à déjouer les mécanismes sophistiqués conçus pour les briser, ce qui signifie que ce nouvel accord est tout aussi intenable.

En fin de compte, l’échec de la résolution 2803 du Conseil de sécurité des Nations unies confirme une vérité immuable : la guerre menée par Israël contre Gaza n’a pas cessé. Elle a simplement changé de forme.

Il est essentiel que les populations du monde entier reconnaissent cette nouvelle phase pour ce qu’elle est : une manœuvre diplomatique visant à faciliter le plan israélien en cours pour contrôler la bande de Gaza et procéder au nettoyage ethnique de sa population

26 novembre 2025 – The Palestine Chronicle – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet

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