Gaza : la résistance élimine un à un les gangs qui ont collaboré avec les occupants

11 février 2025 - Policiers palestiniens faisant la chasse aux gangs qui pillent, avec la complicité des occupants israéliens, les convois d'aide destinés à la population de Gaza - Photo : via Yemen News Agency

Par Tareq S. Hajjaj

La vaste campagne de sécurité menée par le Hamas pour éliminer les gangs armés qui ont collaboré avec l’armée israélienne pendant la guerre s’intensifie. « Nos opérations les élimineront tous, sans exception », a déclaré une source sécuritaire du Hamas à Mondoweiss.

À présent, la vidéo est devenue virale. Des hommes armés masqués affiliés au Hamas dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de Gaza, alignent un groupe d’hommes aux mains liées tandis que des spectateurs se rassemblent autour d’eux.

Les combattants du Hamas crient que ces hommes sont des collaborateurs de l’armée israélienne. « Assassins ! » crie un spectateur. Ils sont exécutés par un peloton d’exécution.

Dans une autre vidéo, une scène similaire se déroule. Un combattant du Hamas s’adresse à la foule, affirmant que les accusés « se sont associés » à l’armée israélienne « pour tuer leur propre peuple » et ont été condamnés à mort.

Avant l’exécution, le combattant masqué lance un avertissement : « Nous disons à tous les collaborateurs — au grand collaborateur Yasser Abu Shabab, au grand collaborateur Rami Hilles et au grand collaborateur Ahmad Jundiyya — que vous serez tous amenés ici, aux pieds des combattants de la résistance. »

Face aux collabos et aux gangs, la résistance reprend la main

Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu avec Israël, le Hamas a lancé une vaste campagne de sécurité pour réprimer les gangs armés responsables du pillage de l’aide humanitaire pendant la guerre.

Dans certains cas, ces gangs ont été chargés par l’armée israélienne de combattre directement le Hamas, tout en recevant, selon les médias locaux et israéliens, des armes, une formation, un financement et un soutien logistique sur le terrain de la part d’Israël. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a également admis publiquement cette politique en juin.

Cette situation chaotique a été rendue possible par le vide politique créé par la politique déclarée d’Israël consistant à cibler systématiquement les fonctionnaires du Hamas, y compris les forces de police locales chargées de maintenir l’ordre public et de lutter contre la criminalité.

Cela a contraint la police de Gaza à se cacher après la rupture du précédent cessez-le-feu en mars, permettant ainsi aux clans et autres groupes armés de piller l’aide humanitaire sous la protection d’Israël.

Les Palestiniens affirment que cela s’inscrit dans le cadre d’une politique israélienne délibérée consistant à donner l’impression de laisser entrer l’aide à Gaza, tout en s’assurant qu’elle ne parvienne pas à ceux qui en ont besoin.

Parmi les groupes les plus tristement célèbres qui sont aujourd’hui la cible de la répression du Hamas figurent les « Forces populaires » dirigées par Yasser Abu Shabab à Rafah, la Force de frappe antiterroriste dirigée par Hussam al-Astal à Khan Younis, une milice dans l’est de la ville de Gaza dirigée par un ancien membre des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, Rami Hillis, un groupe armé dans la ville de Gaza dirigé par un ancien membre des services de renseignement de l’Autorité palestinienne, Ahmad Jundiyya, et des membres armés du clan Doghmush.

Le Hamas offre l’amnistie aux membres de gangs « non impliqués dans des effusions de sang »

La campagne du Hamas a débuté peu avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Le 4 octobre, des membres du Hamas ont éliminé des collaborateurs du clan Majadla à Khan Younis, prétendument pour avoir tué deux combattants de la résistance.

Une unité du Hamas pour combattre les gangs armés par Israël à Gaza

Lorsque les forces du Hamas ont pris d’assaut le bloc résidentiel du clan où vivaient les accusés, la famille s’est affrontée avec les forces du Hamas. Selon des informations locales, l’armée israélienne est intervenue pendant la fusillade et a bombardé les combattants de la résistance, tuant sept d’entre eux.

Lorsque le cessez-le-feu a été conclu, l’armée israélienne a reçu l’ordre de se retirer et de ne plus intervenir. Les soldats israéliens ont déclaré avoir observé la scène depuis leurs postes d’observation, « les mains liées ».

« Ceux qui s’attendent à ce qu’Israël aide ces mêmes clans se trompent. Il semble qu’Israël les ait laissés se débrouiller seuls », a déclaré un officier israélien au journal Haaretz.

Le président américain Donald Trump a déclaré qu’il n’était pas gêné par la répression du Hamas, admettant qu’elle « avait éliminé quelques gangs très dangereux ».

Le Hamas a profité de l’occasion pour éliminer les forces complices de la famine, un effort qui se poursuit. Mais certains groupes, comme celui de Yasser Abu Shabab, restent dans des zones encore sous contrôle israélien.

Le 12 octobre, le ministère de l’Intérieur de Gaza a annoncé qu’il ouvrait une « fenêtre d’amnistie » pour tous les collaborateurs de l’armée israélienne qui n’étaient pas eux-mêmes « impliqués dans des effusions de sang ». La fenêtre d’amnistie prendra fin le dimanche 19 octobre, a déclaré le ministère dans un communiqué, ajoutant que ceux qui se rendraient verraient leur casier judiciaire effacé.

Le premier jour du cessez-le-feu, le Hamas a pris d’assaut le complexe familial Doghmush dans la ville de Gaza et a assiégé tout le quartier pendant trois jours. Les membres du clan Doghmush ont été accusés d’avoir tué le journaliste palestinien Saleh Aljafarawi, ainsi que Naim Naim, le fils du haut responsable du Hamas Bassem Naim.

Le deuxième jour du cessez-le-feu, le Hamas a annoncé avoir tué le bras droit de Yasser Abu Shabab, Ahmad Tarabin, à Khan Younis. Mardi, les forces du Hamas ont attaqué le gang dirigé par Rami Hillis dans le quartier d’al-Shuja’iyya, à l’est de la ville de Gaza.

« Nous traitons les criminels et les hors-la-loi selon deux cadres », a déclaré une source sécuritaire du ministère de l’Intérieur de Gaza à Mondoweiss. « Le premier cadre nous permet de leur accorder l’amnistie ou de les juger devant un tribunal s’ils se rendent et coopèrent avec les forces de sécurité. Mais dans le second cadre, nous poursuivons tous les hors-la-loi de toutes nos forces, où qu’ils se trouvent. Nos opérations les élimineront tous, sans exception. »

L’ordre public à Gaza mis à mal par les Israéliens qui favorisent l’action des gangs armés

La source policière du ministère a déclaré que les forces de police s’efforçaient de rétablir l’ordre public dans la bande de Gaza et de poursuivre les gangs armés qui ont des liens avec l’armée israélienne.

« Ces familles ont profité de la proximité de leurs zones avec les opérations militaires de l’armée israélienne pour agir contre Gaza et sa population », a expliqué la source. « Elles ont attaqué des convois, pillé des aides humanitaires, enlevé et terrorisé des citoyens. »

La source sécuritaire a fait référence au clan Doghmush — sans le nommer — comme étant « une grande famille qui a formé l’un de ces gangs » dans le quartier de Sabra, à l’ouest de la ville de Gaza, où les opérations militaires de l’armée israélienne étaient concentrées avant le cessez-le-feu.

« Les forces de sécurité ont neutralisé ce groupe et l’ont traité de manière décisive, en particulier après qu’il ait refusé de répondre à l’ultimatum que nous lui avions lancé de rendre ses armes et de revenir dans le giron de son peuple », a déclaré la source.

« Plus dangereux qu’Israël lui-même »

Les réactions à Gaza aux vidéos d’exécutions sommaires ont été mitigées. Certains ont déclaré en ligne que les habitants de Gaza avaient vu suffisamment d’horreurs au cours des deux dernières années, condamnant sans équivoque ces meurtres.

D’autres ont déclaré que les gangs visés étaient « plus dangereux que l’occupation » elle-même, affirmant que ces exécutions devaient servir de message à la population pour qu’elle réfléchisse à deux fois avant de collaborer avec l’occupant contre son propre peuple.

« Tous nos actes visent à imposer l’ordre et la loi, et nous avons le soutien total des clans », a déclaré la source policière du ministère de l’Intérieur. « Nous nous efforçons également d’empêcher les tentatives de création du chaos, qui sont fomentées par des étrangers et des groupes liés à l’Autorité palestinienne. »

Au début de la semaine, le chef du Comité supérieur des affaires tribales à Gaza, Cheikh Husni al-Mughni, a réagi à l’une des vidéos d’exécution dans une interview accordée à la chaîne saoudienne al-Hadath.

Il a déclaré que les clans de Gaza soutenaient « de tout cœur » les efforts du Hamas et a affirmé que « justice avait été rendue ».

« Le Hamas a averti ces personnes à plusieurs reprises, par l’intermédiaire de médiateurs et de membres de leur famille, qu’elles devaient se rendre et faire face à la justice », a déclaré al-Mughni.

« Franchement, elles mériteraient une punition encore plus sévère si vous saviez ce qu’elles ont fait », a-t-il ajouté. « Un homme qui bat et tue un enfant de 10 ans pour lui voler sa farine mérite d’être exécuté, voire pire. »

16 octobre 2025 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine

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