Le sionisme est la pointe avancée de l’impérialisme US au Moyen-Orient

Colons - Cisjordanie occupée
Colons juifs en Cisjordanie occupée - Le fascisme israélien fleurit sur le fumier du colonialisme - Photo : Archives

Par Haythem Guesmi

Le sionisme – et donc le colonialisme israélien de peuplement – est un prolongement de l’impérialisme américain, écrit Haythem Guesmi.

“Mort aux Arabes !” , “Que votre village brûle”, “Une deuxième Nakba arrive !”Ce sont les slogans que de jeunes colons israéliens scandaient pendant qu’ils marchaient dans la vieille ville de Jérusalem-Est occupée, le 15 juin de cette année.

La marche sioniste nationaliste célébrant l’occupation par Israël de Jérusalem-Est en 1967 rappelle de façon étrange pas seulement les rassemblements nazis du siècle dernier en Europe mais aussi les manifestations de haine raciale qu’on peut voir de l’autre côté de l’Atlantique, aux États-Unis d’Amérique.

Par exemple, quand on observe la “Marche des Drapeaux” à Jérusalem, il est difficile de ne pas se rappeler la marche des suprémacistes blancs de Charlottesville en Virginie dans laquelle des adeptes du nationalisme blanc brandissant des torches Tiki [torches à huile en bambou] criaient des slogans comme “vous n’allez pas nous remplacer !” ou bien “Le sud se lèvera de nouveau !”.

La seule différence peut-être entre ces deux manifestations publiques de haine raciale et d’intentions génocidaires est que contrairement à leurs homologues américains, les racistes israéliens ne risquaient pas de réactions adverses ou de punition.

Alors que les slogans génocidaires envahissaient Jérusalem occupée, la police israélienne ne faisait rien pour contrôler les colons, ce qui ne l’a pas empêchée d’arrêter pour “atteinte à l’ordre public” 17 Palestiniens qui protestaient contre cette provocation flagrante.

Les ressemblances entre les suprémacistes blancs des USA et les colons sionistes ne doivent rien au hasard.

Il existe entre ces deux groupes une parenté qui ne se limite pas aux sentiments de haine et de mépris envers “l’autre” qu’ils partagent. On peut dire en fait que les colons israéliens condensent en eux ce qu’il y a de plus représentatif dans les idées et politiques de l’impérialisme us-américain dans la région MENA.

Les visages du suprémacisme blanc us-américain en Israël

En mai 2021, Muna al-Kurd, une jeune femme palestinienne accuse un colon israélien portant le nom de Jacob de voler la maison de sa famille dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est. “Jacob”, lui dit-elle en anglais, “vous savez que cette maison n’est pas à vous.”

Le colon dans un fort accent américain répond “oui mais si je m’en vais, vous n’allez pas y retourner, où est donc le problème ? Pourquoi criez-vous après moi ?”

Jacob qui est par la suite devenu tristement célèbre grâce à une vidéo devenue virale, vidéo qui montre sa discussion avec la jeune femme, s’est révélé être Yaakov Fauci, un partisan de Trump de New York affilié à une organisation de colons, Nahalat Shimon, établie aux USA.

Personne, bien sûr, n’a été surpris de constater que ce personnage très typique de la colonisation violente de peuplement en Palestine est un Américain entretenant des liens avec les milieux suprémacistes aux USA.

Les colons américano-Israéliens ont depuis longtemps été à l’avant-garde des efforts visant à déposséder les Palestiniens de leurs terres et maisons avec l’aide de la Cour Suprême et du gouvernement israélien.

Il faut noter que les arguments utilisés pour justifier leur violence – à savoir qu’ils sont les propriétaires légitimes de la terre, qu’ils sont culturellement supérieurs aux autochtones, qu’ils se contentent de se défendre – sont presque identiques à ceux des suprémacistes blancs aux USA.

Un exemple frappant de la ressemblance dans les objectifs et méthodes entre les colons israéliens et les suprémacistes us-américains peut être trouvé dans la biographie et l’activité politique du premier ministre israélien Naftali Bennet.

Enfant de parents us-américains qui ont émigré de San Francisco à Israël après la Guerre des Six-Jours de 1967, Bennet a été chef du Conseil Yesha, une organisation de colons dont le but est de “sauvegarder les étendues stratégiques d’Israël-entre le Jourdain et la Méditerranée”.

Il a d’abord bâti sa carrière comme protégé de Benjamin Netanyahu pour ensuite, plus tard, se vanter d’être encore plus à droite que le faiseur de guerre Netanyahu.

A ce jour, il est fervent partisan de la solution à un État et de l’annexion par Israël de la Cisjordanie. Il a déclaré un jour “j’ai tué des tas d’Arabes dans ma vie et cela n’est pas un problème.”

Comme les suprémacistes blancs aux USA, Bennet soutient avec force que les habitants des terres que lui et son peuple réclament sont infra-humains et peuvent être emprisonnés, opprimés ou même tués afin que soit imposée la colonisation.

L’histoire de ce triste sire est une histoire ethno-nationaliste faite de vols de terres et dégoulinante de sang palestinien.

Les colons israéliens, de Naftali Bennett à Yaalov Faauci incarnent sans aucun doute l’ethno-nationalisme violent ainsi que la version us-américaine du suprémacisme blanc. Ils sont pourtant beaucoup plus que cela.

Aujourd’hui, les colons israéliens sont le “visage juif” de l’impérialisme américain dans la région MENA.

Le “visage juif” de l’impérialisme américain

L’intellectuel et critique littéraire palestino-américain Edward Said a dit des paroles devenues célèbres à propos des liens entre l’impérialisme et le Sionisme.

Il écrit en 1979 dans son essai “Le Sionisme du Point de Vue de ses Victimes” : « Il y a une ressemblance frappante entre les expériences des Arabes palestiniens sous le sionisme et celles de ces gens noirs, jaunes et bruns qui furent décrits comme inférieurs et infra-humains par les impérialistes du dix-neuvième siècle.”

Il ajoute :  “il est important de se rappeler qu’en se laissant gagner par la frénésie occidentale de conquêtes de territoires outre-mer, le Sionisme ne s’est jamais décrit de façon claire et univoque comme mouvement de libération juive, il s’est plutôt décrit comme mouvement juif de colonisation en Orient”.

Pour Said, il était clair que les mêmes idées qui ont engendré chez les nationalistes et impérialistes us-américains les politiques de ségrégation, de ghettos et de pogroms perpétrés contre les peuples et cultures autochtones étaient présentes dans le cœur même de l’entreprise sioniste de dépossession et d’annihilation de la Palestine.

Aujourd’hui, quand on constate la domination us-américaine sur le monde, il devient clair que le Sionisme et donc le colonialisme de peuplement israélien, sont une extension de l’impérialisme us-américain.

Et ses victimes ne sont pas seulement les Palestiniens mais aussi les juifs à travers le monde.

Les courtiers de l’oppression impériale us-américaine

Dans son pamphlet largement diffusé de 2007, “le Passé n’est allé nulle part”, la militante juive April Rosenblum soutient que toute l’astuce de l’oppression anti-juive est de présenter un visage juif aux devants de la scène de façon à diriger la rage des gens non pas vers les classes dirigeantes mais vers les juifs.”

Elle explique comment pendant des siècles, les classes dominantes ont utilisé les juifs dans des postes d’intermédiaires qui les mettent en contact direct avec les paysans exploités et mécontents, ce qui permettait à ces classes de se mettre à l’abri du retour de bâton de leurs injustes politiques.

Et aujourd’hui, les impérialistes US et les sionistes utilisent les juifs comme paravents, comme intermédiaires destinés à les protéger contre toute réaction hostile à leurs ambitions impérialistes et ethno-nationalistes au Moyen-Orient.

En effet, pendant des siècles en Europe et ailleurs, les classes dominantes ont largement toléré que l’anti-sémitisme fleurisse et que les juifs soient désignés comme boucs émissaires de leur actions et politiques oppressives. Aujourd’hui elles font la même chose en avançant l’idée que le colonialisme de peuplement d’Israël représente tous les juifs et que l’anti-sionisme est en fait de l’anti-sémitisme.

Les lois anti-BDS, qui sont encore en vigueur sous l’administration Biden ont conduit à de nombreuses décisions politiques et institutionnelles interdisant toute critique du sionisme.

Par ailleurs, les grands médias dominants en Occident ont tendance à insérer des vues anti-sémites dans leurs arguments en faveur d’Israël et de ses politiques de colonisation violente. Ils font cela en assimilant l’État israélien aux juifs en général, permettant de faire de ceux-ci les boucs émissaires des exactions commises par les pouvoirs impériaux violents, à présent les États-Unis et leurs alliés sionistes.

Pour résumer, en dépit de son engagement affiché de protéger les juifs en Israël, les USA ne protègent que leurs propres ambitions et intérêts impériaux.

Quand on examine les choses sous cet angle, les colons israéliens, ces répliques parfaites des blancs suprémacistes d’Amérique, apparaissent sous leur vrai jour : rien que des fantassins de l’empire.

Aujourd’hui, alors que la violence raciste des colons israéliens ne cesse de s’amplifier, il est temps de démasquer et d’annihiler les efforts des impérialistes US et des sionistes visant à donner un “visage juif” à leurs entreprises génocidaires faites de pogroms et de dépossession des Palestiniens et cela, pour le bien des juifs et des Palestiniens.

8 juillet 2021 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine – Najib Aloui