Qui peut croire une seconde que Starmer et Macron se soucient des Palestiniens ?

Huit Palestiniens, dont des enfants, ont perdu la vie après l'attaque de l'armée israélienne contre le camp de réfugiés de Bureyc à Gaza, dans la ville de Gaza, le 21 septembre 2025. - Photo : Moiz Salhi / AA

Par Fatima Bhutto

Sommes-nous vraiment censés croire que ces pays occidentaux se soucient soudainement du sort des Palestiniens ?

La reconnaissance d’un État palestinien est-elle le plat de résistance de deux années de manipulation politique occidentale ? Je ne peux m’empêcher de penser que c’est le cas.

Nous avons vu les gouvernements du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie et de la France verser des larmes de crocodile pour les Palestiniens alors qu’Israël bombardait, affamait et détruisait toutes les universités de Gaza.

Le Britannique Keir Starmer et le Français Emmanuel Macron ont fait la leçon tout en s’assurant qu’Israël dispose de tous les millions de dollars d’armement nécessaires pour mener à bien son horrible massacre d’hommes, de femmes et d’enfants.

Et maintenant, nous sommes censés croire que ces mêmes gouvernements qui ont diplomatiquement protégé Israël des sanctions, enfreint le droit international en ne faisant pas appliquer les mandats d’arrêt de la CPI et sont restés silencieux pendant qu’Israël mutilait tant d’enfants que Gaza abrite désormais la plus grande cohorte d’enfants amputés au monde, se soucient soudainement des Palestiniens ?

Je n’y crois pas une seconde !

Starmer avait plus à dire sur Kneecap, le trio punk irlandais, que sur les 300 balles tirées par l’armée israélienne sur le véhicule transportant Hind Rajab, âgée de 6 ans.

Il y a moins de deux semaines, il a serré la main ensanglantée du président israélien Isaac Herzog, dont la déclaration postérieure au 7 octobre – selon laquelle tous les Palestiniens de Gaza étaient responsables – peut être qualifiée de manifestation d’intention génocidaire.

Tout ce que ce geste théâtral et pathétiquement inutile accomplit, c’est un retour au rêve sioniste d’une solution « à deux États ».

Les accords d’Oslo, présentés par les médias et les politiciens occidentaux comme un document de paix novateur, sont depuis longtemps au point mort, et Dieu merci. Edward Said les a qualifiés d’« instrument de capitulation palestinienne, un Versailles palestinien ».

Sans imposer aucune condition ni frein à Israël, qui n’a absolument rien concédé, Oslo a contraint les Palestiniens à reconnaître le droit d’Israël à exister. En reconnaissant le droit de son occupant à exister plutôt que le fait de son existence ipso facto, Yasser Arafat a reconnu, dans un langage moderne macabre, le droit d’Israël à commettre la Nakba, à massacrer et à déplacer quelque 700 000 Palestiniens.

L’OLP a renoncé à la lutte armée contre l’apartheid israélien, a mis fin à l’intifada et, en échange, Arafat s’est vu offrir un État palestinien sur un maigre 22 % de la Palestine historique.

Ce fut une capitulation humiliante. Le romancier israélien Amos Oz a qualifié Oslo – ou la solution à deux États, comme on l’appelle désormais – de « deuxième plus grande victoire de l’histoire du sionisme ».

Cette série de reconnaissances inutiles, tout comme Oslo, ne dit délibérément rien sur le droit des Palestiniens à retourner dans leur patrie. Au contraire, tous les États qui se sont joints à cette initiative ont lié leur reconnaissance à la démilitarisation d’un peuple confronté au génocide et au désarmement de la résistance palestinienne, seule force capable de s’opposer à l’assaut d’Israël.

Cette initiative, qu’elle soit le fait de cinq États occidentaux ou de cinquante, n’est qu’une mise en scène. Elle ne met pas fin au génocide, elle n’évacue pas médicalement des dizaines, voire des centaines de milliers d’enfants gravement blessés, et elle ne fait rien pour mettre fin à la famine impitoyable infligée par Israël à Gaza.

Le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, Michael Fakri, a qualifié la campagne de famine menée par Israël de « la plus rapide de l’histoire moderne ».

De par leur conception, ces reconnaissances n’aboutissent à rien. La ministre canadienne des Affaires étrangères, Anita Anand, a annoncé l’intention du Canada de se joindre à la France et à d’autres pays, mais a ajouté que le Canada ne normaliserait pas entièrement ses relations diplomatiques. Au contraire, la reconnaissance effective dépendra des « progrès démocratiques » réalisés par l’Autorité palestinienne.

Si vous ne comprenez pas bien, laissez-moi vous expliquer : le Canada reconnaît un État, mais promet de ne pas avoir de relations avec lui, tout en continuant à livrer des armes à Israël, alors que ce dernier commet un génocide contre le peuple que le Canada vient de reconnaître, en quelque sorte…

Bien que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, recherché par la CPI pour crimes de guerre, ait fulminé et menacé ceux qui poussent à la reconnaissance, cela aussi ressemble à une mascarade.

Israël a sans cesse menti au cours des deux dernières années – au sujet des viols, des bébés décapités, des tunnels… Les responsables israéliens ont menti en affirmant ne pas tirer sur des personnes affamées, au sujet de l’aide qu’ils refusent de laisser entrer à Gaza, au sujet de l’UNRWA. Cette colère ressemble à une manipulation psychologique fragile.

L’universitaire palestinien Joseph Massad a récemment écrit que le véritable objectif de la reconnaissance occidentale est « de sauver Israël de lui-même en préservant son droit à rester un État suprémaciste juif ».

Alors qu’Israël pilonne ce qui reste de Gaza, cette décision ne profite qu’à Israël, car elle l’absout de ses crimes odieux et lui offre une distraction opportune.

Si Keir Starmer et ses comparses ont soudainement ressenti les remords de leur conscience longtemps endormie, ils peuvent en réalité faire beaucoup : mettre fin à toutes les ventes d’armes à Israël, sanctionner Israël sur le plan économique, mettre en place un boycott culturel et sportif d’Israël similaire à celui mené contre la Russie, et organiser une intervention militaire immédiate pour mettre fin au génocide perpétré par Israël.

S’ils sont vraiment, vraiment sérieux dans leur volonté de protéger et d’honorer les Palestiniens et de défendre les droits humains, ils peuvent aller plus loin et retirer leur reconnaissance à Israël.

Mais ils ne le feront pas, car rien de tout cela ne dépend de la reconnaissance de l’État ; ce n’est qu’une façade.

Il y a de nombreuses raisons de se méfier de cette vague d’annonces douteuses, mais n’oubliez pas qu’il existe déjà un État appelé Palestine. Il existe, et il est occupé par Israël depuis des décennies.

23 septembre 2025 – Zeteo – Traduction : Chronique de Palestine

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