Génocide à Gaza : comment le sursaut mondial imposera une justice internationale

26 septembre 2025 - Les enfants sont les plus vulnérables dans les guerres, accablés de responsabilités bien au-delà de leur jeune âge. Au lieu des pupitres d'école et des jeux d'enfance, ils font maintenant la queue en attente d'eau et de nourriture, et plus récemment, ils se sont retrouvés confrontés à des conditions des plus éprouvantes lors du déplacement forcé avec leur famille - Photo : Mahmoud Abu Hamda

Par Ramzy Baroud

Chaque jour apporte son lot de nouvelles accusations contre Israël. Les premières accusations de génocide formulées par l’Afrique du Sud sont rapidement en train de devenir la définition juridique acceptée par les organismes internationaux et les gouvernements. La dernière accusation en date émane du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

« Les autorités israéliennes et les forces de sécurité israéliennes ont eu et continuent d’avoir l’intention génocidaire de détruire, en totalité ou en partie, les Palestiniens de la bande de Gaza », a déclaré sans ambiguïté le rapport de la Commission d’enquête internationale indépendante du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (OHCHR).

Si cela peut sembler évident pour ceux qui assistent en temps réel au génocide israélien, cette étape n’en reste pas moins historique.

Selon le professeur Triestino Mariniello, expert en droit international et membre de l’équipe juridique représentant les victimes de Gaza devant la Cour pénale internationale (CPI), ce rapport revêt une « importance historique » et est « sans précédent ».

Bien que les commissions précédentes de l’ONU aient accusé à plusieurs reprises Israël d’avoir commis des crimes de guerre en Palestine, « elles n’étaient jamais allées jusqu’à dire qu’Israël était également responsable de ce qui représente le crime le plus grave au niveau international : le crime de génocide ».

Point de non-retour : pourquoi le monde ne peut plus ignorer la Palestine

Beaucoup de ceux qui s’efforcent désespérément d’augmenter la pression internationale sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son gouvernement extrémiste pour les forcer à mettre fin à l’extermination massive des Palestiniens à Gaza, se demandent si de tels rapports suffisent pour obliger Israël à rendre des comptes.

Navi Pillay, juge sud-africaine qui a présidé le Tribunal international pour le génocide rwandais de 1994, admet que la justice « est un processus lent », mais ne considère pas comme « impossible qu’il y ait des arrestations et des procès » à l’avenir.

Pour ceux qui souhaitent que justice soit faite, les références spécifiques aux arrestations et aux procès sont quelque peu réconfortantes. Les images du massacre de milliers d’innocents, principalement des femmes et des enfants, sont tout simplement insupportables.

Ce rapport est particulièrement important car il n’est pas sans lien avec les poursuites en cours de la CPI contre les criminels de guerre israéliens accusés, Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant.

Bien que le rapport ne soit pas contraignant pour la CPI et la Cour internationale de justice (CIJ), il fournit une base juridique solide pour leurs enquêtes. Par exemple, des rapports similaires ont été pris en compte lors de l’enquête sur les crimes de guerre au Soudan.

La crédibilité du OHCHR, de sa Commission d’enquête internationale indépendante et de ses juges renommés est d’une extrême importance.

Il est tout aussi important de noter que les conclusions de ce rapport, qui sont l’aboutissement de deux années de recherches approfondies, rejoignent celles d’autres organismes internationaux réputés dans le domaine du droit et des droits de l’homme, notamment Amnesty International et Human Rights Watch.

La dernière déclaration importante en date est la résolution adoptée par la principale organisation mondiale de chercheurs sur le génocide, l’Association internationale des chercheurs sur le génocide (IAGS). Dans une résolution adoptée à la majorité absolue le 31 août, cet organisme réputé a conclu que « les politiques et les actions d’Israël à Gaza répondent à la définition juridique » du génocide.

Beaucoup espèrent que toutes ces conclusions, rapports et résolutions pousseront finalement la CIJ à accélérer son enquête sur le comportement d’Israël à Gaza. Mais même si la CIJ continue de traîner les pieds sous la pression des États-Unis et d’autres alliés européens d’Israël, le rapport reste d’une grande valeur.

Désormais, les gouvernements et les organisations de la société civile peuvent utiliser les conclusions du rapport pour prendre des mesures indépendantes et accentuer ainsi la pression sur Israël et ses partisans. En fait, ce processus est déjà en cours.

Aux yeux du monde, les Palestiniens ont gagné la bataille de la légitimité

Le 19 septembre, un groupe d’avocats a déposé une plainte pénale contre le chancelier allemand Friedrich Merz et des hauts responsables, notamment des dirigeants du secteur du commerce des armes, pour avoir « ouvertement et à plusieurs reprises vanté leur soutien inconditionnel et illimité » à Israël.

« Compte tenu des conséquences indéniables et génocidaires de ce soutien », ont-ils fait valoir, ils devraient être tenus pour responsables.

Des efforts similaires en matière de responsabilité sont en cours en Italie. Le mouvement italien Alleanza Verdi-Sinistra (AVS) a déposé une plainte contre le gouvernement, non pas devant un tribunal italien, mais devant la CPI, ce qui témoigne de la nature mondialisée de la lutte juridique contre Israël. Le groupe a demandé à la cour d’enquêter sur la complicité éventuelle de l’Italie dans le génocide israélien à Gaza.

Dans le même temps, le procureur général espagnol a autorisé l’ouverture d’une enquête officielle sur les crimes de guerre commis par Israël à Gaza. Cette enquête fait suite à une demande de la procureure générale chargée des droits humains et de la mémoire démocratique, Dolores Delgado.

Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont la qualification de génocide par des organisations indépendantes et liées à l’ONU peut inciter des experts juridiques, des polices nationales et des procureurs généraux du monde entier à prendre des mesures directes.

Bien que Netanyahu continue d’agir avec la même arrogance, considérant que lui-même, son gouvernement et son pays sont au-dessus des lois, y compris du droit international, il nous incombe à tous de lui rappeler, ainsi qu’aux autres criminels de guerre, qu’aucun individu, aucune entité et aucun gouvernement n’est à l’abri des poursuites lorsqu’il s’agit du sang d’innocents.

Il ne s’agit pas de sauver seulement Gaza, mais l’âme de l’humanité toute entière. Si Netanyahu parvient, par ses actions criminelles, à normaliser le génocide au XXIe siècle, ce crime horrible pourrait devenir une stratégie politique comme une autre, au service des tyrans et des régimes du monde entier.

Le monde ne peut pas laisser une telle horreur se produire. L’avenir de la justice mondiale est en jeu.

24 septembre 2025 – RamzyBaroud.net – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet

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