
14 juin 2024 - Un graffiti sur un mur dans la ville de Khan Yunis, au sud de Gaza, représentant des enfants palestiniens privés d'éducation par Israël - Photo : Hani Alshaer / AA
Par Vivian Petit
« La tragédie palestinienne a-t-elle encore besoin d’écrits et de discours ? Les phrases ne remplissent pas les estomacs, la langue ne protège pas des bombes », écrit Vivian Petit
« Il est facile de critiquer des organisations comme le Hamas, le Djihad islamique et le Hezbollah lorsqu’on vit en Occident, que l’on peut voter et vivre dans des conditions satisfaisantes. N’oublions pas que ces personnes ont été privées de tout. Elles luttent pour récupérer le contrôle de leur vie, de leur terre, de leur eau, de leur nourriture, quand tout est actuellement contrôlé par une puissance occupante. »
Muslimgauze, interview pour Eskhatos, 1994.
La tragédie palestinienne a-t-elle encore besoin d’écrits et de discours ? Les phrases ne remplissent pas les estomacs, la langue ne protège pas des bombes. Sur des chaînes d’information devenues irregardables, les mots ne renvoient qu’à d’autres mots, campagne de diffamation contre les soutiens de la cause palestinienne ou initiative diplomatique.
Le réel a disparu depuis longtemps. Aujourd’hui, les évacuations des Gazaouis qui entendaient se réfugier en France sont bloquées sur décision du gouvernement français. Il semble moins urgent de sauver des vies que sa propre image et la « solution à deux Etats ».
Le 23 juillet dernier, le parlement israélien votait à une écrasante majorité une déclaration qui appelait à l’annexion de la Cisjordanie, dont le territoire est déjà segmenté par l’occupation militaire et la présence de 750 000 colons.
À Gaza, selon l’ONU, l’aide humanitaire acheminée représente à peine 15% du stock de nourriture nécessaire. En deux mois, plus de mille personnes ont été abattues à l’occasion d’une distribution alimentaire.
Selon l’OMS, entre mars et juillet 2025, Israël a empêché l’entrée à Gaza d’une centaine de professionnels de santé. En bloquant l’acheminement des réactifs utilisés pour tester le sang des donneurs, Israël a provoqué une épidémie d’hépatite.
À Gaza, chaque heure, un enfant est tué par l’armée israélienne, l’équivalent d’une classe par jour. De la plupart des écoles, il ne reste d’ailleurs que les gravats, dont le déblaiement de tous ceux qui jonchent la bande de Gaza nécessiterait quarante années de travail et engendrerait l’émission de 66 000 tonnes de CO2 selon une étude menée par des chercheurs des université d’Oxford et Édimbourg. Aujourd’hui, 1% des terres agricoles de Gaza demeure cultivable.
Il n’est pas pertinent d’expliquer la destruction génocidaire par la folie de Benyamin Netanyahou ou ses alliances avec l’extrême-droite. Appuyé dès sa fondation par des puissances occidentales heureuses de trouver dans le mouvement sioniste un nouvel allié au Moyen-Orient, l’État d’Israël a toujours proclamé son expansionnisme et son refus de définir ses frontières.
Depuis sa création, à chaque fois qu’il en eut l’opportunité, Israël a annexé des portions de territoires et expulsé des populations. Attachés au caractère juif de l’État-nation, obsédés par la démographie, les différents gouvernements israéliens ont, au cours des décennies, déplacé, relégué et massacré les Palestiniens.
Le génocide en cours, rendu possible par le soutien inconditionnel exprimé par les Occidentaux après le 7 octobre 2023, prolonge le processus à l’œuvre depuis 1948, défini par la conquête, la colonisation, l’apartheid, la destruction des terres, des infrastructures et des institutions palestiniennes.
Dans un contexte où Israël ne peut plus prétendre à l’innocence, Emmanuel Macron a décidé de reconnaître un État palestinien. La conférence de l’ONU qui s’est tenue à New York à la fin du mois de juillet devait initialement porter sur l’application des résolutions relatives à l’occupation de la Palestine. Parmi celles-ci, celle du 18 septembre 2024 accorde à Israël un délai d’un an pour mettre fin à l’occupation.
Finalement, la conférence fut réorientée par la France et l’Arabie Saoudite pour ne plus porter que sur deux points, d’une part la nécessité de faire « cesser la guerre à Gaza », d’autre part la promotion d’une « solution à deux États ».
Dans le monde réel, il ne s’agit plus depuis longtemps de sauver une « solution » enterrée dans les ruines de Gaza ou sous les colonies de Cisjordanie. L’existence prochaine de deux États, invoquée comme un mantra depuis cinquante ans, a pendant longtemps permis de justifier le statu quo. Longtemps, des déclarations abstraites sur la nécessité de la paix, prononcées par un président israélien à la fonction honorifique, ou par un faucon devenu colombe au soir de sa vie, ont permis à l’Occident de se donner bonne conscience.
Dans sa supériorité morale, l’Occident appelait à se méfier des extrêmes et des simplifications.
Avant le génocide, il était aisé de déplorer la colonisation tout en renforçant les échanges commerciaux, universitaires, sécuritaires et militaires avec Israël. On n’observait aucune contradiction entre l’armement d’Israël et les appels à la paix, dont on appelait à « relancer le processus ». Ces arrangements discursifs sont aujourd’hui difficiles, et c’est précisément ce qui est reproché à Netanyahou par d’anciens hommes d’État israéliens et par les dirigeants occidentaux.
La « solution à deux États » et le « processus de paix » n’ont, depuis longtemps, d’autre but qu’eux-mêmes. Ces formules sont à la fois une diversion et l’alibi de ceux qui veulent justifier leur proximité avec une puissance occupante. La diplomatie est sa propre fin, elle justifie le maintien des liens avec Israël en même temps qu’elle sert à renforcer l’Autorité Palestinienne.
Si l’Autorité Palestinienne est généralement présentée dans le story telling occidental comme l’embryon d’un État palestinien, dont la reconnaissance aurait tardé à cause des « extrémistes des deux bords », rappelons que la colonisation de son territoire n’a jamais cessé, y compris entre la signature des accords d’Oslo en 1993 et l’assassinat d’Yitzhak Rabin deux ans plus tard.
Défendant devant le parlement israélien le texte qu’il venait de signer, Rabin affirmait que la principale fonction des accords d’Oslo était de déléguer la gestion de certains territoires et de leur population à une administration et une police palestinienne assurant la sécurité d’Israël, autant d’institutions que les Palestiniens « pourront appeler État s’ils le souhaitent », selon les mots de Rabin lui-même.
Puisque l’Autorité Palestinienne ne constitue aucunement les prémices d’une indépendance et que sa fonction principale est celle du maintien de l’ordre au bénéfice de la puissance occupante, c’est assez logiquement qu’elle connut l’augmentation la plus importante de ses financements venus d’Occident au début des années 2000, lorsqu’il fut absolument clair qu’Israël refusait toute souveraineté palestinienne.
En 2000, le projet soumis à Camp David par Ehud Barak, que Yasser Arafat ne pouvait que refuser, entérinait l’annexion de Jérusalem par Israël et le statut de sous-citoyen auquel sont soumis les Palestiniens d’Israël. Il abandonnait aussi les 65% de Palestiniens vivant en exil, contre la mise en place d’un « État palestinien » à Gaza et dans une Cisjordanie coupée en trois, où auraient été maintenues des bases militaires et coloniales israéliennes.
La deuxième intifada allait répondre au refus par Israël de toute possibilité d’indépendance pour les Palestiniens.
La répression de l’intifada engendra plus de 3000 morts palestiniens, dont plusieurs centaines lors des deux premières semaines. Elie Barnavi, ambassadeur d’Israël en France de 2000 à 2002, qualifiait le soulèvement palestinien de « mouvement parfaitement et définitivement illégitime » et se déclarait « en phase avec le volet militaire d’Israël ».
Il accusait Edgar Morin d’antisémitisme pour sa défense des Palestiniens et allait diffamer pendant plus de vingt ans Charles Enderlin, journaliste de France Télévision, et Talal Abou Rahmeh, son caméraman palestinien, pour avoir filmé l’agonie d’un enfant de Gaza, Mohammed Al Dura. Déjà à l’époque, la propagande israélienne affirmait contre les faits qu’il s’agissait d’une mise en scène.
Plus récemment, en octobre 2023, Elie Barnavi considérait que « la chose la plus simple, c’est de soumettre Gaza à un tapis de bombes sans se poser de questions ». Il déclarait aussi que « l’humanitaire a ses limites ». Aujourd’hui, il appuie la démarche d’Emmanuel Macron et appelle même à quelques sanctions internationales pour sauver la Palestine et Israël de Netanyahou.
Il s’agit, dit-on, d’arrêter la guerre et d’aider l’Autorité Palestinienne, qui devrait assurer la gouvernance et le maintien de l’ordre à Gaza. À aucun moment, la nécessité pour un futur État palestinien de protéger sa population et de défendre son territoire face à une puissance occupante n’est évoquée. Au contraire, on va jusqu’à exiger sa démilitarisation en même temps que celle du Hamas.
C’est dans ce contexte que l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Égypte, les Émirat arabes unis, la Jordanie, la Turquie et l’Indonésie ont, sur pression de la France, publié une déclaration conjointe enjoignant au Hamas de déposer les armes et de renoncer à l’exercice du pouvoir à Gaza.
Ehoud Olmert, ancien Premier ministre israélien, ne s’y trompe pas. Il salue l’initiative française et qualifie Macron d’« ami d’Israël ». Il appelle à exclure le Hamas du gouvernement de Gaza, dont il faudrait selon lui remettre le contrôle à une force composée « de Palestiniens et de pays arabes modérés ».
Ehoud Barak, ancien ministre de la défense d’Olmert puis de Netanyahou de de 2007 à 2013, appelle quant à lui à un cessez-le-feu à Gaza pour que l’Autorité Palestinienne puisse y développer un « appareil sécuritaire sous la supervision des pays arabes et des États-Unis ».
Ehoud Olmert est notamment connu pour avoir, en 2005, quitté le Likud et fondé le parti Kadima en compagnie d’Ariel Sharon, criminel de guerre notoire et fervent partisan de l’expansionnisme israélien.
Tous deux organisèrent le départ des colons de Gaza pour mieux favoriser leur redéploiement en Cisjordanie, où de nombreuses colonies étaient en cours de construction. Pendant, ce temps, Israël gardait le contrôle des points d’entrée et de sortie de la bande de Gaza, survolait quotidiennement le territoire, attaquait les pêcheurs au large des côtes. Au regret de la propagande israélienne, l’ONU continuait évidemment, comme depuis 1967, de désigner la bande de Gaza en tant que territoire occupé.
En 2006, Ehoud Olmert attaquait le Liban et élaborait la doctrine Dayieh, du nom du quartier de Beyrouth, fief du Hezbollah, où fut assumé par Israël un usage disproportionné de la force. La nécessité de détruire les infrastructures qui servent la population, l’abolition de la distinction entre les cibles civiles et militaires, furent théorisées au sein de l’université de Tel Aviv, qui jouit encore de nombreux partenariats avec des universités françaises.
Cette conception fut ensuite appliquée à Gaza à partir de l’Opération plomb durci menée en 2008. Si la politique aujourd’hui mise en place par Netanyahou choque Olmert (qui ne va pas jusqu’à l’accuser de génocide mais se borne à déplorer des « crimes de guerre »), elle n’est pourtant qu’une version plus intense de celle qu’il a lui-même élaborée.
Il en est de même de la famine actuellement subie par l’intégralité de la population de Gaza, qui résulte d’un bouclage total de l’enclave où ont été concentrés 200 000 des 700 000 Palestiniens expulsés en 1948. A partir de 2007, sous le gouvernement d’Ehoud Olmert, la malnutrition a commencé à s’y développer. Le blocus instauré par Israël ne visait pas la mort des Gazaouis mais à « les mettre au régime » selon une formulation qui, dit-on, avait fait rire aux larmes lors d’un conseil des ministres.
Quant aux bombardements qui, à intervalles réguliers, entraînaient la mort de quelques milliers de civils, la destruction des écoles, des lieux de culte, des bâtiments administratifs et des terres agricoles, c’est l’expression « tondre la pelouse » qui était utilisée.
Si le premier massacre de civils commis par Israël à Gaza remonte à 1956 et précède donc la création des groupes armés palestiniens, c’est, à partir de 2007, la prise de pouvoir par le Hamas, qui faisait suite à sa victoire lors des élections législatives, qui a servi de prétexte à Israël pour assiéger le territoire.
Aujourd’hui, les puissances occidentales exigent la reddition du Hamas et le présentent comme l’artisan du malheur du peuple palestinien.
Jusqu’au 7 octobre 2023, le Hamas fut souvent critiqué à Gaza pour son autoritarisme, la répression menée contre ses opposants et les menaces exercées contre des universitaires et des artistes. Dans le même temps, alors que l’Autorité Palestinienne de Cisjordanie était incapable de freiner le développement de la colonisation et réprimait activement les tentatives de révolte contre l’occupation, le Hamas était respecté comme mouvement de résistance, y compris par ceux qui critiquaient sa gestion de Gaza et la politique menée envers ses habitants.
Aujourd’hui, selon les témoignages qui nous parviennent, la majorité de la population de Gaza reproche au Hamas les conséquences de l’opération du 7 octobre et son incapacité à protéger la population du génocide commis par l’armée israélienne. À l’inverse, en Cisjordanie, la popularité du Hamas semble croitre, face à l’Autorité Palestinienne à qui il est reproché, pour reprendre ses termes pudiques, sa « coopération sécuritaire » avec Israël.
Dans les zones contrôlées par l’Autorité Palestinienne, le taux d’encadrement policier de la population est d’un policier pour cinquante personnes, constituant l’un des taux de surveillance les plus élevés au monde. À cette police palestinienne, qui veille à la sécurité de l’occupant et a interdiction d’intervenir face aux colons, s’ajoutent les troupes de l’armée israélienne et les milices de colons armés.
Depuis octobre 2023, en Cisjordanie, la police de l’Autorité Palestinienne a réprimé les manifestations de soutien à la population de Gaza, assiégé le camp de réfugiés de Jénine entre deux attaques de ses habitants par l’armée israélienne, interdit la diffusion d’Al Jazeera, jugée trop critique, et Majid Faraj, directeur des renseignements généraux palestiniens, a demandé à ce que le militant du Fatah Marwan Barghouti ne figure pas sur la liste des prisonniers politiques à libérer dans le cadre d’un accord entre le Hamas et Israël.
À ceux qui ont connu Gaza dans les années 90, l’Autorité Palestinienne laisse le souvenir des procès tenus la nuit, à huis clos, pour juger les opposants aux accords d’Oslo. Nombre de militants étaient incarcérés dans une prison anciennement occupée par Israël, où d’anciens combattants du Fatah devenus policiers pratiquaient sur des membres du Hamas les techniques de torture qu’ils avaient eux-mêmes subies.
Si la France souhaite aujourd’hui infliger une défaite politique au Hamas en l’isolant et en poussant les États arabes à déclarer qu’il ne pourra plus gouverner au nom des crimes commis le 7 octobre, elle a parallèlement inventé une immunité à Netanyahu. La France a permis au principal responsable du génocide en cours de survoler son territoire et elle ne s’oppose pas aux livraisons d’armes qui viennent ravitailler Israël.
En outre, un minimum d’honnêteté intellectuelle oblige à répéter que le Hamas est un mouvement hétérogène, à l’histoire complexe. Rappelons par exemple qu’au mitan des années 2000, le Hamas a proposé à Israël, sinon un traité de paix définitif, du moins une trêve de longue durée, extensible à plusieurs décennies, renvoyant aux générations futures le choix des modalités de la coexistence entre Israéliens et Palestiniens et des institutions à mettre en place.
Sa fameuse charte de 1988 est brandie comme une pièce à conviction en raison de ses affirmations complotistes, antisémites et de la volonté affirmée de remplacer Israël par un Etat islamique. Ce texte, qui selon l’historien Jean-Pierre Filiu fut rédigé « par un obscur cheikh de Gaza, mandaté en ce sens par cheikh Yassine et lui seul », fut pourtant remplacé par le programme législatif de 2006 et par la déclaration de 2017, concentrant la lutte sur la libération de Gaza, de Jérusalem et de la Cisjordanie.
En février 2017, face à la désignation à la tête du Hamas de Yahia Sinwar, ancien chef de la branche armée du mouvement, une tendance, représentée par Ahmed Yousef, ancien conseiller d’Ismail Haniyeh, alertait sur le risque de représailles israéliennes envers la population gazaouie. Pourtant, trois mois plus tard, Sinwar lui-même entérinait un programme qui envisageait un État palestinien sur la base des frontières de 1967 et affirmait souhaiter la négociation avec Israël.
Si la mise en place d’un État palestinien aux côtés d’Israël semblait déjà difficilement envisageable du fait du morcellement du territoire, l’objectif réel résidait dans la levée du blocus de Gaza et l’obtention d’une plus grande liberté de circulation des Palestiniens, en échange d’une trêve que le Hamas s’efforçait déjà de maintenir, au prix de quelques tensions avec son allié et concurrent du Djihad islamique.
En 2018, alors que le Hamas avait initialement tenté de décourager une initiative qu’il ne contrôlait pas, le mouvement décidait d’appuyer les marches du retour appelant à la levée du blocus. Face à cette initiative non-violente, les snipers israéliens tuèrent méthodiquement plus de 200 manifestants et en blessèrent plus de 20 000.
En parallèle, Sinwar encourageait le développement de l’agriculture à Gaza, envisagée comme l’embryon d’une souveraineté palestinienne. Israël autorisait l’acheminement de fonds du Qatar à destination de l’administration de Gaza. Durant la période d’allègement du siège et de calme relatif qui caractérisait ces années, Sinwar échoua cependant à obtenir la levée totale du blocus comme la libération massive de prisonniers palestiniens, objectifs qui présidèrent à l’attaque du 7 octobre 2023.
Ce fameux jour d’octobre, le but initial résidait dans l’attaque des postes militaires et de police situés autour de la bande de Gaza, ainsi que dans la prise en otage de soldats et d’habitants des kibboutzim, en vue de leur échange contre les milliers de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Selon des messages interceptés par la CIA et rendus publics par le Wall Street Journal, Yahia Sinwar fut lui-même choqué des attaques de civils commis par ses troupes comme par des individus et des groupes mafieux palestiniens profitant de l’occasion.
Dès le 8 octobre, Sinwar proposait l’échange de la totalité des otages contre la totalité des prisonniers palestiniens détenus par Israël. Pour donner du crédit à cette proposition, Ahmed Yousef, membre du Hamas, conseillait de relâcher immédiatement et sans condition les civils, sans arriver à convaincre.
Face à la violence de l’opération menée le 7 octobre 2023 par les groupes armés palestiniens et en observant les crimes de guerre commis ce jour-là autant que leurs répercussions, le Hamas est fréquemment décrit comme l’un des obstacles à la coexistence entre Israéliens et Palestiniens. Cependant, chaque personne attachée à l’autodétermination des peuples se doit de rappeler que le choix de leurs représentants incombe aux Palestiniens eux-mêmes, et non aux États occidentaux qui n’ont pris aucune mesure pour mettre un terme au génocide ainsi qu’à l’occupation et à la colonisation.
Les États occidentaux entendent aujourd’hui décider de la nature des institutions qui seront mises en place pour surveiller et encadrer ceux des Palestiniens qui auront survécu au génocide commis avec des armes acheminées par ces mêmes puissances. En opposition à cela, il s’agit aujourd’hui, pour chaque personne solidaire de la cause palestinienne ou simplement attachée au droit international, de défendre l’accès des Palestiniens à l’auto-détermination et la réalisation de leurs droits, reconnus par les résolutions de l’ONU.
Aujourd’hui, l’objectif premier réside dans l’arrêt du génocide et il passe par l’isolement d’Israël.
Le boycott doit être économique, politique, universitaire, culturel et sportif. La possibilité de la survie politique mais aussi simplement biologique des Palestiniens est liée à la fin du blocus et au retrait total de l’armée israélienne de la bande de Gaza, à la mise en place d’une aide humanitaire massive et à la reconstruction du territoire.
En Palestine, l’indépendance découlera de la décolonisation et de la possibilité d’une continuité territoriale. Enfin, l’abolition de l’apartheid résidera dans l’égalité entre Israéliens et Palestiniens et la suppression des dizaines de discriminations présentes dans le droit israélien documentées par les ONG.
La possibilité du retour des réfugiés palestiniens et de leurs descendants dans leurs villes et leurs villages d’origine, reconnue par la déclaration 194 des Nations Unies, devra être garantie.
Si ces mesures peuvent sembler utopiques, elles semblent bien moins abstraites que les références à une « solution » dont la seule fonction est de masquer l’absence de perspective en ergotant sur les formes de police et d’Autorité chargées d’encadrer et surveiller les Palestiniens, au seul bénéfice de la puissance occupante.
* Les références internes à l’article sont de Chronique de Palestine
Auteur : Vivian Petit
* Vivian Petit est militant du soutien à la cause palestinienne. Il a été enseignant à l'Université Al-Aqsa à Gaza en 2013 et est l'auteur du livre Retours sur une saison à Gaza paru aux éditions Scribest (2017.
7 août 2025 – Transmis par l’auteur.
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