La situation sécuritaire israélienne se dégrade lentement mais sûrement

Un Palestinien jette un pneu enflammé lors d'affrontements avec l'armée israélienne d'occupation au poste de contrôle de Qalandyia, entre Ramallah et la ville de Jérusalem, suite à un rassemblement de partisans du mouvement Hamas contre les restrictions imposées au complexe de la mosquée Al-Aqsa, le 31 octobre 2014 - Photo : ActiveStills.org

Par Adnan Abu Amer

Alors que l’État occupant est préoccupé par l’escalade des tensions sécuritaires, ses experts et responsables militaires disent qu’il a un gros problème, étant complètement dépourvu de profondeur stratégique en tant que petit pays avec de nombreuses faiblesses apparentes.

Cela le rend vulnérable aux tensions militaires qui peuvent inclure le lancement de roquettes ou de missiles et les menaces de groupes armés installés sur des reliefs peu éloignés des frontières, et nous parlons ici du Hamas à Gaza, du Hezbollah au Liban, même de l’Iran et peut-être des Houthis au Yémen.

Israël a un gros problème puisqu’il souffre de dangers stratégiques et tactiques et, par conséquent, et de fait, il n’a pas de colonne vertébrale stratégique. Cela a été prouvé à la frontière avec la bande de Gaza, qui manque de ressources aériennes mais représente un grand défi et une menace pour Israël.

Les Israéliens s’inquiètent des dangers et des lacunes dont souffre leur pays, malgré leurs succès dans la guerre de 1967 et la destruction des réacteurs nucléaires irakiens et syriens par l’armée de l’air israélienne.

Cette armée de l’air a été décrite comme l’une des meilleures au monde, sinon la meilleure. Cependant, elle souffre de confusion dans certains affrontements militaires et déçoit nombre de ceux qui pensent qu’elle devrait fournir à l’État sioniste la profondeur stratégique qui lui fait défaut.

Les forces d’occupation israéliennes n’hésitent pas à reconnaître leur incapacité à faire face aux diverses menaces sécuritaires, notamment sur le front intérieur palestinien, avec la recrudescence des attaques de guérilla et les protestations ininterrompues à la mosquée Al-Aqsa.

Cela a incité les militaires israéliens à exiger l’élimination de la résistance en termes de moyens militaires et opérationnels. Ce faisant, ils ignorent les questions réelles et fondamentales qui menacent la sécurité nationale israélienne et la préparation de l’inévitable confrontation à venir.

Les appels israéliens à faire face à la résistance palestinienne en utilisant une main de fer sont avant tout une manière de répondre à l’état de panique des Israéliens. Cela s’exprime par les discours hystériques des chaînes de télévision, qui ne se concentrent pas sur les racines de la résistance, ni ne tirent les leçons des affrontements répétés avec les Palestiniens depuis bientôt un siècle.

Les stratégies suivies par les gouvernements de droite et de gauche depuis les accords d’Oslo ont contribué à la détérioration de la situation sécuritaire israélienne. En conséquence, le nord de la Cisjordanie, en particulier sa capitale, Jénine, est devenu un centre de coordination des opérations armées et les colonies adjacentes à Jénine sont devenues une cible privilégiée pour les organisations palestiniennes armées.

L’armée israélienne, à son tour, a abandonné la protection des colons dans les différentes zones de Cisjordanie, ce qui a transformé leur vie en un enfer insupportable. Israël vit maintenant avec des menaces constantes dans une guerre multiforme et ne peut plus anticiper ce qui pourrait arriver le lendemain.

Les responsables militaires et de sécurité israéliens affirment que l’échec récent face aux attaques de la résistance palestinienne pourrait encourager d’autres forces, comme l’Iran, à lancer des missiles, ou le Hezbollah à attaquer les colonies du nord, ce qui constituerait une violation des frontières israéliennes.

Cela a été révélé par un certain nombre de généraux de l’armée lors d’interviews et de discussions récentes. Ils continuent de mettre en garde contre les possibilités d’une guerre sur plusieurs fronts à laquelle l’armée israélienne pourrait être confrontée, ce qui nécessiterait l’évacuation des zones frontalières et leur abandon à l’ennemi.

En interne, l’occupant israélien exprime sa crainte d’une augmentation de la menace représentée par les Palestiniens de 48 [Israël], notamment dans les villes mixtes et les communautés bédouines du Néguev, en prévision d’un soulèvement arabe et islamique.

Peut-être que certaines scènes de la guerre en Ukraine sont à l’origine d’une peur israélienne de la confrontation à venir, le tout au milieu criant d’un manque de préparation.

Les risques sécuritaires dont souffre la puissance occupante ne s’arrêtent pas aux Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza. Il existe plutôt quatre fronts connectés, qui sont tous contre l’occupation, ce qui peut obliger l’occupant à commencer à recueillir des informations de renseignement et à les utiliser pour prévoir toutes les activités opérationnelles possibles qui pourraient nécessiter une dissuasion.

C’est un défi difficile auquel est confrontée l’occupant israélien.

Dans le même temps, les forces de sécurité et de renseignement israéliennes ne font pas de distinction entre les Palestiniens dans les différents espaces où ils se trouvent, car les Palestiniens sont répartis sur les quatre fronts hostiles auxquels Israël a été confronté ces dernières semaines.

Le premier front est celui des Palestiniens de la terre de 1948, en particulier ceux qui s’opposent à l’État, et le fait qu’ils sont passés de la réflexion sur l’intégration à la séparation, et de la coexistence au radicalisme.

Peut-être que les opérations de Beersheba et Hadera, qui ont été menées par des Palestiniens du Néguev et d’Umm Al-Fahm, signifient que nous sommes confrontés à un échec de l’idée d’israélisation, et à une escalade de l’idée de nationalisme qui est différente de la notion de citoyenneté israélienne, sans oublier une identité religieuse qui diffère du judaïsme.

Le deuxième front est Jérusalem-Est, avec une population de 350 000 habitants qui résident dans une zone géographique qui n’a pas d’identité claire parce qu’Israël s’oppose à ce que l’Autorité palestinienne gère la vie des habitants de Jérusalem et, d’autre part, Israël ne veut pas traiter ces Palestiniens, par le biais de sa municipalité, comme des citoyens sur un pied d’égalité avec les juifs.

En conséquence, il y a un vide gouvernemental et une jeune génération en augmentation qui est en colère, mécontente et au chômage et qui est sensible au discours nationaliste palestinien.

Tout cela conduit, de façon régulière, à une surenchère répressive à Jérusalem, comme on l’a vu ces derniers jours près de Bab Al-Amud, notamment pendant le Ramadan.

Le troisième front est celui des Palestiniens en Cisjordanie, et celui-ci semble être le plus problématique pour Israël à l’heure actuelle, pour un certain nombre de raisons, parmi lesquelles les brèches dans le mur et le succès des travailleurs illégaux de Jénine dans la réalisation d’opérations, parallèlement à la traditionnelle incitation des médias palestiniens contre Israël.

Pendant ce temps, Israël espère qu’il n’est pas trop tard et intensifie les opérations préventives de ses forces répressives dans le cadre de la collaboration avec l’Autorité palestinienne.

Le quatrième front est celui du sud. Pour le moment, la direction du Hamas dans la bande de Gaza ne semble ne pas vouloir une escalade militaire mais, en même temps, elle est préoccupée par la reconstruction du territoir, le renforcement de sa puissance militaire, l’augmentation de ses capacités opérationnelles et la mise en place d’une force de dissuasion contre Israël.

Néanmoins, le mois de Ramadan et une série de commémorations nationales prévues jusqu’à la mi-mai, pourraient obliger Israël et ses institutions répressives à être plus vigilants afin de maintenir un certain calme et la sécurité des colons.

21 avril 2022 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine