La résistance islamique s’enhardit en Cisjordanie

Un Palestinien jette un pneu enflammé lors d'affrontements avec l'armée israélienne d'occupation au poste de contrôle de Qalandyia, entre Ramallah et la ville de Jérusalem, suite à un rassemblement de partisans du mouvement Hamas contre les restrictions imposées au complexe de la mosquée Al-Aqsa, le 31 octobre 2014 - Photo : ActiveStills.org

Par Mai Abu Hasaneen

Israël a averti les services d’espionnage égyptiens que des militants du Hamas en Cisjordanie alimentent les manifestations et y mènent des opérations individuelles de résistance.

Les militants du mouvement Hamas semblent avoir repris leurs activités en Cisjordanie en réponse aux raids israéliens menés à la suite de la capture de six Palestiniens qui s’étaient échappés d’une prison israélienne en septembre.

Les récents raids dans les villages de Cisjordanie révèlent les préoccupations d’Israël concernant la reprise des activités du Hamas.

Le 26 septembre, les forces israéliennes d’occupation ont assassiné trois Palestiniens dans le village de Biddu, au nord de Jérusalem. Selon l’armée israélienne, les trois hommes faisaient partie d’une cellule de la résistance à Biddu qui prévoyait de mener des attaques contre des cibles israéliennes.

Israël a envoyé un avertissement via les services de renseignement égyptiens, accusant le Hamas de tenter d’enflammer la situation en Cisjordanie en alimentant des manifestations et en menant des opérations individuelles contre Israël, a révélé le journal en ligne Rai al-Youm le 28 septembre.

Le journal basé à Londres a cité des sources anonymes selon lesquelles Israël a averti, dans un message urgent reçu par des médiateurs égyptiens, que le Hamas paierait un lourd tribut s’il continuait à développer la résistance en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et que toutes les incitations économiques annoncées début septembre pour ramener le calme à Gaza seraient gelées.

Les prétendus “gestes de bonne volonté” d’Israël envers la bande de Gaza comprenaient l’extension de la zone de pêche de 12 à 15 miles nautiques, la réouverture du passage commercial de Kerem Shalom, permettant l’entrée de marchandises et d’équipements, l’augmentation du nombre de commerçants et de travailleurs autorisés à travailler en Israël à 7000 et l’augmentation de l’approvisionnement en eau de Gaza de 5 millions de mètres cubes.

L’Égypte a négocié le cessez-le-feu qui a mis fin au dernier conflit entre Israël et les organisations de la résistance palestinienne le 20 mai. Israël avait annoncé que la trêve serait “réciproque et inconditionnelle”, tandis que le Hamas et le Jihad islamique palestinien avaient convenu d’une trêve “mutuelle et simultanée”.

Le 31 mai, le chef des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel, s’est rendu à Gaza pour la première fois depuis le début des années 2000 et a rencontré le premier responsable du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinwar, pour faire progresser le cessez-le-feu et discuter des plans de reconstruction et de la question des soldats israéliens détenus à Gaza.

Le 15 septembre, le journal libanais Al-Akhbar a révélé qu’une délégation égyptienne chargée de la sécurité s’était rendue à Gaza dans le but de faire avancer le plan “économie contre sécurité” du ministre israélien des affaires étrangères Yair Lapid, qui prévoit la reconstruction de Gaza en échange du désarmement des factions palestiniennes. Mais ces dernières ont rejeté ce plan, évidemment inacceptable.

Le 23 septembre, l’Égypte a entamé la première phase du processus de reconstruction de Gaza, pour laquelle Le Caire a promis 500 millions de dollars. Les ouvriers égyptiens, présents à Gaza depuis près de deux mois, ont enlevé 270 tonnes de gravats résultant du dernier conflit.

Une délégation du mouvement Hamas est arrivée au Caire le 3 octobre pour discuter de la situation de la trêve avec Israël et d’un éventuel accord d’échange de prisonniers entre les deux parties.

Ayman al-Sharawneh, un dirigeant du Hamas à Gaza, a révélé à Al-Monitor que la délégation du Hamas rencontrera des responsables des services de renseignement égyptiens lors de sa visite au Caire pour discuter “de l’évolution de la situation dans les territoires palestiniens, d’un accord d’échange de prisonniers avec Israël, des incitations israéliennes pour Gaza et de la levée du siège israélien imposé à Gaza”.

Sharawneh a déclaré que les trois jeunes hommes qu’Israël a assassinés à Biddu étaient effectivement affiliés au Hamas mais a nié qu’il y ait eu une coordination officielle entre eux et le Hamas à Gaza.

Il a ajouté que les militants du Hamas en Cisjordanie s’efforcent de résister aux attaques de l’armée israélienne et des colons contre les Palestiniens.

Commentant les menaces d’Israël d’annuler le programme de mesures “incitatives”, M. Sharawneh a déclaré : “Le processus de reconstruction de Gaza a commencé et Israël ne sera pas en mesure de l’arrêter.” Il a ajouté : “La résistance palestinienne à Gaza ne restera pas les bras croisés si le siège s’intensifie et si les incitations sont interrompues.”

Wissam Afifeh, un analyste politique proche du Hamas, a déclaré à Al-Monitor : “Le dernier accord de cessez-le-feu ne concerne que la bande de Gaza et [ne devrait pas affecter] les autres arènes des territoires palestiniens.”

Il a ajouté : “La politique israélienne de division des Palestiniens a échoué, comme le prouve le fait que la quatrième guerre de Gaza a éclaté en réponse aux développements à la mosquée Al-Aqsa et dans le quartier de Sheikh Jarrah.”

Concernant l’impact des menaces israéliennes sur la trêve et les pourparlers de reconstruction, Afifeh a déclaré : “L’application du cessez-le-feu connaît des hauts et des bas. Les médiateurs [l’Égypte et le Qatar] essaient de maintenir un niveau minimum de stabilité pour retarder l’implosion de la situation, et leurs efforts sont parfois couronnés de succès, mais parfois ils échouent.”

Talal Okal, analyste politique et contributeur au journal palestinien al-Ayyam, a déclaré à Al-Monitor que “Bennett n’a rien contre [les mesures incitatives] parce qu’il veut la “paix” économique. Tant que le Hamas et les organisations ne tirent pas de roquettes et n’utilisent pas [d’autres] moyens du même domaine, l’occupation israélien restera sur cette approche.

6 octobre 2021 – Al-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine