La France fait la promotion des armes utilisées pour massacrer les Palestiniens

Photo: Ashraf Amra
Khan Younis dans le sud de la bande de Gaza, le 25 mai 2018 - Un manifestant palestinien blessé par l'armée israélienne d'occupation, est évacué par une équipe de secours. La jeune infirmière au premier plan, Razan al-Najjar, a été assassinée par un sniper israélien moins d'une semaine après - Photo: Ashraf Amra
David CroninLe fabricant de fusils utilisés lors des récents massacres israéliens à Gaza présentera bientôt ses produits lors d’une foire aux armes sponsorisée par le gouvernement français.

Les enquêtes d’Amnesty International ont permis de découvrir que le Tavor était probablement l’une des principales armes à feu utilisées par les snipers israéliens qui ont tué et blessés les manifestants palestiniens au cours des deux derniers mois.

En tant que fabricant de ce fusil, Israel Weapon Industries devrait figurer sur la liste noire dans tous les pays qui se disent préoccupés par les droits de l’homme.

La France devrait être un de ces pays, lors que Macron, son président, a officiellement condamné le meurtre de plus de 100 manifestants palestiniens depuis le 30 mars.

Sa condamnation était totalement creuse. Elle a été formulée alors que les préparatifs étaient en cours pour la foire d’armes Eurosatory à Paris.

Israel Weapon Industries fait partie des entreprises devant être présentes à cette foire, qui ouvrira ses portes dans moins de deux semaines.

Ce n’est qu’une des dizaines d’entreprises de l’industrie israélienne de la guerre – dont le fournisseur de drone Elbit Systems– qui sera présent à Eurosatory. Le ministère de la défense d’Israël a également un statut d’exposant.

La foire est organisée par le gouvernement français, qui travaille en tandem avec le lobby français de l’industrie d’armements.

Israel Weapon Industries a profité de foires similaires pour exposer le dernier modèle Tavor. Le programme officiel d’Eurosatory indique que ces armes seront exposées.

Engins de mort

L’entreprise n’a peut-être pas rendu public sa responsabilité dans les massacres à Gaza. Pourtant, son matériel de marketing souligne que le Tavor est le “fusil d’assaut en tête” pour toutes les unités d’infanterie et les “forcesamusés spéciales” dans l’armée israélienne.

Selon le site internet de la firme, le Tavor a été développé “en étroite collaboration” avec l’armée israélienne qui a “rigoureusement testé” l’arme. C’est une manière codée duffoonerye dire que le Tavor est un outil essentiel pour tuer et mutiler les Palestiniens.

Certaines activités promotionnelles de l’entreprise sont d’une grossièreté extrême. Le 13 mai, la division américaine d’Israel Weapon Industries a tweeté un rappel que c’était la fête des mères, avant de supplier ses partisans d’aller “tirer”.

Le jour suivant, des tireurs d’élite israéliens ont abattu une soixantaine de manifestants à Gaza. Plus tard dans la semaine, l’entreprise s’est vantée de la façon dont ses fans étaient “excités” par le nouveau modèle Tavor.

Les conclusions d’Amnesty sur l’utilisation probable de Tavors à Gaza ont été publiées vers la fin du mois d’avril. cette publication n’a pas semblé calmer les ardeurs d’Israel Weapon Industries.

Bouffonerie au milieu de l’effusion de sang

Bientôt, ses représentants ont été ravis de la façon dont ils se sont divertis lors de la réunion annuelle de la National Rifle Association à Dallas. Ils organisaient même des compétitions, offrant aux participants une chance de gagner un pistolet baptisé Jericho, le nom d’une ville palestinienne sous occupation israélienne.

Ces clowneries avec la NRA ont eu lieu au milieu d’une vague de protestations sans précédent contre le lobby américain des armes à feu, conduit par les survivants du massacre scolaire de février à Parkland, en Floride. Cette révulsion se renouvellera en mai après un autre massacre dans une école secondaire, cette fois à Santa Fe, au Texas.

Les arguments en faveur d’un embargo sur les armes appliqué à Israël – exigé par les groupes de défense des droits de l’homme, dont Amnesty – ont été développés depuis des décennies. Quand Israel Weapon Industries a recours à la bouffonnerie après avoir permis l’effusion de sang, cette nécessité d’un embargo s’impose plus que jamais.

L’Union européenne a non seulement refusé d’imposer un embargo sur les armes, mais elle aide également les compagnies d’armement israéliennes à augmenter leurs ventes.

L’UE enverra un certain nombre de hauts fonctionnaires à la foire de Paris susmentionnée.

Mihnea Motoc est parmi ceux qui doivent parler lors des conférences qui accompagnent l’exposition. Auparavant ministre en Roumanie, il conseille désormais Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, pour stimuler l’industrie de la guerre.

J’ai demandé à Motoc s’il avait des préoccupations éthiques à propos de l’approbation d’une exposition susceptible de présenter des armes utilisées contre des manifestants non armés. “Nous ne sommes pas en mesure de répondre à vos questions”, a répondu son assistant.

Israel Weapon Industries fait son beurre de la souffrance des Palestiniens. Ses armes à feu “testées au combat” ont été achetées par des armées en Inde, en Colombie, au Portugal, au Nigeria, en Thaïlande et au Mexique.

Au cours des cinq dernières années, il a investi des ressources considérables dans la vente d’armes – conçues pour l’armée israélienne – à la police nord-américaine, ainsi que dans l’organisation de séances d’entraînement sur leur utilisation.

Cet empressement à exporter les outils et les tactiques de l’occupation israélienne est extrêmement troublant. En incluant le fabricant des fusils de sniper israéliens dans une foire aux armes, les autorités françaises aident à transformer les massacres de Palestiniens en opportunités de marketing.

* David Cronin est le correspondant de l’agence de presse Inter Press Service. Né à Dublin en 1971, il a écrit pour diverses publications irlandaises avant de commencer à travailler à Bruxelles en 1995. Son dernier livre, « Corporate Europe : How Big Business Sets Policies on Food, Climate and War » est publié chez Pluto Press.


31 mai 2018 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine