Les Israéliens massacrent aussi les Palestiniens qui sont à la recherche d’eau potable

16 juillet 2025 - Un Palestinien transporte le corps d'un enfant décédé à l'hôpital Al-Shifa après plusieurs frappes aériennes israéliennes sur la ville de Gaza - Photo : Yousef Zaanoun / Activestills

Par Tareq S. Hajjaj

Dimanche, Israël a bombardé un point de distribution d’eau dans le centre de la bande de Gaza, alors que des dizaines de civils, principalement des femmes et des enfants, faisaient la queue pour s’approvisionner en eau. Douze personnes ont été tuées, dont huit enfants. Et ce n’était pas la première fois.

Affamés, assoiffés et désespérés, Sha’da Abu Jabal, âgée de 36 ans, et son fils Ahmad, six ans, se sont rendus dimanche 13 juillet à un point de distribution d’eau dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza.

Chacun portait un jerrican, dans l’espoir de retourner dans leur centre d’accueil avec de l’eau potable.

La mère et son jeune fils ont rejoint une longue file de personnes qui attendaient leur tour, quand soudain, l’armée israélienne a bombardé le point de distribution, tuant douze personnes, dont huit enfants, et en blessant plus de vingt autres.

La plupart des victimes étaient des femmes et des enfants, car à Gaza, la survie divise désormais les familles : les hommes sortent chercher de la nourriture sous les balles, tandis que les femmes et les enfants sortent chercher de l’eau.

Israël utilise l’eau comme arme de son génocide à Gaza

Sha’da et son fils ont miraculeusement survécu à l’attaque et ont rapidement regagné le centre de déplacement. Ils ont échappé à la mort, mais ils étaient toujours sans eau.

Comme des milliers d’autres familles à Gaza, leur lutte contre une soif intense s’est poursuivie, en raison de la grave pénurie d’eau résultant du siège imposé par Israël sur la bande de Gaza.

« Nous ne savons plus à quoi nous devons faire face dans cette guerre », déclare Sha’da. « Sommes-nous confrontés à des avions de combat et à la mort ? Ou à la faim et à la famine ? Ou à la soif et au manque d’eau ? »

« Israël se donne tous les moyens possibles pour nous faire mourir. Nous ne pouvons plus le supporter. Et si nous, les adultes, pouvons endurer cela, comment pouvons-nous regarder nos enfants qui pleurent à cause de la soif alors que nous ne pouvons même pas leur donner une gorgée d’eau ? Que devons-nous faire pour survivre à cette guerre ? », demande-t-elle.

Israël détruit systématiquement les infrastructures hydrauliques de Gaza

L’attaque perpétrée dimanche contre des personnes faisant la queue pour obtenir de l’eau n’était pas la première attaque de l’armée israélienne contre des civils affamés et assoiffés à Gaza.

À la suite du massacre, le Bureau des médias du gouvernement de Gaza a publié une déclaration détaillée indiquant que l’armée israélienne a pris pour cible 112 sites de distribution d’eau potable depuis le début du génocide israélien en 2023, entraînant le massacre de centaines de civils, pour la plupart des enfants, qui tentaient de s’approvisionner en eau potable.

L’approvisionnement en eau de la bande de Gaza dépend de trois sources principales : les eaux souterraines, l’eau fournie directement par Israël via la compagnie nationale des eaux (Mekorot) et les usines de dessalement centrales appartenant à la compagnie des eaux de la municipalité côtière de Gaza.

Selon le communiqué, les forces israéliennes ont délibérément détruit 720 puits, les rendant inutilisables et privant plus de 1,25 million de personnes d’accès à l’eau potable.

Israël a également bloqué l’entrée de 12 millions de litres de carburant par mois, nécessaires pour faire fonctionner le nombre minimum de puits, d’usines de traitement des eaux usées, de véhicules de collecte des ordures et d’autres secteurs essentiels liés à l’eau et à l’assainissement.

Depuis le 23 janvier 2025, Israël a également coupé l’approvisionnement en eau venant de Mekorot, la dernière source d’approvisionnement principale de Gaza, aggravant la soif et la misère quotidiennes des habitants de la bande de Gaza.

Le 9 mars 2025, Israël a coupé la dernière ligne électrique alimentant l’usine centrale de dessalement au sud de Deir al-Balah, interrompant la production de grandes quantités d’eau potable et aggravant la crise hydrique déjà étouffante.

Le Bureau des médias du gouvernement a conclu sa déclaration en affirmant que Gaza est aujourd’hui le théâtre d’un « crime majeur de soif », qui est perpétré de manière délibérée et systématique par l’occupation israélienne.

Les déchets s’accumulent à Gaza et les conséquences sur la santé publique sont désastreuses

Il a qualifié cette politique de « crime de guerre à part entière » au regard des Conventions de Genève et de violation grave du droit international humanitaire et des droits de l’homme.

En raison des politiques menées par Israël visant les sources d’alimentation et d’eau dans la bande de Gaza, les quantités d’eau disponibles ne sont plus suffisantes pour la population, les sources d’eau devenant extrêmement rares.

Muhammad Duweima, père de six enfants vivant à Gaza, décrit comment il se procure de l’eau pour sa famille. « Un homme de notre quartier possède un puits et une source d’énergie solaire. Il exploite le puits pendant une heure seulement chaque jour et distribue l’eau aux habitants du quartier », explique-t-il.

Cependant, cette eau tirée du puits n’est pas potable et n’est utilisée que pour la toilette et les tâches ménagères.

Les sources d’eau potable sont extrêmement limitées et proviennent principalement des camions-citernes envoyés par des organisations caritatives opérant à Gaza.

M. Duweima explique que « deux camions transportant de l’eau potable viennent chaque jour au centre de déplacement de la région de Tel Al-Hawa, où les habitants remplissent leurs jerrycans. Ces camions viennent tous les jours. S’ils ne viennent pas, nous n’avons pas d’eau potable jusqu’au lendemain ».

« Parfois, ces camions ne viennent pas pendant deux ou trois jours, et pendant ce temps, nous souffrons énormément de la soif et ne pouvons pas nous procurer d’eau », dit-il.

Il ajoute que dans certains cas, ils sont contraints de boire de l’eau non potable tirée de puits. « Cette eau est salée, elle n’est pas fraîche et nous cause des problèmes de santé tels que des calculs rénaux, en plus d’autres problèmes liés aux bactéries et aux microbes présents dans l’eau qui n’a pas été correctement traitée ou purifiée. »

Même les camions destinés au transport d’eau potable sont devenus des cibles directes.

Lundi, dans le centre de Gaza, des drones israéliens ont pris pour cible un grand camion-citerne qui devait distribuer de l’eau à la population civile. L’attaque a détruit le véhicule et tué son conducteur, ce qui montre que ces attaques visent non seulement les sources d’eau elles-mêmes, mais aussi ceux qui s’efforcent d’approvisionner la population en eau.

Une guerre par la soif et par la faim

Tout au long des 22 mois qu’a duré le génocide perpétré par Israël à Gaza, celui-ci n’a cessé de s’en prendre aux approvisionnements alimentaires et en eau de la bande de Gaza, tout en renforçant son siège et en empêchant l’entrée de l’aide humanitaire.

Les reportages et les témoignages oculaires provenant de Gaza ont documenté la manière dont l’armée israélienne a mené une campagne claire et systématique visant à affamer la population de Gaza, en empêchant l’entrée de denrées alimentaires, en prenant pour cible les points de distribution de nourriture et en facilitant même le pillage par des groupes qui volent l’aide humanitaire acheminée par les points de passage.

L’apartheid de l’eau en Palestine

Le 7 avril 2025, l’armée israélienne a bombardé une tente près de l’hôpital Nasser à Khan Younis, dans le sud de Gaza, qui abritait des bénévoles et des personnes dans le besoin attendant de la nourriture, tuant au moins six personnes et en blessant dix autres.

Quelques jours plus tôt, le 1er avril, les forces israéliennes ont pris pour cible un convoi appartenant à World Central Kitchen à Deir al-Balah, frappant trois véhicules qui transportaient de la nourriture et des fournitures de secours, tuant sept bénévoles de l’organisation.

Selon des rapports précédents du Bureau des médias du gouvernement de Gaza, l’armée israélienne a bombardé plus de 60 points de distribution de nourriture et centres d’aide, les forçant à fermer complètement dans le cadre de cette politique d’affamement.

Le 30 novembre 2025, l’armée israélienne a pris pour cible le fondateur de la soupe populaire de Gaza, le tuant dans sa voiture alors qu’il transportait de la nourriture vers un hôpital pour distribution.

Environ 170 cuisines communautaires à travers Gaza ont également cessé leurs activités en mai et juin 2025 en raison de la pénurie alimentaire causée par le blocus en cours et l’interdiction continue d’acheminer de la nourriture dans la bande de Gaza.

En ce qui concerne les sources d’eau, il y a environ trois mois, les forces israéliennes ont bombardé une usine de dessalement d’eau à l’est de la ville de Gaza, coupant environ 70 % de l’approvisionnement en eau fourni par la société israélienne Mekorot et provoquant une grave crise de soif parmi les civils.

L’armée a également pris pour cible les infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, notamment des réservoirs, des puits et des installations de dessalement, laissant plus de deux millions de Palestiniens à Gaza souffrir quotidiennement de la soif.

Outre ces attaques dispersées et incessantes dans toute la bande de Gaza, plus de 800 personnes ont été tuées depuis fin mai alors qu’elles tentaient de se procurer de l’aide alimentaire dans les centres de distribution gérés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF).

15 juillet 2025 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine

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