Grève de la faim de masse dans les prisons israéliennes

Quelque 5100 Palestiniens sont détenus dans les prisons israéliennes, dont 1200 sans inculpation - Photo : Qassam Muaddi/TNA

Par Qassam Muaddi

La « direction nationale unifiée » des prisonniers palestiniens a annoncé cette décision quelques heures après que les forces israéliennes ont effectué une violente descente dans les cellules des détenus palestiniens de la prison du Néguev.

Près d’un millier de prisonniers palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes ont entamé une grève de la faim collective jeudi 17 août en fin de journée, pour protester contre « l’agression des prisonniers par les services pénitentiaires israéliens », selon une déclaration du Club des prisonniers palestiniens.

La grève a commencé à 19 heures, heure locale, selon la déclaration signée par le « Comité national d’urgence », l’organe de direction unifié des prisonniers palestiniens. Le communiqué appelle les Palestiniens à soutenir la grève par des protestations et des manifestations.

Cette décision surprenante est intervenue quelques heures après que les forces de l’administration pénitentiaire israélienne ont perquisitionné les cellules des détenus palestiniens dans plusieurs sections de la prison du Néguev.

Le Club des prisonniers a déclaré que les raids avaient fait usage d’une « force excessive » et de « mesures répressives brutales » à l’encontre des prisonniers palestiniens.

Les raids ont eu lieu un jour après la visite du ministre israélien de la sécurité – le fasciste Itamar Ben-Gvir – à la prison du Néguev, au cours de laquelle il a déclaré que les prisonniers palestiniens jouissaient de « trop de temps edans la cour ». Ben-Gvir a ajouté que le temps quotidien d’une heure passé dans la cour, leur seule chance d’être exposés à la lumière du soleil, « doit être raccourci », comme l’ont indiqué les médias israéliens.

Vidéo : Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, visite de manière provocante la prison israélienne d’Ofer et harcèle les prisonniers palestiniens. pic.twitter.com/w3RlHiUkkx – Quds News Network (@QudsNen) August 16, 2023

« L’annonce de cette grève de la faim a contourné toutes les étapes habituelles et a été faite de manière surprenante, sans préparation ni avertissement, ce qui indique l’urgence de la situation dans les prisons de l’occupation », a déclaré Abdel Naser Farawneh, responsable de l’unité de recherche de la Commission des affaires des prisonniers palestiniens, à The New Arab.

« L’offensive actuelle de l’occupation israélienne sur les prisonniers palestiniens a atteint un niveau de violence dangereux avec la pratique croissante de la négligence médicale, de l’isolement cellulaire, du transfert continu de prisonniers, de la restriction des conditions de vie et de la multiplication des ordres de détention administrative »,, a déclaré M. Farawneh.

« Les tentatives précédentes pour faire pression sur les autorités d’occupation afin qu’elles mettent un terme à leur escalade contre les prisonniers ont échoué, et la dernière descente de l’occupation dans les cellules des prisonniers de la prison du Néguev a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », a-t-il noté.

« Il s’agit d’une escalade bien orchestrée contre les droits des prisonniers, qui sert les jeux politiques internes d’Israël, et nos prisonniers devaient s’y opposer ».

Des groupes palestiniens de défense des droits de l’homme ont également annoncé jeudi que les forces israéliennes avaient placé 75 prisonniers palestiniens à l’isolement après l’annonce de la grève de la faim.

Plus de 1000 détenus palestiniens poursuivent leur grève de la faim illimitée pour la première journée en protestation contre les raids continus des unités de répression israéliennes dans les chambres des prisonniers dans diverses prisons israéliennes. pic.twitter.com/TeEG3zdXro – Quds News Network (@QudsNen) August 18, 2023

Pendant ce temps, neuf Palestiniens détenus sans inculpation dans le cadre du système israélien de « détention administrative » ont poursuivi leur grève de la faim pour protester contre le renouvellement de leur détention pour une durée indéterminée.

Parmi eux, Kayed Fasfus, âgé de 34 ans, est celui qui fait la grève la plus longue, refusant de s’alimenter depuis 15 jours. Fasfus a été arrêté en mai et a reçu un ordre de détention de six mois sans inculpation, par un tribunal militaire israélien.

En 2021, Fasfus avait été libéré d’une détention administrative de plusieurs mois après une grève de la faim individuelle de 131 jours.

Au début de l’année, le détenu palestinien Khader Adnan est mort dans un hôpital israélien au 87e jour de sa sixième grève de la faim depuis 2011, pour protester contre sa détention administrative répétée.

Un quart des 5100 prisonniers palestiniens sont des détenus administratifs qui ne font l’objet d’aucune inculpation en vertu d’un ordre de détention renouvelable.

Depuis 1967, plus d’un million de Palestiniens ont été arrêtés par les forces israéliennes, ce qui représente un tiers de la population palestinienne dans les territoires occupés de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem, selon les groupes de défense des droits de l’homme.

18 août 2023 – The New Arab – Traduction : Chronique de Palestine