La « Fureur de Jénine » impose de nouvelles règles d’engagement et de dissuasion

Illustration : via al-Mayadeen

Par Al-Mayadeen

La bataille de la « Fureur de Jénine » a mis en évidence la fragilité des forces israéliennes, notamment de ses soldats et de son commandement, qui sont incapables d’atteindre les objectifs répressifs de leur gouvernement.

Le 20 juin, des combattants de la Résistance palestinienne menés par les Brigades Al-Quds – Bataillon de Jénine ont tendu des embuscades minutieusement planifiées aux forces israéliennes qui faisaient une incursion dans le camp, faisant échouer leur mission et faisant plusieurs victimes parmi les troupes d’invasion.

La réplique israélienne a marqué la première utilisation des capacités de l’armée de l’air israélienne en Cisjordanie depuis la seconde Intifada, l’armée ayant envoyé des hélicoptères Apache pour assurer lae retrait en catastrophe des forces assiégées dans le camp qui se trouvaient sous le feu nourri des combattants de la Résistance.

La campagne militaire de lundi sur Jénine et le camp de réfugiés de la même ville intervient alors que les forces d’occupation tentent de reconstruire leurs capacités de dissuasion en Cisjordanie occupée, qui a connu une augmentation substantielle de l’organisation, de la popularité et des capacités de la Résistance.

La bataille de la « Fureur de Jénine » mettra à l’épreuve la capacité de la Résistance à modifier les règles de la dissuasion en sa faveur, face aux troupes terrestres et au commandement israéliens en perte de vitesse, alors qu’un parcours similaire à celui de la bande de Gaza libérée commence à se matérialiser.

Les drones d’attaque conduisent l’agression

Dans le cadre de ce que les Israéliens ont appelé l’opération « Jardin et foyer », les forces israéliennes ont envoyé des centaines de véhicules blindés transportant des troupes terrestres ainsi que des bulldozers pour envahir Jénine.

Cependant, l’expérience subie par les forces d’occupation en juin a nécessité le déploiement massif de drones de frappe et de surveillance lors de l’agression de la ville du nord de la Cisjordanie et de son camp de réfugiés.

Cela montre que les troupes terrestres israéliennes ne sont plus en mesure, à elles seules, d’établir leur suprématie à Jénine, qui a été au premier plan du phénomène de la résistance en Cisjordanie.

Après que les rapports ont montré que Netanyahu et Galant ont donné le feu vert à une campagne majeure en Cisjordanie dans la nuit de dimanche à lundi, les habitants ont signalé la présence d’un grand nombre de drones et de quadcopters [mini drones] à Jénine et dans ses environs, alors que les forces israéliennes collectaient des informations et des renseignements avant de lancer leur attaque.

Vers 10h20 dans la soirée de dimanche à lundi, des sources locales à Jénine ont signalé une forte activité des drones israéliens au-dessus de la ville, alors que la crainte grandissait quant à la possibilité d’une campagne de grande envergure.

À 1h13 lundi, la première explosion a été signalée dans la ville, suivie d’une série d’explosions précédant l’arrivée des véhicules blindés qui ont envahi Jénine quelques minutes plus tard.

Depuis lors, les combattants de la Résistance ont continué à affronter les forces d’invasion, tendant de multiples embuscades aux convois israéliens à travers le camp.

Les combattants des brigades Al-Quds, des brigades des martyrs d’Al-Aqsa et des brigades Al-Qassam ont annoncé à plusieurs reprises qu’ils étaient en mesure de cibler directement les forces israéliennes, des rapports et des photos montrant un hélicoptère Black Hawk transférant des victimes de l’armée israélienne hors du champ de bataille.

Une hyperdépendance à l’égard de la technologie

Une tendance notable peut être mise en évidence en examinant les tactiques israéliennes qui cherchent à assurer leurs objectifs répressifs en Palestine.

Il s’agit de son hyperdépendance à la technologie après que ses tentatives de mettre fin à la progression des capacités de la Résistance ont conduit à des échecs successifs, mis en évidence par la croissance constante de la Résistance, que ce soit en tant qu’idée à laquelle les Palestiniens s’identifient et qu’ils soutiennent ou simplement sur le plan militaire.

« Israël a pu atteindre une grande partie de ses objectifs en Cisjordanie depuis la seconde Intifada grâce à un certain nombre de facteurs qui incluent une collaboration active avec les parties à l’intérieur de la Cisjordanie à travers la ainsi-nommée ‘coordination de la sécurité’ et le manque de préparation des groupes de la Résistance.

Le travail constant des factions palestiniennes dirigées par le Jihad islamique palestinien, qui ont créé l’infrastructure et les commandements nécessaires, en capitalisant sur les sentiments de la jeunesse palestinienne qui cherche à se libérer de la réalité dans laquelle ils sont nés, a conduit à l’expansion des capacités et des opérations de la Résistance dans les territoires occupés.

Des parallèles peuvent être établis entre les tactiques israéliennes à Gaza et celles utilisées aujourd’hui en Cisjordanie.

Depuis janvier 2009, les forces israéliennes d’occupation n’ont pas réussi à envahir la bande de Gaza avec des unités terrestres après une campagne lancée par le gouvernement pour mettre fin aux tirs de roquettes « indiscriminés » depuis la bande de Gaza vers les territoires occupés.

Au lieu de cela, « Israël » a eu recours à des raids aériens et à des frappes précises de drones pour agresser la bande de Gaza.

Ce scénario est largement dû aux lourdes pertes subies dans les rangs de la brigade d’élite Golani lorsque l’occupation israélienne a tenté une invasion terrestre de la bande de Gaza, une éventualité qui pourrait se répéter puisque la Résistance n’a fait qu’acquérir davantage d’expertise et de technologies qui lui permettraient de recréer un tel développement en cas de besoin.

Le commandement militaire et politique israélien est bien conscient de la situation, c’est pourquoi il dépend fortement des raids aériens et des frappes dans chaque bataille contre la Résistance palestinienne à Gaza depuis lors.

Ses campagnes de bombardement à Gaza se sont avérées inutiles à long terme, car l’occupation n’a pas été en mesure d’arrêter la progression des capacités militaires de la Résistance ni d’endommager gravement son infrastructure complexe et bien développée, deux objectifs manqués qui ont été clairement mis en évidence à la suite de la bataille de Seif Al-Quds en mai 2021.

Ce phénomène nécessite un examen plus approfondi de la structure des forces israéliennes, du moral de ses troupes, ainsi que de la cohésion sociale sioniste dans son ensemble, qui sera étudié dans les prochains rapports.

La possibilité d’une guerre sur plusieurs fronts empêche le génocide

Pour en revenir à l’objet de cette analyse, la campagne militaire sur Jénine, « Israël » a été contraint d’agir conformément aux lignes rouges que l’axe de la résistance a imposées au cours des 20 dernières années pour dissuader les forces de l’occupation israélienne.

En 2002, l’armée israélienne s’est lancée dans une attaque de grande envergure contre le camp de réfugiés de Jénine, massacrant les habitants de la ville. La répétition d’un tel scénario, dans lequel les forces israéliennes massacrent sans discernement les Palestiniens en Cisjordanie, coûtera cher à « Israël ».

Les condamnations générales et les résolutions des Nations unies n’ont jamais réussi à mettre un terme au massacre des populations autochtones par une force d’occupation, comme cela a été le cas en 2002.

Aujourd’hui, une telle entreprise ouvrirait la boîte de Pandore pour le commandement israélien qui ne veut pas et ne peut pas faire face à un événement dans lequel des roquettes bombardent ses positions depuis la Syrie, Gaza et le Liban, en particulier dans le contexte de l’escalade en cours dans le nord et de la volatilité de la situation politique et sociale interne au sein de l’entité coloniale.

Ses dirigeants sont bien conscients de cette situation, c’est pourquoi « Israël » limite ses opérations à des attaques rapides et à petite échelle, car il cherche à isoler les organisations de la Résistance et à limiter leur coopération sur le terrain.

Un bombardement destructeur du camp, qui fait l’objet de spéculations au moment de la rédaction de cet article, signifie que l’occupation n’a pas été en mesure d’atteindre ses objectifs répressifs dans cette opération et a choisi de commettre de nouvelles atrocités marquant un nouvel échec de ses stratégies sécuritaires et militaires.

4 juillet 2023 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine