
8 août 2025 - Les Palestiniens, confrontés à de graves pénuries alimentaires en raison des attaques et du blocus israéliens, se rassemblent près du poste de contrôle israélien de Zikim pour recevoir une aide humanitaire limitée dans le nord-ouest de Gaza - Photo : Saeed M. M. T. Jaras / AA
Par EuroMed Monitor
Malgré les meurtres de centaines d’athlètes et les destructions d’infrastructure, Israël n’est toujours pas exclu des fédérations sportives internationales.
Le refus des fédérations sportives internationales et continentales de suspendre l’adhésion d’Israël, 22 mois après le génocide perpétré dans la bande de Gaza, constitue une violation flagrante des valeurs et des principes qu’elles prétendent défendre. Il est la marque d’une application sélective et hypocrite des règles régissant la participation des États, des clubs et des individus aux compétitions internationales et continentales, qu’elles soient officielles ou amicales.
La Fédération internationale de football association (FIFA), l’Union des associations européennes de football (UEFA), le Comité international olympique et d’autres fédérations internationales continuent de refuser d’agir contre Israël, bien que cet état ait assassiné 664 athlètes palestiniens depuis le début du génocide dans la bande de Gaza en octobre 2023 et violé à peu près tous les règlements et normes en matière de droits humains, de paix et de non-discrimination.
Depuis le début du génocide qu’il commet à Gaza, Israël s’emploie à détruire tous les aspects de la vie dans la bande de Gaza, y compris le secteur sportif. Selon la Fédération palestinienne de football, l’armée israélienne a détruit 264 installations sportives, dont 184 complètement et 81 partiellement.
Il n’y a plus aucune activité sportive dans la bande de Gaza depuis octobre 2023 en raison du ciblage généralisé et systématique des infrastructures sportives, qui ont été presque entièrement réduites en cendres.
Les athlètes ont été tués ou, comme la population de Gaza, contraints de consacrer leur temps et leurs efforts à la recherche d’abri et de nourriture , dans un contexte d’attaques militaires israéliennes incessantes, de déplacements répétés, de famine et de politiques de blocus qui ont plongé l’ensemble de la population dans la famine et coûté la vie à environ 220 personnes à ce jour.
Au cours du seul mois de juillet, l’armée israélienne a tué 40 athlètes et recruteurs sportifs dont la grande majorité dans la bande de Gaza, selon le Comité olympique palestinien.
L’influence mondiale des associations de football, en particulier la FIFA et l’UEFA, leur confère une double responsabilité : celle de défendre les principes des droits humains et celle d’exclure les associations nationales dont les États membres sont impliqués dans des crimes graves.
Il est injustifiable que l’équipe nationale israélienne continue de participer aux tournois de la FIFA ou que les clubs israéliens participent aux tournois de l’UEFA, alors qu’Israël tue près d’un athlète palestinien par jour.
Le mépris constant des fédérations sportives internationales et continentales pour leurs propres règlements et leur incapacité à prendre des mesures disciplinaires à l’encontre d’Israël constituent une violation de leurs obligations éthiques et institutionnelles et les exposent à des poursuites, en particulier si Israël exploite sa participation sportive internationale pour blanchir ses violations des droits humains et promouvoir ses activités sportives comme couverture des atrocités commises par son armée contre les civils palestiniens.
La normalisation par les fédérations sportives de la participation de représentants d’un État coupable de génocide constitue non seulement une violation juridique, mais aussi un échec moral sans précédent.
Permettre aux athlètes israéliens de se produire devant des centaines de millions de spectateurs induit le public en erreur et permet à Israël d’utiliser les événements sportifs comme un outil puissant pour influencer l’opinion mondiale.
Dans de nombreux cas, les athlètes israéliens eux-mêmes sont impliqués dans de graves violations contre des civils palestiniens, des estimations cohérentes indiquant qu’environ 30 membres de la délégation israélienne aux Jeux olympiques de Paris en 2024 ont servi dans l’armée israélienne ou ont publiquement soutenu le génocide dans la bande de Gaza.
Bien qu’il n’existe pas de données officielles sur les athlètes israéliens ayant servi dans l’armée, la politique de conscription obligatoire d’Israël permet de penser que la plupart des personnes en âge de pratiquer un sport ont servi comme soldats de réserve et ont pu participer à des crimes commis pendant le génocide dans la bande de Gaza, d’autant plus que l’armée s’appuie depuis longtemps et de manière intensive sur les forces de réserve pour éliminer les civils et les infrastructures dans l’enclave.
Les règlements de la FIFA fournissent des motifs clairs pour sanctionner Israël.
L’article 3 des statuts de la FIFA stipule que « la FIFA s’engage à respecter tous les droits de l’homme internationalement reconnus et s’efforce de promouvoir la protection de ces droits ».
L’article 16 habilite également le Conseil de la FIFA, « sans vote du Congrès, [à] suspendre temporairement avec effet immédiat une association membre qui viole gravement ses obligations ».
De même, l’article 11 du règlement disciplinaire de l’UEFA stipule que « toutes les entités et personnes soumises à ce règlement doivent respecter les Lois du Jeu, ainsi que les Statuts, règlements, directives et décisions de l’UEFA, et se conformer aux principes de conduite éthique, de loyauté, d’intégrité et d’esprit sportif.
L’article 14 prévoit que « toute entité ou personne soumise à ces règlements qui porte atteinte à la dignité humaine d’une personne ou d’un groupe de personnes pour quelque motif que ce soit, y compris la couleur de peau, la race, la religion, l’origine ethnique, le sexe ou l’orientation sexuelle, encourt une suspension d’au moins dix matches ou d’une durée déterminée, ou toute autre sanction appropriée ».
Sur cette base, Israël pourrait être sanctionné et ses clubs exclus des compétitions européennes pour avoir violé les principes de non-discrimination et d’intégrité, s’être livré à des comportements contraires aux valeurs de l’UEFA, notamment en incluant dans son championnat des clubs issus de colonies israéliennes illégales en territoire palestinien, et pour le comportement raciste et discriminatoire de certains joueurs israéliens.
Quant au Comité international olympique, le principe 1 des principes fondamentaux de l’olympisme dans la Charte olympique stipule que « l’olympisme cherche à créer un mode de vie fondé sur la joie de l’effort, […] et le respect des droits humains internationalement reconnus ».
L’article 1 des principes fondamentaux du code d’éthique olympique mentionne également « le respect de la dignité humaine ». En conséquence, le Comité peut sanctionner Israël en suspendant son adhésion pour avoir violé ces principes et d’autres.
Il est inacceptable que les administrations des fédérations sportives internationales et continentales cèdent à des pressions politiques ou à des préférences, ou appliquent deux poids deux mesures dans le traitement des violations des droits humains.
La FIFA a rapidement suspendu la Russie et ses clubs de football de toute activité officielle à la suite de son invasion de l’Ukraine en 2022, suivie par l’UEFA qui a interdit aux équipes russes de participer aux championnats européens et a interdit les matchs sur le sol russe. Le Comité international olympique a également réagi, invoquant des allégations de violations des droits humains, d’agression contre la souveraineté d’un État indépendant et de destruction d’infrastructures civiles.
Les fédérations sportives internationales et continentales doivent adopter une position ferme et immédiate en suspendant la participation d’Israël à toutes les activités sportives, en interdisant les événements sur son territoire, en cessant de faire comme s’il était au-dessus des lois et en lui imposant des sanctions disciplinaires à la mesure du génocide qu’il commet dans la bande de Gaza.
Elles doivent également empêcher Israël d’utiliser le sport pour blanchir ses violations flagrantes des droits humains et normaliser ses actions illégales au niveau international.
La Fédération israélienne de football doit être contrainte de retirer les clubs des colonies situés dans les territoires palestiniens occupés de ses compétitions nationales, conformément aux règles de compétence territoriale et à la non-reconnaissance de l’annexion illégale.
Euro-Med Monitor appelle les fédérations sportives internationales et continentales à former des comités indépendants chargés de documenter les destructions des infrastructures sportives et les meurtres d’athlètes palestiniens, faire pression sur Israël pour qu’il reconstruise les installations détruites, indemnise les athlètes et apporte une aide d’urgence aux fédérations palestiniennes pour qu’elles puissent mettre en place des infrastructures temporaires, sécuriser les équipements et les archives, et mettre en œuvre des programmes de réhabilitation.
Ces réparations sont justes et nécessaires pour que les fédérations sportives palestiniennes puissent reprendre leurs activités.
Auteur : EuroMed Monitor
* L'Observatoire Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme est une organisation indépendante à but non lucratif dirigée par des jeunes qui défend les droits humains de toutes les personnes à travers l'Europe et la région MENA, en particulier celles qui vivent sous occupation, en proie à la guerre ou à des troubles politiques et/ou ont été déplacés en raison de persécutions ou de conflits armés.
11 août 2025 – EuroMed Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet
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