Nikki Haley : la honte des États-Unis à l’ONU

Photo : ambassade des États-Unis, Tel-Aviv
Haley en compagnie du criminel de guerre Netanyahu - Photo : ambassade des États-Unis, Tel-Aviv
Robert FantinaDe toutes les personnes impudentes qui servent dans l’administration de l’impudent Donald Trump, on cherche en vain une personne plus ignorante, plus mal informée et grossière que l’ambassadeur des États-Unis auprès des Nations Unies.

Nikki Haley a prouvé à maintes reprises qu’elle est une honte sur la scène mondiale, et le fait qu’elle semble complètement inconsciente de ses actes répétés d’une stupidité consternante n’en est qu’une preuve supplémentaire.

Sa dernière sortie d’une absurdité confondante date du mardi 20 février. Elle a en gros, de cette façon si éloquente qui est la sienne (oh que non !), dit au gouvernement palestinien qu’elle ne se ‘tairait ‘pas, comme il lui avait été très pertinemment suggéré. Elle recommanda que les Palestiniens s’engagent « … sur la voix de la négociation et du compromis ».

On se demande sur quelle planète vit Mme Haley. Elle est tellement déconnectée de la réalité que c’est un miracle qu’elle soit capable d’articuler deux mots de suite de manière cohérente (il est rare qu’elle dépasse de beaucoup les deux). Pourquoi, peut-on raisonnablement demander, ce sont toujours les Palestiniens qui doivent faire des compromis ? Pourquoi cette demande n’est-elle jamais faite à Israël ?

Quelques faits, ces éléments casse-pieds que Mme Haley semble dédaigner, peuvent être instructifs.

* En 1947, la nation de Palestine, par décret de l’ONU nouvellement formée, fut partitionnée pour créer Israël. Plus de 750 000 Palestiniens furent chassés de chez eux ; beaucoup d’entre eux, et/ou leurs descendants, vivent encore aujourd’hui dans des camps de réfugiés. Des milliers de Palestiniens furent brutalement massacrés.

* Depuis lors, Israël s’accapare la terre palestinienne, détruisant des dizaines de milliers d’habitations palestiniennes pour faire place à des colonies de peuplement exclusivement israéliennes qui sont illégales au regard du droit international.

* Israël occupe illégalement la Cisjordanie, et procède à des arrestations sans inculpation d’hommes, de femmes et d’enfants. Il tue aussi en toute impunité des hommes, des femmes et des enfants non armés, crimes parfois filmés.

* Les Forces de Défense israéliennes (lire : terroristes israéliens) restent les bras croisés tandis que des colons israéliens (autre version de terroristes israéliens), attaquent et tuent des Palestiniens innocents, font des descentes dans leur maison et les expulsent illégalement de force, et profanent leurs édifices sacrés.

* Le blocus israélien illégal de la Bande de Gaza étrangle lentement et douloureusement les presque 2 millions de personnes qui vivent dans ce qui est souvent décrit comme la plus grande prison en plein air du monde. Ces personnes sont détenues dans cette ‘prison’ bien qu’elles n’aient jamais été inculpées d’aucun crime, sinon celui, pour Israël, d’être palestinien.

* Des dirigeants israéliens ont appelé au meurtre de Palestiniennes enceintes, disant les ‘petits serpents’ doivent être détruits.

* Les dirigeants israéliens justifient le racisme au motif qu’il est nécessaire pour préserver la ‘pureté’ de l’état juif’.

Mme Haley ne voit-elle pas la responsabilité d’Israël dans ceci ? Est-elle incapable de comprendre pourquoi les Palestiniens, y compris leurs dirigeants lâches, pourraient ressentir de l’hostilité à l’égard d’Israël ? Ne reconnait-elle pas qu’Israël a un bilan désastreux en matière des droits de l’homme et viole de nombreuses lois internationales ? Il semble qu’elle souscrive au concept énoncé par la militante palestinienne Hanan Ashrawi : ” Les Palestiniens sont les seules personnes au monde à qui l’on demande de garantir la sécurité de l’occupant, tandis qu’Israël est le seul pays qui exige protection de la part de ses victimes”.

Mme Haley veut que les Palestiniens ‘négocient et fassent des concessions’. Israël, dans sa grande mansuétude, est toujours prêt à négocier ‘sans conditions préalables’. Ce qui signifie qu’il siégera à la table des négociations pendant qu’il s’approprie encore plus de terres palestiniennes, et tue et emprisonne de plus en plus de Palestiniens innocents. De telles ‘négociations ‘ se sont tenues par intervalles pendant des décennies ; le seul résultat c’est le rétrécissement du territoire palestinien et l’oppression croissante des Palestiniens par Israël.

Les États-Unis ont été un médiateur malhonnête de ces négociations de bout en bout et leur partialité évidente envers Israël n’est nulle part remise en cause ; ils ne peuvent ni maintenant ni jamais, être un médiateur honnête.

Et l’auteur de cet article demandera une fois de plus pourquoi quiconque pense que des négociations sont possibles voire nécessaires. Elles ne sont pas possibles, parce que des négociations ne peuvent avoir lieu qu’entre deux parties, chacune ayant quelque chose que veut l’autre, qu’elle ne peut obtenir qu’en renonçant à quelque chose qu’elle possède. Israël prend tout ce qu’il veut de la Palestine dans une totale impunité.

Des négociations ne sont pas nécessaires, parce que le droit international reconnaît les frontières de la Palestine et d’Israël telles qu’établies en 1947. Si l’auteur de cet article dérobe une banque, personne ne lui suggérerait de ‘négocier’ avec le directeur de la banque la somme d’argent qu’il doit restituer. Une fois attrapé il doit tout simplement tout rendre et subir les conséquences de son délit. Israël a volé à la Palestine d’énormes quantités de terre. Les colonies doivent toutes être évacuées et rendues aux Palestiniens. Il convient de rappeler à Mme Haley que le droit international interdit à une puissance occupante d’installer ses citoyens à demeure sur une terre occupée. Bien sûr, étant donné son mépris pour le droit international, elle rejetterait ce concept à condition qu’elle soit assez intelligente pour le comprendre.

Aux États-Unis, après le dernier massacre dans un lycée, il semble que quelque chose change dans la société. Des gens qui sont depuis longtemps en faveur d’un contrôle raisonnable des armes à feu, comme l’interdiction du type d’armes automatiques, dont le seul but est de tuer très rapidement un grand nombre de personnes, et qui furent utilisées dans plusieurs tueries de masse, semblent maintenant prendre le contrôle du récit. C’est le premier pas vers un changement réel.

Des sondages aux États-Unis montrent de manière récurrente que le soutien à Israël est en baisse, et que le soutien à la Palestine est en hausse. Même les dirigeants israéliens s’en inquiètent, car ils reconnaissent que la jeune génération de citoyens états-uniens, les futurs dirigeants des États-Unis ne soutiennent plus l’idéologie raciste du sionisme. Il est grand temps pour ceux qui reconnaissent les crimes horribles et constants d’Israël de se saisir du discours, et de confronter Mme Haley et les autres représentants de l’administration et les membres du Congrès, qui ne sont pas redevables à leurs électeurs mais aux groupes de pression pro-israéliens, et de permettre aux Palestiniens de vivre dans la paix et la dignité humaine que méritent tous les peuples, et que les États-Unis et Israël leur ont refusées depuis des générations. Nonobstant les déclarations ridicules de Mme Haley aux Nations Unies, la Palestine sera libre. Ceux d’entre nous qui croient aux droits de l’homme doivent y œuvrer.

A3 * Robert Fantina est écrivain et journaliste, militant pour la paix et la justice sociale. Il vit au Canada et a écrit : Empire, Racism and Genocide : A History of U.S. Son site web.

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23 février 2018 29 – Counterpunch – Traduction: Chronique de Palestine – MJB