Le temps n’est pas au désespoir, mais à la solidarité avec Gaza

21 et 22 octobre - Des manifestations ont eu lieu à Berlin, Bruxelle, Madrid, Lisbonne, Athènes, Paris et Helsinki, ainsi que dans plusieurs grandes villes aux Etats-Unis ainsi qu'à travers le reste du monde, en solidarité avec le peuple palestinien et pour demander l'arrêt immédiat des bombardements israéliens dans la bande de Gaza. Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens incessants ont tué près de 6000 Palestiniens, dont près de 2500 enfants. En France et en Allemagne, de nombreuses manifestations ont été interdites et des manifestants ont été arrêtés et condamnés à des amendes - Photo : Activestills

Par Swee Chai Ang

Depuis le 7 octobre, chaque jour est un nouveau jour d’assassinats par Israël des Palestiniens de Gaza. L’eau et l’électricité coupées, la nourriture et les médicaments refusés, tout ce que Gaza reçoit jour et nuit, c’est toujours plus de bombes et de dévastation.

Vingt-deux hôpitaux du nord de Gaza ont reçu l’ordre d’évacuer des milliers de patients gravement blessés, sous peine de subir des bombardements terrestres, aériens et maritimes, de sorte que l’hôpital Al-Ahli était déjà dans le collimateur des agresseurs.

Elles ont peut-être incité l’administration de l’hôpital à penser qu’elle avait déjà eu sa part de persécution israélienne.

La nouvelle du bombardement de l’hôpital Al-Ahli à Gaza a plongé nombre d’entre nous dans un état d’engourdissement paralysant.

Alors que le nombre de morts augmentait, les grands médias ont tenté de nous convaincre que les Palestiniens s’étaient infligé cet attentat, qu’il s’agissait d’un missile visant Israël qui avait mal tourné. Beaucoup de mes amis ont choisi de croire cela.

Ce mensonge aggrave ma douleur et mon angoisse, car peu importe qui a lancé la bombe ou d’où elle vient, l’urgence est d’empêcher que d’autres hôpitaux ne subissent le même sort.

Je suis dévastée, car Al-Ahli est le seul hôpital de fondation chrétienne dans la bande de Gaza et il est apprécié de tous, chrétiens et musulmans. Il a été construit par la Church Mission Society vers 1900.

J’ai travaillé et vécu à l’hôpital en 1988-1989, après avoir répondu à une demande de l’évêque de Jérusalem de s’occuper des blessés de la première Intifada. J’ai alors répondu à l’évêque que je m’occuperai d’eux et que je les protégerai.

C’est ce que j’ai fait jusqu’à ce que les autorités d’occupation israéliennes m’interdisent d’entrer à Gaza.

Lorsque la bombe a frappé, de nombreuses personnes se sont réfugiées à Al-Ahli, un hôpital chrétien. Il n’y avait pas d’autre endroit sûr, et il y a aussi une précieuse fontaine d’eau dans la cour de l’hôpital où l’on peut s’abreuver, ce qui est une bénédiction avec le manque actuel d’eau douce à Gaza.

La bombe est arrivée sans prévenir, visant le centre de la cour où des centaines de personnes s’étaient réfugiées. Elles ont été tuées. Des centaines de corps gisaient dans la cour de l’hôpital, dont de nombreux enfants. Ce n’était pas une fake news.

Bien que je ne sois pas autorisée à entrer en Palestine occupée, les gens et mes collègues qui travaillent si dur malgré les pénuries désespérées sont toujours dans mon cœur comme je le suis dans le leur. Leurs sourires et l’amour qu’ils portent à leurs patients me reviennent sans cesse alors que j’écris ces lignes au milieu de mes propres larmes.

J’aimerais pouvoir être avec eux en ce moment terrible. Le professeur Ghassan Abu Sitta travaille actuellement sur place pour aider les blessés, mais je sais qu’il doit être complètement épuisé.

Merci de prier pour ceux qui ont été tués et blessés. Consolez les personnes en deuil et soyez solidaires de la population de Gaza.

Ne désespérez pas, car c’est le moment où nous devons tous rester fermes et nous exprimer pour protéger Gaza et sa population !

23 octobre 2023 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine