C’est indéniablement une bombe israélienne qui a tué des centaines de personnes à l’hôpital al-Ahli

Un grand nombre de blessés sont amenés à l'hôpital Shifa dans la ville de Gaza après une attaque israélienne sur la cour de l'hôpital arabe al-Ahli - Photo : Abdelhakim Abu Riash/Al Jazeera

Par Al-Mayadeen

Les forces d’occupation israéliennes affirment que c’est une roquette du Hamas qui a tué par erreur des centaines de personnes à l’hôpital baptiste al-Ahli. Cette affirmation est-elle vraie ? Pour en savoir plus, lisez ce court article.

À la suite du crime de guerre israélien consistant à bombarder l’hôpital baptiste al-Ahli à Gaza, beaucoup de déclarations et de théories ont été répandues dans les médias sociaux par des comptes d’Israéliens et de leurs partisans, pour tenter de dédouaner l’Occupation de ce crime de guerre flagrant.

Le nombre exact de victimes es encore inconnu au moment où paraît cet article, mais on sait que la bombe à fragmentation (1) israélienne a déchiqueté les gens, tuant au moins 400 personnes, et ce nombre devrait augmenter.

Les réseaux sociaux se sont empressés d’analyser les photos de la catastrophe et d’affirmer qu’une bombe israélienne aurait causé des dommages bien plus graves à l’hôpital que ceux qu’on a vus.

Cependant, une brève enquête sur les preuves et les vidéos disponibles révèle sans l’ombre d’un doute que cet épouvantable crime de guerre est couvert des empreintes d’ « Israël ».

Pourquoi la bombe n’a-t-elle pas laissé un plus grand cratère ?

En parcourant mon fil X mercredi matin, j’ai vu que des utilisateurs pro-occidentaux et pro-israéliens affirmaient que l’absence de cratère dans le parking de l’hôpital baptiste al-Ahli prouvait la culpabilité de la Résistance qui, selon eux, aurait raté un tir de roquette.

Dans ce court article, je vais réfuter chacun des arguments utilisés par les Israéliens et leurs supporters, et fournir également des preuves qu’il ne s’agissait pas d’une roquette mal tirée de Gaza.

Les vidéos réalisées par les médias montrent l’ampleur de la boule de feu générée par la bombe. Cela signifie que la bombe devait contenir beaucoup plus de matière explosive que les roquettes standard de la Résistance palestinienne ne peuvent en transporter.

Certains objecteront toutefois, qu’un certain nombre de roquettes de la Résistance peuvent porter des charges supérieures à 200 kg. Il est essentiel de noter qu’une charge utile aussi importante, aurait laissé derrière elle un grand cratère dans la cour de l’hôpital al-Ahli.

Par ailleurs toutes les roquettes de la Résistance à Gaza explosent à l’impact. Voilà déjà un premier argument pour réfuter la thèse qu’un tir de roquette manqué est à l’origine de toute cette horreur.

On entend aussi beaucoup dire qu’un fragment de la roquette qui a été mal tirée et a explosé en l’air est tombé sur l’hôpital al-Ahli et a causé tous ces dégâts.

Encore une fois, cela aurait également laissé derrière un cratère correspondant à l’importante boule de feu créée par la charge utile et au nombre de morts et de dégâts causés. L’absence de ces preuves réfute les deux hypothèses.

Des bombes « Airburst » ont tué des centaines de personnes à Gaza

Les bombes utilisées par « Israël » peuvent exploser de différentes façons, ce qui n’est pas le cas des roquettes de la Résistance palestinienne.

Dans la vidéo ci-dessus, une bombe JDAM MK.83 explose en l’air avant l’impact afin de maximiser la projection de shrapnels (2) dans la zone ciblée.

Bien qu’une bombe plus légère ait pu être utilisée lors de l’attaque israélienne contre l’hôpital, les indices montrent clairement qu’il s’agit d’une bombe « airburst ».

La Résistance ne dispose pas d’une pareille technologie : toutes les roquettes de son arsenal explosent mécaniquement à l’impact. Les bombes « airburst » nécessitent un niveau de technologie auquel la Résistance n’a tout simplement pas accès, en raison du siège strict de la bande de Gaza.

Les preuves confirment la théorie de la bombe « airburst »

A l’examen des images diffusées sur les médias sociaux et des carcasses des voitures détruites dans la cour de l’hôpital, la théorie de l’explosion « airburst » (1) devient indiscutable.

Le post ci-dessus sur X montre la direction dans laquelle les éclats d’obus se répartissent à l’extérieur du bâtiment principal de l’hôpital. Une observation plus poussée montre comment les toits de plusieurs voitures ont été aplatis par les éclats d’obus et l’air comprimé résultant de l’explosion.

La décision de bombarder l’hôpital, de la manière dont cela a été fait, suggère que l’occupation israélienne a cherché à maximiser le nombre de victimes regroupées dans cet espace ouvert où des centaines de personnes s’étaient réfugiées.

Récapitulons les données :

  • L’absence de cratère significatif.
  • La répartition des éclats d’obus sur une grande surface.
  • L’aplatissement des toits des voitures en stationnement.

Tous ces facteurs contribuent à démontrer qu’une bombe « airburst » israélienne a ciblé des civils et des enfants à l’hôpital baptiste al-Ahli.

Les roquettes dont le tir est raté peuvent-elles se déplacer à grande vitesse ?

L’affirmation des forces d’occupation israéliennes selon laquelle un fragment d’une fusée mal tirée a causé tous ces dégâts devient encore plus ridicule lorsqu’on regarde deux vidéos filmées près du lieu de l’explosion, qui sont devenues virales sur les médias sociaux.

L’objet explosif est arrivé sur l’hôpital avec une extrême vitesse.

La question qui se pose est la suivante : un fragment provenant d’une roquette mal tirée peut-il atteindre une telle vitesse ?

La réponse courte et précise est non.

Compte tenu de la vitesse de l’objet, il est impossible qu’il s’agisse d’un tir de missile raté, car les roquettes qui sont mal lancées ont une vitesse beaucoup plus faible.

Il est facile de voir qu’il y a une grande différence de vitesse entre les munitions planantes lancées depuis les airs à des vitesses extrêmement rapides et les missiles ratés qui ne parviennent pas à accélérer. En outre, l’explosion suit le schéma des bombes planantes telles que les bombes de la série Mark 80 ou des plus petits missiles autonomes Spike utilisés par les Israéliens dans leurs bombardements aveugles de Gaza, et n’a pu être causée par aucune des roquettes de la Résistance.

Il n’y a pratiquement aucune chance que des ogives aussi petites que celles des missiles de la Résistance aient pu causer les mêmes dommages que la bombe ou le missile « airburst » qui a tué des centaines de personnes, grâce à la surpression, à la chaleur et à une propagation plus “efficace” des éclats d’obus du fait de la détonation de l’engin à basse altitude.

Une brève enquête menée par la chaîne britannique Channel 4 News réfute toutes les affirmations israéliennes selon lesquelles une roquette aurait été lancée depuis un cimetière proche de l’hôpital. Cette affirmation est complètement absurde, car le cimetière est mitoyen de l’hôpital.

Regardez cette vidéo :

Ce n’est pas la première fois qu'”Israël” bombarde un hôpital

Comme Francesco Sebregondi, le fondateur de l’ONG INDEX, l’a posté sur X, “Tout d’abord, l’@IDF a déjà bombardé l’hôpital le 14/10, pour “avertir” qu’il fallait l’évacuer, comme l’a rapporté @lemondefr.”

Dans un fil de discussion, Sebregondi a expliqué en détail que toutes les preuves montrent que ce sont les Israéliens qui ont bombardé l’hôpital al-Ahli le 17 octobre 2023.

Le chercheur enquête sur les crimes de guerre israéliens à Gaza depuis plus d’une décennie pour diverses organisations.

En outre, l’armée israélienne a également bombardé l’internet d’informations mensongères à partir de son compte X, en affirmant notamment qu’une roquette mal tirée était à l’origine de l’explosion. C’est devenu une tactique habituelle pour les Forces d’Occupation Israéliennes d’inonder l’internet et les médias de rapports ineptes et de déclarations contradictoires après avoir commis un crime de guerre, comme ils l’ont fait après le meurtre de sang-froid de Shireen Abu Akleh.

Voici une courte liste des crimes de guerre commis par “Israël” depuis le 7 octobre et sur lesquels la communauté internationale garde le silence :

  • 1. L’assassinat de 9 journalistes qui couvraient les événements à Gaza.
  • 2. Le bombardement d’une équipe de journalistes au Sud-Liban.
  • 3. Le bombardement de l’hôpital al-Ahli qui a fait des centaines de morts.
  • 4. L’utilisation d’armes interdites au niveau international, notamment le phosphore blanc, à Gaza et au Sud-Liban.
  • 5. L’interruption de l’approvisionnement en eau de 2,2 millions de civils.
  • 6. Le ciblage de nombreuses ambulances.
  • 7. Le bombardement de dizaines de mosquées et d’une église.

Notes :

1. les bombes de la série Mark 80 sont des bombes de fabrication américaine dite d’emploi général « Airburst », (à souffle et à fragmentation), non guidée et à faible traînée, d’une masse de 2 000 livres (907 kg ).
La Mark 84 (Mk 84) a été souvent utilisée en Palestine par les Israéliens.
La Mk 82 a été utilisée par la France pendant l’opération Serval.
Ces munitions sont censées exploser à quelques mètres du sol et non à l’impact, afin de provoquer le plus de dégâts possible.

2. Shrapnel, du nom de son inventeur Henry Shrapnel, est le nom désignant l’« obus à balles ». Le terme « shrapnel » a souvent été utilisé, de manière extensive, pour désigner des petits fragments projetés par une explosion, quelle que soit leur origine.

20 octobre 2023 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet