De « prison à ciel ouvert » Gaza est devenu « camp d’extermination »

23 octobre 2023 - Des Palestiniens se précipitent dans l'espoir de sauver des survivants au lendemain d'un bombardement israélien sur une maison à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Environ un million de Palestiniens ont fui leurs maisons dans le nord de la bande de Gaza après que les forces coloniales israéliennes les ont mis en garde et menacés. Au moins 1400 Israéliens ont été tués par des combattants palestiniens et par des tirs indiscriminés des forces d'occupation le 7 octobre, lors d'une opération de grande envergure menée par le Hamas [résistance islamique]. Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens massifs ont tué plus de 5500 Palestiniens, dont plus de 2000 enfants, depuis cette date. La répression et le ciblage des Palestiniens par les forces coloniales israéliennes et les colons en Cisjordanie ont augmenté - 90 Palestiniens ont été assassinés au cours de la même période, et des centaines ont été arrêtés. Environ 220 prisoniers israéliens seraient détenus par la résistance à Gaza. La bande de Gaza est soumise à un blocus israélien depuis 2007 et 80 % de ses habitants sont des réfugiés des villes et villages dépeuplés en 1948 - Photo : Mohammed Zaanoun /Activestills

Par Al-Mayadeen

Le poste frontière de Rafah reste fermé et seuls quelques camions le traversent, tandis que le monde occidental, complice des crimes de guerre israéliens, joue la diplomatie tout en approuvant les raids aériens sur Rafah, ce qui rend improbables un accord sur le transport de l’aide vers le territoire martyrisé.

Plus de 436 Palestiniens ont été tués par des frappes aériennes israéliennes au cours des dernières 24 heures, dont 182 enfants, selon Iyad Al-Bazm, porte-parole du ministère de l’intérieur et de la sécurité nationale à Gaza.

Cela porte à plus de 5000 le nombre de martyrs tués par la tentative génocidaire israélienne de nettoyage ethnique de la bande de Gaza, avec un total de 1,4 million de personnes déplacées après que 181 000 maisons ont été gravement endommagées.

Cela signifie qu’à l’heure actuelle, environ 70 % de la population de Gaza est déplacée et qu’environ 1500 personnes sont toujours portées disparues, étant donné que les moyens utilisés pour mener des missions de recherche et de sauvetage des Palestiniens restés sous les décombres, sont devenus très rares.

En chiffres, les Israéliens ont détruit et endommagé 177 écoles, mettant 32 d’entre elles hors service. 72 installations gouvernementales ont été gravement endommagées, 33 mosquées ont été complètement rasées et 3 églises ont été gravement endommagées.

Dans une tentative évidente d’entraver et d’étouffer les livraisons de l’aide, le bureau du premier ministre israélien a déclaré dimanche que le régime israélien n’enverrait aucune aide humanitaire dans la bande de Gaza et qu’il mettrait également fin à toute livraison non autorisée en provenance d’autres pays.

« Israël ne fournira aucune aide humanitaire à Gaza et empêchera toute livraison non supervisée de la part d’autres pays », a déclaré le bureau, cité par le journal Haaretz.

Selon des personnes impliquées dans les discussions, citées par le Wall Street Journal, les négociations en vue d’une éventuelle libération de 50 autres captifs ont échoué parce que les autorités de Gaza ont insisté pour que les Israéliens autorisent les livraisons de carburant dans le territoire assiégé.

Le principal hôpital de la ville de Gaza, l’hôpital Al-Shifa, devrait voir son approvisionnement en électricité s’épuiser dans les prochaines 24 heures, comme l’a indiqué vendredi Guillemette Thomas, coordinatrice médicale pour la Palestine à Médecins sans frontières.

Alors que les soins aux patients se détériorent déjà, l’hôpital est l’un des rares endroits encore équipés d’électricité dans la bande de Gaza déchirée par la guerre, a-t-elle ajouté.

Le manque d’électricité représente une menace critique pour les patients, en particulier ceux qui sont en soins intensifs, en néonatologie et qui utilisent des machines de maintien en vie.

« Israël » a déclaré mercredi qu’il autoriserait l’Égypte à ne fournir qu’une ‘aide humanitaire limitée’ à la bande de Gaza, selon l’agence AP.

Ceci étant dit, il est important de noter qu’après de longues négociations, seuls 37 camions chargés d’aide et de marchandises ont été autorisés à passer par le poste frontière de Rafah pour entrer dans la bande de Gaza assiégée, alors que les données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) révèlent que, dans le même laps de temps, environ 5400 camions auraient traversé la bande de Gaza.

Jusqu’à présent, la communauté internationale n’a réussi à faire passer que 37 des 5400 camions par le point de passage, malgré des circonstances qui se sont gravement détériorées.

Des fournitures, notamment de la nourriture, des médicaments, du matériel de purification de l’eau, des articles d’hygiène et des couvertures, se sont accumulées à l’aéroport d’El Arish, dans la région égyptienne du Sinaï. L’aéroport a augmenté sa capacité en ouvrant une piste d’atterrissage supplémentaire pour gérer l’afflux des livraisons d’aide.

Hier, il a été révélé que 44 000 bouteilles d’eau ont été transportées vers la bande de Gaza assiégée, ce qui suffirait pour 22 000 personnes pendant une seule journée !

Jusqu’à présent, l’aide autorisée à traverser le point de passage n’est qu’un coup médiatique. En effet, du côté égyptien du point de passage de Rafah, des centaines de camions chargés d’aide médicale, de marchandises et de carburant sont attendus.

Israël n’a pas garanti que les convois d’aide pourraient passer en toute sécurité, comme l’a déclaré le ministre de la police, Itamar Ben Gvir, cité par les médias israéliens : « Nous ne devons pas permettre l’acheminement de l’aide humanitaire, nous ne devons autoriser aucune aide humanitaire aux habitants de Gaza ».

La déclaration souligne que le nombre de martyrs dans le sud de la bande de Gaza a atteint 1652, bien que l’occupation israélienne ait affirmé que les zones du sud de Gaza étaient considérées comme sûres et non ciblées.

Ces chiffres mettent en évidence l’impossibilité d’accéder à l’aide sous les bombardements constants.

Malgré tous les efforts diplomatiques déployés pour permettre la création d’un corridor humanitaire afin d’acheminer l’aide dans la bande de Gaza assiégée, les avions de guerre israéliens continuent de mener des raids agressifs et périodiques contre la partie palestinienne de Rafah.

Depuis le début de l’agression israélienne, « Israël » a pris pour cible la route principale reliant la frontière égyptienne au sud de la bande de Gaza, rendant le passage des camions très difficile, voire parfois impossible.

Les Palestiniens ont dû procéder à des réparations rapides pour rendre la route praticable, mais il n’y avait aucun moyen d’éliminer le risque que la route soit à nouveau bombardée ou que les convois soient pris pour cible, en dehors de quelques garanties qu’ « Israël » ne respectera certainement pas.

L’occupation israélienne n’a pas respecté les règles internationales de la guerre et a pris pour cible des lieux de culte, des hôpitaux, des sites de l’UNRWA et diverses écoles où se réfugiaient des Palestiniens déplacés, dont la plupart étaient des enfants.

Le siège de Gaza s’est resserré depuis le début du projet délibéré de nettoyage ethnique d’ « Israël ». Il s’est même renforcé sur les hôpitaux dont les médecins opèrent désormais sans anesthésie et à l’aide de lampes de téléphone, car les hôpitaux sont à court de carburant.

Le carburant restant est rationné pour les couveuses, les machines à oxygène et les ambulances.

À cet égard, Abed, qui travaille avec Médecins sans frontières, a déclaré à l’Associated Press depuis l’hôpital Al Quds : « Nous manquons de tout, et nous avons affaire à des chirurgies très complexes ».

Pendant que le monde regarde et que le génocide est diffusé à la télévision en 2023, « Israël » continue de violer sans discernement toutes les règles internationales, de commettre des crimes de guerre et d’interdire à quiconque d’offrir une aide à Gaza. Une fois de plus, la décision de résister a toujours été la seule option pour le peuple occupé.

Le ministre israélien de l’énergie, Israël Katz, s’est engagé vendredi à ce qu’aucune électricité, eau ou carburant n’entre à Gaza tant que les prisonniers israéliens ne seront pas rentrés chez eux.

Le Caire est soumis à une pression accrue de la part des Israéliens et des pays occidentaux pour permettre aux Palestiniens de fuir en Égypte, afin d’atteindre les objectifs israéliens de nettoyage ethnique, tandis que l’ex-président palestinien Mahmoud Abbas a averti vendredi Blinken que le déplacement forcé des habitants de Gaza conduirait à une « seconde Nakba ».

Les « ordres d’évacuation » israéliens ont alimenté les craintes qu’ « Israël » ne tente de déplacer de force les habitants de Gaza vers la péninsule égyptienne du Sinaï, en particulier après que l’ancien vice-ministre « israélien » des affaires étrangères, Daniel Ayalon, a déclaré que Le Caire « devra jouer le jeu » et autoriser une implantation « temporaire » dans l’ « espace presque infini » du Sinaï, un vaste territoire désertique.

Le Conseil national de sécurité du Caire a déclaré dimanche que « la sécurité nationale de l’Égypte est une ligne rouge et qu’il n’y aura pas de complaisance dans sa protection ».

24 octobre 2023 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine