Pour reconstruire le système de santé, les étudiants en médecine de Gaza ont besoin de soutien

Photo :Alyona Synenko

Parce que chaque coup de main compte, les étudiants en médecine font du bénévolat dans les hôpitaux - Photo : Alyona Synenko

Par Mondoweiss

Des organisations collectent des fonds pour permettre à des étudiants en médecine de Gaza de poursuivre leurs études à l’étranger. La poursuite de leur formation médicale est essentielle pour assurer l’avenir des soins de santé à Gaza.

Un appel de :

  • Elias Khoury, écrivain palestinien,
  • Dr. Rouba Ali-Fehmi, professeur de pathologie à la faculté de médecine de l’université du Michigan,
  • Mohammed Imad, étudiant en médecine à l’université Al-Azhar,
  • Dr. Rami Musallam, résident à l’école de médecine de la Case Western Reserve University,
  • Dr. Marya Wahidi, chercheur à la faculté de médecine de l’université du Michigan.

Consultez : Rebuilding Gaza Health Sector
Pour une donation, cliquez ici.

L’avenir de Samah Hararah est très incertain. « J’aspirais à obtenir mon diplôme de médecine. Mais notre université a été détruite, son président et ses professeurs ont été martyrisés. Qui rétablira nos rêves ? »

Son histoire est malheureusement familière. Depuis des mois, Israël bombarde Gaza, faisant plus de 33 000 victimes, dont une grande majorité de femmes et d’enfants. Dans le cadre de cet assaut, les infrastructures de santé de Gaza sont sans relâche prises pour cible, avec des résultats désastreux pour les étudiants en médecine. Une quarantaine d’entre eux ont été assassinés, 60 ont été arrêtés ou détenus arbitrairement et des milliers d’autres n’ont aucun endroit où étudier ou se former.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que les étudiants en médecine jouent un rôle central dans le système de santé de Gaza. Les étudiants comblent les lacunes en matière de personnel dans les hôpitaux de Gaza, en aidant à fournir des services de base aux patients. Ces vides sont souvent le résultat direct de l’agression israélienne qui, depuis le 7 octobre, a tué près de 500 travailleurs de la santé.

Compte tenu des horreurs de la guerre, la demande de services médicaux à Gaza atteint un niveau historique. Pour répondre à ces besoins, il faudra non seulement reconstruire, mais aussi renforcer l’infrastructure médicale de Gaza qui s’effondre.

Pour mener à bien cette vaste entreprise, les étudiants en médecine de Gaza ont besoin d’une formation et d’un enseignement adéquats. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils pourront devenir les médecins compétents dont leur peuple a désespérément besoin aujourd’hui.

Mais les possibilités nationales sont pratiquement inexistantes. Les attaques israéliennes ont détruit 53 des établissements de santé de Gaza et ses deux écoles de médecine. Les étudiants en médecine de Gaza regardent donc ailleurs, et diverses organisations philanthropiques les aident à obtenir des bourses d’études à l’étranger.

Ces efforts sont déployés par des organisations à but non lucratif en Palestine, aux États-Unis et dans toute l’Europe. Jusqu’à présent, elles ont aidé plus de 150 étudiants en médecine gazaouis à poursuivre leurs études dans d’autres pays. La plupart ont pu s’installer en Égypte, tandis que d’autres ont trouvé un foyer temporaire dans le Golfe, en Europe continentale et même en Asie centrale.

Quitter sa maison pour aller là où l’on peut est un thème commun à l’expérience palestinienne. Les Palestiniens sont historiquement des diasporiques et des personnes remarquablement adaptables qui suivent les opportunités et s’épanouissent là où ils les trouvent. Mais ils restent toujours liés à leur patrie, soit en y retournant éventuellement, soit en soutenant à distance ceux qui sont restés.

C’est là toute la valeur des bourses d’études. Comme l’explique Rouba Ali-Fehmi, l’un des responsables de l’initiative, il ne s’agit pas seulement d’aider les étudiants, mais il s’agit de produire le capital humain nécessaire pour servir l’ensemble de la société gazaouie.

« En permettant à ces étudiants de poursuivre leurs études de médecine, nous investissons dans l’avenir des soins de santé à Gaza. Nous voulons nous assurer qu’il y aura des professionnels qualifiés prêts à servir et à reconstruire ce secteur vital ».

La coalition travaille sans relâche pour faire de ce rêve une réalité. Ses membres ont récemment convaincu plus de quatre universités de Jordanie et d’Égypte voisines d’ouvrir leurs portes aux étudiants en médecine de Gaza. Ils font actuellement pression sur les écoles du Qatar pour qu’elles fassent de même.

Les universités du monde arabe admettent depuis longtemps des étudiants palestiniens. Mais le coût de la scolarité pour les habitants de Gaza est souvent prohibitif. Même avant la crise humanitaire actuelle, plus de 80 % d’entre eux vivaient en dessous du seuil de pauvreté.

C’est pourquoi les bourses sont si importantes. Elles libèrent les étudiants pauvres des contraintes financières qui les empêcheraient d’accéder à une formation médicale. Comme l’explique Razan Bhar, aspirant chirurgien à Gaza :

« Les universités étrangères devraient tenir compte de la destruction de l’économie de Gaza et offrir des réductions sur les frais de scolarité et des bourses. »

L’initiative visant à aider les étudiants en médecine de Gaza à poursuivre leurs études est encourageante. Elle apporte une lueur d’espoir dans une période sombre. Mais nous devons comprendre qu’il s’agit d’une réponse à une tragédie qui aurait pu être évitée.

Dans un monde meilleur, les étudiants de Gaza pourraient étudier chez eux. Les écoles de médecine et les établissements de soins locaux seraient intacts. Ils jouiraient du confort et de la stabilité que leurs camarades des pays développés et même en voie de développement considèrent comme acquis.

C’est ce que méritent les étudiants de Gaza. L’oppression israélienne, rendue possible par le soutien unilatéral des États-Unis, les en prive. Les bourses d’études à l’étranger sont formidables et nécessaires en ces temps difficiles. Mais une solution durable et juste pour les étudiants en médecine de Gaza nécessite un cessez-le-feu définitif.

Il faut mettre fin à l’occupation et à l’apartheid israéliens qui limitent leur immense potentiel.

En attendant, les bourses d’études contribuent à garantir le capital humain dont Gaza a besoin pour sortir des décombres et se reconstruire.

Les organisations qui accomplissent ce travail important – NAAMA et NAAMA NextGen, Rebuild Gaza Health Sector Infrastructure, Al Quds Foundation for Medical Students in Palestine (FQMS), Biomedics UK et le KIT Royal Institute aux Pays-Bas – acceptent les dons.

Il en va de même pour PalMed Academy, une initiative européenne visant à dispenser un enseignement en ligne aux étudiants en médecine restés à Gaza. Même une petite contribution pourrait faire une grande différence dans la vie des habitants de Gaza pour les générations à venir.

Consultez : Rebuilding Gaza Health Sector
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15 avril 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine

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