Liban : avec leurs proxies, les États-Unis et l’État sioniste poussent à la guerre civile

Rassemblement à Beyrouth, le 3 novembre 2023, pour suivre sur un écran géant le discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah - Photo : Houssam Shbaro / AA

Par Abdel Bari Atwan

Le conflit imminent au Liban, qui pourrait prendre des allures de « Karbala », devient de plus en plus probable, et la décision de poursuivre Cheikh Naeem Qassem pourrait servir de « déclencheur ».

Cheikh Naim Qassem, secrétaire général du « Hezbollah », a fait l’objet d’une plainte déposée hier auprès du procureur général par un groupe de députés et d’hommes politiques libanais. Cette plainte fait suite à son récent discours radical, dans lequel il rejetait la remise des armes de la résistance et accusait le gouvernement libanais de livrer le pays à « Israël ».

Cette action constitue non seulement un précédent judiciaire et politique, mais aussi un prélude à la guerre civile, en lui fournissant une justification légale et légitime.

Elle facilite également la décision de l’État, représenté par le président et le Premier ministre, de charger l’armée de désarmer de force le Hezbollah afin de mettre en œuvre le programme américano-israélien d’ici la fin de l’année.

La résistance libanaise refuse de capituler

À la suite d’une réunion qui s’est tenue hier soir [20 août] dans le bureau de l’actuel député et ancien ministre dans le quartier d’Achrafieh, dans la capitale libanaise, il a été décidé de poursuivre le secrétaire général du Parti de la résistance dans le pays par voie judiciaire.

L’objectif de cette réunion était d’analyser le discours du cheikh Naim et de publier une déclaration accusant le parti d’inciter à la discorde sectaire et d’exposer le pays à la guerre civile. La justice a été contactée et la communication a été maintenue avec d’autres députés et dirigeants du parti dans le même camp afin de former un front anti-résistance.

L’arme de la résistance est une arme légitime, et son existence et son maintien font partie des clauses les plus importantes de l’accord de Taëf.

Cet accord stipule explicitement que son objectif est de faire face aux agressions répétées d’Israël contre le Liban et exempte le Liban de certaines obligations. En revanche, les armes des autres milices ont dû être démantelées. Il les considérait comme une menace pour la sécurité et la stabilité du Liban.

À la suite du document américain présenté par l’envoyé américain Thomas Barak aux trois présidences libanaises – l’État, le gouvernement et le parlement –, nous sommes actuellement confrontés à un plan visant à accélérer la guerre civile libanaise et à mobiliser les forces politiques, parlementaires et judiciaires pour soutenir la décision du gouvernement de mettre le feu aux poudres afin de désarmer la résistance.

Les armes de la résistance sont criminalisées et ses sources de financement sont asséchées au niveau national et international. Un blocus strict des frontières est mis en place pour empêcher tout approvisionnement militaire d’atteindre le Liban, en particulier via le territoire syrien.

Cela marque le début d’une transformation stratégique très dangereuse au Liban. Les autorités syriennes ont annoncé aujourd’hui avoir intercepté une cargaison de missiles iraniens à destination du « Hezbollah » au Liban, et ce n’était pas un accident.

La résurgence du Hezbollah, sous la direction de Sheikh Naïm Kassem

Ashrafieh, la région où la guerre civile a éclaté, est à l’origine de la nouvelle division politique et territoriale et de la nouvelle guerre civile. Ce n’est pas une coïncidence. Malheureusement, l’histoire se répète, à une différence fondamentale près : le conflit initial visait à désarmer la résistance palestinienne, soutenue par les forces nationales libanaises.

Le conflit qui suivra sera mené contre une résistance purement libanaise qui a vaincu deux fois l’État d’occupation, la première victoire étant la libération complète du sud du Liban et la seconde étant la résistance réussie face à l’invasion israélienne lors de la guerre de juillet 2006.

Ces deux victoires les plus marquantes et les plus honorables de l’histoire du Liban et de la région ont été ignorées par ceux qui prétendent désarmer le Hezbollah et plonger le pays dans une guerre civile. En outre, ils ignorent le fait que cette arme de résistance n’a jamais été tournée vers le peuple libanais, mais plutôt destinée à la libération du territoire et à la défaite de l’ennemi.

De plus, ils négligent le fait que ce sont les députés du mouvement Amal et du Hezbollah qui ont permis l’accession de Joseph Aoun à la présidence libanaise, au palais de Baabda, qui était vacant depuis près de deux ans. Cet événement a renforcé le gouvernement de l’actuel Premier ministre, Nawaf Salam, qui est largement considéré comme l’un des plus enthousiastes partisans du désarmement de la résistance.

Les voix qui s’élèvent actuellement pour poursuivre le cheikh Naim Qassem et fournir une couverture « légitime » et « politique » au désarmement du Hezbollah n’ont pas prévalu lors de la première guerre civile, et elles ne prévaudront pas lors de la seconde, qui est facilitée par les manoeuvres américano-sionistes. En effet, le conflit ressemblera à « Karbala », comme l’a averti le cheikh Naim dans son discours historique, ce qui signifie soit la victoire, soit le martyre.

L’arme de la résistance est « sacrée », conçue pour empêcher le tir d’un seul projectile sauf pour des objectifs considérés comme sacrés, dont les plus importants sont la protection du Liban et de sa souveraineté, ainsi que la confrontation avec toute occupation israélienne.

21 août 2025 – Raï-al-Yaoum – Traduction : Chronique de Palestine

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