Jénine : face au terrorime israélien, la résistance reste irréductible

Combattants de la Brigade de Jénine - Photo : via therealnews.com

Par Shatha Hanaysha

L’armée israélienne s’est retirée du camp de réfugiés de Jénine après une incursion de trois jours qui a fait 12 morts parmi les Palestiniens. Mais la résistance armée dans le camp reste inflexible, jurant de repousser tous les envahisseurs.

Après une opération militaire à Jénine qui a duré près de 40 heures, les forces israéliennes se sont retirées de la ville de Jénine et de son camp de réfugiés le jeudi 23 mai au matin, laissant 12 Palestiniens martyrs dans leur sillage.

« Les forces d’occupation ont tué un médecin, un enseignant et un étudiant dès le premier moment de l’incursion », ont déclaré des habitants de Jénine à Mondoweiss après l’annonce par l’armée israélienne du début d’une opération militaire sur le camp et la ville, à 7 heures du matin le lundi 20 mai.

Le ministère de la Santé a annoncé jeudi que quatre des douze Palestiniens assassinés étaient des enfants. Parmi les victimes se trouvait un écolier qui rentrait de l’école après avoir entendu parler de l’incursion.

Mondoweiss s’est entretenu avec des habitants qui ont été témoins de plusieurs de ces assassinats. Nombre d’entre eux ont déclaré que dès le début de l’invasion, les forces israéliennes ont tiré au hasard sur les Palestiniens qui se rendaient au travail ou à l’école.

Le camp de réfugiés de Jénine est une « petite Gaza » où la Résistance lutte pour sa survie

Un spécialiste en chirurgie de 51 ans, Osaid Jabareen, a été tué alors qu’il se rendait à l’hôpital gouvernemental de Jénine.

Sa famille a déclaré à Mondoweiss que le médecin martyr était en route pour une opération chirurgicale programmée ce matin-là et qu’il n’était pas au courant de l’incursion. Dès qu’il a atteint l’entrée de l’hôpital et qu’il est sorti de son véhicule, les soldats de l’armée lui ont tiré dessus directement, et le tuant.

La même chose s’est produite avec Allam Jaradat, 48 ans, un enseignant qui faisait du covoiturage avec ses collègues pour se rendre au travail.

L’un de ses collègues a déclaré à Mondoweiss qu’ils avaient entendu une explosion à proximité et qu’ils avaient arrêté la voiture. Lorsqu’ils ont vu des véhicules palestiniens se déplacer, ils ont également bougé, mais ils ont alors entendu des coups de feu. Jaradat, assis dans la voiture, est tombé dans les bras de son collègue, qui a d’abord pensé qu’il se mettait à l’abri du bruit des tirs. Il lui a fallu un moment pour découvrir que Jaradat avait été abattu. Son décès a été constaté à l’hôpital.

Le deuxième jour, alors que l’opération militaire se poursuivait, les habitants du camp de réfugiés de Jénine ont enduré des conditions de vie difficiles, avec des raids sur les maisons, la destruction des infrastructures et des affrontements armés intenses entre les combattants de la résistance palestinienne et les soldats de l’occupation.

L’armée israélienne a annoncé un couvre-feu dans le camp pendant l’incursion, interdisant aux résidents de sortir et empêchant les ambulances d’entrer dans plusieurs quartiers du camp.

Pendant ce temps, d’autres familles ont été forcées de fuir les harcèlements des soldats israéliens pour se rendre à l’hôpital gouvernemental de Jénine et dans plusieurs maisons de la ville et des villages voisins.

De nombreux habitants du camp ont lancé des appels à la Croix-Rouge et aux organisations humanitaires après que les forces israéliennes ont pris d’assaut leurs maisons, les empêchant de partir et les détenant dans une seule pièce.

Firas al-Ghoul, l’un des résidents du camp, a déclaré à Mondoweiss que l’armée l’avait détenu, ainsi que sa femme, leurs enfants, sa sœur et les enfants de cette dernière, dont des nourrissons âgés de deux semaines au maximum, dans la pièce de réserve de leur maison.

Dans le « nid de guêpes » ou l’ascension de la brigade de Jénine

L’armée israélienne a également détruit au bulldozer des rues du camp et des parties de la ville de Jénine, ravageant des routes principales, coupant des itinéraires et isolant des quartiers les uns des autres.

Ces opérations ont été accompagnées de tirs israéliens dirigés contre toute personne se déplaçant à l’extérieur. L’armée d’occupation a également mené une opération de démolition sur la maison du martyr Ahmad Barakat, un combattant de la résistance qui a été assassiné avec deux de ses camarades par un drone militaire israélien le 20 mars 2024.

Mercredi soir, le Croissant-Rouge a annoncé qu’il avait récupéré les corps de deux martyrs et de plusieurs personnes blessées, trouvés sur le bord des routes en différents endroits. Ces martyrs étaient des passants sur lesquels l’armée israélienne avait tiré, et les gens les ont découverts plusieurs heures après qu’ils aient été blessés.

Sur les murs de Jénine et de son camp, est écrit : « Les envahisseurs périront »

Les combattants de la résistance de la brigade de Jénine et d’autres brigades de la résistance dans les villages et les villes voisines ont participé au repoussement de l’attaque, soutenant les combattants dans le camp en ciblant les véhicules de l’armée avec des tirs à balles réelles et des engins explosifs.

Plusieurs véhicules militaires ont été endommagés et l’armée israélienne a laissé leurs restes derrière elle après la fin du raid.

La brigade de Jénine a publié une déclaration sur les suites de la bataille, qu’elle a baptisée « la bataille des murs de la mort ». La brigade a déclaré qu’elle s’était battue avec toute « sa force et son courage », promettant que « cette bataille ne sera pas comme les précédentes. Elle se poursuivra ».

La déclaration poursuit en affirmant que tous les envahisseurs « périront sur les murs de Jénine et de son camp, et que tous les complots et conspirations fascistes se briseront sur ses rochers ».

Au cours de l’incursion, l’armée israélienne a mené une campagne de kidnappings de dizaines de Palestiniens dans la ville et le camp de réfugiés de Jénine.

Parmi eux se trouvait Wafaa Jarrar, l’épouse du chef du Hamas Abdul Jabbar Jarrar. L’armée israélienne a annoncé que Wafaa Jarrar avait été blessée par l’explosion d’un véhicule militaire qui avait roulé sur une bombe artisanale alors qu’elle était transportée de la ville vers un centre d’interrogatoire.

Les forces israéliennes se sont retirées du camp tôt jeudi après avoir arrêté plusieurs Palestiniens.

23 mai 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine