Le fil invisible entre Bâsel al-A‘raj et la flotille vers Gaza : la résilience

Photo : PalInfo

Août 2018 - Ville de Rafah - Rassemblement de soutien aux militants internationaux devant rejoindre Gaza grâce à la Flotille de la Liberté - Photo : PalInfo

Par Sarra Brahmi

Il y a des noms qui restent, longtemps après que les balles ont réduit un corps au silence. Celui de Bâsel al-A‘raj fait partie de ces noms. Pharmacien, lecteur insatiable, écrivain passionné, il avait choisi une voie rare : vivre en accord absolu avec ce qu’il pensait. Il répétait que l’intellectuel devait « s’engager » et non se retrancher derrière des livres.

En mars 2017, il tombe sous les balles israéliennes près de Ramallah. Mais son histoire ne s’arrête pas là

Car Bâsel n’était pas seulement un militant, il était un rêveur lucide. Ses amis racontent ses nuits blanches à écrire, à discuter de résistance, à imaginer un futur libre. Ses textes respirent la conviction que comprendre son histoire est la première étape pour la changer.

ette soif de dignité, aujourd’hui, trouve un écho inattendu sur la mer Méditerranée.

Une nouvelle flottille internationale s’apprête à voguer vers Gaza. Des bateaux modestes, chargés de médicaments, de vivres et d’espérance.

À leur bord, des femmes et des hommes venus d’horizons différents, unis par une idée simple : personne ne doit mourir enfermé derrière un blocus.

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Leur courage est peut-être fragile face aux navires de guerre, mais leur geste est immense, car il donne un visage à la solidarité.

Le symbole d’un passage

Associer cette flottille à la mémoire de Bâsel n’est pas anodin. La mer devient ici un espace symbolique : une frontière physique qui, par l’acte de naviguer, se transforme en passage de dignité.

Là où Bâsel appelait à joindre la pensée et l’action, ces volontaires inscrivent leur action dans le mouvement même des vagues. Le bateau n’est pas seulement un moyen de transport : il est un message.

Comme les écrits de Bâsel, il tente de traverser les murs de l’indifférence.

La flottille n’est pas seulement un convoi humanitaire. Elle est une métaphore vivante : de la fragilité contre la force, de l’espoir contre l’asphyxie, du rêve contre la résignation. Elle dit au monde que même face à l’impossible, il est nécessaire d’avancer.

Une mémoire qui devient universelle

Le nom de Bâsel al-A‘raj, porté par cette initiative, prend une dimension nouvelle : il devient un langage commun. L’homme qui affirmait que « la dignité n’est pas une option mais une nécessité » inspire désormais des citoyens du monde entier.

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Palestinien ou Européen, marin amateur ou médecin volontaire : tous se retrouvent sous ce même symbole d’une humanité qui refuse la normalisation de l’injustice.

Le fil invisible

On peut intercepter un bateau, on peut briser des corps, mais on ne peut pas arrêter ce fil invisible qui relie un jeune intellectuel palestinien tombé il y a huit ans à des citoyens de continents différents décidés à dire : assez de murs, assez de faim, assez de silence.

Dans le bruit des vagues, dans la voile blanche qui se gonfle, dans les regards déterminés de ceux qui embarquent, on retrouve la voix de Bâsel. Elle ne parle plus seulement aux Palestiniens, mais à chacun d’entre nous.

Elle rappelle que la mémoire n’est pas un poids, mais un cap.

Aujourd’hui, cette mémoire vogue vers Gaza. Elle avance, fragile mais obstinée, comme un souffle contre la tempête.

Elle avance, non pour vaincre militairement, mais pour rappeler au monde qu’il existe une autre victoire : celle d’affirmer, envers et contre tout, que la dignité est universelle.

21 septembre 2025 – Transmis par l’auteure.

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