Une épidémie de paralysie musculaire se propage dans Gaza

Novembre 2024 - Les Palestiniens fuient vers le sud sur la route Salah Al-Din en novembre dernier. La plupart des habitants de Gaza ont été expulsés à plusieurs reprises, pour finalement être bombardés dans des zones prétenduemnt « sûres » - Photo Mohammed Zaanoun / Activestills

Par Hidaya Mohammad al-Tatar

Alors que la guerre d’extermination fait rage, Gaza est devenue un terrain fertile pour des maladies rares et mortelles.

L’une des plus alarmantes est la paralysie flasque aiguë (PFA), qui a connu une recrudescence sans précédent ces derniers mois chez les adultes comme chez les enfants.

Selon le ministère de la Santé, plus de 100 cas ont été enregistrés rien qu’au cours des deux derniers mois, dont 60 chez des adultes et 45 chez des enfants.

Avant la guerre, Gaza ne comptait généralement qu’un ou deux cas par an.

Connue sous le nom médical de syndrome de Guillain-Barré, la PFA est un type de paralysie caractérisé par une faiblesse musculaire soudaine ou une perte de mobilité.

Cette affection se manifeste par un affaiblissement des membres, mais sans raideur ni spasmes. Elle est causée par des lésions ou un dysfonctionnement des nerfs moteurs qui contrôlent les muscles.

Le Dr Rifaat Jundia, médecin en soins intensifs à l’hôpital pour enfants Dr Abdel Aziz Al-Rantisi, décrit l’AFP comme le résultat d’une infection virale ou bactérienne, telle que la grippe ou une maladie gastro-intestinale, qui perturbe le système immunitaire.

Dans un contexte de famine, les maladies infantiles deviennent mortelles

Cette réponse immunitaire attaque par erreur la gaine protectrice des nerfs périphériques, laissant les patients incapables de bouger tout en restant pleinement conscients.

S’adressant à Al-Akhbar, le Dr Jundia a expliqué que la maladie commence généralement par une incapacité à se tenir debout ou à marcher. Elle se propage ensuite aux muscles thoraciques responsables de la respiration et finit par affecter la capacité à avaler.

À ce stade, les patients dépendent entièrement d’équipements médicaux pour rester en vie.

Jundia a fait remarquer que le diagnostic repose désormais uniquement sur l’évaluation clinique, car la plupart des laboratoires d’analyse et des équipements médicaux de Gaza ont été détruits par les bombardements israéliens.

Les traitements sont également improvisés. La seule machine d’échange plasmatique ayant été détruite, le personnel médical effectue désormais cette procédure manuellement.

Le sang est prélevé sur le patient et envoyé au laboratoire, où le plasma est séparé des globules rouges et jeté. Les globules rouges sont ensuite réinjectés avec du plasma frais deux fois par jour pendant une semaine.

Cette méthode a aidé la jeune Lara, qui a passé 69 jours en soins intensifs, dont 49 sous respirateur, à retrouver un léger mouvement dans ses mains. Mais comme l’a souligné Jundia, le rétablissement est long et incertain.

« Il faut parfois six mois à un an pour qu’un patient retrouve une vie normale. Certains restent handicapés à vie. D’autres ne s’en remettent jamais », a-t-il déclaré.

Lara Al-Batran, âgée de huit ans, souffre d’AFP et a passé deux mois en soins intensifs après un soudain effondrement de sa santé.

Bien que son état se soit légèrement amélioré, elle a encore besoin d’une rééducation prolongée, tandis que sa mère veuve lutte pour s’occuper d’un autre enfant malade dans des conditions de vie difficiles.

Sief Abu Warda, six ans, diagnostiqué avec la même maladie, reste en soins intensifs à l’hôpital Dr Abdel Aziz Al-Rantisi, dépendant d’un respirateur et d’une sonde d’alimentation.

Déplacée par la guerre et confrontée à de graves pénuries, sa famille ne peut pas subvenir à ses besoins nutritionnels, ce qui a poussé sa mère à demander une évacuation médicale urgente.

4 septembre 2025 – Al-Akhbar – Traduction : Chronique de Palestine

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