Gaza : des dizaines de familles massacrées dans les bombardements israéliens

Un palestinien tient le corps de son enfant mort, enveloppé dans un linceul - Photo : Abedelhakim Abu Riash/Al Jazeera

Par Al-Mayadeen

Le ministère de la santé de Gaza annonce que plus de 55 familles palestiniennes ont été massacrées par « Israël » depuis le début de l’attaque sur le territoire sous blocus.

Le docteur Ashraf al-Qedra, porte-parole du ministère de la santé à Gaza, a qualifié l’agression israélienne en cours contre la bande de Gaza de « génocide contre Gaza, au vu et au su du monde entier, qui continue à rester les bras croisés ».

Il a également indiqué qu’au cours des huit derniers jours, depuis le début de l’agression samedi dernier, plus de 55 familles palestiniennes n’existent simplement plus, car elles ont été massacrées par l’occupation israélienne.

En ce qui concerne la situation dans la bande de Gaza dans le contexte des crimes de guerre de l’occupation et du ciblage des bâtiments civils et des hôpitaux, M. Al-Qedra a indiqué que les équipes médicales « ne répondront pas aux menaces israéliennes d’évacuer les hôpitaux ; elles ont pris la décision de continuer à travailler. Elles resteront sur place et continueront à remplir leur mission sans évacuer les hôpitaux, même s’ils devaient être rasés au-dessus de nos têtes ».

Le porte-parole du ministère de la santé a également demandé à l’hôpital de campagne jordanien de ne pas quitter la bande de Gaza et a exigé que la communauté internationale s’efforce d’évacuer les malades et les blessés par un couloir sûr pour qu’ils soient soignés en dehors du territoire assiégé.

Il a également insisté pour que la communauté internationale agisse afin de permettre l’évacuation des malades et des blessés par le biais d’un couloir de sécurité pour qu’ils puissent être soignés à l’extérieur de la bande de Gaza.

Quarante pour cent des blessés de l’hôpital Al-Shifa de Gaza sont des enfants

Parmi tous ces enfants, un garçon de cinq ans souffre de blessures par écrasement, un autre de neuf ans de brûlures au visage et un autre de quatorze ans d’une grave fracture ouverte du crâne.

Le Dr Ghassan Abu-Sittah, chirurgien britannique récemment arrivé dans la bande de Gaza pour participer aux efforts humanitaires, a déclaré qu’il n’avait jamais vu « rien de comparable à cette dévastation absolue » dont il a été témoin au cours des 72 dernières heures dans l’hôpital Al-Gaza Al-Shifaa, a rapporté The Independent mercredi.

Gaza – Des Palestiniens se tiennent dans les décombres d’une maison visée par des raids aériens israéliens dans le camp de réfugiés de Shati – Photo : Abedelhakim Abu Riash/Al Jazeera

« C’est comme un tsunami de blessés », a déclaré le Dr Abu-Sittah au journal depuis le plus grand hôpital et complexe médical de Gaza, Al-Shifa.

Cette annonce fait suite à la déclaration du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, selon laquelle les conditions humanitaires allaient « se détériorer de manière exponentielle » à la suite de l’instauration par Israël d’un blocus total dans une région qui en subissait déjà un depuis seize ans.

Le Dr Abu-Sittah, chirurgien plasticien, est également maître de conférences à l’université Queen Mary de Londres. Il note que le personnel médical d’Al-Shifa est débordé par l’afflux d’enfants blessés, les décès et la grave pénurie de matériel médical.

« Comme toujours avec la guerre à Gaza, le pourcentage d’enfants est beaucoup plus élevé que dans d’autres conflits parce qu’ils sont pris pour cible dans leurs maisons », a déclaré le Dr Abu-Sittah, ajoutant que la population de Gaza a une moyenne d’âge de 18 ans et que cette jeunesse est évidente dans la démographie des patients, les enfants représentant jusqu’à 40 % des plus de 650 personnes traitées [à ce jour] à l’hôpital.

« Trop choqués pour parler »

Il raconte le cas d’une jeune fille de 14 ans qui a subi des brûlures étendues, couvrant 70 % de son corps, y compris son visage, à cause des explosions et des produits chimiques utilisés dans l’armement des Israéliens. « Elle est méconnaissable. Les brûlures sont les blessures les plus courantes. Mais nous voyons aussi beaucoup de blessures dues aux explosions et aux éclats d’obus », a-t-il déclaré.

“Le garçon qui souffre d’une fracture ouverte a perdu ses parents. Il est complètement livré à lui-même. Beaucoup de ces enfants sont maintenant livrés à eux-mêmes, ils étaient chez eux lorsqu’ils ont été attaqués et ils ont perdu leurs parents. Ils sont trop choqués pour parler ».

Il y a un an, un rapport de Save the Children révélait que 80 % des enfants de Gaza étaient aux prises avec des problèmes de santé mentale, tels que la dépression et l’anxiété. Ce chiffre marque une aggravation par rapport au rapport publié quatre ans plus tôt.

« Il n’y a pas que les enfants, les parents sont absolument dévastés parce que beaucoup d’entre eux n’ont pas de maison où retourner, ils dorment dans la rue et reviennent pour être avec les enfants », explique le Dr Abu-Sittah. « L’un de mes collègues vient de perdre dix de ses voisins et sa maison a été détruite ce matin, et il a dû revenir directement ici pour travailler. »

Il ajoute que des produits essentiels comme la chlorhexidine, un antiseptique couramment utilisé pour traiter les brûlures, sont épuisés et que le personnel doit se contenter d’utiliser de l’eau et du savon pour nettoyer les plaies, ce qui accroît le risque d’infections potentiellement mortelles. Il y a également une pénurie de matériel orthopédique comme les plaques et les vis.

« Tout cela est consommé à un rythme effréné pour de multiples patients blessés qui ont besoin de pansements quotidiens », poursuit-il. « Le système était déjà débordé à cause du siège et la situation s’est encore aggravée. »

« Carte blanche » pour un massacre

Le Dr Abu-Sittah a déjà vécu plusieurs conflits à Gaza, notamment en 2009, 2012, 2014 et 2021.

« L’année 2014 a été comme un hachoir à viande. Mais je n’ai jamais rien vu de tel depuis que je travaille, rien que le nombre de personnes déplacées en seulement trois jours. Si le couloir humanitaire n’est pas ouvert, le système va s’effondrer très rapidement. »

Il a également noté que le nombre de sans-abri est très élevé après que les personnes ont été déplacées à la suite de la destruction de leurs maisons.

« Le problème est de savoir où les envoyer. Il n’y a nulle part où envoyer ces gens qui sont venus parce qu’ils ont été bombardés chez eux. C’est comme un camp de réfugiés ».

« Tous les gens que nous avons vus étaient des civils. Je crains que cela ne s’éternise et ne soit absolument dévastateur, comme je ne l’ai jamais vu dans ma vie. On a l’impression que [les Israéliens] ont reçu carte blanche pour commettre l’inimaginable ici à Gaza ».

15 octobre 2023 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine