Chili : pas d’ambassadeur pour Israël, un état criminel et voleur

En Amérique latine, le Chili, qui abrite la plus grande communauté de Palestiniens en dehors du monde arabe, a le capacité de prendre la tête de la région dans le soutien à la lutte palestinienne de libération nationale - Photo : via Alaraby.co.uk

Par Eman Abusidu

Les Palestiniens du Chili se félicitent de l’annulation par le président Boric de la cérémonie de remise des lettres de créance de l’ambassadeur d’Israël et attendent d’autres décisions identiques.

Gabriel Boric, âgé de 36 ans et le plus jeune président chilien jamais élu, a refusé jeudi matin de recevoir le nouvel ambassadeur d’Israël au Chili, Gil Artzyeli, qui devait se présenter au palais présidentiel chilien pour présenter ses lettres de créance.

La nouvelle a été rapportée par le journal chilien Ex-Ante. Mais le gouvernement chilien a voulu démentir, affirmant que la présentation des lettres de créances avait simplement été reportée : « Ce n’est pas qu’il a été suspendu, mais on lui a demandé de reporter à la deuxième semaine d’octobre ».

Ex-Ante a cependant confirmé les raisons pour lesquelles la décision avait été prise : « En raison du meurtre d’enfants par Israël lors de la récente escalade en Cisjordanie et de l’augmentation de l’activité militaire israélienne contre les Palestiniens. »

Le ministère chilien des affaires étrangères, en réponse à une question d’Ex-Ante, a déclaré : « La présentation des lettres de créance d’Israël a été reportée à la deuxième semaine d’octobre car aujourd’hui est un jour très sensible en raison du meurtre d’un jeune garçon en Cisjordanie. » M. Artzyeli affirme que le ministère chilien des affaires étrangères lui a présenté ses excuses, ainsi qu’au gouvernement israélien, pour ce report.

Le refus de Boric de recevoir le nouvel ambassadeur israélien a été chaleureusement accueilli par la communauté palestinienne du Chili. La communauté palestinienne s’est empressée de saluer la décision présidentielle dans une déclaration signée par son président, Maurice Khamis Massu.

La déclaration dit : « La Communauté palestinienne du Chili apprécie hautement la décision du président Gabriel Boric Font de reporter la cérémonie de remise des lettres de créance diplomatiques du nouvel ambassadeur d’Israël au Chili en raison de l’assassinat par l’armée d’occupation israélienne du jeune garçon Oday Salah de Kafr Dan à Jénine, dans le territoire palestinien occupé. »

Massu a également remercié le président pour son soutien continu à la Palestine : « Nous sommes fermement convaincus que tant que le monde continuera à traiter Israël et ses diplomates comme des personnes normales, la situation des Palestiniens ne s’améliorera pas. Israël commet systématiquement des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des violations des droits de l’homme et soumet la population palestinienne à un régime d’apartheid. »

Dans une interview avec MEMO, Massu a déclaré ce qui suit : « Nous, en tant que communauté palestinienne du Chili, apprécions la décision du président de reporter la cérémonie de présentation des lettres de créance diplomatiques le jour même où l’armée israélienne a assassiné un garçon palestinien en Cisjordanie. Nous pensons que tant que les crimes de guerre, les violations des droits de l’homme et le régime d’apartheid se poursuivront, la réalité de la vie des Palestiniens ne changera pas. Nous apprécions le geste du président et nous espérons qu’il servira d’exemple au monde en ce qui concerne les violations des droits de l’homme, en particulier le meurtre d’enfants. »

La décision du président Boric a suscité la colère au sein des communautés juives du Chili et de l’étranger, exprimant leur crainte quant aux actions futures du président chilien. L’ambassadeur du Chili à Tel Aviv, Jorge Carvajal, a été réprimandé et il a présenté ses excuses à l’ambassadeur Artzyeli et à sa famille au nom du gouvernement chilien.

Des sources de la communauté juive du Chili (CJC) ont déclaré : « Il n’y a pas de précédent dans l’histoire de la CJC aussi grave que celui-ci. Il n’est pas exclu que le gouvernement israélien présente une protestation diplomatique. »

Gabriel Zaliasnik, ancien président de la communauté juive du Chili, affirme que le geste du président Boric de refuser de recevoir les lettres de créance de l’ambassadeur d’Israël au Chili est le reflet le plus grave de l’animosité du président envers Israël dont il a fait preuve depuis qu’il est député. « Ce n’est pas seulement une insulte envers la communauté juive du Chili, avec ses centaines d’années de contribution au développement du pays, mais c’est aussi une honte pour ceux qui valorisent la démocratie et la liberté en méprisant un pays qui embrasse la démocratie et la liberté et les relations étroites entre les deux pays », a déclaré Zaliasnik à Ex-Ante.

Zaliasnik ajoute également dans son interview à Ex-Ante : « Malheureusement, le président entraîne la politique étrangère chilienne et les relations de 70 ans entre le Chili et Israël en territoire inconnu. Il désaligne la politique étrangère chilienne qui a été ouverte pendant de nombreuses années avec l’Europe, le Canada et les États-Unis. » Zaliasnik espère que le Président Boric « donnera à la communauté juive une explication suffisante et des excuses pour cette insulte qui n’a pas de nom. »

Boric est connu pour être un fervent partisan de la cause palestinienne et un défenseur des droits de l’homme, qui sont continuellement violés dans les territoires occupés.

À plusieurs reprises, Boric a qualifié Israël d’État « génocidaire » et « meurtrier ». La position pro-palestinienne de Boric a été exprimée dans une interview accordée à Vivo TV Chile pendant sa campagne : « Peu importe la puissance de ce pays, il faut que notre politique étrangère défende les droits de l’homme de toutes ses forces, quel que soit le gouvernement. »

17 septembre 2022 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine