Assassinat de Nizar Banat par les forces de sécurité palestiniennes : le meurtre de trop ?

Nizar Banat - Photo: archives

Par Mazin Qumsiyeh

Une voix critique du pouvoir dictatorial et pourtant coupé de la réalité de Mahmoud Abbas a été assassinée hier.

Des manifestations ont éclaté et se poursuivent partout dans les territoires occupés aux cris de « A bas le Karzai de Palestine » et «Fin au régime de Vichy en Palestine ».

Nizar Banat (43 ans, et père de cinq enfants) a été traîné hors de chez lui et gravement roué de coups par les forces de police palestiniennes à 3h30 du matin hier.

Les médecins légistes ont dit qu’il était mort de causes non naturelles (coups et liquides dans les poumons). Ce n’est pas le premier (et ce ne sera pas le dernier) scandale à secouer le mouvement Fatah qui a été pris en otage par des personnes aux intérêts particuliers.

Il y a des centaines de scandales de Naji Al-Ali à la corruption liée à l’accord conclu avec Israël pour échanger des doses de vaccins bientôt périmés contre de nouveaux vaccins en passant par le rapport Goldstone.

Même aujourd’hui, c’est un scandale de supprimer violemment des opposants. C’est cette mascarade qui nous vaut d’avoir l’ambassade états-unienne et celle du Honduras à Jérusalem et près d’un million de colons en Cisjordanie (tous en violations du droit international).

Il reste à voir si ce dernier scandale est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Dans mes livres et écrits passés j’ai expliqué à quel point des « dirigeants » corrompus sont plus dangereux pour le combat pour la liberté que le pouvoir colonial. En écrivant mes livres, j’ai aussi lu et documenté des choses qui défient l’entendement.

Par exemple, dans le livre de Mahmoud Abbas lui-même, paru en 1995, qui contient les procès-verbaux de réunions préparant les Accords d’Oslo.

Lui (ou son rédacteur) a été peu vigilent et ainsi a effacé une question mais pas sa réponse. La réponse du négociateur israélien était : « Je ne comprends pas pourquoi vous continuez à nous interroger à ce sujet [une usine pour Abu Alaa], nous vous avons dit à plusieurs reprises qu’il vous suffit de remplir la paperasse et nous donnerons l’autorisation pour l’usine selon la procédure. » [D’autres personnes bien informées ont aussi témoigné que les négociations impliquaient davantage d’intérêts personnels que d’intérêts publics].

Pas étonnant que le Professeur Edward Saïd ait écrit un jour qu’Abbas n’était pas qualifié pour être secrétaire. [Les livres de E. Saïd ont été interdits en territoire palestinien pendant un certain temps par Arafat].

Abbas a été sélectionné par les États-Unis et « Israël » pour remplacer Arafat qui n’aimait pas Abbas mais qui a été obligé de le nommer Premier Ministre. Quand Arafat n’est pas allé jusqu’au bout de la vente des droits des Palestiniens, il a également été assassiné (un scandale de plus car clairement quelqu’un de son entourage était impliqué, mais ça n’a jamais été révélé).

Ceux qui sont attirés par l’argent essaient de justifier leurs actions en prétendant que c’est ce que veut la « communauté internationale » et qu’ils ont à cœur les intérêts des Palestiniens.

Cependant la plupart des gens ne s’y trompent pas et comprennent que renoncer à 78% de votre maison et négocier sans fin sur les 22% qui se font engloutir (il reste maintenant 8%) est la définition même de l’insanité. Les gens ne s’y laissent plus prendre.

25 juin 2021 – Opednews.com – Traduction: Chronique de Palestine – MJB