L’alphabétisation est une arme contre la marginalisation et l’occupation

Des femmes palestiniennes âgées suivent des cours à l'Association de soutien aux personnes âgées dans la ville de Gaza - Photo : Mahmoud Ajjour, The Palestine Chronicle

Par Palestine Chronicle

Ces femmes palestiniennes âgées ont été privées d’éducation dans leurs jeunes années, mais elles ont continué à en rêver et elles ont enfin une seconde chance.

Une grande partie de la population analphabète de Palestine est constituée de personnes d’un certain âge, et la plupart d’entre elles sont des femmes.

Si les femmes palestiniennes comptent aujourd’hui parmi les plus instruites de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, ce n’était pas le cas des générations précédentes.

Mais beaucoup de ces femmes retournent sur les bancs de l’école.

Le Palestine Chronicle a profité de la Journée internationale de l’alphabétisation, qui a lieu chaque année le 8 septembre, pour mettre en lumière et célébrer les réalisations de ces femmes.

Photo : Mahmoud Ajjour, The Palestine Chronicle
Photo : Mahmoud Ajjour, The Palestine Chronicle
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Nous avons visité l’une de leurs classes à l’Association de soins aux personnes âgées de la ville de Gaza.

Ces femmes palestiniennes âgées ont été privées d’éducation dans leurs jeunes années, mais elles ont continué à en rêver et elles ont enfin obtenu une seconde chance.

« J’aime l’éducation »

Somaya Barakat, âgée de 61 ans, est l’une d’entre elles. Elle s’est inscrite aux programmes d’alphabétisation proposés par l’association. Aujourd’hui, elle est capable de lire et d’écrire des textes en arabe et d’effectuer quelques opérations mathématiques de base.

Il y a quelques années, un tel exploit aurait pu sembler impossible.

Le père de Somaya est décédé alors qu’elle était encore enfant. Ces tristes circonstances l’ont obligée à quitter l’école pour aider sa mère à s’occuper de ses jeunes frères et sœurs.

Alors qu’lle était encore une enfant, Somaya a repris le métier de tailleur et de brodeuse de sa mère.

Dire non à un travail aussi éreintant n’était pas un choix envisageable. Sans les longues heures passées à l’atelier, la survie de la famille n’aurait pas été possible, d’autant plus que l’une des sœurs de Somaya souffrait d’une maladie chronique.

Malheureusement, la petite sœur a fini par mourir à cause du manque de médicaments et de ressources.

Le rêve de Somaya de recevoir une bonne éducation s’est pourtant maintenue même après son mariage. Son mari, hélas, refusait de la soutenir.

« J’ai donc décidé de m’occuper de l’éducation de mes neuf enfants, qui ont tous obtenu un diplôme universitaire », explique Somaya.

« Malgré notre pauvreté, j’ai soigneusement économisé de l’argent pour leur donner la meilleure éducation possible. J’aime l’éducation pour mes enfants et pour moi-même », a-t-elle ajouté avec fierté.

Somaya a enfin eu la chance de réaliser son rêve à l’âge de 50 ans. Aujourd’hui, elle ne veut plus s’arrêter. Son objectif ultime est d’obtenir un diplôme universitaire.

Hajja Khadra

Hajja Khadra al-Borai a 77 ans.

Comme Somaya, elle a été contrainte d’abandonner l’école en raison de la mauvaise situation financière de sa famille ; mais aujourd’hui, elle aime assister aux cours et reçoit l’aide de certains de ses petits-enfants.

Elle est maintenant capable de mémoriser les lettres et les chiffres arabes et d’épeler certains mots.

Le taux d’analphabétisme en Palestine est l’un des plus faibles au monde. En 2022, il atteignait 2,2 % de la population palestinienne âgée de 15 ans et plus, selon un rapport publié par le Bureau central palestinien des statistiques (PCBS) à l’occasion de la Journée internationale de l’alphabétisation.

Selon les données publiées par l’UNESCO, le taux d’alphabétisation des hommes en Palestine est de 98,79 %, tandis que celui des femmes est de 96,2 %.

Ces chiffres sont considérés comme extraordinaires, non seulement dans le contexte du Moyen-Orient, mais aussi parce que la Palestine est sous occupation israélienne.

Au fil des ans, Israël a bombardé de nombreuses écoles et universités palestiniennes, fermé des établissements d’enseignement et rendu la liberté de mouvement extrêmement difficile pour les étudiants, tant à Gaza qu’en Cisjordanie.

Pourtant, pour les Palestiniens, l’éducation est essentielle, non seulement pour l’emploi et la sécurité financière, mais aussi en tant qu’arme collective de résistance contre l’occupation israélienne et l’apartheid.

9 septembre 2023 – The Palestine Chronicle – Traduction : Chronique de Palestine