Un admirateur de Trump, Israël et Le Pen commet un massacre dans une mosquée au Québec

Photo : extraite de le360.ma
Des milliers de Québécois dont le Premier ministre Justin Trudeau (ci-dessus) ont rendu huer soir hommage aux six musulmans assassinés la veille en pleine prière - Photo : extraite de le360.ma

Par Ali Abunimah

L’attaquant de la mosquée québécoise “like” Trump, l’armée israélienne, et l’extrême-droite française.

Le compte Facebook de l’homme accusé de la fusillade qui a tué six personnes et blessé plusieurs autres à une mosquée de Québec dimanche soir, indique qu’il était un fan du président américain Donald Trump, de la dirigeante de l’extrême droite français Marine Le Pen, de l’armée israélienne et d’autres groupes d’extrême-droite.

L’étudiant suspecté a également confirmé qu’il avait de fortes opinions pro-israéliennes, anti-immigration et pro-Trump.

Alexandre Bissonnette, âgée de 27 ans, a été arrêté comme suspect dans les meurtres de la mosquée, après avoir appelé la police elle-même, a rapporté le journal Le Soleil.

Une source proche de l’enquête a déclaré au journal La Presse que pendant les interrogatoires de plusieurs heures après son arrestation, Bissonnette ne cachait pas son hostilité envers les musulmans.

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a condamné la fusillade comme une “attaque terroriste contre les musulmans dans un centre de culte et de refuge”.

Bissonnette a été présenté devant un juge à Québec lundi après-midi et a été inculpé de six chefs d’accusation de meurtre prémédité et de cinq chefs d’accusation de tentative de meurtre.

Pro-Israël, pro-Trump

Bissonnette étudiait les sciences politiques à l’Université de Laval.

Jean-Michel Allard-Prus, un autre étudiant, a déclaré au Journal de Québec qu’il parlait souvent de politique avec Bissonnette.

“Il a des idées politiques de droite, pro-Israël, anti-immigration”, a déclaré Allard-Prus. “J’ai eu un certain nombre de débats avec lui au sujet de Trump. Il était évidemment pro-Trump.”

Au début, la police a déclaré qu’il y avait deux suspects et des médias ont nommé l’autre comme étant Mohamed Khadir, âgé d’une trentaine d’années. Il a été détenu près de la mosquée quelques minutes après les tirs, alors que le bâtiment était plein de monde pour les prières du soir.

Mais lundi, la police québécoise a déclaré que seul un des hommes était un tireur présumé et que le second était un témoin.

Bissonnette est le tireur présumé.

L’autre homme a d’abord arrêté et détenu pendant la nuit avant d’être libéré – son nom est en fait Mohamed Belkhadir – a déclaré à La Presse qu’il avait été prier à la mosquée dimanche soir, puis est sorti pour pelleter la neige sur les marches. Peu de temps après, il a entendu les coups de feu qui ont duré de 15 à 20 secondes. Il est ensuite entré pour appeler les services d’urgence. Il a vu une personne blessée et a essayé de l’aider. Il a alors vu un homme armé et s’est enfui, ne sachant pas que l’homme armé était un officier de police. “Je pensais que c’était quelqu’un qui était revenu pour tirer”, dit-il.

La police pensait évidemment que Belkhadir était un suspect en fuite et l’avait arrêté.

“Je comprends qu’ils m’aient interpellé”, a ajouté Belkhadir. “Ils m’ont vu fuir et ont pensé que j’étais un suspect.”

Les victimes

Lundi soir, les autorités du Québec ont confirmé les noms des six personnes tuées.

Parmi eux, Azzeddine Soufiane, 57 ans, natif du Maroc et pilier de la communauté musulmane locale qui tenait une épicerie près de la mosquée; Abdelkrim (Karim) Hassane, d’origine algérienne et âgé de 41 ans; Mamadou Tanou Barry, comptable, marié et père, originaire de Guinée; et Ibrahima Barry, âgé de 39 ans, qui travaillait pour le système de santé publique et avait également immigré de Guinée.

Ont également été tués Khaled Belkacemi, professeur d’agriculture à l’Université de Laval et le pharmacien Aboubaker Thabti. Thabti avait émigré de Tunisie à Québec en 2012 avec sa femme et ses trois jeunes enfants.

Lundi soir, des milliers de personnes ont tenu une veillée de solidarité près de la mosquée.

Affinités d’extrême droite

Les médias québécois ont signalé la page Facebook de Bissonnette. La page Facebook est devenue inaccessible quelque temps après que The Electronic Intifada en ait fait des copies.

La page Facebook montre que Bissonnette a “liké” un certain nombre de personnalités et d’organisations politiques qui, si elles sont prises comme des signes de ses opinions, indiquent des penchants pour l’extrême-droite.

Ses “goûts” incluent les pages Facebook officielles de Trump, Le Pen, les “Forces de défense israéliennes” et un groupe appelé “Unis avec Israël”.

Il a “liké” Richard Dawkins, un des principaux partisans du “nouvel athéisme”, qui se transforme souvent en islamophobie virulent.

Bissonnette a également “liké” le Parti Québécois nationaliste qui a mené une campagne électorale en 2014 sur une “Charte des valeurs” qui était largement considérée comme favorisant l’intolérance à l’encontre des musulmans. Le parti a fermement condamné l’attaque.

La plupart des affichages sur sa page personnelle montrent Bissonnette s’engageant dans des activités mondaines, y compris la pêche et les échanges de fromage.

Mais la publication québécoise La Presse rapporte que Bissonnette était connu comme “troll” [créature monstrueuse peu amicale ou agressive] pour les membres d’un groupe de Facebook appelé “Bienvenue aux réfugiés”.

Selon l’administrateur du groupe, Bissonnette a souvent posté des commentaires attaquant les étrangers en général et les féministes, qu’il qualifiait de “feminazis”.

A4 * Ali Abunimah est un journaliste palestino-américain, auteur de The Battle for Justice in Palestine. Il a contribué à The Goldstone Report : The Legacy of the Landmark Investigation of the Gaza Conflict. Il est le cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada et consultant politique auprès de Al-Shabaka.

30 janvier 2017 – The Electronic Intifada – Traduction : Chronique de Palestine