Zainab veut la justice pour sa famille exterminée dans un bombardement israélien

A cause du terrible drame qu'elle a vécu avec le massacre de sa famille par les Israéliens, Zainab s'est sentie incapable de fêter son succès universitaire et d'assister à la cérémonie de remise des diplômes. La Faculté des sciences humaines de l'université a alors organisé un service spécial à son domicile, en l'honneur de son courage et de sa fermeté - Photo : via Memo

Par EuroMed Monitor

La survivante d’une frappe israélienne demande au Conseil des droits de l’homme de punir Israël pour avoir « exterminé sa famille ».

Genève – Une survivante de l’attaque israélienne sur la bande de Gaza en mai 2021 a appelé la communauté internationale, lors d’une séance du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, à mettre fin à l’impunité d’Israël et à rendre justice aux victimes.

Zainab Shukri Al-Qolaq, dont la maison a été bombardée par des avions de guerre israéliens et qui est restée sous les décombres pendant 12 heures avant d’être secourue, a déclaré que la frappe aérienne avait tué 22 membres de sa famille, dont sa mère et ses trois frères et sœurs.

Elle a demandé au Conseil des droits de l’homme de donner des informations sur la progression des investigations du comité d’enquête formé après l’attaque israélienne, car des centaines de victimes attendent que ceux qui se sont rendus coupables de graves violations à leur égard rendent des comptes.

S’exprimant au nom d’Euro-Med Monitor lors du débat général sur le point 7 de l’ordre du jour de la 49e session du Conseil des droits de l’homme, Al-Qolaq a déclaré : “Je sais que rien ne peut compenser la perte de ma famille. Mais ma mère, ma sœur, mon frère et ma famille ne reposeront en paix que lorsque les auteurs de ces crimes auront été punis.”

“Je veux savoir quels progrès ont été réalisés par la commission d’enquête que vous avez formée après l’attaque israélienne. A-t-elle été en mesure d’identifier les responsables de l’assassinat de ma famille ? De véritables mesures seront-elles prises pour éviter des tragédies similaires ?”

Al-Qolaq a exprimé sa crainte de perdre d’autres membres de sa famille, en disant : “J’ai maintenant 22 ans, et j’ai perdu 22 proches. La communauté internationale permettra-t-elle que j’en perde encore d’autres avant mon prochain anniversaire ou me rendra-t-elle justice d’ici là ?

Le 16 mai 2021, les avions de guerre israéliens ont bombardé l’immeuble résidentiel où vivaient Al-Qolaq et sa famille, dans la rue Al-Wehda, à l’ouest de la ville de Gaza. Le bâtiment a été complètement détruit ; 42 civils ont été tués, dont 16 femmes et dix enfants. Cinquante autres personnes ont été blessées.

Après l’attaque israélienne sur la bande de Gaza en mai 2021, Euro-Med Monitor a publié une série de rapports, dont Inescapable Hell, Left in Tatters et One War Older [1].

À partir de recherches de terrain, d’entretiens avec des victimes et d’analyses, ces rapports décrivent les conséquences, pour des civils, d’être pris délibérément pour cibles – en particulier les effets psychologiques sur les personnes fragiles, tels que les femmes et les enfants. Les rapports évaluent aussi les dommages causés au secteur économique et aux infrastructures de la bande de Gaza.

Les rapports fournissent également des analyses sur l’attaque et ses effets d’un point de vue juridique, et confirment que ce type d’agression israélienne s’apparente à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. La communauté internationale devrait vite mettre en place des outils permettant d’obliger Israël à rendre des comptes pour ses intolérables violations des droits de l’homme.

Al-Qolaq a récemment rejoint le programme de formation d’Euro-Med Monitor, qui vise à former des jeunes vivant dans des zones de conflit aux activités humanitaires et de défense des droits de l’homme. Le programme leur apprend à utiliser leurs compétences et les systèmes de communications pour créer des mécanismes de défense des droits de l’homme.

Déclaration complète :

M. le Président,

Je m’appelle Zainab. Je suis une Palestinienne de la bande de Gaza. Et par miracle, je suis encore en vie pour vous parler aujourd’hui après que les forces israéliennes ont bombardé ma maison pendant l’attaque israélienne sur Gaza en mai 2021. J’ai été gravement blessée et je suis restée sous les décombres pendant 12 heures avant qu’on ne m’en sorte.

Lorsque je me suis réveillée, j’ai appris que j’avais perdu 22 membres de ma famille. Ce fut un terrible choc. La mort est devenue ma vie. Le bombardement a tué ma mère, Amal, ma sœur Hannah, mes frères Ahmed et Taher, mes cousins et bien d’autres membres de ma famille que je n’ai pas la force de nommer. J’ai l’impression que mon cœur va éclater dans ma poitrine quand je pense à eux.

Toutes les maisons de notre quartier ont été rasées, alors qu’il n’y avait pas une seule personne armée parmi nous et qu’aucune action militaire n’avait été menée depuis notre zone. Nous étions tous là, sans défense, à guetter anxieusement le fracas des bombardements qui apportaient la mort avec eux.

Je sais que ma perte est trop importante pour être compensée, mais ma mère, ma sœur, mes frères, ma famille ne reposeront en paix que lorsque les coupables seront punis.

M. le Président, je veux savoir quels progrès ont été réalisés par la Commission d’enquête que vous avez formée après l’attaque israélienne. A-t-elle été en mesure d’identifier les responsables de l’extermination de ma famille ? Des mesures seront-elles prises pour éviter des tragédies similaires ?

J’ai maintenant 22 ans et j’ai perdu 22 proches. La communauté internationale aura-t-elle pris des mesures concrètes pour me rendre justice lorsqu’on fêtera mon prochain anniversaire ? Ou aurai-je perdu encore d’autres proches ?

Note :

1. Inescapable Hell : Un enfer dont on ne peut pas s’échapper – Left in Tatters : Réduits en cendres – One War Older : Une guerre plus tard

25 mars 2022 – EurodMed Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet