Les territoires palestiniens sont-ils sur un tonneau de poudre ?

25 août 2021 - Des centaines de Palestiniens manifestent à Khan Yunis contre le siège, près de la clôture de séparation construite par l'occupant israélien et qui entoure Gaza. Après 14 ans de blocus israélien et plusieurs guerres, l'infrastructure de Gaza est aujourd'hui délabrée. Les deux millions d'habitants de la bande n'ont pas accès à l'eau potable, subissent régulièrement des coupures d'électricité et souffrent de graves pénuries d'équipements médicaux essentiels. Le taux de chômage, en particulier chez les jeunes, est l'un des plus élevés au monde. Photo: Mohammed Zaanoun/ Activestills

Par Ahmad Melhem

La Cisjordanie et la bande de Gaza sont au sommet d’un baril de poudre qui peut exploser à tout moment, écrit Ahmad Melhem.

RAMALLAH, Cisjordanie – Le 13 septembre a marqué le 28e anniversaire de l’accord d’Oslo, que l’Organisation de libération de la Palestine et Israël ont signé en 1993. Pourtant, les territoires palestiniens semblent plus proches que jamais d’une vaste intifada et plus éloignés de la paix.

Depuis le 6 septembre, la Cisjordanie et la bande de Gaza sont le théâtre de confrontations et d’affrontements quotidiens entre les Palestiniens et l’armée israélienne d’occupation, après l’évasion de six détenus palestiniens de la prison de Gilboa.

Le 13 septembre, deux attaques distinctes à l’arme blanche ont eu lieu à Jérusalem, blessant un certain nombre de colons. Quelques heures plus tôt, le médecin Hazem Joulani a été assassiné à Jérusalem, la police israélienne prétendant qu’il aurait tenté de commettre une attaque à l’arme blanche.

Dans la ville de Jénine, au nord de la Cisjordanie, des dizaines de tirs ont visé le poste de contrôle d’al-Jalama, des bombes artisanales ont été lancées et des tirs ont également visé un camp militaire israélien près de Naplouse.

Par ailleurs, des dizaines d’affrontements avec lancers de pierres et de cocktails Molotov ont eu lieu dans différentes parties de la Cisjordanie.

La colère est montée dans la rue palestinienne après qu’Israël ait capturé et semble-t-il torturé quatre des évadés, en particulier Zakaria Zubeidi, l’ancien commandant des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa.

Les organisations palestiniennes ont salué l’escalade des affrontements à Jérusalem et en Cisjordanie, les considérant comme la seule option pour forcer Israël à mettre fin à ses violations contre les Palestiniens et les prisonniers.

Après la deuxième attaque à l’arme blanche à Jérusalem le 13 septembre, le chef de la police israélienne a déclaré qu’il craignait de nouvelles opérations, et a noté que la police israélienne avait décidé de déployer 2000 policiers supplémentaires dans la ville de Jérusalem.

En Cisjordanie, la tension domine dans les prisons israéliennes, avec la répression des prisonniers qui devaient entamer une grève de la faim ouverte le 17 septembre. La grève a été reportée après que l’administration pénitentiaire israélienne a satisfait à plusieurs de leurs demandes.

Les factions palestiniennes de Gaza ont rappelé avec force que les mauvais traitements infligés aux prisonniers conduisent à l’instabilité.

Le Jihad islamique palestinien a déclaré dans un communiqué de presse du 16 septembre qu’il était ouvert à toutes les options pour protéger les prisonniers et a mis en garde Israël contre toute mise danger de leur vie.

Par ailleurs, le spectre de la guerre plane sur la bande de Gaza, compte tenu des escarmouches quotidiennes entre les factions palestiniennes et l’armée israélienne d’occupation, des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers les colonies environnantes et des bombardements de l’armée israélienne sur les sites des organisations armées à Gaza.

Le journal israélien Maariv a rapporté le 14 septembre que l’armée israélienne se prépare à une escalade dans un avenir proche, étant donné les récents développements liés à la question des prisonniers palestiniens.

Jamal Huwail, membre du Conseil révolutionnaire du Fatah dans le camp de réfugiés de Jénine, a déclaré à Al-Monitor que la colère en Cisjordanie ne fait qu’augmenter, en raison de l’absence d’horizon politique, de l’extension des colonies, des arrestations et des assassinats, et de la judaïsation de Jérusalem. Et la question des prisonniers a accru la colère contre Israël.

Huwail a souligné que la situation est très grave, que ce soit en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza, et qu’une explosion pourrait se produire. “Il n’y a aucune comparaison entre les capacités de l’armée israélienne et celles de la résistance”, a-t-il dit, “mais la volonté du peuple et des combattants qui ont traversé des moments difficiles ne peut être brisée. Ils ne craignent aucune menace.”

“L’armée israélienne est prête à prendre d’assaut le camp, et attend une décision politique. Pourtant, les combattants de la résistance dans le camp leur en feront payer le coût. Tout prix, aussi bas soit-il, ébranlera le gouvernement Bennett. Cette armée ne peut pas supporter l’exécution d’un ou deux soldats”, a-t-il déclaré.

Huwail, qui a participé à la bataille du camp de Jénine en 2002 et a été emprisonné pendant sept ans, a ajouté : “La génération actuelle du camp n’a aucune crainte et ne comprend que le langage de la force. La preuve en est qu’ils se rendent quotidiennement au poste de contrôle d’al-Jalama et affrontent l’armée. Ils n’attendent pas que [l’armée envahisse] le camp.”

“L’armée peut prendre d’assaut le camp, mais il y aura un coût à payer pour Israël et des pertes seront infligées à son armée”, a-t-il encore expliqué. “Jénine résistera à toute erreur de jugement qui pourrait être faite. Gaza ne permettra pas qu’une telle chose se produise et rejoindra la ligne de front. Il est possible que le Hezbollah se joigne également à la confrontation. Israël se retrouvera alors face à une bataille ouverte.”

21 septembre 2021 – Al-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine