Témoignage : l’objectif de la GHF, c’est le meurtre et la déportation des Palestiniens

24 juillet 2025 - Des centaines de Palestiniens marchent dans la rue Rashid, dans le nord de Gaza, transportant des sacs de farine après l'entrée de quelques camions d'aide humanitaire dans la zone de Zikim, dans le nord de Gaza, soulignant l'ampleur de la crise humanitaire, alors que les habitants désespérés se battent pour obtenir des denrées alimentaires de base dans un contexte de pénurie et de blocus continu. Le niveau de famine à Gaza a atteint des niveaux alarmants ces derniers jours, ce qui a conduit l'ONU à avertir que des milliers de personnes sont « au bord d'une famine catastrophique ». Plusieurs organisations internationales de premier plan ont accusé Israël d'utiliser la famine comme arme de génocide - Photo : Yousef al-Zanoun / Activestills

Par Democracy Now

Plus de 1 000 Palestiniens ont été tués en venant chercher de l’aide humanitaire dans des sites de distribution d’aide militarisés gérés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël, et un ancien agent de sécurité de la GHF a dit à Democracy Now! qu’il avait vu des mercenaires américains et des forces israéliennes commettre des crimes de guerre en tirant à l’aveuglette sur des Palestiniens affamés qui attendaient l’aide.

« Les seuls mots qui conviennent à ce que j’ai vu à Gaza, sont dystopique et post-apocalyptique », a déclaré Anthony Aguilar, un soldat américain à la retraite qui a travaillé comme sous-traitant pour UG Solutions dans le cadre de l’opération d’aide humanitaire de la Gaza Humanitarian Foundation. « Nous, les États-Unis, sommes complices. Nous sommes totalement impliqués dans les atrocités et le génocide qui se déroulent actuellement à Gaza. »

Interview de Anthony Aguilar par Amy Goodman de Democracy now !

Amy Goodman [AG] : « Une des pires famines se déroule actuellement dans la bande de Gaza. » C’est l’avertissement alarmant lancé aujourd’hui par le principal organisme mondial de suivi des famines. Cela intervient alors que le bilan officiel des morts à Gaza a dépassé les 60 000, mais ce chiffre est largement considéré comme très sous-estimé. Au moins 147 Palestiniens, dont 88 enfants, sont morts de faim. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a nié l’existence d’une famine à Gaza, mais lundi, le président Trump a contredit les affirmations de Netanyahu.

Le président Donald Trump : Nous pouvons sauver beaucoup de gens. Je veux dire, certains de ces enfants sont… c’est vraiment de la famine. Je le vois bien, je sais que ce n’est pas une mise en scène.

AG: Dans le même ordre d’idées, un groupe d’au moins 21 sénateurs américains a écrit au secrétaire d’État Marco Rubio pour demander instamment aux États-Unis de cesser de financer la mystérieuse « Gaza Humanitarian Foundation », soutenue par les États-Unis et Israël, qui a été créée pour prendre le relais des Nations Unies dans l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. Le sénateur démocrate Chris Van Hollen est l’auteur principal de cette lettre. Il est apparu dimanche dans l’émission Face the Nation de CBS et a déclaré que les sites d’aide humanitaire avaient été transformés en pièges mortels.

Sénateur Chris Van Hollen : Les contribuables américains ne devraient pas donner un seul centime pour financer cette organisation privée, soutenue par des mercenaires et par l’armée israélienne, qui est devenue un piège mortel. Plus d’un millier de personnes affamées sont mortes, abattues alors qu’elles se pressaient pour essayer d’obtenir de la nourriture dans ces quatre sites.

AG : Nous sommes maintenant rejoints à Raleigh (Caroline du Nord), par Anthony Aguilar, un lanceur d’alerte qui a travaillé comme sous-traitant à Gaza dans le cadre de l’opération d’aide humanitaire de la Gaza Humanitarian Foundation. Il a démissionné de son poste chez UG Solutions après avoir été témoin de l’assassinat par balle de Palestiniens qui venaient chercher de la nourriture dans les sites d’aide humanitaire. Anthony Aguilar est un lieutenant-colonel à la retraite qui a servi pendant 25 ans dans les forces spéciales de l’armée américaine en tant que Béret vert.

Anthony, merci beaucoup de vous joindre à nous sur Democracy Now ! Pouvez-vous commencer par nous parler de votre expérience à Gaza et nous raconter exactement ce que vous avez vu ?

Anthony Aguilar [AA] : Merci. C’est un honneur d’être ici et de partager ce que j’ai vu. Je ne viens pas parler pas de mon expérience, mais de celle des opprimés, des Palestiniens de Gaza qui meurent de faim ou par balle.

Ce que j’ai vu à Gaza, je ne peux le décrire qu’avec les mots dystopique et post-apocalyptique. Nous, les États-Unis, sommes complices. Nous sommes impliqués jusqu’au cou dans les atrocités et le génocide qui se déroulent actuellement à Gaza. Honte à tous ceux qui disent qu’il n’y a pas de famine ou de famine massive, alors que non seulement nous sommes au bord du précipice, mais que nous avons franchi la ligne de la famine à grande échelle. Honte à eux ! C’est inhumain.

Ce dont j’ai été témoin à Gaza sur les quatre sites de distribution – je ne me suis pas contenté d’aller sur un seul site pour une séance photo, pour regarder une distribution et dire ensuite : « Oui, ça a l’air génial ». J’ai passé des jours entiers à Gaza sur les quatre sites de distribution, à Kerem Shalom, où l’aide est chargée pour être distribuée, et dans les deux centres opérationnels qui contrôlent les convois quotidiens, les opérations logistiques et la distribution pour les quatre sites. Ce que j’ai vu sur les sites, autour des sites, à destination et en provenance des sites, ne peut être qualifié que de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, de violations du droit international. Ce n’est pas une exagération. Ce ne sont pas des clichés ou du mélo. C’est la vérité.

Je vais vous le prouver en décrivant ce que j’appellerais les sites eux-mêmes. J’ai parlé au sénateur Van Hollen la semaine dernière, et nous avons eu une discussion très franche sur l’état des sites et ce qu’on y trouve. Ces sites sont non seulement devenus des pièges mortels, mais ils ont été conçus comme tels. Les quatre sites de distribution ont été intentionnellement et délibérément construits, planifiés et installés au milieu d’une zone de combat active. Certains diront : « Mais tout Gaza est une zone de guerre ». C’est peut-être vrai, mais certaines parties de Gaza sont des zones de combat actives et opérationnelles où les Forces de défense israéliennes mènent des opérations. Ces sites ont été construits intentionnellement au milieu de ces zones. Ce n’est pas un hasard. Le simple fait de construire délibérément des sites de distribution humanitaire dans une zone de combat active, pour venir en aide à une population non armée et affamée, constitue une violation des protocoles de la Convention de Genève. C’est une violation du droit humanitaire. Et à mon avis, c’est une violation de l’humanité en général.

Les sites, non seulement là où ils ont été construits, mais aussi les quatre sites autour du périmètre et les routes qui y mènent sont barricadés par des barbelés coupants — pas des barbelés classiques, ni des barbelés en accordéon que nous utilisons dans les guerres pour créer des barrières ou des chemins. Des barbelés coupants. Les Conventions de Genève interdisent spécifiquement l’utilisation de barbelés coupants pour restreindre l’accès aux zones où les civils sont pris en charge — hôpitaux, points d’eau, points de distribution alimentaire. Mais nous les utilisons. Non seulement l’armée israélienne nous les a fournis pour que nous les utilisions sur les sites, mais nous, UG Solutions, la Fondation humanitaire de Gaza, les avons spécifiquement demandés. Les barbelés sont conçus pour mutiler et tuer, et nous les utilisons pour canaliser et rassembler, comme on ferait d’un troupeau d’animaux, des milliers de civils non armés et affamés. C’est un crime de guerre.

Les actions menées sur les sites : escalade de la violence, absence de procédures opérationnelles standard pour la réguler, aucune règle d’engagement n’est fournie aux entrepreneurs armés sur le terrain, utilisation aveugle de la force, létale et non létale, contre des civils non armés. Je le répète. Nous ne sommes pas là, sur les sites de distribution, pour nous défendre contre le Hamas. Nous utilisons une force aveugle, nous ciblons des civils, nous recourons à une escalade de la violence qui va bien au-delà des mesures appropriées, contre une population non armée et affamée.

L’équipement, l’équipement qui nous a été fourni, des armes entièrement automatiques, ce qui, en soi, ne constitue pas une violation du protocole. Cependant, on nous a fourni des munitions M855 à pointe verte. C’est important, car les munitions à pointe verte sont des balles en cuivre recouvertes d’acier, spécialement conçues pour pénétrer les blindages. Elles sont conçues pour tuer. Elles sont conçues pour traverser des objets renforcés et tuer quelqu’un qui se trouve de l’autre côté. C’est ce dont sont équipés tous les sous-traitants d’UG Solutions actuellement dans le pays. Tout le monde porte une charge standard de base de 210 cartouches M855, des munitions militaires perforantes. Pourquoi quelqu’un aurait-il besoin de cela, même pour se défendre, pour défendre sa vie, contre une population non armée ? C’est inapproprié. Cela, en soi, cette action, est un crime de guerre.

Quant à notre statut – celui de notre présence dans le pays – de tous les contractants d’UG Solutions, citoyens américains, en Israël, qui sont armés d’armes entièrement automatiques à Gaza au moment où nous parlons, aujourd’hui, en ce moment même, et ce depuis le 26 mai, nous sommes dans le pays avec un visa d’entrée B2 en tant que touristes. Nous sommes dans le pays en tant que touristes. Ainsi, si un membre de notre famille voulait se rendre en Israël pour visiter Jérusalem, il entrerait en Israël avec un visa touristique. Le visa touristique, c’est le statut juridique des citoyens américains armés qui se trouvent actuellement à Gaza, avec le pouvoir d’utiliser la force hostile contre des civils non armés. C’est une violation du droit international humanitaire, point final.

Ce que je viens de décrire n’est pas une opinion, ce sont des faits. Les sites ont été conçus pour attirer, appâter avec de l’aide et tuer. La nourriture que nous distribuons est loin d’être suffisante. Honte à vous, Johnnie Moore, d’avoir célébré les 92 millions de repas livrés à Gaza. Honte à vous. Le calcul est très simple : 92 divisé par 2,2 millions de personnes, divisé par 3 millions, soit trois repas par jour. C’est ce que proclame GHF. Nous distribuons de l’aide depuis le 26 mai, du 26 mai au 29 juin, soit 64 jours de distribution continue, et nous n’avons réussi à distribuer que 92 millions de repas. Si l’on fait le calcul, encore une fois, c’est une équation simple. Cela représente 14 jours de repas. Ainsi, sur 64 jours, nous avons fourni 14 jours de repas à l’ensemble de la population de l’enclave de Gaza. C’est inhumain. Cela reviendrait à dire que vous ne mangez qu’un jour sur quatre, que vous ne mangez que le jeudi et que vous ne mangez que le lundi. Et ils osent dire que c’est humanitaire ? Donc, à tous ceux qui disent que c’est suffisant, non, c’est même loin d’être suffisant. La GHF prétend qu’elle a besoin d’aide pour faire davantage, non, vous n’avez pas besoin d’aide, car ce que vous faîtes n’a rien à voir avec ce qu’il faudrait faire.

Le fait est que la Gaza Humanitarian Foundation n’est pas formée, équipée, dotée en personnel ou en effectifs pour gérer une aide humanitaire et une assistance humanitaire de cette ampleur. La Gaza Humanitarian Foundation doit être privée de financement, fermée, et les Nations Unies doivent être autorisées à revenir avec le soutien des États-Unis, avec des ressources et de l’aide financière. Au lieu de donner 60 millions de dollars à la Gaza Humanitarian Foundation, utilisez ces 60 millions de dollars pour soutenir le mécanisme des Nations Unies afin de remettre 400 sites en service et de nourrir 2,1 millions de personnes chaque jour. C’était la capacité des Nations Unies.

Ce que j’ai vu à Gaza m’inquiète en tant qu’Américain. Ce que nous faisons à Gaza, en nous rendant complices des actions des Forces de défense israéliennes, est contraire aux valeurs américaines. Je ne suis pas venu critiquer la lutte et le combat. Je soutiens Israël contre le Hamas et ses atrocités. Le monde entier soutient Israël contre le Hamas et ses atrocités. Personne ne contestera que le 7 octobre a été une journée atroce. Mais si nous, en tant que nation, les États-Unis et Israël, notre plus proche allié, si nous empruntons la voie qui consiste à dire que nous faisons ce que le Hamas a fait, et que c’est acceptable, nous perdons notre humanité. Et nous ne pouvons pas emprunter cette voie. Ce n’est pas américain. Ce n’est pas conforme à nos valeurs.

Il y a deux mois, j’ai raccroché mon uniforme après 25 ans de service pour cette nation. Je n’ai pas renoncé à mon serment. J’ai prêté serment à la Constitution. Je n’ai pas prêté serment au président, au Congrès, à un patron, à un contrat, à un salaire. J’ai prêté serment à la Constitution des États-Unis d’Amérique. Et cette Constitution est fondée sur les valeurs américaines, la dignité, le respect, le respect de la vie humaine. À l’heure actuelle, l’Amérique est sur une voie dangereuse. Et si nous ne nous arrêtons pas maintenant, si nous ne mettons pas fin à cela et si nous ne soutenons pas le processus d’aide humanitaire qui devrait être mis en place à Gaza, nous devrions avoir honte, ce serait anti-américain. Je vais tout faire pour faire connaître la vérité.

AG : Anthony Aguilar est un lieutenant-colonel des Bérets verts à la retraite, comme il l’a dit, avec 25 ans de service dans l’armée américaine, décoré de la Purple Heart et de la Bronze Star au combat en 2005. Comment en êtes-vous venu à travailler pour la Gaza Humanitarian Foundation ? Comment avez-vous été recruté ? Pour qui travailliez-vous exactement ? Êtiez-vous considéré comme un employé du gouvernement américain ?

AA : Je n’étais pas considéré comme un employé du gouvernement américain. J’ai été spécifiquement engagé en tant que sous-traitant indépendant par UG Solutions, qui détenait ce contrat de sous-traitance dans le cadre de la Gaza Humanitarian Foundation, spécifiquement pour la sécurité armée et la protection de l’aide humanitaire. J’ai été contacté par UG Solutions le 13 mai. Ils recherchaient spécifiquement des militaires à la retraite, récemment retraités, ayant une expérience dans les opérations spéciales. C’est pour cette raison qu’ils m’ont contacté et m’ont demandé si cela m’intéressait de rejoindre UG Solutions pour cette opération.

AG : La Gaza Humanitarian Foundation a réfuté votre témoignage, Anthony, en vous accusant de faire de fausses déclarations sans fondement. La GHF a déclaré, je cite : « Il convient de souligner que M. Aguilar était employé en tant que sous-traitant et qu’il a été licencié il y a plus d’un mois pour comportement inapproprié. À la suite de ce licenciement, nous avons reçu des menaces selon lesquelles, s’il n’était pas réintégré, des mesures seraient prises à notre encontre, ce qui soulève des questions quant à la motivation derrière ses interviews. Nous avons également des preuves qu’il a probablement falsifié des documents et présenté des vidéos trompeuses afin de promouvoir son récit mensonger. » Encore une fois, il s’agit là d’une accusation de la GHF. Pouvez-vous répondre à leurs déclarations et nous parler des vidéos dont ils font mention ?

AA : Ce que je trouve intéressant dans l’affirmation selon laquelle mes déclarations n’ont aucun fondement, c’est que j’ai fourni des vidéos. Ces vidéos ont été analysées au niveau de leurs métadonnées et de leur géolocalisation. En fait, UG Solutions a elle-même publié l’une de mes vidéos sur son site web de communiqués de presse, en déclarant : « Voici toute l’histoire », alors que ma vidéo montrait des sous-traitants d’UG Solutions tirant sur des civils. C’est extravagant.

Pour en revenir à la question de mon licenciement, lorsque j’étais sous contrat, pendant la courte période où j’étais sous contrat, 41 jours, UG Solutions m’a promu deux fois, m’a accordé deux augmentations de salaire, m’a demandé d’assumer de plus en plus de responsabilités et s’est appuyé sur mon expertise. J’ai mis fin à mon contrat de travail par écrit le 13 juin. J’ai démissionné pour la raison évidente que je ne pouvais plus faire partie de cette opération immorale et inhumaine. Après avoir remis ma démission le 13 juin, UG Solutions m’a demandé de rester, de reconsidérer ma décision. Ils ont continué à me payer pendant une période de paie entière. Ils ont continué à régler mon assurance. Ils ont continué à payer toutes mes dépenses jusqu’au 26 juin. Si UG Solutions m’avait licencié ou renvoyé le 13 juin, pourquoi aurait-elle continué à me verser l’intégralité de mon salaire, à couvrir mes frais et à payer toutes mes dépenses jusqu’au 26 juin, tout en me demandant de rester et de reconsidérer ma position ? Je n’ai pas été licencié. J’ai démissionné parce que je ne pouvais plus faire partie de cette entreprise.

En termes de performances, j’ai pris la responsabilité de toutes les opérations, les plans d’opération des convois, les plans de distribution, les plans opérationnels. Je les ai rédigés pour UG Solutions, car ils n’avaient personne dans leur personnel qui avait l’expérience, les connaissances et l’expertise nécessaires pour faire ce type de travail. Vous devriez me remercier, UG Solutions. Vous devriez me remercier, Gaza Humanitarian Foundation, car sans moi et les autres entrepreneurs qualifiés, anciens Bérets verts, anciens vétérans, sans nous — qui faisons notre travail —, vous ne seriez pas en mesure d’opérer. Personne au sein de la Gaza Humanitarian Foundation, de Johnnie Moore à Phil Reilly de SRS en passant par Jameson Govoni d’UG Solutions, n’a d’expérience en matière de planification approfondie et de planification opérationnelle, point final, et encore moins pour une mission d’aide humanitaire.

Ils manquent de personnel. Ils ne sont pas suffisamment qualifiés. Et ils sont complètement dépassés par une mission qu’ils n’auraient pas dû accepter.

AG : Je tiens à préciser que, selon le New York Times, Johnnie Moore est « un ancien conseiller de campagne de Trump, qui a été nommé au conseil d’administration de la Gaza Humanitarian Foundation. … Moore était [coprésident] du comité consultatif évangélique de la campagne présidentielle de Trump en 2016 et une figure influente pendant … le premier mandat de Trump. Il faisait partie d’une coalition de leaders chrétiens qui se rendaient régulièrement à la Maison Blanche, … et participaient à des réunions de prière dans le Bureau ovale. » Sa société de relations publiques, Kairos, a été rachetée en 2022 par JDA Worldwide. Il « occupe désormais le poste de président de cette grande entreprise. Lorsqu’il a annoncé son acquisition sur les réseaux sociaux, … Moore a qualifié son travail dans les relations publiques de « travail alimentaire », car il a eu de nombreux autres rôles et projets liés à sa foi et à son intérêt pour la politique étrangère, notamment la rédaction de livres sur la persécution des chrétiens au Moyen-Orient et en Afrique. » Il a déclaré au New York Times « que lui et d’autres évangéliques avaient fait pression … sur Trump pour qu’il reconnaisse la souveraineté israélienne sur Jérusalem et y transfère l’ambassade américaine. » Comme beaucoup d’évangéliques, dont Mike Huckabee, l’ambassadeur américain en Israël, il est attaché à l’idée d’un État juif fondé sur son interprétation de la Bible.

AG : Je voudrais revenir sur l’une des vidéos que vous avez partagées avec la BBC, qui montre des gardes américains armés travaillant avec GHF ouvrir le feu sur un site d’aide humanitaire à Gaza le 29 mai. En voici un court extrait.

Contractuel US : Je pense que vous en avez touché un.

AG : « Je pense que vous en avez touché un. » C’est ce que nous entendons quelqu’un dire. Qui a dit cela, Anthony ? Et décrivez-nous SVP ce que nous voyons et entendons dans cette vidéo. Qui tire ? Sur qui tirent-ils ?

AA : Dans cette vidéo, les coups de feu que vous entendez proviennent d’un fusil d’assaut utilisé par un entrepreneur de sécurité indépendant de UG Solutions. Cette personne tire sur un groupe de civils non armés qui ont quitté les lieux. Il s’agit du site de distribution numéro quatre dans le centre, dans le centre de Gaza, près du corridor de Netzarim. Les Palestiniens avaient quitté les lieux. Ils se dirigeaient vers le sud, vers le pont sur Gadi ou Waza, ou Wadi Gaza, pour retourner à Bureij, leur ville d’origine.

Cet individu tirait sur eux, devant leurs pieds, au-dessus de leurs têtes, dans la foule. Vous entendez clairement la voix américaine et les coups de feu. Les coups de feu sont très proches de la caméra, là où je me trouve. C’est moi qui ai filmé cette vidéo, pas le Hamas, ni le ministère de la Santé de Gaza, ni un média partial. C’est moi qui l’ai filmée, un Américain. Vous entendez clairement l’individu qui tire crier « Woo hoo ! » en jubilant. Et l’autre entrepreneur, qui se tenait à environ 4,5 mètres de moi, dit : « Je pense que tu en as eu un. » Et l’autre entrepreneur répond alors : « Ouais, mec ! » Ce qu’ils disent, c’est qu’ils ont eu un être humain, un civil, un civil non armé et affamé, qui était venu sur notre site pour chercher de la nourriture et qui rentrait chez lui. Pourquoi avons-nous tiré sur lui ? Parce que nous voulions qu’ils partent plus vite.

Cette vidéo est authentique. Elle a été analysée et horodatée. Elle a été géolocalisée. Elle a été… Les métadonnées ont été évaluées. En fait, UG Solutions a publié cette même vidéo sur sa page de communiqué de presse pour réfuter la vidéo elle-même. Ils ont donc utilisé la vidéo que j’ai filmée pour réfuter la vidéo que j’ai filmée.

AG : Donc, UG Solutions, pour qui vous travailliez, est une société mercenaire américaine. Les sites de distribution de la GHF sont gardés par deux sociétés de sécurité américaines, Safe Reach Solutions (SRS) et UG Solutions. Selon Middle East Eye, SRS est dirigée par un ancien haut responsable de la CIA lié à une société de capital-investissement américaine basée à Chicago. Comment avez-vous été recruté ?

AA : Je n’ai pas été recruté par Safe Reach Solutions ou la Gaza Humanitarian Foundation. Je ne travaillais pas pour eux. J’étais sous-traitant spécifiquement pour UG Solutions. UG Solutions est située à Davidson, en Caroline du Nord. Ils ont donc d’abord contacté des agents spéciaux à la retraite, des soldats des forces spéciales qui possédaient ces compétences spécifiques et qui étaient originaires de Caroline du Nord, car c’était très facile et rapide de les recruter et de les intégrer.

J’ai donc été contacté par UG Solutions. Lorsque l’opération m’a été expliquée pour la première fois, j’ai pensé que c’était une noble cause. Je suis d’accord avec Johnnie Moore sur un point, qu’il a mentionné dès le début, Il n’y a rien de plus chrétien que de nourrir les gens. Je suis d’accord avec cela. Ce avec quoi je ne suis pas d’accord, c’est que ce que nous faisons n’est pas cela : nous mentons, nous travestissons la réalité, nous faisons semblant de nourrir les gens parce que cela rapporte. N’oubliez pas qu’il s’agit d’organisations privées. Le responsable de Safe Reach Solutions est un ancien agent de la CIA et fait partie d’une société de capital-investissement. C’est lui qui est chargé de distribuer l’aide humanitaire à une population affamée. Quand je me suis lancé dans cette aventure, j’étais enthousiaste. Je pensais que c’était une noble cause. Mais quelques heures après mon arrivée en Israël, en voyant comment les choses allaient se dérouler, j’ai immédiatement eu de sérieuses inquiétudes quant aux intentions, à la mise en œuvre et à ce qui allait se passer quand il serait devenu clair que ça ne pouvait pas marcher.

AG: D’autres personnes partageaient-elles votre sentiment ? Et est-il juste de vous qualifier, bien que vous soyez un ancien Béret vert à la retraite, lieutenant-colonel dans les forces spéciales pendant des années, est-il juste de vous qualifier de mercenaire, puisque vous avez travaillé avec la Gaza Humanitarian Foundation ?

AA : Je ne me qualifierais pas de mercenaire, ni de lanceur d’alerte. Je suis un Américain patriote qui veut que l’Amérique connaisse la vérité. Lorsque j’ai accepté ce contrat pour participer à cette mission, mes motivations étaient claires. Je voulais mettre à profit mes années d’expertise, mon expérience en matière de planification et d’exécution d’opérations à grande échelle pour contribuer à la réussite de cette mission. C’est ce que je voulais.

J’avais pris ma retraite. Je venais de prendre ma retraite, j’appréciais beaucoup mon rôle de père au foyer, je regardais The Golden Girls l’après-midi et j’aimais me promener avec mon chien, j’aimais ça. Je n’ai pas accepté cette mission pour mon profit personnel ni pour l’argent. J’ai accepté cette mission parce que j’y croyais. J’ai résilié mon contrat et je suis parti, j’ai renoncé à l’argent – et ils nous payaient beaucoup d’argent – j’ai renoncé à cet argent, car rien ne peut acheter mon âme. Rien ne peut acheter mes valeurs et mon patriotisme en tant qu’Américain.

Je suis avant tout américain. Je ne suis pas un entrepreneur. Je ne suis pas un mercenaire. Je ne suis pas un lanceur d’alerte. Je suis un Américain patriote qui veut que le peuple américain connaisse la vérité sur ce dans quoi nous sommes impliqués, dans un environnement très complexe et compliqué où, très franchement, nous sommes actuellement du mauvais côté de l’histoire.

AG : Nous allons en rester là, mais je tiens à être très claire : vous avez vu d’anciens militaires américains, vous avez vu l’armée israélienne, vous avez vu les soldats israéliens ouvrir le feu sur des Palestiniens affamés.

AA : Sans aucun doute, oui, c’est un fait.

AG : Anthony Aguilar a travaillé comme sous-traitant pour UG Solutions avec la soi-disant Gaza Humanitarian Foundation, une soi-disant opération de distribution d’aide humanitaire ; lieutenant-colonel à la retraite, il a servi pendant 25 ans dans les forces spéciales de l’armée américaine en tant que Béret vert, a reçu la Purple Heart et la Bronze Star. Merci de vous être joint à nous.

29 juillet 2025 – Democracy Now – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet

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