Les Israéliens veulent masquer leurs échecs sous une débauche de sang

15 mai 2025 - À l'occasion du 77e anniversaire de la Nakba, un enfant est le seul survivant de la famille Al-Bayouk après que leur maison a été prise pour cible pendant la nuit à Khan Yunis, dans la bande de Gaza. À l'hôpital Al-Nasser, la mère, Safaa Al-Bayouk, fait ses adieux à ses fils jumeaux, Moaz et Moataz, qu'elle a mis au monde il y a neuf ans. Le père a également été blessé lors de l'attaque israélienne. Au total, dix personnes ont été tuées ou blessées parmi les familles Al-Zainati, Samour et Al-Bayouk. Leur maison de trois étages a été complètement détruite, les corps des victimes ont été déchiquetés - Photo : Doaa Albaz / Activestills

Par Ramzy Baroud

Il fut un temps où Benjamin Netanyahu semblait avoir toutes les cartes en main. L’Autorité palestinienne était largement passive, la Cisjordanie occupée était relativement calme, l’influence diplomatique d’Israël s’étendait et les États-Unis semblaient prêts à contourner le droit international pour satisfaire le désir d’Israël d’exercer un contrôle total sur la Palestine.

Le Premier ministre israélien avait également, du moins selon lui, réussi à soumettre Gaza, cette enclave rebelle qui luttait depuis des années sans succès pour briser le blocus étouffant imposé par Israël.

Au sein d’Israël, Netanyahu était célébré comme le Premier ministre le plus ancien du pays, une figure qui promettait non seulement la longévité, mais aussi une prospérité sans précédent.

Pour marquer cette étape importante, Netanyahu a utilisé un accessoire visuel : une carte du Moyen-Orient ou, selon ses propres termes, du « nouveau Moyen-Orient ».

Ce nouveau Moyen-Orient envisagé par Netanyahu était un bloc vert unifié, représentant un avenir de « grandes bénédictions » sous la direction d’Israël.

La Palestine dans son ensemble était manifestement absente de cette carte, tant la Palestine historique, aujourd’hui « Israël », que les territoires palestiniens occupés.

La dernière révélation de Netanyahu a eu lieu lors de l’Assemblée générale des Nations unies le 22 septembre 2023. Son discours, censé être triomphal, a été suivi par un public clairsemé, et l’enthousiasme était notablement absent parmi les personnes présentes.

Cela semblait toutefois avoir peu d’importance pour Netanyahu, sa coalition d’extrémistes ou l’opinion publique israélienne dans son ensemble.

Historiquement, Israël a toujours compté sur le soutien d’un petit nombre de nations considérées, selon son propre calcul, comme essentielles : Washington et quelques capitales européennes.

Puis est survenue l’attaque du 7 octobre. Dans un premier temps, Israël a exploité l’attaque palestinienne pour obtenir le soutien de l’Occident et de la communauté internationale, validant ainsi ses politiques existantes et justifiant la réponse qu’il comptait apporter.

Cependant, cette sympathie s’est rapidement dissipée lorsqu’il est apparu clairement que la réponse d’Israël impliquait une campagne de génocide, l’extermination du peuple palestinien à Gaza et le nettoyage ethnique de la population de Gaza et des communautés de Cisjordanie.

Alors que les images et les vidéos du carnage dévastateur à Gaza faisaient surface, le sentiment anti-israélien a pris de l’ampleur. Même les alliés d’Israël ont eu du mal à justifier le meurtre délibéré de dizaines de milliers de civils innocents, principalement des femmes et des enfants.

Des pays comme la Grande-Bretagne ont imposé des embargos partiels sur les armes à Israël, tandis que la France a tenté un exercice d’équilibre, appelant à un cessez-le-feu tout en réprimant les militants nationaux qui prônaient la même chose. Le discours pro-israélien occidental est devenu de plus en plus incohérent, mais reste profondément problématique.

Washington, sous la présidence de Joe Biden, a initialement maintenu son soutien indéfectible, approuvant implicitement l’objectif d’Israël : le génocide et le nettoyage ethnique.

Cependant, Israël n’ayant pas atteint ses objectifs, la position publique de Joe Biden a commencé à évoluer. Il a appelé à un cessez-le-feu, sans toutefois manifester une volonté tangible de faire pression sur Israël.

Le soutien indéfectible de Joe Biden à Israël a été cité par de nombreux observateurs comme un facteur ayant contribué à la défaite du Parti démocrate aux élections de 2024.

Puis Trump est arrivé. Netanyahu et ses partisans, tant en Israël qu’à Washington, s’attendaient à ce que les actions d’Israël en Palestine et dans la région au sens large (Liban, Syrie, etc.) s’inscrivent dans un plan stratégique plus vaste.

Ils pensaient que l’administration Trump serait prête à aller plus loin. Cette escalade, selon eux, comprendrait des actions militaires contre l’Iran, le déplacement des Palestiniens de Gaza, la fragmentation de la Syrie, l’affaiblissement du mouvement Ansarallah au Yémen, et plus encore, sans concessions significatives.

Au départ, Trump a signalé sa volonté de poursuivre ce programme : déploiement de bombes plus lourdes, menaces directes contre l’Iran, intensification des opérations contre Ansarallah et expression de son intérêt pour le contrôle de Gaza et le déplacement de sa population.

Cependant, les attentes de Netanyahu n’ont abouti qu’à des promesses non tenues. Cela soulève la question suivante : Trump a-t-il délibérément induit Netanyahu en erreur, ou l’évolution de la situation a-t-elle nécessité une réévaluation de ses plans initiaux ?

Cette dernière explication semble plus plausible. Les efforts visant à intimider l’Iran se sont avérés inefficaces, ce qui a conduit à une série d’engagements diplomatiques entre Téhéran et Washington, d’abord à Oman, puis à Rome.

Ansarallah a fait preuve de résilience, incitant les États-Unis, le 6 mai, à réduire leurs opérations militaires au Yémen, en particulier l’opération « Rough Rider ». Le 16 mai, un responsable américain a annoncé que l’USS Harry S. Truman se retirerait de la région.

Il convient de noter que le 12 mai, le Hamas et Washington ont annoncé un accord séparé, indépendant d’Israël, pour la libération du prisonnier américano-israélien Edan Alexander.

Le point culminant a été atteint le 14 mai, lorsque Trump a prononcé un discours lors d’un forum sur l’investissement américano-saoudien à Riyad, prônant la paix et la prospérité dans la région, la levée des sanctions contre la Syrie et soulignant la nécessité d’une résolution diplomatique avec l’Iran.

Benjamin Netanyahu et sa « vision » stratégique brillaient par leur absence dans ces changements régionaux.

Netanyahu a réagi à ces développements en intensifiant les opérations militaires contre les hôpitaux palestiniens à Gaza, visant les patients des hôpitaux Nasser et Européen.

Cette action, qui visait les plus vulnérables, a été interprétée comme un message adressé à Washington et aux États arabes, indiquant que ses objectifs restaient inchangés, quelles qu’en soient les conséquences.

L’intensification des opérations militaires israéliennes à Gaza est une tentative de Netanyahu de montrer sa force alors qu’il se sent politiquement vulnérable.

Cette escalade a entraîné une forte augmentation du nombre de victimes palestiniennes et exacerbé la pénurie alimentaire, voire la famine, pour plus de deux millions de personnes.

La durée du mandat de Netanyahu reste incertaine, mais sa position politique s’est considérablement détériorée. Il est confronté à une opposition interne généralisée et à la condamnation internationale. Même son principal allié, les États-Unis, a signalé un changement d’approche.

Cette période pourrait marquer le début de la fin de la carrière politique de Benjamin Netanyahu et, potentiellement, des politiques associées à son gouvernement d’une violence effroyable.

20 mai 2025 – Middle East Monitor – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah

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