L’entreprise sioniste est de plus en plus dépendante de la high-tech

Par Adnan Abu Amer

Les agences de sécurité israéliennes sont toujours sous le choc après avoir découvert le mois dernier que trois citoyens palestiniens « arabes israéliens » ont réussi à divulguer au Hamas des informations sensibles sur la compagnie israélienne de téléphonie mobile Cellcom, après avoir testé s’ils pouvaient perturber l’infrastructure de la compagnie.

Les agences de sécurité israéliennes ont affirmé qu’elles étaient très proches d’une catastrophe qualifiée d’énorme attaque stratégique aux conséquences potentiellement terribles.

Dans le même temps, Israël se souvient du moment où, en 2018, le Hamas a mis en lumière une cellule d’espionnage au cœur de la bande de Gaza, tué l’officier qui en était responsable et dévoilé des rames de documentation. Cela a causé de sérieux dommages à ce réseau en particulier qui opérait également dans les pays arabes voisins.

L’État d’occupation s’appuie de plus en plus sur la technologie pour la sécurité et la collecte de renseignements, et néglige l’élément humain que constituent les espions, les collaborateurs et les sources directes.

Cette dépendance à l’égard de la technologie est de plus en plus critiquée, tout comme les appels à l’utilisation d’une combinaison de technologie et d’individus.

Ces critiques s’intensifient lorsque les cibles des attaques de la résistance palestinienne sont détectées par des moyens technologiques sans que les agents humains ne soient avertis de l’existence de telles cibles dans des endroits sensibles. Sans outils technologiques, cela pourrait constituer une menace sérieuse pour l’occupation.

Ce débat remonte à la découverte par l’armée d’occupation de tunnels du Hezbollah dans le sud du Liban et de tunnels du Hamas à la clôture de séparation orientale de la bande de Gaza. Il s’est avéré que nombre de ces tunnels passaient sous les clôtures et étaient clairement destinés à permettre aux combattants de la résistance d’accéder au nord et au sud de la Palestine occupée.

Les dirigeants de l’armée d’occupation devaient savoir que des tunnels pouvaient être creusés aux deux lignes de séparation, mais ils n’avaient pas de renseignements précis à ce sujet.

Comment, doit-on se demander, une armée équipée des toutes dernières technologies a-t-elle pu ne pas découvrir les tunnels plus tôt ? La réponse réside dans ce que l’on peut appeler la tentation de faire confiance aux informations obtenues uniquement par la technologie.

Les Israéliens semblent avoir négligé le fait très évident que les groupes de résistance savent qu’une telle technologie existe et qu’ils peuvent donc maintenir un « silence radio » pour éviter les écoutes, ou faire circuler des informations erronées.

La critique de la dépendance totale à l’égard de la technologie et de la négligence des ressources humaines appelle un retour aux anciens jours de l’espionnage en temps de guerre, rappelant à tous l’importance des espions et de leur travail.

Le général et philosophe chinois Sun Tzu (544-496 avant J.-C.), a écrit à ce sujet dans son livre L’art de la guerre. Il a consacré un chapitre à l’importance d’utiliser des espions pour obtenir des informations sur l’ennemi et le tromper.

En outre, le Hezbollah et le Hamas ne mentionnent pas forcément les opérations de creusement de tunnels dans leurs communications internes. Ils sont parvenus à camoufler leurs opérations, et ont ainsi réussi à déjouer la technologie israélienne.

Où étaient les agents de renseignement d’Israël, endormis ? L’abondance de la technologie du renseignement a-t-elle éclipsé l’importance fondamentale des ressources humaines ?

Israël ne nie pas le coût de ses activités d’espionnage dans les pays environnants. Même à l’ère de la technologie, Israël a toujours besoin d’un espionnage basé sur des ressources humaines, qui sont difficiles à remplacer.

Les espions eux-mêmes paient un prix élevé pour leur travail risqué. Néanmoins, les services de renseignement israéliens recruteront toujours plus de collaborateurs, mais veilleront à ce qu’ils soient moins exposés, réduisant ainsi les chances de les découvrir, comme cela s’est produit au Liban, en Turquie et, avant eux en 2018, à Gaza.

Israël comprend le coût humain de l’espionnage, il doit donc avoir des plans de prêt pour sauver ses actifs humains si et quand ils sont exposés, comme l’ont été Eli Cohen en Syrie et Jonathan Pollard aux États-Unis.

Certains espions israéliens ont été capturés et exécutés, tandis que d’autres ont été emprisonnés pendant de nombreuses années.

Si les espions et leurs collaborateurs sont importants pour leurs manipulateurs au sein des services de renseignement israéliens, leur utilisation peut avoir des conséquences catastrophiques.

De hauts responsables de la sécurité israélienne ont admis la gravité de ce problème, et reconnu que sans collaborateurs, les services de renseignements israéliens ne peuvent rien accomplir contre les groupes de résistance armés. Ils sont un élément essentiel du processus.

L’existence de collaborateurs au sein de la société palestinienne est préjudiciable au moral de cette société.

Ils accomplissent des tâches importantes pour le compte de leurs commanditaires à Tel Aviv, permettant à Israël de mener des offensives militaires avec un minimum de pertes, par exemple. Les renseignements qu’ils recueillent sur le terrain et partagent avec les agents de renseignement en Israël peuvent être analysés avec une marge d’erreur minimale.

Middle East Moniror – Traduction : Chronique de Palestine