Chrétiens et musulmans unis dans la défense d’Al-Aqsa

Extrait vidéo : Amine Ouaghi
Nidal Aboud, un chrétien palestinien, lit la Bible au milieu d'une foule de musulmans faisant la prière du vendredi, dans la vieille ville de Jérusalem, le 21 juillet 2017 - Extrait vidéo : Amine Ouaghi

Par Ahmed el-Komi

Les chrétiens palestiniens participent aux côtés des musulmans aux manifestations et sit-in à Jérusalem, démontrant ainsi leur solidarité avec leur cause.

Des images vidéo montrant Nidal Aboud, un jeune homme chrétien palestinien, lisant sa Bible au milieu d’une foule de musulmans faisant la prière du vendredi, le 21 juillet, devant la mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem ont créé un buzz sur les réseaux sociaux.

Les militants palestiniens ont vu la vidéo comme un modèle de coexistence entre les musulmans et les chrétiens à Jérusalem et l’expression d’un sort partagé contre les mesures israéliennes dans la ville.

Les Palestiniens ont organisé des sit-ins pendant une semaine et demi dans les rues de Jérusalem et autour de la Mosquée d’Al-Aqsa, dénonçant la tentative d’Israël d’installer des détecteurs de métaux aux entrées de la mosquée Al-Aqsa pour fouiller les fidèles.

De jeunes militants chrétiens palestiniens ont également participé à ces sit-in pour exprimer leur rejet de ces mesures, même si elles visent la mosquée d’Al-Aqsa, un symbole religieux des musulmans.


A Jérusalem, des chrétiens prient aux côtés de leurs frères musulmans

Aboud, âgé de 24 ans, du mont Olivet à Jérusalem, a été filmé priant parmi des milliers de musulmans. Il déclare à Al-Monitor qu’il avait participé au sit-in devant la mosquée d’Al-Aqsa par acte de patriotisme. Il ajoute : “La veille, j’ai vu à la télévision un Palestinien âgé dans un fauteuil roulant et qui pleurait parce qu’il n’avait pas le droit de prier à la mosquée Al-Aqsa. J’ai été profondément touché et j’ai senti que je devais agir pour mettre fin à cela. C’est pourquoi j’ai décidé de participer au sit-in devant la mosquée Al-Aqsa et j’ai pris ma croix et ma Bible avec moi. J’étais là à 8 heures du matin le lendemain devant l’une des entrées de la mosquée.

Aboud raconte que les soldats israéliens aux entrées de la mosquée Al-Aqsa l’ont empêché, lui et un certain nombre de Palestiniens âgés, d’entrer dans la mosquée et leur ont tiré des gaz lacrymogènes, décrivant la scène comme “dépourvue d’humanité et épouvantable”.

“Parce que je suis un ressortissant palestinien, j’ai le droit de défendre toutes les sanctuaires religieuses de mon pays”, dit-il. Il dit avoir ignoré que les médias faisaient des reportage en direct, ajoutant : “J’étais ravi de voir comment des militants et des amis musulmans m’ont accueillis parmi eux. Leur chaleur était authentique, et cela m’a donné la force de rester avec eux.”

Aboud a ajouté que quand ils ont commencé à prier, il a été invité à les rejoindre. “Ils étaient très accueillants et ils m’ont placé au centre. À ce moment-là, j’ai commencé à réciter des versets de la Bible. Nous avons tous prié avec une grande ferveur”, dit-il.

Dénonçant la tentative d’Israël d’installer des détecteurs de métaux aux entrées de la mosquée Al-Aqsa, il a souligné que le christianisme est une partie intégrante de la cause palestinienne. “Je n’accepterais pas que de tels détecteurs de métaux soient installés à l’église du Saint-Sépulcre, alors pourquoi les accepterais-je dans la mosquée Al-Aqsa ?”, explique Aboud.

En soulignant le rôle et la participation des chrétiens dans les sit-in et les manifestations autour de la mosquée d’Al-Aqsa contre les mesures israéliennes, il note encore : “Jérusalem a besoin de nous, même si nous sommes une minorité. La cause palestinienne a besoin de tous les Palestiniens. C’est la terre de la paix.”

La participation des chrétiens palestiniens aux manifestations et aux sit-in d’Al-Aqsa attire l’attention des médias car elle reflète les relations interreligieuses fortes en Palestine et représente un moyen de promouvoir l’unité nationale et la tolérance.

Zeina Mosleh, une chrétienne de Jérusalem, racconte de son côté qu’elle a participé à un sit-in avec des musulmans devant une des entrées de la mosquée Al-Aqsa parce qu’elle pensait que c’était un devoir religieux. Elle dit à Al-Monitor: “Je criais leurs slogans et distribuais de l’eau potable aux fidèles et aux jeunes manifestants”.

Elle a fortement rejeté les mesures d’Israël, les décrivant comme inacceptables et contre la liberté de culte. “Il ne s’agit pas d’une religion spécifique. Nous devons avoir le courage de rejeter les pratiques israéliennes contre l’une des mosquées les plus importantes et sacrées pour les musulmans”, dit-elle encore.

Selon Hanna Issa, historien chrétien palestinien et responsable de la Commission islamo-chrétienne de soutien à Jérusalem et aux lieux saints : “Israël veut présenter le conflit comme un conflit entre le judaïsme et l’islam. Nous, en tant que chrétiens, refusons cela.”

Il dit aussi : «Nous pensons que l’attaque contre la mosquée Al-Aqsa est comme une attaque contre l’église du Saint-Sépulcre. Les relations entre musulmans et chrétiens en Palestine sont régies par la Garantie de sécurité d’Umar [Caliph Umar ibn al-Khattab qui promulgua un édit garantissant la liberté de culte à Jérusalem] qui, selon nous, équivaut à une constitution. Les églises de Jérusalem sont adjacentes aux mosquées. Nous respectons le Ramadan, ils respectent notre jeûne et nous échangeons des visites lors des jours fériés religieux et nationaux”.

L’église du Saint-Sépulcre est l’un des plus importants monuments religieux chrétiens de Jérusalem situés à l’intérieur des murs de la vieille ville.

Issa affirme que les musulmans et les chrétiens partagent la même cause juste et que la participation des jeunes militants chrétiens au sit-in devant la mosquée Al-Aqsa en est le meilleur exemple. Commentant les images vidéo d’Aboud, il a déclaré: “Nous sommes tous des croyants. Il n’y a pas de discrimination. Nous partageons le même sentiment d’appartenance.”

Selon Issa, il y a 50 000 chrétiens dans les territoires palestiniens : 47 000 en Cisjordanie et le reste dans la bande de Gaza.

On dit que le calife musulman Umar Ibn al-Khattab a écrit au peuple d’Aelia (Jérusalem) lors de la première conquête musulmane de la ville en 638, un document dans lequel il garantissait la sécurité de ses églises et propriétés, à condition qu’aucun Juif ne vive avec eux dans la ville. Cette assurance est l’un des documents les plus importants dans l’histoire de Jérusalem et de la Palestine.

Le gouvernement israélien a décidé le 25 juillet d’enlever les détecteurs de métaux installés aux entrées de la mosquée Al-Aqsa, uniquement pour les remplacer par des caméras de surveillance…

27 juillet 2017 – Al-Monitor – Traduction : Chronique de Palestine