L’attaque d’Israël contre l’Iran : le nouveau monde violent qui est en train de naître va tous nous horrifier

19 mars 2025 - Des enfants palestiniens contemplent le site où une tente pour les Palestiniens déplacés a été touchée par une frappe aérienne israélienne dans la zone de Mawasi, une zone prétendument désignée comme « zone humanitaire », à l'ouest de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. Les frappes ont tué une Palestinienne enceinte et ses enfants, et en ont grièvement blessé d'autres. Après le massacre commis il y a deux nuits, au cours duquel des centaines de Palestiniens ont été tués, les forces coloniales israéliennes ont continué à bombarder pendant la nuit, tuant au moins 24 Palestiniens dans toute la bande de Gaza - Photo : Doaa Albaz / Activestills

Par Jonathan Cook

Il y a vingt ans, les États-Unis avaient déjà prévenu que les « douleurs de l’enfantement » d’un nouveau Moyen-Orient seraient terribles. Aujourd’hui, tout le monde peut le constater – et cela ne s’arrêtera pas en Iran.

Les politiciens et les médias occidentaux se contorsionnent pour tenter de faire accepter l’inacceptable, en présentant la guerre d’agression manifeste d’Israël contre l’Iran pour une sorte de mesure « défensive ».

Cette fois-ci, il n’y avait pas de prétexte rationnel, comme pour le génocide israélien à Gaza, perpétré à la suite de l’attaque d’une journée menée par le Hamas le 7 octobre 2023.

Il n’y a même pas eu d’effort sérieux pour concocter un scénario apocalyptique fallacieux, comme pour l’invasion illégale de l’Irak par les États-Unis et le Royaume-Uni en 2003. À l’époque, on nous avait menti en affirmant que Bagdad disposait d’« armes de destruction massive » qui pouvaient atteindre l’Europe en 45 minutes.

Au contraire, l’Iran était en pleine négociation avec les États-Unis sur son programme d’enrichissement nucléaire lorsque Israël a lancé son attaque non provoquée vendredi dernier.

Les Israéliens nous offrent un parfait manuel sur l’ingénierie d’un génocide

L’Occident a immédiatement repris les affirmations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu selon lesquelles Israël était contraint d’agir parce que l’Iran était sur le point de produire une bombe nucléaire – une affirmation, sans aucun fondement, qu’il répète depuis 1992.

Aucune de ses sombres prédictions ne s’est jamais concrétisée.

En réalité, Israël a frappé l’Iran peu après que le président Donald Trump a exprimé son espoir de parvenir à un accord nucléaire avec Téhéran, et deux jours avant que les négociateurs des deux pays ne se réunissent à nouveau.

Fin mars, le chef des services de renseignement nationaux de Trump, Tulsi Gabbard, avait expressément déclaré dans le cadre de l’évaluation annuelle des services de renseignement américains : « L’Iran ne construit pas d’arme nucléaire et le guide suprême [Ali] Khamenei n’a pas autorisé le programme d’armement nucléaire qu’il a suspendu en 2003. »

Cette semaine, quatre sources proches de cette évaluation ont déclaré à CNN que l’Iran ne cherchait pas à construire une bombe, mais que s’il changeait de cap, il lui faudrait « jusqu’à trois ans pour être en mesure de produire et de lancer une ogive nucléaire sur la cible de son choix ».

Néanmoins, mardi dernier, Trump semblait prêt à se joindre à l’attaque d’Israël. Il a publiquement désavoué le verdict de son propre chef des services de renseignement, envoyé des avions de combat américains au Moyen-Orient via le Royaume-Uni et l’Espagne, exigé la « reddition inconditionnelle » de l’Iran et proféré des menaces à peine voilées de tuer Khamenei.

« L’option Samson »

Israël prépare depuis de nombreuses années un prétexte pour attaquer l’Iran, ce qui a été défini par le tribunal de Nuremberg en 1945 comme le « crime international suprême ».

Les négociations actuelles entre les États-Unis et l’Iran n’ont été nécessaires que parce que, sous la pression intense d’Israël pendant son premier mandat présidentiel, Trump a déchiré un accord existant avec Téhéran.

Cet accord, négocié par son prédécesseur, Barack Obama, visait à juguler l’incessante demande d’Israël de frapper l’Iran. Il limitait strictement l’enrichissement d’uranium par Téhéran à un niveau bien inférieur à celui qui lui permettrait de « sortir » de son programme énergétique civil pour fabriquer une bombe.

Israël, en revanche, a été autorisé à conserver un arsenal nucléaire d’au moins 100 ogives, tout en refusant – contrairement à l’Iran – de signer le Traité de non-prolifération nucléaire et – là encore contrairement à l’Iran – en refusant l’accès aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Les armes nucléaires d’Israël sont restées prétendument secrètes, avec la complicité de l’Occident, au titre d’une politique officiellement connue en Israël sous le nom d’« ambiguïté » –parce que les États-Unis ne sont pas autorisés à fournir une aide militaire à un État possédant des armes nucléaires non déclarées.

Israël est de loin le plus grand bénéficiaire de cette aide.

Personne – à part les racistes incorrigibles – ne croit que l’Iran prendrait la décision suicidaire de tirer un missile nucléaire sur Israël, même s’il en possédait un. Ce n’est pas là la véritable raison des inquiétudes d’Israël et des États-Unis.

Le but de ce deux poids deux mesure est de maintenir Israël comme le seul État doté de l’arme nucléaire au Moyen-Orient, lui permettant ainsi de projeter sa puissance militaire sans restriction dans une région riche en pétrole que l’Occident est déterminé à contrôler.

La bombe israélienne a rendu ce pays intouchable et irresponsable, prêt à intimider ses voisins avec « l’option Samson », c’est-à-dire la menace d’utiliser son arsenal nucléaire plutôt que de risquer une menace existentielle.

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a semblé évoquer un tel scénario contre l’Iran cette semaine dans une déclaration rapportée par la presse : « D’autres jours difficiles nous attendent, mais souvenez-vous toujours d’Hiroshima et de Nagasaki. »

Il faut garder à l’esprit que les gouvernements israéliens considèrent comme « existentielle » toute menace contre le statut actuel d’Israël en tant qu’État colonialiste, qui occupe le peuple palestinien et le chasse de sa terre natale.

Les armes nucléaires d’Israël lui permettent de faire tout ce qu’il veut dans la région – y compris de commettre un génocide à Gaza – sans craindre de représailles significatives.

La propagande de guerre

L’affirmation selon laquelle Israël « se défend » en attaquant l’Iran – relayée par la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Union européenne, le G7 et les États-Unis – constitue une nouvelle attaque contre les principes fondamentaux du droit international.

Cette affirmation repose sur l’idée que l’attaque d’Israël était « préventive » – et justifiée si Israël peut démontrer l’existence d’une menace, imminente, crédible et importante, d’attaque ou d’invasion iranienne qui ne pouvait être contrée par d’autres moyens.

Cependant, même en supposant qu’il existe des preuves à l’appui de l’affirmation d’Israël selon laquelle le danger était imminent – ce qui n’est pas le cas –, le fait même que l’Iran était en pleine négociation avec les États-Unis au sujet de son programme nucléaire invalide cette justification.

Au contraire, l’allégation d’Israël selon laquelle le fait que l’Iran représenterait une grave menace dans le futur autoriserait une guerre « préventive » – est incontestablement illégale au regard du droit international.

Notez le contraste frappant avec la réaction de l’Occident à l’attaque dite « non provoquée » de la Russie contre l’Ukraine il y a tout juste trois ans.

Les capitales occidentales et leurs médias ont alors clairement indiqué que les actions de Moscou étaient inadmissibles et que les seules réponses possibles étaient des sanctions économiques sévères contre la Russie et un soutien militaire à l’Ukraine.

À tel point que les premières tentatives de négociation d’un accord de cessez-le-feu entre Moscou et Kiev, fondées sur le retrait russe, ont été contrecarrées par le Premier ministre Boris Johnson, vraisemblablement sur ordre de Washington. L’Ukraine a reçu pour instruction de continuer à se battre.

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L’attaque d’Israël contre l’Iran constitue une violation encore plus flagrante du droit international.

Netanyahu, qui est déjà recherché par la Cour pénale internationale, qui souhaite le juger pour crimes contre l’humanité à Gaza pour avoir affamé la population, est désormais également coupable du « crime international suprême ».

Mais rien de tout cela ne transparaît dans les discours des politiciens occidentaux ni dans les médias détenus par des milliardaires.

Là, on nous parle, une fois de plus, d’un Israël courageux, contraint d’agir unilatéralement ; d’un Israël confronté à une menace existentielle ; d’un Israël menacé par des terroristes barbares ; des souffrances uniques – et de l’altruisme – de la population israélienne ; et on nous présente Netanyahu comme un leader fort alors qu’il n’est qu’un criminel de guerre pur et simple.

C’est le même scénario éculé, ressassé à chaque occasion, quels que soient les faits ou les circonstances. Ce qui est un indice suffisant pour montrer que le public occidental n’est pas informé ; il est soumis à toujours plus de propagande de guerre.

Un changement de régime

Mais les prétextes invoqués par Israël pour justifier sa guerre d’agression ressemblent à une cible mouvante, difficiles à cerner car ils changent constamment.

Si Netanyahu a commencé par avancer l’argument peu plausible selon lequel le programme nucléaire iranien constituait une menace imminente, il s’est rapidement mis à affirmer que la guerre d’agression d’Israël était également menée pour éliminer la soi-disant menace d’un programme de missiles balistiques iraniens.

Avec le toupet phénoménal qui le caractérise, Israël a avancé comme preuve le fait qu’il était frappé par des missiles iraniens – des missiles tirés par Téhéran en réponse directe à la pluie de missiles israéliens sur l’Iran.

L’indignation d’Israël devant le nombre croissant de victimes civiles israéliennes a permis de cacher deux faits gênants qui auraient mis en lumière l’hypocrisie d’Israël, si les médias occidentaux ne s’étaient pas rendus complice de cette dissimulation.

Premièrement, Israël a transformé sa propre population civile en boucliers humains en plaçant des installations militaires clés – telles que son agence d’espionnage et son ministère de la Défense – au centre de Tel-Aviv, une ville densément peuplée, et en tirant ses missiles intercepteurs depuis l’intérieur de la ville.

Rappelons qu’Israël a accusé le Hamas d’être responsable de la mort de dizaines de milliers de Palestiniens à Gaza au cours des 20 derniers mois, en se basant sur l’affirmation largement non prouvée selon laquelle ses combattants se cachaient parmi la population. Aujourd’hui, ce même argument peut et doit être retourné contre Israël.

Deuxièmement, Israël frappe de manière tout à fait évidente des zones résidentielles en Iran, tout comme il l’a fait auparavant en détruisant la quasi-totalité des bâtiments de Gaza, y compris des maisons, des hôpitaux, des écoles, des universités et des boulangeries.

Netanyahu et Trump ont tous deux appelé les Iraniens à « évacuer immédiatement » la ville de Téhéran, ce qui est impossible pour la plupart de ses 10 millions d’habitants dans le délai imparti.

Mais leur appel soulève également la question suivante : si Israël tente d’empêcher le développement d’une ogive nucléaire iranienne, pourquoi concentre-t-il autant ses attaques sur les zones résidentielles de la capitale iranienne ?

Plus généralement, l’argument d’Israël selon lequel Téhéran doit être dépouillé de ses missiles balistiques suppose que seul Israël – et ses alliés – est autorisé à disposer d’une quelconque capacité de dissuasion militaire.

Il semble non seulement que l’Iran ne soit pas autorisé à disposer d’un arsenal nucléaire pour contrebalancer les armes nucléaires d’Israël, mais qu’il ne soit même pas autorisé à riposter lorsque Israël décide de frapper Téhéran avec ses missiles fournis par les États-Unis.

Ce qu’Israël exige en réalité, c’est que l’Iran soit transformé en un équivalent plus grand de l’Autorité palestinienne – un régime docile, faiblement armé et entièrement sous la coupe d’Israël.

Ce qui nous ramène au but réel de l’attaque d’Israël contre l’Iran.

Il s’agit de provoquer un changement de régime à Téhéran.

La Savak a été formée à la torture par Israël

Une fois encore, les médias occidentaux essaient de rallier les populations à ce nouvel objectif.

Des émissions politiques télévisées telles que Sunday avec Laura Kuenssberg, diffusée sur la BBC, ont invité Reza Pahlavi, le fils du shah iranien que les ayatollahs ont renversé en 1979 pour créer une république islamique. Il a profité de cette occasion pour appeler les Iraniens à « se soulever » contre leurs dirigeants.

Le présupposé – entièrement fabriqué par Israël – est que la société iranienne souhaite désespérément se libérer du joug de la dictature islamique et revenir à l’âge d’or de la monarchie sous les Pahlavi.

C’est une analyse complètement absurde de l’Iran moderne.

Demander à Pahlavi de décrire la manière dont l’Iran pourrait se libérer du régime clérical revient à inviter le petit-fils de Joseph Staline dans le studio pour discuter de la manière dont il envisage de mener un mouvement pro-démocratique en Russie.

En réalité, les Pahlavi, tant redoutés, n’étaient au pouvoir en 1979 – et en position d’être renversés – que parce qu’Israël, la Grande-Bretagne et les États-Unis s’étaient profondément ingérés en Iran pour les maintenir en place.

Lorsque les Iraniens ont élu le réformiste laïc Mohammed Mossadegh, avocat et intellectuel, au poste de Premier ministre en 1951, la Grande-Bretagne et les États-Unis n’ont eu de cesse de le renverser. Son principal crime était d’avoir nationalisé l’industrie pétrolière iranienne – et donc d’avoir privé le Royaume-Uni de son contrôle et de ses profits.

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En l’espace de deux ans, Mossadegh a été renversé lors de l’opération Ajax menée par les États-Unis, et le Shah a été réinstallé comme dictateur.

Israël a été sollicité pour former la police secrète iranienne Savak aux techniques de torture perfectionnées en torturant les Palestiniens, pour réprimer les dissidents iraniens.

L’écrasement par l’Occident de tous les efforts visant à réformer démocratiquement l’Iran a naturellement provoqué une résistance au Shah qui a été rapidement menée par les partis islamistes.

En 1979, ces forces révolutionnaires ont renversé le dictateur Mohammad Reza Pahlavi, soutenu par l’Occident. L’ayatollah Ruhollah Khomeini est revenu d’exil à Paris pour fonder la République islamique d’Iran.

Le croissant de la résistance

l’Occident et l’Asie.

En tant qu’État chiite (contrairement à l’islam sunnite qui domine la majeure partie du reste du Moyen-Orient), l’Iran compte une série de communautés coreligionnaires dans toute la région – au Liban, en Syrie, en Irak, au Yémen et ailleurs – avec lesquelles il a développé des liens solides.

Par exemple, avec l’aide de l’Iran, le Hezbollah au Liban a constitué un important stock de roquettes et de missiles près de la frontière israélienne. Cela devait dissuader Israël de tenter à nouveau d’attaquer et d’occuper le Liban, comme il l’avait fait pendant deux décennies, du début des années 1980 jusqu’en 2000.

Mais cela signifiait également que toute attaque à longue portée d’Israël contre l’Iran s’avérerait risquée, l’exposant à un barrage de missiles sur sa frontière nord.

Les idéologues de Washington, connus sous le nom de néoconservateurs, qui soutiennent fermement l’hégémonie israélienne au Moyen-Orient, se sont profondément opposés à ce qui a été considéré comme « l’axe de la résistance ».

Les néoconservateurs, qui cherchaient un moyen d’écraser l’Iran, ont rapidement profité des attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles à New York pour tenter d’éroder la puissance iranienne.

Le général Wesley Clark a été informé au Pentagone, dans les jours qui ont suivi l’attaque, que les États-Unis avaient élaboré un plan visant à « éliminer sept pays en cinq ans ».

Il est à noter que, même si la plupart des pirates de l’air qui ont précipité des avions sur les tours jumelles étaient originaires d’Arabie saoudite, la liste des cibles du Pentagone comprenait principalement des membres du « croissant chiite ».

Tous ont été attaqués depuis. Comme l’a fait remarquer Clark, le septième et dernier État de cette liste – le plus difficile à conquérir – est l’Iran.

Une démonstration de force

L’autre grief d’Israël était que l’Iran et ses alliés, contrairement aux régimes arabes, avaient prouvé leur soutien indéfectible au peuple palestinien contre des décennies d’occupation et d’oppression israéliennes.

Seul un empire américain en déliquescence peut être assez aveugle pour applaudir Netanyahu et son génocide

La fidélité de l’Iran à la cause palestinienne est devenue manifeste pendant le premier mandat de Trump, lorsque les États arabes ont commencé à normaliser activement leurs relations avec Israël grâce aux accords d’Abraham négociés par les États-Unis, alors même que le sort des Palestiniens empirait sous la domination israélienne.

Au grand dam d’Israël, l’Iran et le défunt chef du Hezbollah, Hassan Nasarallah, sont devenus les principaux porte-drapeaux du soutien populaire aux Palestiniens, parmi l’ensemble des musulmans.

Comme l’Autorité palestinienne ne faisait rien, vers le milieu des années 2000, l’Iran a canalisé son aide vers le Hamas dans la bande de Gaza assiégée, le principal groupe palestinien encore prêt à lutter contre le régime d’apartheid israélien et le nettoyage ethnique.

Il en résulta une sorte d’équilibre de la terreur, chaque camp retenu par une version moyen-orientale de « destruction mutuelle assurée ». Aucun des deux camps n’avait intérêt à risquer une attaque totale, par crainte des graves conséquences.

Ce modèle prit fin brutalement le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas décida que ses calculs précédents devaient être réévalués.

Les Palestiniens se sentant de plus en plus isolés, étouffés par le siège israélien et abandonnés par les régimes arabes, le Hamas a organisé une démonstration de force en s’échappant pendant une journée du camp de concentration de Gaza.

Israël a saisi cette occasion pour se lancer dans deux nouvelles opérations : annihiler une fois pour toutes le peuple palestinien et, avec lui, ses ambitions d’un État dans sa patrie ; et faire reculer le croissant chiite, comme l’avait planifié le Pentagone plus de 20 ans auparavant.

Israël a commencé par raser Gaza, massacrant et affamant sa population. Puis il s’est attaqué à la destruction des bastions sud du Hezbollah au Liban. Et avec l’effondrement du régime syrien de Bachar al-Assad, Israël a pu occuper certaines parties de la Syrie, détruire ce qui restait de son infrastructure militaire et ouvrir une voie aérienne vers l’Iran.

Toutes ces opérations ont jeté les bases de la guerre d’agression actuelle contre l’Iran.

« Les douleurs de l’enfantement »

En 2006, alors qu’Israël bombardait des pans entiers du Liban dans une première tentative de réaliser le plan du Pentagone, Condoleezza Rice, alors secrétaire d’État américaine, qualifiait prématurément la violence israélienne de « douleurs de l’enfantement d’un nouveau Moyen-Orient ».

Ce à quoi nous assistons depuis 20 mois, avec la lente escalade de la violence israélienne envers l’Iran, n’est autre que la résurgence de ces douleurs de l’enfantement. Israël et les États-Unis sont en train de remodeler conjointement le Moyen-Orient par une violence extrême assortie à la destruction du droit international.

Israël peut réussir de deux manières.

Soit il installe à Téhéran un nouveau dirigeant autoritaire, comme le fils du Shah, qui se pliera aux volontés d’Israël et des États-Unis. Soit Israël laisse le pays dans un tel état de ruine qu’il sombre dans une guerre de factions et soit trop occupé par la guerre civile pour consacrer ses énergies limitées au développement d’une bombe nucléaire ou à l’organisation d’un « croissant chiite » de résistance.

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Mais en fin de compte, il ne s’agit pas seulement de redessiner la carte du Moyen-Orient. Et il ne s’agit pas seulement de renverser les dirigeants de Téhéran.

Tout comme Israël devait éliminer le Hamas, le Hezbollah et la Syrie avant de pouvoir s’atteler à la destruction de l’Iran, les États-Unis et leurs alliés occidentaux doivent éradiquer l’axe de la résistance et embourber la Russie dans une guerre interminable en Ukraine avant de pouvoir envisager de s’attaquer à la Chine.

Ou, comme l’a fait remarquer cette semaine le chancelier allemand Friedrich Merz, dans un moment de franchise : «[l’attaque contre l’Iran] c’est le sale boulot qu’Israël fait pour nous tous. »

Il s’agit d’un moment clé dans le plan que le Pentagone a élaboré il y a 20 ans pour une « domination mondiale totale » : un monde unipolaire dans lequel aucun rival militaire, aucune loi internationale ne peut imposer de limites aux États-Unis. Un monde dans lequel une petite élite assurée de l’impunité et enrichie par les guerres, dicte ses conditions au reste d’entre nous.

Si cette approche des relations étrangères ressemble aux délires d’un sociopathe, c’est parce que c’est le cas. Des années d’impunité pour Israël et les États-Unis nous ont amenés à ce point. Tous deux se sentent en droit de détruire ce qui reste d’un ordre international qui ne leur permet pas d’obtenir exactement ce qu’ils veulent.

Les douleurs de l’accouchement vont s’intensifier. Si vous croyez encore aux droits de l’homme, au contrôle du pouvoir gouvernemental, au recours à la diplomatie avant l’agression militaire, aux libertés avec lesquelles vous avez grandi, le nouveau monde qui est en train de naître va vous horrifier.

19 juin 2025 – Jonathan-Cook.net – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet

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