5 novembre 2025 - Combattants des Brigades al-Qassam, l'aile armée du Hamas [résistance islamique] dans les environs de ce qui subsiste de la rue Baghdad à Gaza - Photo : Hamza Z. H. Qraiqea / AA
Par Jawa Ahmad, Jeremy Scahill
Les Nations Unies ont avalisé le plan colonialiste du président Trump pour Gaza. Dans une exclusivité de Drop Site, les dirigeants de la résistance palestinienne évaluent l’état du conflit.
Peu après 15 h 46, heure de Doha, le 9 septembre, Osama Hamdan a reçu un appel d’un journaliste lui demandant s’il était au courant de l’explosion qui venait de se produire dans la capitale qatarienne.
Le haut responsable du Hamas assistait à une réunion à l’autre bout de la ville, dans les bureaux du mouvement de résistance islamique situés dans la rue Wadi Rawdan, dans le quartier huppé de Legtaifiyah.
Il n’avait rien entendu. Hamdan se souvient avoir entendu le journaliste lui dire « Il y a eu une explosion à Doha »… « Je pense que vos hommes ont été pris pour cible. »
Hamdan a commencé à appeler d’autres responsables du Hamas. « Personne ne répondait. Tous les téléphones étaient hors service », se souvient Hamdan. « Au bout de cinq minutes environ, l’un des frères est venu me voir et m’a dit : ‘Il y a eu une frappe aérienne contre le bureau.’ »
Alors que Hamdan se rendait sur les lieux, les responsables israéliens ont commencé à déclarer aux médias qu’Israël avait mené une série de frappes aériennes visant à assassiner des hauts responsables du Hamas.
« Les membres de la direction qui ont été attaqués ont dirigé les activités de l’organisation terroriste pendant des années, ont été directement responsables du massacre du 7 octobre et ont dirigé la guerre contre l’État d’Israël », a déclaré l’armée dans un communiqué.
Israël a affirmé que le bombardement visait à tuer le responsable du Hamas à Gaza, le Dr Khalil Al-Hayya. « Nous attendons de voir les résultats de l’attaque », a déclaré un responsable.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu assistait à une réunion organisée par l’ambassade américaine à Jérusalem immédiatement après les frappes. « Au début de la guerre, j’ai promis qu’Israël atteindrait ceux qui avaient perpétré cette horreur », s’est vanté Netanyahu. « Aujourd’hui, c’est chose faite. »
Les frappes aériennes israéliennes étaient particulièrement choquantes, notamment parce qu’elles ont été menées au Qatar, un allié des États-Unis qui héberge le Commandement central américain, la principale installation militaire stratégique américaine dans la région.
Les bureaux du mouvement Hamas à Doha ont été créés en 2011 à la demande expresse du gouvernement américain afin de maintenir ouvertes les voies diplomatiques avec le groupe. Le gouvernement qatari, avec l’Égypte, a servi de liaison principale sur laquelle les États-Unis s’appuient pour les négociations sur les conflits régionaux.
« C’était un message politique très clair indiquant que Netanyahu n’était pas disposé à accepter un cessez-le-feu ou toute autre solution. Il voulait se débarrasser de la délégation qui négociait », a déclaré Hamdan à Drop Site. Il a ajouté que Netanyahu voulait revendiquer « une situation victorieuse [comme] lorsqu’il a assassiné le responsable du Hamas à Gaza ».
En bombardant le Qatar, « il montre également qu’il ne respecte même pas les personnes qui sont disposées à parvenir à un cessez-le-feu et assurent le rôle de médiateurs ».

Les funérailles à Doha du fils de Khalil Al-Hayya, de quatre membres du mouvement Hamas et d’un policier qatari tués lors d’une frappe israélienne au Qatar – Photo fournie par Amiri Diwan de l’État du Qatar / AA
Les réseaux sociaux ont été inondés de messages pro-israéliens affirmant qu’Al-Hayya avait été tué, ainsi que d’autres hauts responsables du Hamas, dont Khaled Meshaal et Zaher Jabbarin.
Netanyahu a déclaré qu’Israël avait frappé « les principaux chefs terroristes du Hamas ». Mais Hamdan a rapidement découvert qu’en réalité, aucun haut responsable du Hamas n’était mort. « Ils se sont concentrés sur la zone où ils pensaient que la délégation se réunirait », a déclaré Hamdan à propos des tentatives d’assassinat. « Mais ils n’ont pas réussi. »
Au lieu de cela, les frappes ont tué le fils d’Al-Hayya, Hammam, ainsi que le secrétaire personnel du dirigeant du Hamas, trois assistants de bureau et des gardes du corps. Un agent de sécurité qatari a également été tué.
Au total, les avions de combat israéliens auraient tiré 10 à 12 missiles sur le complexe, détruisant les bureaux administratifs et l’appartement d’Al-Hayya. La femme, la belle-fille et les petits-enfants d’Al-Hayya ont également été blessés dans les frappes.
Hamdan a dû annoncer à Al-Hayya que son fils avait été tué dans l’attaque. Le dirigeant du Hamas, dont le fils Osama avait été tué dans une frappe israélienne en 2014, a perdu de nombreux membres de sa famille dans le génocide à Gaza.
Hamdan a déclaré qu’Al-Hayya avait accepté la nouvelle, puis avait exprimé des sentiments que le dirigeant du Hamas réitérerait plus tard en public.
« Aussi grande que soit la douleur de perdre mon fils, mon compagnon, mon directeur de bureau et les jeunes hommes qui m’entouraient, aussi grande que soit cette douleur, qui est une douleur humaine naturelle, nous ne sommes pas faits de fer ou de pierre. Nous pleurons nos martyrs, nous pleurons nos familles, nous pleurons nos frères », a déclaré Al-Hayya. « Ce que je vois chaque jour à Gaza, les meurtres, la tyrannie, les assassinats et la destruction, me fait oublier la douleur d’avoir perdu mes proches, mes frères et d’autres personnes. Car je les considère tous comme mes propres enfants. »
Alors qu’Israël a publiquement justifié l’attaque de Doha en invoquant le 7 octobre, celle-ci était en réalité une tentative visant à tuer l’équipe de négociation du Hamas à un moment crucial et à le faire à l’intérieur des frontières d’un pays qui servait de médiateur dans les pourparlers de cessez-le-feu.
Dans les jours qui ont précédé le bombardement, l’administration Trump, par l’intermédiaire de médiateurs qataris, avait envoyé au Hamas les grandes lignes de ce que les responsables américains présentaient comme une nouvelle proposition de cessez-le-feu.
L’offre alors tenue secrète du président Donald Trump était avare en détails, mais sa principale exigence était que tous les prisonniers israéliens détenus par le Hamas et le Jihad islamique palestinien à Gaza soient libérés immédiatement, et non par étapes. En échange, le président américain suggérait qu’il ferait pression sur Israël pour qu’il accepte un cessez-le-feu et reprenne l’acheminement de l’aide humanitaire vers l’enclave.
Du point de vue du Hamas, cette offre semblait être un piège, en grande partie parce que son libellé était vague et évasif sur les conditions que l’accord imposerait à Israël pour mettre fin au génocide et à la campagne de famine imposée.
Le Hamas avait déjà été échaudé par les promesses de Trump. En mai, des émissaires américains avaient rencontré directement des responsables du Hamas pour négocier la libération du citoyen américain et soldat israélien Edan Alexander, qui figurait parmi les prisonniers détenus à Gaza.
En échange, le Hamas avait été informé que Trump appellerait à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise des livraisons d’aide à Gaza. Le Hamas a libéré Alexander et Trump est revenu sur sa promesse.
Néanmoins, les hauts responsables de la résistance palestinienne ont reconnu que la seule voie pour mettre fin au génocide par la négociation passait par Trump, et c’est pour cette raison qu’ils s’étaient réunis à Doha pour discuter de la proposition américaine le 9 septembre, lorsque Israël a tenté de les assassiner.
Le Hamas avait accepté un accord avant l’assassinat commandité par Israël
Le 18 août, trois semaines avant l’attaque israélienne à Doha, l’équipe de négociation palestinienne avait proposé des concessions substantielles et avait déjà accepté les termes d’une proposition de cessez-le-feu en 13 points exigée par Trump et Israël. Le « cadre Witkoff » avait été initialement rédigé en mars et nommé d’après l’envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff.
L’acceptation des termes par le Hamas était l’aboutissement de plusieurs mois de négociations et de discussions techniques après l’abandon unilatéral par Israël, le 2 mars, de l’accord de cessez-le-feu initial de janvier, l’imposition d’un blocus total sur Gaza et la reprise le 19 mars, des bombardements et de la politique de la terre brûlée.
Le cadre Witkoff était axé sur un cessez-le-feu initial de 60 jours avec la reprise des livraisons d’aide, la libération de la moitié des prisonniers israéliens vivants et décédés, et la possibilité de prolonger le cessez-le-feu pendant que les négociations pour mettre fin à la guerre se poursuivaient.
« Je pense que le président Trump estimait que le Hamas ne remettrait pas les 20 prisonniers détenus à Gaza en une seule fois, car c’était la seule carte que le Hamas et la résistance avaient encore en main », a déclaré Mohammed Al-Hindi, négociateur politique en chef du Jihad islamique palestinien, dans une interview accordée à Drop Site la semaine dernière. « Le Hamas et les factions se sont concertés et ont décidé d’accepter l’accord Witkoff. »
Les négociateurs palestiniens sont arrivés à la conclusion qu’il était important de sortir de l’impasse et de réduire leurs lignes rouges au strict minimum.
Pendant des mois, les Israéliens ont multiplié les nouvelles exigences après que les négociateurs palestiniens aient indiqué qu’un accord était possible.
Afin de trancher la question, les négociateurs palestiniens ont informé les médiateurs qu’ils accepteraient de faire des concessions substantielles. Celles-ci comprenaient la libération de huit prisonniers israéliens dès le premier jour de l’accord, l’abandon de leur exigence d’un calendrier précis pour le retrait des forces israéliennes du couloir de Philadelphi et l’acceptation d’une « zone tampon » israélienne encerclant Gaza et s’enfonçant plus profondément dans le territoire palestinien qu’ils ne le souhaitaient.

24 octobre 2024 – Les Palestiniens récupèrent les corps de leurs proches qui avaient été temporairement enterrés dans un cimetière improvisé dans la cour de l’hôpital Al-Shifa pendant l’incursion de l’armée israélienne dans le centre de Gaza. Les corps sont transférés pour être réinhumés dans des cimetières officiels, les familles cherchant à tourner la page malgré le traumatisme persistant du génocide. Plus de 68 000 Palestiniens [identifiés] ont été assassinés par les forces israéliennes à Gaza au cours des deux dernières années, et plusieurs milliers d’autres personnes sont toujours sous les décombres – Photo : Yousef al-Zaanoun / Activestills
Ils ont également accepté de conclure un accord temporaire en l’absence de garantie claire de la part de Trump que la guerre prendrait fin. « Si le gouvernement israélien refuse maintenant d’accepter la proposition des médiateurs, qui est fondamentalement la leur, cela révèle la véritable nature de la position israélienne », a déclaré Al-Hindi à Drop Site en août.
Les négociateurs palestiniens considéraient le cadre proposé par Witkoff comme un plan imparfait et temporaire qui laissait la porte ouverte à Israël pour reprendre le génocide et maintenir des forces importantes à l’intérieur de Gaza, mais l’équipe de négociation a réitéré sa position selon laquelle le Hamas était prêt à conclure un accord « tout pour tout » afin de libérer tous les prisonniers israéliens d’un seul coup et de signer une trêve à long terme avec Israël.
« La question posée à M. Witkoff était la suivante : comment définissez-vous le cessez-le-feu ? S’agit-il d’un cessez-le-feu permanent ou seulement temporaire ? », se souvient Hamdan. « La réponse était : c’est un pas vers la fin de la guerre, mais ce n’est pas un cessez-le-feu permanent », a-t-il répondu.
Malgré leurs réserves du moment, les négociateurs palestiniens ont décidé d’accepter les conditions et d’aller de l’avant avec ce qu’ils espéraient être le début d’un processus qui mettrait fin à la guerre. « Même lorsque nous avons accepté cet accord le 18 août, dans notre réponse, nous avons dit que nous préférions mettre fin à la guerre et que, si cela se produisait, nous rendrions tous les prisonniers de guerre et les corps », a déclaré Hamdan.
« Nous avons suggéré : pourquoi ne pas modifier la première phrase pour dire ‘Selon cet accord, il y aura un cessez-le-feu permanent’, ou une déclaration de fin de guerre avec un échange complet de prisonniers ? »
Israël n’a pas répondu officiellement à l’acceptation par le Hamas du cadre proposé par Witkoff ni à sa suggestion d’un accord global. Au lieu de cela, Israël s’est joint à de hauts responsables américains pour affirmer à tort que le Hamas refusait de conclure un accord, alors qu’il avait accepté ce qu’un haut responsable qatari avait qualifié de 98 % des exigences américano-israéliennes.
« Nous avons été surpris qu’Israël le rejette, et même Witkoff l’a rejeté, essayant de faire porter la responsabilité au Hamas et à la résistance palestinienne », a déclaré Al-Hindi.
« Ils ont donné à Israël une nouvelle occasion de détruire la bande de Gaza. Pendant cette période, Israël a [intensifié] ses frappes sur Gaza contre des civils – ce qui constituait des crimes – comme s’il répondait au refus des organisations, alors même que celles-ci avaient accepté [la proposition]. »
Alors qu’Israël étendait ses opérations terrestres contre Gaza et lançait ce qu’il qualifiait d’invasion à grande échelle de la ville de Gaza visant à déplacer de force un million de Palestiniens, le président Trump a annoncé le 3 septembre qu’il faisait une autre offre « finale » au Hamas.
Ignorant le fait que les négociateurs palestiniens avaient déjà accepté ce que Trump avait également qualifié de « dernière chance » pour un accord, les États-Unis ont remis au Hamas, par l’intermédiaire de médiateurs qataris, un document d’une centaine de mots appelant à la libération inconditionnelle de tous les prisonniers israéliens à Gaza, vivants ou morts.
Cet échange impliquerait un cessez-le-feu de 60 jours et un vague engagement à mettre fin à la guerre.
« Le Hamas salue toute initiative qui contribue aux efforts visant à mettre fin à l’agression contre notre peuple. Nous affirmons notre volonté immédiate de nous asseoir à la table des négociations », a déclaré le groupe dans un communiqué publié le 7 septembre.
Alors que les États-Unis engageaient des communications en parallèle avec le Hamas, prétendant vouloir conclure un accord, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Eyal Zamir, a publiquement menacé d’assassiner les dirigeants du Hamas en dehors de Gaza si la résistance palestinienne ne capitulait pas. « La plupart des dirigeants du Hamas se trouvent à l’étranger ; nous les atteindrons aussi », a-t-il déclaré.
Le 8 septembre, les médiateurs qataris ont remis au Hamas une version élargie de la proposition de 100 mots de Trump. Le lendemain, moins de deux heures après que les négociateurs du Hamas se soient réunis à Doha pour discuter de leur réponse à Trump, Israël a lancé l’opération d’assassinat.
Trump et d’autres responsables américains ont affirmé qu’Israël n’avait pas informé les États-Unis à l’avance de l’attaque et que le président n’avait été informé des mouvements des avions de combat israéliens par l’armée américaine que peu avant les frappes. Ce récit est peu plausible, étant donné que le Qatar abrite le CENTCOM, ainsi que d’importants moyens militaires et de renseignement américains.
Le Qatar possède également des systèmes de défense aérienne américains très sophistiqués et coordonne régulièrement ses actions avec l’armée américaine, notamment pour faire face aux frappes de missiles iraniens sur la base aérienne d’Al Udeid en juin 2025.
Le 9 septembre, Israël n’a rencontré aucune résistance lors de ses frappes contre les bureaux du Hamas à Doha. Deux jours avant les attaques israéliennes, Trump a publié une déclaration inquiétante. « J’ai averti le Hamas des conséquences d’un refus. C’est mon dernier avertissement, il n’y en aura pas d’autre ! », avait-il vomi sur Truth Social.
« Ils le savaient à 100 % », a déclaré Hamdan à propos de la connaissance des États-Unis concernant les frappes de Doha. « Je pense qu’il y avait une sorte de feu vert, peut-être moins qu’une autorisation, car Netanyahu leur aurait dit avant de le faire : « Je peux faire quelque chose qui peut changer toute la situation. Et si nous faisons cela, vous pouvez offrir à Israël une victoire claire et vous aurez la chance d’arrêter la guerre » ».
Hamdan a déclaré que l’affirmation de Trump – après coup – selon laquelle il s’était opposé au bombardement relevait du théâtre.
La frappe de Doha a été le coup d’envoi d’une nouvelle offensive menée par les États-Unis pour aider Israël à obtenir ce qu’il n’avait pas réussi à obtenir par sa guerre génocidaire : l’abandon de la cause de la libération palestinienne et l’asservissement à long terme du peuple palestinien.
L’unité palestinienne en riposte au plan de Trump
À en croire Donald Trump, l’accord finalement signé par Israël et le Hamas le 8 octobre était une avancée monumentale, sans précédent au Moyen-Orient depuis des millénaires. Il a salué son plan en 20 points comme « l’un des plus grands jours de l’histoire de la civilisation » et a osé prétendre qu’il apporterait « une paix éternelle au Moyen-Orient ».
Le plan de Trump avait d’une portée considérable et avait des ramifications très importantes pour l’avenir non seulement de Gaza, mais aussi de la libération palestinienne en général.
Sur le plan pratique, les négociateurs ne s’estimaient pas en mesure de répondre rapidement à chaque point du plan. Sur le plan politique, le Hamas ne croyait pas avoir non plus le droit de négocier unilatéralement un tel accord au nom de tous les Palestiniens.

Juillet 2025 – Des Palestiniens déplacés vivent au bord de la mer à al-Mawasi, à l’est de Khan Yunis. Les habitants de cette région dépendent de l’eau de mer pour se rafraîchir pendant la chaleur estivale, mais aussi pour se laver et pêcher. La veille, le gouvernement israélien avait déclaré qu’il était interdit aux Palestiniens de pêcher ou d’entrer dans l’eau, aggravant encore une situation déjà catastrophique – Photo : Doaa Albaz / ActiveStills
Le plan de Trump prévoyait le déploiement de troupes étrangères et la création d’un conseil international, présidé par Trump et secondé par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, chargé de dicter les affaires de Gaza. Il laissait également ouverte la possibilité d’une présence militaire israélienne à long terme à l’intérieur de Gaza et envisageait le désarmement total des Palestiniens, supprimant ainsi leur droit de résister à l’occupation israélienne.
Aux yeux des négociateurs, le message général de Trump était que les Palestiniens devaient renoncer à leur lutte pour la libération et l’autodétermination et se soumettre à la domination internationale, principalement américano-israélienne.
En réalité, la partie palestinienne n’a pas accepté toutes les conditions de Trump. Au contraire, le Hamas a proposé une réponse multiforme, fruit de consultations avec un large éventail d’organisations politiques, y compris celles qui ne disposent pas de forces armées, dans le but de répondre au président Trump avec une position unitaire.
Si les seules questions auxquelles étaient confrontés les négociateurs concernaient un cessez-le-feu, la résistance palestinienne était convaincue qu’ils pourraient parvenir à un accord.
Mais la situation était plus complexe car le cessez-le-feu proposé était lié à ce que les responsables du Hamas considéraient comme des questions existentielles pour la lutte de libération nationale et impliquait de parvenir à une position unifiée entre les factions palestiniennes et les négociateurs.
Dans les jours qui ont précédé l’accord d’octobre, les négociateurs palestiniens ont été soumis à une pression sans précédent de la part des médiateurs arabes et islamiques pour qu’ils fassent des concessions importantes et parviennent enfin à un accord de cessez-le-feu. Ils ont également entendu des demandes de plus en plus pressantes de la part de Gaza pour qu’ils concluent un accord qui mettrait fin au génocide.
Les chefs des services de renseignement turcs et égyptiens, ainsi que de hauts responsables qataris, leur ont assuré que Trump était sérieux dans sa volonté de mettre fin à l’offensive israélienne.
Conscients du caractère versatile et imprévisible de Trump, les négociateurs palestiniens ne doutaient pas que celui-ci ait fait de telles déclarations aux médiateurs régionaux. Néanmoins, ils craignaient que si Trump décidait d’autoriser Israël à reprendre le génocide après la libération de tous les prisonniers israéliens, il n’y aurait aucun moyen de faire respecter le cessez-le-feu.
« Les médiateurs régionaux sont incapables de contraindre Israël à respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord. C’est un point sur lequel nous insistons : les médiateurs régionaux sont incapables d’agir », a déclaré Al-Hindi. « Bien sûr, les Américains sont partiaux, ils favorisent Israël et le soutiennent. Malgré des divergences occasionnelles, ils continuent de soutenir Israël. »
Au cours de leurs délibérations, la coalition des organisations palestiniennes a élaboré une stratégie pour trouver une solution : le Hamas et le Jihad islamique, dont les branches armées détenaient les prisonniers israéliens et combattaient l’occupation israélienne, n’avaient pour mandat que de conclure un accord sur les questions directement liées au cessez-le-feu et à l’échange de prisonniers.
« Le tournant a été que, pour la première fois depuis deux ans, les médiateurs et l’administration américaine ont clairement indiqué que cela signifiait la fin de la guerre contre Gaza, et donc la fin du génocide », a déclaré Hamdan.
Libérer tous les prisonniers alors que les forces israéliennes étaient encore profondément enracinées à Gaza était un pari que la résistance palestinienne avait toujours rejeté. Cependant, l’évaluation interne était que Trump avait décidé que mettre fin à la guerre active contre Gaza était une priorité pour lui.
Ce n’était pas parce que Trump avait un véritable respect ou une réelle préoccupation pour les Palestiniens, mais en raison de la constellation complexe d’intérêts en jeu : les accords commerciaux, les relations de Trump avec les monarchies du Golfe et sa prétention à obtenir le prix Nobel de la paix.
Ils ont également compris que Trump reconnaissait qu’Israël serait incapable de récupérer les 20 prisonniers israéliens vivants à Gaza par la force militaire et que sa réputation internationale était dans un état déplorable.
Al-Hindi a exposé pour Drop Site la stratégie adoptée :
Dès le début, nous n’avions aucune objection à libérer tous les prisonniers en une seule fois, mais seulement si deux conditions étaient garanties : l’arrêt des attaques et le retrait. Ce sont les deux éléments sur lesquels nous avons insisté tout au long des négociations. Si Israël avait accepté un accord prévoyant l’échange de tous les prisonniers d’un seul coup, ni le Jihad islamique ni le Hamas n’auraient eu d’objection. Mais c’est Israël qui a insisté pour adopter une approche progressive. Et je vous le dis, ils ont insisté parce que Netanyahu veut prolonger la guerre pour des raisons politiques liées à sa coalition gouvernementale en Israël, mais aussi pour des raisons personnelles. Il a donc opté pour des accords fragmentés, des échanges plus modestes. Mais nous étions prêts à libérer tout le monde dès le premier jour si Israël avait accepté, et le prix à payer était la fin de la guerre et le retrait.
Al-Hindi a expliqué qu’en ce qui concerne les conditions de négociation pour mettre fin au génocide en cours à Gaza, les grandes lignes du plan de Trump étaient « globalement conformes à notre position, mais nous avions besoin de garanties que la guerre prendrait fin et que le retrait aurait lieu, même par étapes ».
Au cours d’une série de réunions, notamment avec Witkoff et Kushner, ainsi qu’avec des médiateurs du Qatar, d’Égypte et de Turquie, les Palestiniens ont été informés que Trump était déterminé à contraindre Israël à mettre fin à la guerre.
Au cours de la semaine qui a précédé l’annonce de l’accord, les négociateurs du Hamas ont fait circuler le texte proposé parmi les organisations palestiniennes et l’ont remis aux commandants des Brigades al-Qassam et aux dirigeants politiques du Hamas à Gaza.
Malgré les invitations répétées du Hamas et d’autres, Abbas et l’Autorité palestinienne ont refusé de participer aux délibérations. Un consensus a été atteint sur le fait que mettre fin au génocide était la priorité la plus urgente, mais cela ne pouvait se faire au prix d’une concession aux exigences menaçantes de Trump concernant l’avenir de la Palestine.
« Le plus important dans le plan de Trump, c’est le cessez-le-feu », avait déclaré le Dr Mustafa Barghouti, secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne et éminent dirigeant politique, dans une interview accordée à Drop Site.
Ancien candidat à la présidence élu au parlement en 2006, Barghouti a mené les efforts visant à établir un consensus parmi les acteurs politiques palestiniens tout au long du génocide, et il a été directement impliqué dans la détermination de la réponse au plan de Trump.
Il a convenu que la conclusion d’un cessez-le-feu devait être dissociée de la réponse aux demandes plus larges de Trump. « Le reste doit être négocié de manière à garantir une véritable reconstruction de Gaza et à ce que les Palestiniens, Gaza et la Cisjordanie soient finalement libérés de l’occupation israélienne », a déclaré Barghouti à Drop Site. « C’est la question principale, à mon avis, et nous devons nous en occuper. »
Pour ces raisons, le Hamas et le Jihad islamique ont accepté, dans des termes très précis, uniquement les conditions visant à mettre fin à la guerre, à lever le blocus sur l’entrée des produits de première nécessité à Gaza et à échanger des prisonniers.
« Il s’agit de la première phase, et nous nous sommes pleinement engagés à la mettre en œuvre avec succès », a déclaré Al-Hindi, qui a participé directement aux négociations.
Tout accord ou réponse officielle sur l’essentiel de la proposition de Trump nécessitera la participation de toutes les organisations palestiniennes, et pas seulement du Hamas et du Jihad islamique, ont affirmé les négociateurs palestiniens.
En acceptant la phase 1, Al-Hindi a déclaré que les négociateurs palestiniens avaient fait savoir aux médiateurs qu’ils souhaitaient une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU « précisant le mandat, les rôles et la durée des forces qui entreraient à Gaza », ajoutant : « Nous n’acceptons pas que ces forces opèrent à l’intérieur de la bande de Gaza d’une manière qui entre en conflit avec le peuple palestinien et sa résistance — nous voulons qu’elles soient des forces de maintien de la paix. Nous voulons une formulation claire reliant la Cisjordanie à Gaza, et non une formulation ambiguë liée aux réformes de l’Autorité palestinienne, que Israël et les États-Unis contrôleraient. »
Bien que le Hamas ait accepté la phase 1 de la proposition de Trump, il a déclaré dans un communiqué publié le 3 octobre que les autres phases du plan de Trump « seront discutées dans un cadre palestinien unifié, auquel le Hamas participera et contribuera de manière responsable ».
« Nous avons déclaré que toutes les questions de la deuxième phase sont des questions nationales impliquant toutes les organisations et les forces nationales qui participent à leur proposition », a ajouté Al-Hindi.
En réponse à l’acceptation du Hamas, Trump a ignoré la nuance de la réponse palestinienne et a qualifié cette journée de « GRANDE journée pour le monde arabe et musulman, Israël, toutes les nations environnantes et les États-Unis d’Amérique ». C’est ainsi qu’a commencé une mini-tournée de victoire au Moyen-Orient, d’abord pour prononcer un discours devant la Knesset israélienne, puis à Charm el-Cheikh, en Égypte, pour la signature symbolique d’un accord lors d’un « sommet de paix à Gaza », un événement auquel ni les Palestiniens ni les Israéliens n’ont participé.
« Cette longue et difficile guerre est désormais terminée. Vous savez, certains disent 3000 ans, d’autres 500 ans — quoi qu’il en soit, c’est la plus ancienne de toutes. Et dans un exploit sans précédent, pratiquement toute la région a approuvé le plan prévoyant la démilitarisation immédiate de Gaza, le désarmement du Hamas et la fin de toute menace pour la sécurité d’Israël, sous quelque forme que ce soit », a déclaré Trump à la Knesset le 13 octobre.
« Ainsi, Israël, avec notre aide, a gagné tout ce qu’il pouvait gagner par la force des armes. Vous avez gagné. Je veux dire, vous avez gagné. Il est maintenant temps de traduire ces victoires contre les terroristes sur le champ de bataille en une paix et une prospérité ultimes pour tout le Moyen-Orient. Il est grand temps que vous puissiez profiter des fruits de votre travail. »

17 octobre 2025 – Les premiers moments sont extrêmement difficiles, pour les familles quand elles identifient les corps de leurs proches à travers leurs traits, leurs marques corporelles et leurs vêtements; elles sont choquées par l’étendue des traces de torture, des mutilations et des traces dont elles sont les témoins, et à ce jour, plus d’une centaine de corps n’ont pas encore été identifiés – Extrait vidéo Amr Tabash
Le Hamas a respecté sa part de l’accord limité et a libéré les 20 prisonniers israéliens encore en vie le jour où Trump a atterri en Israël. Il a également rendu les corps de la plupart des défunts et coopère avec les équipes internationales pour localiser les quelques personnes encore ensevelies sous les décombres laissés par les bombardements israéliens.
« À Charm el-Cheikh, nous avons obtenu un engagement clair de la part de l’administration américaine et Witkoff et [le gendre de Trump, Jared] Kushner nous ont dit directement que le président Trump avait la garantie absolue que tous ces arrangements et accords seraient mis en œuvre à 100 % », se souvient Hamdan.
De son côté, Israël a violé à de nombreuses reprises le cessez-le-feu, tuant 340 Palestiniens à Gaza depuis le 10 octobre et refusant d’autoriser l’entrée dans l’enclave des produits de première nécessité convenus.
Aux termes de l’accord, Israël a libéré près de 2000 Palestiniens détenus et a restitué les corps de 330 Palestiniens décédés. Beaucoup d’entre eux présentaient des signes de torture et d’exécutions extrajudiciaires. Selon des responsables médicaux, certains avaient subi des prélèvements d’organes.
Les Palestiniens libérés sont sortis des prisons et des sites militaires israéliens émaciés, malades, certains amputés d’un membre ou d’un œil, et avec des récits de tortures indescriptibles.
Les forces d’occupation israéliennes restent retranchées dans plus de la moitié du territoire de Gaza et leurs dirigeants continuent de diffuser le message que leur guerre d’extermination et de conquête se poursuivra jusqu’à la capitulation des Palestiniens. Les responsables israéliens affirment qu’ils construisent des infrastructures dans l’est de Gaza et qu’ils envisagent d’y rester dans un avenir prévisible.
« Il y a un cessez-le-feu, mais Israël continue de détruire les maisons, les restes des maisons à Gaza. Cela signifie qu’ils veulent transformer Gaza en un endroit où personne ne peut vivre », a déclaré Hamdan.
« Est-ce le signe d’une chance pour la paix ? Je pense qu’ils disent aux gens qu’il n’y a aucun moyen de continuer à vivre sur leur terre à moins de résister. »
Le coup d’État de Trump à l’ONU : un cachet de légitimité internationale fabriqué de toutes pièces
Depuis la signature de l’accord, l’administration Trump s’est empressée de trouver un moyen de mettre en œuvre son programme plus large, à savoir sa promesse de désarmer la résistance palestinienne et de démilitariser Gaza.
Mais si les pays arabes et islamiques ont publiquement approuvé les initiatives de Trump, aucun d’entre eux ne s’est engagé à fournir des troupes dans le cadre d’un déploiement qui comporte le risque d’affronter les combattants de la résistance palestinienne.
Le Hamas, le Jihad islamique et d’autres dirigeants palestiniens ont clairement indiqué qu’ils étaient ouverts à la présence d’une force internationale sous l’égide des Nations unies, mais uniquement si son seul mandat était de faire respecter le cessez-le-feu.
« Nous n’avons aucune objection à la présence de forces internationales, mais uniquement pour le maintien de la paix, comme la FINUL au Liban. Des forces qui maintiennent la paix dans la région », a déclaré Al-Hindi. « Mais si leur rôle s’étend aux affaires internes de la bande de Gaza – gestion et distribution de l’aide, protection des civils ou formation de la police palestinienne –, ce sont là des rôles qui ouvrent la porte à l’ingérence et aux frictions entre ces forces et le peuple palestinien à Gaza. Pour maintenir la stabilité dans la région, ces forces doivent être des forces de maintien de la paix qui se placent entre les Israéliens et la bande de Gaza. »
Le 3 novembre, l’administration Trump a commencé à faire circuler un projet de résolution de l’ONU qui, espérait-elle, donnerait à Trump un marteau de légitimité internationale qu’il pourrait utiliser pour mettre en œuvre son programme. Au centre de cette initiative se trouvait l’obtention d’un soutien officiel de l’ONU pour le « Conseil de paix » de Trump, faisant de lui le vice-roi de facto du territoire.
Les États-Unis ne voulaient toutefois pas qu’une force internationale soit placée sous le commandement ou la supervision de l’ONU.
Dans les jours qui ont suivi, l’administration Trump a travaillé en coulisses pour faire pression sur les pays arabes et autres pays islamiques afin qu’ils se joignent à sa campagne. Les dirigeants palestiniens ont considéré cette situation comme dangereuse. « Il y a trois principes sur lesquels nous nous sommes tous mis d’accord en tant que forces palestiniennes, avec la partie égyptienne et avec les médiateurs », a déclaré Mustafa Barghouti. « Le premier est que Gaza sera gérée par les Palestiniens eux-mêmes, et non par une autorité étrangère. Le deuxième est que Gaza ne doit pas être séparée de la Cisjordanie. Et troisièmement, la force internationale dont ils parlent doit être une force de maintien de la paix de l’ONU chargée d’observer le cessez-le-feu, de nous séparer des Israéliens et de garantir le retrait complet d’Israël de Gaza. Tels sont les principes qui doivent régir toute proposition à l’ONU. »
Barghouti a ajouté : « Nous ne devons plus jamais accepter aucune forme de domination étrangère. Nous n’avons pas besoin d’un nouveau colonialisme, et surtout, nous n’avons pas besoin que Tony Blair vienne nous gouverner. »
À l’approche du vote, Trump a remporté une victoire diplomatique lorsque la résolution a été approuvée par une coalition de pays islamiques : le Qatar, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, l’Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie.
Il a également obtenu le soutien symbolique de l’administration du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui gouverne nominalement certaines parties de la Cisjordanie occupée et est extrêmement impopulaire parmi les Palestiniens.
Abbas contrôle également le siège d’observateur non membre de l’« État de Palestine » à l’ONU. Trump pouvait désormais affirmer que « les Palestiniens » et Israël étaient du même côté.
Israël, qui n’a pas réussi à vaincre ou à désarmer la résistance palestinienne à Gaza après deux ans de génocide, voulait que l’acheminement de l’aide ou tout retrait israélien soit lié au désarmement palestinien, un terme inscrit dans le langage vague du plan de Trump.
Netanyahu n’a pas caché sa haine de l’ONU, qui a adopté des centaines de résolutions au cours des dernières décennies condamnant le régime d’apartheid israélien. En septembre, lors de l’Assemblée générale, il a qualifié l’ONU de « marécage de bile antisémite ».
Netanyahu a néanmoins vu une opportunité stratégique dans le fait que l’ONU approuve le désarmement de la résistance palestinienne et la démilitarisation de Gaza, surtout si cela ne s’accompagnait d’aucune implication réelle des Nations Unies.
Le 17 novembre, le Conseil de sécurité s’est réuni pour voter la résolution. L’envoyé américain à l’ONU, Mike Waltz, a déclaré aux États membres que le génocide reprendrait si le Conseil ne se pliait pas aux exigences de Trump, affirmant qu’« un vote contre cette résolution était un vote pour le retour à la guerre ».
Dans une décision sans précédent, le Conseil a approuvé le déploiement d’une force internationale qui n’opérerait pas sous la bannière de l’ONU, mais serait commandée et contrôlée par Trump et son soi-disant Conseil de paix.
L’ONU a en effet cosigné la position de Trump selon laquelle les Palestiniens devraient être privés de leur droit à la résistance armée contre l’occupation et l’apartheid. La résolution stipule que les forces d’occupation de Trump seraient autorisées à opérer avec le soutien de l’ONU jusqu’à la fin de 2027, date à laquelle leur mandat pourrait être renouvelé.
« Nous avons l’expérience de ce genre de choses. Tout ce qui est « renouvelable » peut se poursuivre indéfiniment et ne pas rester temporaire. Cela peut durer longtemps », a déclaré Al-Hindi, vice-dirigeant du Jihad islamique et cofondateur du mouvement. « Avec Oslo, ils ont dit que cela pouvait être prolongé de cinq ans, mais cela fait maintenant plus de 30 ans, et nous vivons toujours sous Oslo. »

15 février 2025 – Des membres de la résistance armée palestinienne ont remis les trois prisonniers israéliens Alexander Troufanov, Iair Horn et Sagui Dekel Chen aux représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Khan Yunis, au sud de Gaza. Des centaines de Palestiniens se sont rassemblés alentour pour assister à la cérémonie de remise au cours de laquelle le Hamas et le Jihad islamique palestinien ont fait une démonstration de force militaire. En échange de la libération des trois prisonniers israéliens, 369 otages palestiniens doivent libérés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Parmi eux, 333 retourneront à Gaza et 24 seront immédiatement déportés en Égypte. Environ 14 000 prisonniers palestiniens croupissent dans les prisons israéliennes, dont un tiers environ sont en détention administrative, sans accusation ni procès – Photo : Doaa Albaz / Activestills
La résolution, qui a été adoptée sans objection, ne contenait aucune instruction exécutoire ni aucune carte détaillée pour le retrait complet des forces israéliennes, consolidant ainsi l’occupation indéfinie par Israël d’une grande partie de Gaza. Elle stipule qu’Israël travaillerait avec l’Égypte et les troupes internationales pour « stabiliser l’environnement sécuritaire à Gaza » en désarmant le Hamas et les autres forces de résistance palestiniennes.
Si Trump a remporté une victoire à l’ONU, la mise en œuvre de son plan pourrait s’avérer très compliquée. Fin octobre, Trump a déclaré sur Truth Social que plusieurs États arabes « m’ont explicitement et fermement, avec beaucoup d’enthousiasme, informé qu’ils seraient prêts, à ma demande, à envoyer une force importante à Gaza pour ‘remettre le Hamas à sa place’ si celui-ci continuait à agir de manière répréhensible, en violation de l’accord conclu avec nous ».
Mais plusieurs États arabes clés, dont l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Jordanie, ainsi que la Ligue arabe, ont laissé entendre qu’ils n’enverraient pas de troupes pour désarmer les Palestiniens.
Les responsables américains ont discrètement reconnu qu’ils avaient, pour l’instant, du mal à les convaincre de changer de position. Certains de ces acteurs n’ont toutefois pas totalement exclu de participer à une force internationale et ont demandé plus de précisions sur la portée de la mission.
L’administration US a engagé des discussions avec des pays islamiques non arabes, notamment l’Indonésie, la Turquie, le Pakistan et l’Azerbaïdjan, mais aucun pays ne s’est encore engagé publiquement à participer au projet actuel. Même si certains pays proposent des troupes, il est probable que Trump devra faire appel à des sociétés militaires privées pour constituer sa force.
« Je pense que les États arabes et islamiques qui étaient censés participer à ces forces refusent tous d’entrer dans la bande de Gaza dans le but de désarmer la résistance palestinienne », a déclaré Al-Hindi.
« C’est la tâche d’Israël, une tâche qu’il n’a pas réussi à accomplir depuis deux ans. Ces forces devraient-elles venir faire le sale boulot à la place d’Israël ? »
Il a ajouté : « Tout plan qui vise à retirer les armes au peuple palestinien – c’est-à-dire à lui retirer sa volonté, car les armes sont essentiellement [une expression de] sa volonté – et à le convaincre que la résistance est inutile sera voué à l’échec. »
Trump et Netanyahu ont tous deux présenté la question du désarmement palestinien comme un fait accompli dans leurs programmes pour Gaza, comme si les Palestiniens avaient capitulé.
En conséquence, Israël continue de menacer de poursuivre la guerre si Gaza n’est pas démilitarisée. « Franchement, les déclarations de ce type sont souvent rhétoriques et ne reflètent pas la réalité », a déclaré Mousa Abu Marzouk, membre fondateur du Hamas, dans une interview accordée à Drop Site.
« Si vous avez combattu pendant deux ans contre un mouvement de résistance et que vous n’avez toujours pas réussi à y mettre fin de manière décisive, est-il possible que vous obteniez ce que vous voulez à la table des négociations sur cette question ? Je pense que c’est très difficile. Ils doivent donc revoir leurs attentes à la baisse à cet égard. »
Bien que la résolution mentionne la création d’un « comité technocratique palestinien apolitique » à Gaza, celui-ci fonctionnerait sous la supervision d’un comité choisi par Trump, plaçant ainsi la gouvernance de Gaza sous domination étrangère.
« Les Nations unies sont subordonnées aux intérêts des États-Unis et d’Israël uniquement, en raison de la domination américaine, et tout ce qui n’est pas dans l’intérêt des États-Unis ou d’Israël ne peut être adopté par le Conseil de sécurité », a déclaré Ihsan Ataya, membre du bureau politique du Jihad islamique palestinien.
« Il est inacceptable d’imposer à notre peuple la vision israélo-américaine, sous le couvert de l’ONU. »
Trump a également présenté ses projets pour Gaza comme une transaction commerciale, se vantant de tous les engagements d’investissement qu’il a déjà reçus. Depuis qu’il a lancé pour la première fois en février son idée de transformer Gaza en une « Riviera du Moyen-Orient » appartenant aux États-Unis, il a souvent évoqué le potentiel immobilier « en bord de mer » de Gaza.
Son plan de « reconstruction » actuel s’articule autour d’un programme d’investissement privé et public à but lucratif de plusieurs milliards de dollars.
« Le problème réside également dans la présidence de Trump du ‘Conseil de la paix’, dont la première mission est de créer un fonds pour collecter des fonds et reconstruire Gaza. Cela signifie que tous les fonds collectés dans le monde entier iront dans ce fonds, qui sera contrôlé par Trump lui-même », a déclaré Ataya à Drop Site.
« Grâce à sa ruse et à sa fourberie, le président américain a lié son nom à ce conseil d’une manière qui lui donne le pouvoir de rester à sa tête même après avoir quitté la présidence des États-Unis. Ainsi, Gaza deviendrait effectivement le projet économique personnel de Trump. »
La Russie et la Chine, qui avaient proposé une résolution alternative mais ont rapidement fait marche arrière, ont décidé de ne pas opposer leur veto au plan de Trump et se sont abstenues, scellant ainsi son adoption.
« « Félicitations au monde entier pour l’incroyable vote du Conseil de sécurité des Nations unies, il y a quelques instants, qui reconnaît et approuve le CONSEIL DE LA PAIX, que je présiderai et qui comprendra les dirigeants les plus puissants et les plus respectés du monde entier », a écrit Trump sur Truth Social après le vote. « Cela restera dans les annales comme l’une des plus grandes approbations de l’histoire des Nations unies, conduira à davantage de paix dans le monde entier et constitue un moment véritablement historique ! »
Netanyahu a salué la résolution, déclarant dans un communiqué : « Nous pensons que le plan du président Trump mènera à la paix et à la prospérité, car il insiste sur la démilitarisation totale, le désarmement et la déradicalisation de Gaza. » Il a prédit que le plan de Trump, avec l’aval de l’ONU, « conduirait à une plus grande intégration d’Israël et de ses voisins, ainsi qu’à l’expansion des accords d’Abraham ».
Le porte-parole de Netanyahu, Shosh Bedrosian, a déclaré : « Gaza sera démilitarisée et le Hamas sera désarmé. Cela se fera soit par la voie douce, soit par la voie dure. En ce qui concerne l’État palestinien, notre opposition reste ferme, valable et n’a pas changé d’un iota. »
Une large coalition d’organisations palestiniennes, qui comprend presque toutes les organisations politiques et tous les mouvements de résistance à l’exception du Fatah d’Abbas, a publié une déclaration commune dénonçant la résolution, la qualifiant de « décision soutenue par les États-Unis qui viole les cadres de sécurité internationaux et ouvre la voie à des actions israéliennes sur le terrain contre la volonté du peuple palestinien ».
Elle a affirmé le droit du peuple palestinien à la résistance armée et a qualifié le déploiement d’une force étrangère de « nouvel outil d’agression contre notre peuple et de poursuite de son génocide ».
Le Hamas a publié une déclaration séparée affirmant que la résolution vise à imposer un « mécanisme international de tutelle sur Gaza », ajoutant que le déploiement d’une force chargée de désarmer les Palestiniens « la transforme d’un acteur neutre en un partenaire dans l’exécution du programme d’occupation ».
Il a accusé la résolution de codifier une structure dans laquelle la livraison de nourriture, de médicaments et d’autres produits de première nécessité, ainsi que les efforts de reconstruction, « restent soumis à des objectifs politiques, au chantage et à l’asservissement ».
Avec cette résolution, les Palestiniens se trouvent désormais à un moment historique : une bataille pour leur survie et leur libération contre un axe américano-israélien qui a été officiellement approuvé par de nombreux pays arabes et entériné par l’Autorité palestinienne, qui fonctionne sans mandat populaire.
Cela revient à tenter de désarmer toute la cause de la libération palestinienne et d’externaliser son avenir à un comité étranger nébuleux présidé par Trump.
« Personne – en particulier les Américains, mais aussi les Européens et, malheureusement, certains Arabes – ne souhaite qu’il y ait une résistance à Israël dans la région. La résistance les met mal à l’aise », a déclaré Al-Hindi.
« L’objectif ultime est donc que le peuple palestinien soit privée de sa capacité de résistance. Si nous perdons la résistance et la capacité de résister, la cause palestinienne est terminée. Ce qui protège le peuple palestinien, c’est sa résistance. La question n’est pas de savoir si l’on parle du Hamas ou du Jihad islamique : le peuple palestinien résiste parce que l’ennemi, Israël, l’attaque continuellement. »
Le piège du désarmement
Dans un discours prononcé le 6 novembre lors d’une conférence d’affaires à Miami, Witkoff a déclaré que les États-Unis étaient « en train de mettre en place un processus de démantèlement des armes, un programme de démilitarisation et d’amnistie ».
Il a également affirmé que le Hamas s’était engagé à désarmer et à remettre ses armes à la force internationale de Trump. « Le Hamas a toujours indiqué qu’il désarmerait. Ils l’ont dit ; ils nous l’ont dit directement lors de cette fameuse réunion que Jared a eue avec eux », a déclaré Witkoff. « Le Hamas a toujours dit que nous aurions besoin que la force de sécurité internationale vienne ici et soit l’instance à laquelle ils remettraient les armes. »
Dans l’interview accordée à Drop Site, Hamdan a catégoriquement nié que le Hamas ait pris un tel engagement. « Non. Je ne sais pas ce qu’il dit, mais nous n’avons pas dit cela, car toute la délégation était présente et personne n’a dit cela », a affirmé Hamdan.
« Si vous voulez négocier, cela prendra du temps, plus que les quatre jours de négociations » qui ont conduit à l’accord de Charm el-Cheikh. « Nous devons discuter avec nos frères et les autres factions. Et lorsque nous aurons un accord national à ce sujet, nous commencerons à discuter avec les médiateurs et les Américains. »
Le département d’État n’a pas répondu à une demande de commentaires sur les affirmations de Witkoff et le démenti du Hamas.
Parmi les organisations de la résistance palestinienne, il existe un large consensus sur le fait que Netanyahu veut utiliser la question du désarmement pour justifier la poursuite de la guerre d’extermination à Gaza. Malgré le cessez-le-feu, Israël l’exploitera pour prolonger ses attaques contre Gaza, comme il l’a fait à plusieurs reprises au Liban.
Les Palestiniens affirment que le désarmement ne concerne pas réellement les armes elles-mêmes, mais qu’il s’agit d’une tentative visant à légitimer l’imposition d’une capitulation qu’Israël n’a pu obtenir ni par plus de deux ans de bombardements massifs et d’opérations terrestres, ni par 77 ans d’occupation et de nettoyage ethnique. Selon eux, la résolution de l’ONU codifie effectivement ce projet.
« Nous rejetons cette résolution et toute résolution qui qualifie la résistance de terrorisme, accorde à l’ennemi sioniste le droit de prendre pour cible le peuple palestinien à Gaza sous des prétextes fallacieux et lui confère l’autorité absolue en matière de sécurité que cette résolution lui accorde », a déclaré Ataya. « Il est naturel que les États-Unis cherchent à rendre service à l’ennemi sioniste, car ils n’ont pas réussi à éliminer la résistance pendant la guerre. Ils s’efforcent donc de désarmer la résistance et d’éliminer les sources de sa force. »
Si vous n’écoutez que le discours israélien sur les armes détenues par la résistance palestinienne à Gaza, vous conclurez probablement qu’elle dispose d’un arsenal sophistiqué d’armes avancées capables de menacer l’existence même d’Israël. Or, depuis l’imposition du siège sur Gaza en 2006, la réalité est que le Hamas et le Jihad islamique opèrent principalement avec des armes artisanales fabriquées clandestinement à l’intérieur de Gaza.
La quasi-totalité des stocks de roquettes tirées sur Israël ont été épuisés au cours des deux dernières années de guerre, les combattants de la résistance utilisant des armes légères, des engins explosifs improvisés artisanaux, des munitions israéliennes réutilisées et des lance-grenades propulsés par roquette.
La tentative d’Israël de présenter les armes détenues par la résistance palestinienne comme autre chose qu’un moyen de défense contre l’invasion et l’occupation est sans fondement, a déclaré Abu Marzouk.
« Les Israéliens eux-mêmes ont déclaré avoir éliminé la plupart des brigades Qassam à Gaza – dans le nord, à Khan Younis et à Rafah – et qu’il ne restait pratiquement plus personne des brigades Qassam. Le président Trump a déclaré que 25 000 membres des Qassam avaient été tués, et leur nombre est à peu près de cet ordre », a-t-il ajouté.
« Israël a également annoncé récemment que la plupart des capacités militaires du Hamas avaient été détruites – ils ont déclaré que 90 % des capacités du Hamas avaient été anéanties. Donc, s’ils ont détruit 90 % des capacités militaires du Hamas et tué la plupart des combattants de Qassam, comme le dit le président Trump, quelles armes allez-vous désarmer et où sont les armes que vous prétendez vouloir éliminer alors que vous les avez déjà détruites ? »
« Je vous le dis, il n’y a pas d’armes lourdes. Même les munitions antichars sont fabriquées par de jeunes Palestiniens à l’intérieur de Gaza. Quant aux discussions sur la contrebande et autres, ce ne sont que des rumeurs propagées par Israël dans les médias pour faire croire que Gaza possède une grande puissance [militaire] », a déclaré Al-Hindi.
« Par exemple, les Yassin 105 [grenades propulsées par fusée] : elles sont fabriquées à l’intérieur de la bande de Gaza par des jeunes, qui peuvent les fabriquer à tout moment. Les mortiers sont fabriqués à l’intérieur de Gaza, et il y a aussi des engins explosifs improvisés (EEI) qui sont également fabriqués à l’intérieur de l’enveloppe de Gaza. »

13 novembre 2025 – « Parce que je crois que l’art est le seul compagnon des enfants au milieu des décombres, nous avons aujourd’hui mené une activité intitulée ‘Les âmes qui nous manquent’ dans le cadre de mon travail au sein du projet ‘L’Art à partir des ruines’. Mes jeunes élèves ont été témoins à maintes reprises de la perte d’êtres chers : certains ont perdu toute leur famille, d’autres un frère ou une sœur. Ces scènes déchirantes se sont répétées des centaines de fois à travers la bande de Gaza. Malgré tout, les élèves ont trouvé de la joie à exprimer leurs émotions et à créer de nouvelles œuvres d’art. Ensemble, nous avons véritablement créé « l’art du cœur des décombres » – Photo : Nada Rajab
Tout au long des négociations visant à mettre fin à la guerre à Gaza, les négociateurs palestiniens ont exprimé à plusieurs reprises leur position sur la question des armes et ont clairement indiqué qu’ils étaient ouverts à une trêve à long terme, appliquée par la communauté internationale, pendant laquelle les forces de résistance ne mèneraient aucune opération offensive.
« Les armes présentes à Gaza sont avant tout des armes de volonté », a déclaré Al-Hindi. « Chaque fois qu’il y a un besoin d’armes, les jeunes les fabriquent immédiatement, et leur détermination est forte. Par conséquent, parler de remise des armes est irréaliste, irréalisable et dénué de sens, car à tout moment, s’il y a une volonté et s’il y a une agression – et que le peuple palestinien veut se défendre – des armes peuvent facilement être fabriquées à l’intérieur de Gaza. »
Bien que le Hamas nie avoir conclu des accords sur les armes, la position de la résistance palestinienne comporte des nuances. Tout au long des négociations visant à mettre fin au génocide, Israël a exigé le désarmement total et le démantèlement du Hamas.
Les groupes de résistance ont déclaré qu’il s’agissait là d’une ligne rouge et que cela reviendrait à renoncer à la cause de la libération et de l’autodétermination. Dans le même temps, ils ont déclaré aux médiateurs – ainsi qu’aux responsables américains lors de pourparlers directs – qu’ils étaient ouverts à des accords certifiés et contrôlés au niveau international qui impliqueraient la mise hors service effective des armes détenues par la résistance, mais pas leur remise.
Mais, préviennent-ils, la résistance ne le ferait que dans le cadre d’une trêve à long terme avec Israël et d’une cessation totale des attaques militaires contre les Palestiniens.
« Lorsque la délégation chargée des négociations discute de la clause relative à la remise des armes, la question qui se pose est la suivante : à qui remettrions-nous ces armes ? », a déclaré Ataya.
« Existe-t-il un État palestinien ou un gouvernement palestinien qui défend notre peuple à Gaza afin que nous puissions lui remettre nos armes ? Ou devrions-nous remettre nos armes à notre ennemi et capituler ? Est-il concevable que la résistance – qui n’a pas été vaincue pendant la guerre, que l’ennemi n’a pas réussi à éradiquer et avec laquelle l’ennemi a été contraint de négocier un accord d’échange de prisonniers – lève maintenant le drapeau blanc, se rende et passe la corde autour de son propre cou ? »
Al-Hindi, pour sa part, a déclaré que « la question des armes n’est pas à l’ordre du jour, ce qui signifie que la remise des armes n’est pas négociable, mais l’apparition d’armes ou l’utilisation d’armes, cela peut être discuté. Cela signifie qu’aucune arme n’apparaîtrait dans les rues palestiniennes et que la police et les forces de sécurité palestiniennes auraient le contrôle total des rues.
Les sites d’entraînement des combattants de la résistance disparaîtraient, les armes seraient stockées et nous conclurions une trêve d’une durée déterminée. Mais l’idée que nous sortions pour remettre nos armes… D’ailleurs, quelles armes y a-t-il à Gaza ? »
Hamdan a réitéré la position régulièrement exprimée par le Hamas, selon laquelle les groupes de résistance armés deviendraient obsolètes si un État palestinien était créé, doté d’une armée nationale capable de se défendre.
« Parmi les Palestiniens, y compris la résistance, il existe une idée très simple et très claire : nous sommes une nation sous occupation. Si l’occupation peut être éliminée de manière pacifique, ce sera une bonne chose pour les Palestiniens », a-t-il déclaré. « Nous ne voulons pas que d’autres Palestiniens soient tués. En fait, nous ne voulons que personne ne soit tué. Ni aujourd’hui, ni hier, ni depuis le premier jour en 1948. Mais l’histoire de l’occupation montre clairement qu’Israël n’est pas disposé à abandonner. Si vous voulez que nous rendions les armes, quelle sera la prochaine étape ? Il n’y a pas de réponse. Cela signifie qu’ils vous tueront ou qu’ils vous chasseront. »
Un responsable israélien a récemment déclaré à CNN qu’Israël craignait que l’administration Trump ne finisse par aller de l’avant avec la reconstruction — et d’autres aspects du plan américain — sans aborder de manière concluante la question du désarmement.
Al-Hindi, un pédiatre qui a passé sa vie à construire la résistance palestinienne et qui a négocié des accords précédents avec Israël, estime qu’Israël sera finalement contraint d’accepter un compromis sur la question du désarmement dans le cadre du plan de Trump.
« Ce qu’ils veulent, c’est un message symbolique et psychologique afin de pouvoir dire au monde qu’ils ont vaincu la résistance palestinienne et que cette résistance est inutile », a déclaré Al-Hindi. « C’est quelque chose qu’ils n’obtiendront jamais. »
Israël démasqué
Le plan de Trump pour Gaza a, à bien des égards, sauvé Israël de lui-même. Si Israël a réussi à massacrer 70 000 Palestiniens (un chiffre officiel de morts confirmés qui est probablement bien plus élevé) et à raser de vastes portions de Gaza, il n’a pas réussi à remporter la victoire militaire promise par Netanyahu.
Israël n’a pas réussi à récupérer par la force ses prisonniers détenus à Gaza et a dû signer un accord négocié avec une insurrection composée en grande partie de guérilleros chaussés de sandales et attaquant les troupes d’occupation avec des armes artisanales.
Le plan de Trump a offert à Israël la possibilité de préserver son programme d’extermination des Palestiniens sous la bannière de la légitimité offerte par la coalition des États arabes et islamiques que Trump a ralliés à son programme. Cela a abouti à l’adoption récente d’une résolution de l’ONU sans aucune condition.
La réputation d’Israël ayant été ruinée par sa guerre génocidaire, Trump est intervenu pour rebaptiser de manière malhonnête l’ensemble de l’opération comme un précurseur capital d’une paix historique dans la région.
« Ces deux dernières années de génocide ont révélé qu’Israël n’est pas aussi fort qu’il le prétend au monde entier. Sans le soutien américain et occidental – armes, renseignements et toutes ces ressources –, Israël n’aurait pas pu résister aux petites factions de Gaza. Israël ne pourrait pas tenir seul, il a besoin de l’Occident », a déclaré Al-Hindi.
« Israël est désormais connu comme un État raciste, commettant ouvertement des crimes devant le monde entier, et poursuivi devant les tribunaux internationaux. C’est le nouvel Israël. L’Israël qui alignait autrefois son idéologie et les croyances de son peuple sur son image de soi, sa vision du monde et ses politiques mondiales – [cet Israël] est désormais devenu un État en proie à des divisions internes. »
Hamdan a déclaré que, bien que le programme de Trump corresponde largement à celui d’Israël, Netanyahu reste préoccupé par le fait que la fin de la guerre à Gaza pourrait finalement menacer son propre pouvoir.
« Les Israéliens continuent d’essayer de saper l’accord. Netanyahu comprend que si la guerre s’arrête, les choses tourneront contre lui. Il sera traduit en justice pour ses crimes. La communauté internationale évoquera la question de la CIJ [Cour internationale de justice] et le mandat de la CPI [Cour pénale internationale] », a déclaré Hamdan.
« Il comprend que cela se retournera contre lui sur le plan politique. Il souhaite donc maintenir la situation instable pour des raisons personnelles et politiques, car nous ne pouvons oublier que, ces deux dernières années, il a clairement évoqué un « Grand Israël ». Et le Grand Israël ne peut pas être créé par la paix. Il doit être créé par la guerre. »
Al-Hindi estime que le monde a pris conscience de la véritable nature de la position d’Israël dans la région, et que la campagne de propagande menée depuis plusieurs décennies pour présenter les Palestiniens comme des terroristes est en train d’être démantelée, conséquence directe de la guerre génocidaire menée par Israël à Gaza, a-t-il déclaré.
« La résistance palestinienne consiste en des mouvements de libération nationale dans une phase de libération nationale – c’est là l’interprétation correcte et la définition fondamentale. Nous sommes des mouvements de résistance nationale, et notre lutte se déroule à l’intérieur de la Palestine, uniquement à l’intérieur de la Palestine, et depuis la Palestine », a-t-il ajouté.
« Celui qui représente un danger politique, c’est Israël, car il s’agit d’un projet hégémonique qui cherche à affaiblir tout le monde », a-t-il ajouté. « Notre lutte est menée contre Israël et à l’intérieur de la Palestine, et nous nous défendons. Nous sommes des mouvements de libération nationale, et nous sommes prêts à établir des relations avec tout le monde sur cette base. »
L’arc de l’histoire n’a pas commencé le 7 octobre, et il ne s’achèvera pas avec le plan colonial de Trump. Hamdan reconnaît que le chemin à parcourir est semé d’embûches et de dangers, mais il estime également que les deux dernières années de génocide ont envoyé un message au monde entier : les Palestiniens n’abandonneront jamais leur combat pour l’indépendance.
« D’après notre histoire, il y a eu des moments où tout le monde pensait que les Palestiniens étaient vaincus, mais ils se sont relevés », a-t-il déclaré. « Si quelqu’un pense pouvoir forcer le peuple palestinien à renoncer à ses droits, il se trompe. Nous ne sommes pas vaincus. Et nous ne sommes pas très loin de voir un État palestinien indépendant et souverain, inshallah. »
* Jawa Ahmad est chercheur sur le Moyen-Orient auprès de Drop Site News.Auteur : Jeremy Scahill
* Jeremy Scahill est journaliste à Drop Site News, cofondateur de The Intercept, auteur des livres Blackwater et Dirty Wars. A fait des reportages en Irak, en Afghanistan, en Somalie, au Yémen, etc...
Auteur : Jawa Ahmad
23 novembre 2025 – Drop Site News – Traduction : Chronique de Palestine

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