Le plan de Trump : conclusion logique du leurre à “deux États” – Partie 1

- Photo : Anne Paq / Activestills.org
Des milliers de fidèles palestiniens font la queue au poste de contrôle de Bethléem afin d'atteindre Jérusalem pour le deuxième vendredi du Ramadan, le 4 septembre 2009. La plupart des fidèles étaient des hommes et des femmes âgés, car les restrictions israéliennes interdisent aux hommes de moins de 50 ans et aux femmes de moins de 45 ans d'entrer dans la ville et de prier à la mosquée - Photo : Anne Paq/Activestills.org

Par Asa Winstanley

Ainsi l’administration du président états-unien Donald Trump a fini par publier son « Accord final », document claironné comme étant un « plan de paix ».

Mais en réalité, il n‘en est rien. Il s’agit plus d’un plan de pacification de la résistance palestinienne, d’une formule de liquidation de la cause palestinienne. C’est une machination pour marginaliser le peuple palestinien et prétendre que la réalisation de ses droits peut être à jamais repoussée.

La «vision pour la paix» de Rump emprisonnerait définitivement les Palestiniens dans des bantoustans, cimentant l’apartheid israélien.
Mais nous ne céderons jamais nos droits et nos terres.
Inspirés par le mouvement qui a contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud, nous appelons à une pression internationale via #BDS. pic.twitter.com/vhyYycIt3P

– Mouvement BDS (@BDSmovement) 29 janvier 2020

Selon ce plan, les colonies israéliennes illégales qui défigurent la Cisjordanie demeureront. Les Palestiniens auront ce que le plan qualifie de « quelque chose de “moins qu’un État” ». La dictature militaire d’Israël (la responsabilité israélienne de la sécurité) en Cisjordanie restera en place. Gaza sera reconquise par la marionnette d’Israël, l’Autorité Palestinienne ou un « autre organisme acceptable pour Israël ».

Pas de retour pour les réfugiés

En bref : tout pour Israël, rien pour les Palestiniens.

C’est pourquoi même l’Autorité Palestinienne collaborationniste a rejeté le document comme étant totalement inapplicable, et Mahmoud Abbas lui a dit “mille fois non”.

Le ridicule du plan saute aux yeux en regardant les cartes qui en font partie, dans les annexes au document, que le gendre de Trump Jared Kushner a rendu public cette semaine.

Bien qu’ils aient déjà fait la concession inacceptable (pour beaucoup de Palestiniens) de renoncer à jouir de 78% du territoire de la Palestine historique à la fin des années 1980, le plan Trump-Kushner-Netanyahu exige des Palestiniens qu’ils abandonnent encore plus de territoire.

Un tiers environ de la Cisjordanie sera annexé à Israël en vertu du plan. Mais surtout, la carte montre que même les bouts de terre laissés en théorie aux Palestiniens sont des territoires isolés, éclatés, non contigus.

Ces minuscules morceaux de terre palestinienne sont comparables aux réserves indiennes aux États-Unis, ou – plus justement encore – aux bantoustans du régime suprématiste blanc non regretté d’Afrique du Sud.

En réaction à l’indignation internationale croissante suscitée par son racisme et sa violence, les dirigeants de la minorité blanche du régime d’apartheid ont concocté les bantoustans – série de « foyers noirs ». Il s’agissait d’îlots non contigus et isolés à l’intérieur de l’Afrique du Sud, chassant ainsi la population noire de la majeure partie du territoire d’Afrique du Sud, la réservant exclusivement à la population minoritaire des colons blancs.

Le régime d’apartheid prétendait que ces entités dénuées de tout pouvoir permettaient aux Noirs d’accéder à l’autodétermination, leur donnant même une certaine indépendance nominale à la fin des années 1970, début des années 1980.

Mais la réalité était tout autre. En fait, les bantoustans étaient des dictatures violentes et corrompues, délibérément établies comme centre locaux de pouvoir placés, en dernier ressort, sous le contrôle du régime. Ils visaient à provoquer des luttes intestines au sein de la population noire majoritaire, afin de miner la lutte pour la libération du Congrès National Africain.

Il en est de même pour l’AP – qui est aussi une dictature violente et corrompue, dont le premier objectif est de protéger Israël et miner la lutte de libération palestinienne.

C’est précisément pour cette raison que certains éléments minoritaires du mouvement mondial pour le sionisme – l’idéologie coloniale de peuplement fondatrice d’Israël – sont critiques du plan de Trump. Les ailes prétendument progressistes et « de gauche » du sionisme sont opposées au plan d’un point de vue purement cosmétique, et non parce qu’il sape les droits humains des Palestiniens.

En d’autres termes, les sionistes progressistes ne s’opposent au plan de Trump que parce qu’il donne d’eux une mauvaise image. Il dévoile et montre clairement la triste réalité de la façon dont Israël, les États-Unis et l’UE essayent depuis des décennies de détruire le mouvement de Libération palestinien.

La manière dont ces « grandes puissances » ont essayé d’y parvenir, consiste à imposer la fausse idée qu’il existe une « solution à deux États » au « conflit » entre « Israël et les Palestiniens ».

La carte, en indiquant clairement que seules de minuscules miettes de terre en Cisjordanie reviendront aux Palestiniens, montre trop honnêtement son mépris patent des Palestiniens et son racisme à leur égard.

Kushner, alors qu’il passait à la télévision pour promouvoir le plan, a manifesté très ouvertement son racisme arrogant envers les Palestiniens.

D’une manière typiquement coloniale, il a affirmé que les Palestiniens « ne sont pas prêts » à se gouverner eux-mêmes. Il a parlé des Palestiniens avec dérision disant « qu’ils avaient des droits » – manifestation évidente que cet Américain raciste considère les Palestiniens comme moins qu’humains, et ne méritant pas des droits égaux à ceux des Israéliens ou d’autres personnes blanches.

Le côté positif de tout ceci c’est qu’il y une sorte de franchise non déguisée. La position des racistes avoués est claire pour tous.

Mais en réalité, les sionistes « progressistes » et « de gauche » sont tout aussi racistes envers les Palestiniens – mais ils font plus attention à ne pas l’exprimer publiquement. Ils sont légèrement meilleurs en relations publiques.

Lisez ici la deuxième partie.

30 janvier 2020 – MiddleEastMonitor – Traduction: Chronique de Palestine – MJB