Israël s’acharne sur les grévistes de la faim

Photo: Ahmad Al-Bazz/Activestills.org
1er août 2012 - L'ancien prisonnier palestinien Khader Adnan participe à une manifestation à Naplouqe - Cisjordanie occupée - en solidarité avec des prisonniers palestiniens en grève de la faim: Samer Barq, Hassan Safadi, Ayman Sharawna et Raed Jamal - Photo: Ahmad Al-Bazz/Activestills.org
Charlotte SilverIsraël punit les grévistes de la faim qui ne font que réclamer leurs droits.

Des centaines de prisonniers palestiniens sont entrés dans leur sixième jour de grève de la faim ce samedi, tandis que les autorités israéliennes ont renforcé leurs mesures punitives dans le but d’affaiblir l’action collective.

Le 17 avril, 1500 Palestiniens ont entamé une grève de la faim de masse avec une longue liste de demandes, y compris des soins et des conditions médicales améliorés et plus de visites familiales.

Alors que plusieurs des grévistes ont déjà été hospitalisés, les dirigeants israéliens refusent toute négociation sur les demandes des prisonniers.

“En ce qui concerne la grève de la faim des terroristes dans les prisons israéliennes, je prends l’approche de Margaret Thatcher”, a déclaré le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, sur Facebook, en référence à l’ancien Premier ministre britannique qui a notoirement fait mourir plusieurs grévistes de la faim irlandais en prison en 1981.

Israël détient actuellement plus de 6000 prisonniers politiques palestiniens. Des centaines d’entre eux sont détenus sans aucune accusation ou procès, et des milliers après des procès devant les tribunaux militaires d’Israël qui ont un taux de condamnation de près de 100%.

S’attaquant aux dirigeants de la grève, les autorités israéliennes ont commencé à confisquer des effets personnels et des vêtements, à interdire la télévision, à déplacer de force les grévistes dans différentes sections des prisons et à placer des dizaines d’autres en isolement cellulaire.

“Dans les prisons de Nitzan et de Ramla, des fonctionnaires israéliens ont utilisé des chiens policiers contre les détenus palestiniens en grève de la faim et confisqués les exemplaires du Coran que possédaient les prisonniers”, a déclaré l’agence de presse Ma’an ce samedi, faisant référence à la Société des prisonniers palestiniens.

Représailles pour l’article du New York Times

Parmi ceux qui sont placés en isolement, se trouvent Marwan Barghouti, qui a été à l’initiative de la grève de la faim en masse, et Karim Younes, le Palestinien qui aura purgé la plus longue peine ininterrompue dans une prison israélienne.

Marwan Barghouti, un personnage éminent du mouvement du Fatah, pourrait être encore puni pour son article publié dans The New York Times le 16 avril expliquant les raisons de la grève.

Le Comité palestinien pour les affaires de prisonniers a cité des accusations d’Israël selon lesquelles la femme de Barghouti “a sorti en contrebande” l’article de prison.

Mais le ministre israélien de la sécurité publique, Gilad Erdan, a déclaré que les autorités essayaient de savoir s’il s’agissait de ses avocats.

Erdan a ajouté que si on découvre que ses avocats ont aidé Barghouti à publier l’article, ils pourraient être interdits de le visiter.

Michael Oren, ancien ambassadeur américain en Israël qui travaille maintenant pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a suggéré que The New York Times a peut-être joué un rôle.

“Si quelqu’un dans le journal l’a aidé [à sortir l’article hors de prison], The New York Times devrait en être tenu responsable”, a déclaré Oren, suggérant que le bureau de Jérusalem du journal pourrait être fermé.

Ma’an News Agency a signalé que les avocats ont déjà été empêchés de visiter la prison d’Ashkelon et que l’accès à d’autres prisons a été impossible.

Les avocats représentant des prisonniers en grève boycottent maintenant les tribunaux militaires israéliens.

Harceler les grévistes de la faim

Le ministre de la sécurité publique Erdan, comme Lieberman, a promis d’ignorer les demandes des grévistes de la faim.

“Il n’y a pas de véritable justification pour cette grève”, a déclaré Erdan. “Les terroristes ne sont pas en prison pour obtenir de bonnes conditions de vie. Ils sont là pour être punis. Une grève de la faim ne devrait pas changer notre comportement en tant qu’État envers les prisonniers”.

Erdan a été à l’initiative d’une loi en 2015 visant à légaliser le gavage de force des grévistes palestiniens de la faim, quand il a comparé les grèves de la faim aux attaques-suicides.

Jeudi, des Israéliens ont organisé un barbecue sur le parking de la prison d’Ofer – où les prisonniers palestiniens ont refusé de manger depuis plusieurs jours – pour “célébrer la grève de la faim”.

Les participants au barbecue sont affiliés au parti fasciste du Jewish Home Party, membre du gouvernement de coalition de Netanyahou.

Plusieurs dizaines de détenus auraient décidé de s’alimenter à nouveau après cinq jours de grève, mais ils ont été remplacés par des centaines d’autres qui ont rejoint le mouvement de protestation.

A1 * Charlotte Silver est une journaliste américaine indépendante vivant à San Francisco, et qui a vécu plusieurs années en Cisjordanie.


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