La violence israélienne soumet les enfants palestiniens à une terrible souffrance mentale

Plus d'un enfant sur deux a souffert un ou plusieurs évènements traumatiques, du fait de la continuelle violence exercée par l'occupant israélien sur la population palestinienne - Image : al-Mayadeen

Par Ruqiya Anwar

Les guerres incessantes ont fait des ravages dans la société palestinienne, car les enfants sont tout aussi sensibles à la machine de guerre israélienne que les adultes.

Les enfants de Palestine souffrent actuellement d’une maladie collective de santé mentale en raison des attaques militaires israéliennes, qui ont un impact terrible sur leur état psychologique.

La santé mentale est une question importante pour tous les peuples de la planète. À mesure que les enfants grandissent, se développent et apprennent, cette question devient encore plus importante. Depuis des décennies, « Israël » occupe les territoires palestiniens.

Le conflit s’est régulièrement transformé en combats et en violences généralisées. Les Palestiniens vivant dans la bande de Gaza, très peuplée, ont été touchés de manière disproportionnée par la violence israélienne.

Les blessures, les mutilsations et les décès sont souvent le résultat de la guerre, des tirs, des attaques aet des frappes aériennes. La santé mentale des enfants palestiniens souffre grandement du fait qu’ils sont quotidiennement témoins de tous ces événements.

En particulier, la violence a augmenté le niveau de stress et d’anxiété des enfants palestiniens. Ils souffrent parce qu’ils ont perdu des êtres chers, ont vu leurs maisons détruites et ne se sentent nulle part en sécurité.

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Il est difficile de fournir à ces enfants les soins appropriés, comme des thérapeutes et des psychiatres qualifiés, car « Israël » contrôle l’accès à la bande de Gaza. Par conséquent, de nombreuses familles sont laissées à elles-mêmes pour gérer ces problèmes (World vision international, 2010).

Selon une étude, plus de 54,7 % des enfants palestiniens ont vécu au moins un incident traumatique ; 49 % ont subi des traumatismes liés à la guerre, et les attaques israéliennes constantes peuvent causer de graves problèmes psychologiques.

De plus, les forces israéliennes ont tué au moins 3000 enfants palestiniens au cours des 20 dernières années. Ce scénario a fait des ravages dans la société palestinienne, car les enfants sont tout aussi sensibles à la machine de guerre israélienne que les adultes (Basal, Chris, Samara, 2020).

Les traumatismes de guerre peuvent inhiber le développement de la personnalité car l’esprit de la victime est constamment en état d’alerte pour se protéger, ce qui l’empêche de se développer dans d’autres domaines de la vie. Les enfants font fréquemment preuve d’un état de vigilance manifeste, même après que la menace soit passée.

Il leur est difficile d’oublier le traumatisme, et ils ont souvent des retours en arrière sur les évènements traumatisants.

La situation dans la bande de Gaza est totalement hors du commun. Les enfants sont soumis quotidiennement à des expériences traumatiques liées à la guerre, ainsi qu’au caractère durable du conflit.

Sur la base d’une enquête menée auprès de 488 enfants et de 160 parents et soignants, Save the Children, une organisation humanitaire, a indiqué que la santé mentale des enfants de Gaza présentait des niveaux alarmants.

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Le besoin de soins de santé mentale et de soins psychosociaux est de un sur deux chez les enfants de Gaza. Selon Lucia Elmi, représentante spéciale de l’UNICEF en Palestine, les enfants de 15 ans vivant à Gaza ou à proximité ont déjà enduré cinq conflits (Save the Children, 2022).

De nombreux enfants dans le monde sont soumis à la violence politique, aux attaques terroristes et aux conflits en tous genres. Les anxiétés et craintes liées à la guerre comprennent les tirs d’obus, les bombardements, la démolition de maisons et le fait d’être témoin des blessures et des décès de membres de la famille ou d’êtres chers.

En raison de leur exposition à des situations aussi traumatisantes, les enfants peuvent éprouver des sentiments d’insécurité et voir leur comportement quotidien fortement perturbé.

De même, les enfants et les adolescents qui grandissent dans des contextes de troubles politiques et de terrorisme sont exposés à des implications négatives sur le plan du développement et à de graves répercussions psychologiques, qui peuvent entraîner une symptomatologie mentale (Taiba, 2022).

De manière significative, lorsqu’il s’agit de fournir un traitement de santé mentale à ses résidents, la situation varie considérablement d’un pays à l’autre.

Alors qu’ « Israël » dispose d’un système de soins de santé complet pour traiter la santé physique et mentale de sa population, l’absence d’un système de soins de santé intégré à Gaza, associée à des restrictions de mobilité, de fournitures et de services en provenance d’ « Israël » et de l’Égypte, et au spectre de la violence sans aucun endroit où se réfugier, laisse à Gaza une population traumatisée et un système mal équipé pour lui venir en aide.

Les enfants palestiniens font l’expérience de terreurs nocturnes, de difficultés de concentration à l’école et d’une peur de quitter leur maison, autant de signes d’angoisse liés au conflit chez les enfants.

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La nature continue du traumatisme des enfants a également une influence négative sur leur croissance et leur capacité à fonctionner en tant qu’adultes. Comme les enfants qui ont du mal à se concentrer à l’école sont plus susceptibles d’abandonner leurs études, le traumatisme qu’ils ont subi risque d’affecter leurs relations sociales.

De plus, les enfants fréquemment traumatisés ont des capacités cognitives altérées; ils subissent les coupures d’électricité, la pénurie d’eau propre à la consommation, et toutes les autres difficultés qui accompagnent la vie dans le territoire assiégé.

Cela influence considérablement le développement physique, intellectuel et émotionnel des enfants.

Ces circonstances font qu’il est difficile pour les enfants de bénéficier de traitements de santé mentale et pour les cliniciens des soins de santé de traiter les enfants qui ont subi des traumatismes liés au conflit, même s’ils ont accès à des services de conseil et de psychiatrie (Revue internationale de la Croix-Rouge, 2019).

Plus important encore, malgré les appels à l’augmentation du financement et des ressources pour les services de santé mentale à Gaza, un message reste clair : même avec des ressources adéquates, des médecins qualifiés et un système de soins de santé complet, la seule solution prolongée à la crise de la santé mentale à Gaza et chez les Palestiniens vivant sous occupation, est de mettre fin à la violence et à la menace d’expulsion.

Même s’il y avait une abondance de psychiatres, de psychologues, de neurologues, de pédiatres, de travailleurs sociaux et de thérapeutes, ils seraient toujours incapables de répondre de manière adéquate à cette crise de santé mentale massive, car la source de la crise, c’est les bombardements, le siège, la pauvreté et le blocus qui jamais ne cessent.

L’offensive militaire israélienne a laissé plus de la moitié des enfants palestiniens de la bande de Gaza dans un besoin urgent d’assistance en matière de santé mentale.

En conséquence, beaucoup d’entre eux souffriront de séquelles psychologiques, émotionnelles et physiques sur le long terme. Bien qu’une aide humanitaire immédiate soit nécessaire, le personnel d’aide et d’assistance doit pouvoir accéder sans restriction aux enfants qui ont besoin d’être soutenus et soignés.

De plus, il est impératif de permettre l’entrée libre de carburant, d’eau potable et d’autres produits de première nécessité tels que les médicaments.

4 septembre 2022 – Al-Mayadeen – Traduction : Chronique de Palestine