Torture, abus et violence sexuelle de la part des Israéliens à l’encontre de prisonniers palestiniens

Janvier 2024 - Un groupe de détenus palestiniens de Gaza a été filmé menottés, les yeux bandés en détention en Israël - Photo : via Al-Jazeera

Par Yumna Patel

Depuis des mois, des prisonniers palestiniens témoignent des tortures qu’ils subissent de la part des autorités militaires et pénitentiaires israéliennes. De nouveaux rapports mettent en lumière les abus, en particulier les violences sexuelles, perpétrés dans les centres de détention israéliens.

Deux nouveaux rapports ont été publiés la semaine dernière concernant la torture et les traitements cruels infligés aux Palestiniens dans les prisons et les centres de détention israéliens depuis le 7 octobre, y compris des rapports faisant état de violences sexuelles à l’encontre de femmes et de jeunes filles palestiniennes.

Ces rapports ont relancé le débat sur les conditions de détention extrêmement pénibles des Palestiniens dans les prisons israéliennes. Les détenus palestiniens eux-mêmes et les groupes de défense des droits tirent la sonnette d’alarme sur ces faits depuis des mois.

Le 19 février, les experts des Nations unies en matière de droits de l’homme ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’ils ont décrit comme des « violations flagrantes des droits de l’homme » dont se sont rendues coupables les forces israéliennes à l’encontre des femmes et des jeunes filles palestiniennes à Gaza.

Outre les exécutions sommaires et arbitraire de femmes et d’enfants à Gaza, les experts de l’ONU ont souligné le traitement réservé aux femmes palestiniennes détenues dans les prisons israéliennes.

« Nombre d’entre elles auraient été soumises à des traitements inhumains et dégradants, privées de serviettes hygiéniques, de nourriture et de médicaments, et sévèrement battues. À une occasion au moins, des femmes palestiniennes détenues à Gaza auraient été enfermées dans une cage sous la pluie et dans le froid, sans nourriture », indique la déclaration.

« Nous sommes particulièrement bouleversés par les informations selon lesquelles des femmes et des filles palestiniennes détenues ont également été soumises à de multiples formes d’agression sexuelle, comme le fait d’être déshabillées et fouillées par des officiers masculins de l’armée israélienne. Au moins deux détenues palestiniennes auraient été violées et d’autres auraient été menacées de viol et de violence sexuelle », ont déclaré les experts, ajoutant que des photos de détenues palestiniennes dans des « circonstances dégradantes » auraient également été prises par l’armée israélienne et publiées en ligne.

« Pris dans leur ensemble, ces actes présumés peuvent constituer de graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, et équivalent à des crimes graves au regard du droit pénal international, qui pourraient faire l’objet de poursuites en vertu du Statut de Rome », ont déclaré les experts.

« Les responsables de ces crimes apparents doivent répondre de leurs actes et les victimes et leurs familles ont droit à une réparation et à une justice complètes », ont-ils ajouté.

Le jour même des déclarations des experts de l’ONU, Physicians for Human Rights Israel (PHRI) a publié un rapport de 41 pages sur les conditions de détention des Palestiniens dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre, que le groupe décrit comme étant devenues « un appareil de vengeance et de punition collective ».

Le rapport de PHRI détaille les violations massives des droits des prisonniers par l’administration pénitentiaire israélienne (IPS) et d’autres organes de sécurité israéliens depuis le 7 octobre, notamment:

  • l’isolement des prisonniers du monde extérieur,
  • le manque d’accès aux soins de santé,
  • le refus de la lumière du jour ou du temps passé à l’extérieur des cellules,
  • et le surpeuplement des cellules qui manquent de fournitures et de ressources de base comme des matelas et des couvertures, ainsi que d’eau et d’électricité.

Outre ces conditions, la PHRI fait état de « traitements cruels, inhumains et dégradants » infligés aux prisonniers, y compris le harcèlement sexuel et la violence.

« Dans des dizaines de cas, les gardiens sont entrés dans une ou deux cellules à la fois et ont brutalement frappé les prisonniers avec des matraques. Les personnes incarcérées ont également fait état d’agressions physiques telles que des coups de poing, des gifles et des coups de pied à la sortie de leur cellule ou lors de leur transfert dans un autre établissement, y compris à l’encontre de personnes malades ou handicapées », indique le rapport de PHRI.

« Des personnes récemment détenues ont expliqué que les gardes de l’IPS les avaient forcées à embrasser le drapeau israélien et que celles qui avaient refusé avaient été tabassées.»

Comme des dizaines de rapports établis avant lui par des groupes de défense des droits des prisonniers palestiniens et des experts en droits de l’homme, le rapport de PHRI souligne que les pratiques d’abus et de torture indiquent qu’ « il ne s’agit pas d’incidents isolés dus à des gardiens particulièrement pervers, mais de pratiques de violence systématique ».

Après le 7 octobre, les violations commencent à se généraliser

Immédiatement après l’offensive du Hamas du 7 octobre, alors qu’Israël entamait sa campagne militaire à Gaza, une autre campagne a débuté en Cisjordanie occupée. Les raids militaires israéliens, qui se produisaient déjà tous les soirs dans le territoire, se sont accélérés à un rythme soutenu.

En l’espace de quelques semaines, des milliers de Palestiniens, dont des travailleurs journaliers de Gaza pris au piège, ont été arrêtés au milieu de la nuit.

Pour les Israéliens, les séances de torture des prisonniers palestiniens sont publiques et divertissantes

Tout aussi rapidement que la population carcérale a commencé à augmenter, des témoignages de Palestiniens ont commencé à affluer, faisant état de soldats israéliens agressifs battant les détenus et leurs familles et saccageant les maisons.

Simultanément, une tendance inquiétante a commencé à émerger. Sur les réseaux sociaux, des vidéos et des photos ont commencé à circuler, montrant les forces israéliennes en train de soumettre des détenus palestiniens à des violences physiques, sexuelles et verbales.

Ces images étaient filmées et fièrement mises en ligne par les soldats eux-mêmes.

Le 31 octobre, l’une des premières vidéos de ce type a commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Elle montrait un groupe d’hommes palestiniens, les yeux bandés, les mains et les pieds liés, dont beaucoup étaient partiellement ou totalement dénudés, allongés sur le sol. Les hommes sont jetés, frappés et battus par des soldats israéliens en uniforme. Certains criaient de douleur, d’autres gisaient au sol, leurs corps nus empilés les uns sur les autres.

Cette vidéo poignante a provoqué une onde de choc au sein de la communauté palestinienne. De nombreux internautes ont comparé ces scènes troublantes aux photos tristement célèbres de corps empilés de prisonniers irakiens torturés par l’armée américaine dans la prison d’Abou Ghraib, en Irak, il y a près de 20 ans.

Des rapports contradictoires ont émergé quant à l’endroit où la torture a eu lieu – certains rapports indiquent qu’elle a eu lieu en Cisjordanie occupée, tandis que d’autres disent qu’elle montre des scènes de Palestiniens détenus dans les zones situées à l’extérieur de la bande de Gaza.

Mondoweiss n’a pas été en mesure de vérifier le lieu exact des faits. Cependant, deux groupes de défense des droits des prisonniers ont vérifié qu’il s’agissait d’une vidéo authentique, prise en Cisjordanie après le 7 octobre.

Selon les médias israéliens, les hommes palestiniens torturés étaient des ouvriers de Cisjordanie qui ont été appréhendés dans la région des collines du sud d’Hébron après avoir prétendument tenté d’entrer en Israël sans permis.

Dans un rare aveu de faute, l’armée israélienne a prétendu qu’elle enquêtait sur l’incident, affirmant dans un communiqué que « la conduite [des soldats] qui ressort de ces scènes est grave et incompatible avec les valeurs de l’armée [d’occupation] ».

Mais la somme de preuves de torture, d’abus et de harcèlement de détenus palestiniens aux mains des forces israéliennes qui s’est accumulée au cours des derniers mois, continue de contredire directement les déclarations de l’armée israélienne sur ses prétendues « valeurs » et la « moralité » de ses soldats.

Depuis le 7 octobre, l’armée israélienne a raflé et kidnappé plus de 6000 Palestiniens, selon les derniers chiffres d’Addameer, une association de défense des droits des prisonniers palestiniens basée à Ramallah.

Alors que des vidéos et des rapports faisant état d’abus physiques et de tortures ont commencé à faire surface dès la fin du mois d’octobre, les rapports n’ont pas cessé et ont continué à s’accumuler, tant en Cisjordanie que dans la bande de Gaza.

Alors qu’un grand nombre de Palestiniens sont jetés en détention arbitraire, ceux qui s’en sortent ont témoigné sur les violences allant des moqueries et du harcèlement aux coups physiques et aux agressions sexuelles.

Depuis le 7 octobre, au moins huit prisonniers palestiniens sont morts dans les prisons israéliennes. Les groupes de défense des droits de l’homme soupçonnent fortement des actes criminels, bien qu’il soit impossible de le confirmer, Israël refusant de restituer les dépouilles des prisonniers décédés.

« La période actuelle est la plus dangereuse et la plus violente depuis de nombreuses années pour les personnes arrêtées en Cisjordanie », a déclaré Abdullah al-Zghari, porte-parole du Club des prisonniers palestiniens, à Mondoweiss. « Ils [Israël] arrêtent tout le monde, tous les âges, les jeunes et les vieux, les enfants, les femmes, les filles, les anciens prisonniers, tout le monde. »

« La façon dont ils arrêtent les gens, le type d’agression et d’abus que nous avons vus montrent clairement qu’il s’agit d’une campagne de vengeance », a ajouté M. al-Zghari.

« Ils se vengent de ce qui s’est passé le 7 octobre. »

Dans un rapport détaillé datant de janvier, Addameer a brossé un tableau similaire, affirmant que les arrestations massives et l’intensification de la brutalité contre les prisonniers palestiniens en réponse aux actes de résistance palestinienne sont des tactiques courantes utilisées par Israël depuis le début de son occupation.

« Avec le temps, l’intensité de la brutalité et des arrestations ne fait qu’augmenter comme forme de punition et comme moyen de réprimer la résistance palestinienne, dans le but de contrôler tous les aspects de la vie des Palestiniens et de punir toute une société », a déclaré Addameer.

Arrestations arbitraires et mauvais traitements : « J’ai été battu pendant cent ans dans ma vie »

Tous les rapports des organisations de défense des droits de l’homme sur la campagne israélienne d’arrestations et d’incarcérations massives ont en commun le caractère arbitraire avec lequel les Palestiniens sont ciblés, arrêtés et maltraités.

Alors qu’Israël considère tous les Palestiniens sous sa garde comme des « prisonniers de sécurité », près de 3500 prisonniers sur un total estimé à 9000 sont aujourd’hui incarcérés dans les prisons israéliennes sans avoir jamais été accusés d’un crime ou jugés.

Ce nombre inclut des civils ordinaires, ainsi que des activistes, des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme.

Des centaines d’autres Palestiniens, qui ont été arrêtés puis relâchés, ont expliqué qu’ils avaient été arrêtés arbitrairement à des postes de contrôle, puis qu’ils avaient subi des violences physiques et verbales.

À l’intérieur du camp de torture israélien pour les détenus de Gaza

C’est le cas de Mahmoud Dweik, un adolescent palestinien de 19 ans originaire de la ville d’Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée.

Le 4 novembre, Dweik se promenait avec ses amis à Hébron lorsqu’une jeep militaire israélienne a arrêté leur voiture. Les soldats israéliens ont commencé à fouiller le véhicule et les téléphones des garçons.

Les soldats ont trouvé suffisamment de « preuves » pour arrêter les trois jeunes hommes : un bâton, un cutter trouvé dans une boîte à outils dans le coffre de la voiture, et une photo d’un poste de contrôle israélien sur le téléphone de Mahmoud qu’il avait prise plus d’un an auparavant.

Les soldats ont ensuite emmené Mahmoud et ses deux amis dans un camp militaire situé au sommet d’une colline surplombant la ville d’Hébron. C’est là que les mauvais traitements ont commencé.

« Environ 40 soldats, en groupes, se sont relayés pour nous battre depuis le début de notre enlèvement, à 19 heures, jusqu’à 5 heures du matin» , peut-on lire dans un témoignage écrit par Mahmoud et transmis à Mondoweiss par son père, Badee. Le jeune adolescent a décrit cette période comme une « débauche des coups ».

« J’ai été battu [suffisamment] pour cent ans dans ma vie », a déclaré Mahmoud, ajoutant que les soldats avaient utilisé leurs mains, leurs pieds, leurs fusils et des gourdins pour battre les garçons.

Après quelque huit heures de mauvais traitements, les garçons ont été emmenés dans un poste de police israélien situé dans la colonie illégale de Kiryat Arba, au cœur de la vieille ville d’Hébron. Les garçons ont passé une heure au poste de police, avant d’être ramenés au camp militaire, où ils ont été à nouveau battus.

« Nous avons dormi à même le sol, sans couverture ni rien pour protéger nos corps. Nous avons simplement dormi à l’air libre », a déclaré Mahmoud. Quelques heures plus tard, les garçons ont été ramenés au poste de police de Kiryat Arba.

Tout espoir d’être relâchés chez eux a été anéanti lorsque, peu après, les trois amis ont été emmenés à la prison militaire d’Ofer, à l’extérieur de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie.

Un voyage qui aurait dû durer deux heures s’est prolongé pendant plus de 12 heures, a déclaré Mahmoud, qui a décrit le transport dans des « cages » à l’intérieur de véhicules militaires israéliens, où ils étaient assis sur des bancs de fer qui leur faisaient mal au dos. Ils n’ont pas été nourris et n’ont reçu de l’eau qu’une seule fois.

Lorsqu’il est arrivé à la prison, il a été déshabillé et fouillé par des gardiens de prison, qui l’ont forcé à « monter et descendre plusieurs fois, le visage tourné vers le mur », a déclaré M. Mahmoud.

Mahmoud a finalement été inculpé de « possession d’un contenu sur le téléphone qui menace la sécurité de l’État d’Israël ». Le contenu en question était la photo d’un poste de contrôle militaire que Mahmoud avait prise avec son téléphone portable plus d’un an et demi auparavant.

Après 12 jours de prison, il a été libéré moyennant une caution de 1000 shekels (272 dollars).

Mahmoud raconte qu’il a été libéré à un poste de contrôle près de la ville de Ramallah au milieu de la nuit, sans téléphone, vêtu seulement de son caleçon et d’un pantalon de prison trop grand.

Grâce à la gentillesse de gens qu’ils a rencontrés, Mahmoud a été habillé et a emprunté un téléphone pour appeler son cousin qui vivait à Ramallah. Il a passé la nuit chez son cousin, avant de retourner à Hébron le lendemain, où il a retrouvé ses parents.

« Ce furent les jours les plus infernaux de ma vie », a-t-il déclaré.

En vogue sur les médias sociaux : des soldats mettent en ligne leurs propres abus

Lorsqu’un Palestinien est enlevé par les forces israéliennes, il peut s’écouler plusieurs jours avant que sa famille ne sache où il est détenu et dans quelles conditions.

Sans que cela ne change rien au fait, depuis le 7 octobre, de plus en plus de familles palestiniennes ont eu des nouvelles de leurs proches par le biais des médias sociaux, lorsqu’elles sont tombées sur des photos et des vidéos enregistrées et postées par des soldats israéliens, montrant des membres de leur famille dégradés, torturés et humiliés.

Wajd Jawabreh, 33 ans, est mère de trois filles de moins de 10 ans et vit dans un camp de réfugiés de la région de Bethléem. Le 31 octobre, Wajd Jawabreh dormait chez elle avec son mari, Khader Lutfi, et leurs filles, lorsque les forces israéliennes ont fait irruption dans leur maison et ont arrêté son mari.

Environ 30 minutes après son arrestation, Wajd, bouleversée, a reçu un lien vers une vidéo sur les réseaux sociaux. Ce qu’elle a vu lui a fait mal au cœur.

La vidéo montrait son mari, Khader, les yeux bandés et les mains liées, agenouillé devant un soldat israélien. Dans la vidéo, on peut entendre le soldat, qui semble être celui qui filme la vidéo, crier des jurons à Khader, dire en arabe « Bonjour salope », tout en lui donnant un coup de pied dans l’estomac.

« J’ai été choquée et bouleversée. Cela m’a détruit le cœur. Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer », a déclaré Wajd à Mondoweiss en décembre, plus d’un mois après l’arrestation de Khader. « C’est incroyablement difficile de voir la personne avec laquelle vous avez passé votre vie dans cette situation. »

Mme Wajd a déclaré à Mondoweiss que la vidéo avait été « prise dans un but précis », pour humilier son mari, qui jouit d’une bonne réputation dans leur communauté. « Depuis que j’ai vu la vidéo jusqu’à aujourd’hui, j’ai essayé de ne pas laisser la vidéo briser ma détermination, parce que c’est ce que veut l’occupation. »

La vidéo de Khader a largement circulé sur les réseaux sociaux, accumulant des centaines de milliers de vues. Mme Wajd explique qu’elle a tout fait pour que ses filles ne voient jamais la vidéo, et que chaque nouveau visionnage et partage de la vidéo la blesse encore plus.

« Je ne veux pas que mon mari soit vu ou qu’on se souvienne de lui de cette façon. Je veux qu’on se souvienne de lui comme de la personne gentille et forte qu’il est », a-t-elle déclaré.

L’humiliation et la honte que Wajd a ressenties en regardant la vidéo de son mari battu et dégradé est exactement l’objectif de ce type de contenu, selon les groupes de défense des droits des Palestiniens.

« Les Israéliens essaient d’humilier les prisonniers et les détenus après ce qui s’est passé à Gaza [le 7 octobre]. Ils les testent de manière dégoûtante, ils les déshabillent, les battent sur le sol nus, les relâchent sans vêtements afin qu’ils ressentent de la honte et de l’humiliation au sein de la communauté », a déclaré Abdullah al-Zghari à Mondoweiss.

« Cela fait également partie de la torture collective et de la peur instaurées par l’occupation au sein de la population palestinienne : faire en sorte que les gens aient peur d’être arrêtés. Cela prouve à quel point ils nous déshumanisent et ne nous considèrent pas comme des êtres humains », a-t-il ajouté.

Torture et violence sexuelle dans les prisons

Si les mauvais traitements infligés aux détenus palestiniens commencent dès leur arrestation, les rapports des groupes de défense des droits et des prisonniers eux-mêmes indiquent que les pires tortures et mauvais traitements ont lieu une fois que les Palestiniens sont emprisonnés dans les prisons et les centres de détention israéliens.

Des témoignages poignants ont été diffusés à plusieurs reprises par des Palestiniens de Gaza qui ont été détenus pendant l’invasion terrestre d’Israël, des détenus racontant qu’ils n’avaient pas accès à la nourriture, à l’eau et aux toilettes.

Pour les Palestiniens, les prisonniers ne sont pas que des chiffres

Des vidéos et des photos ont montré des marques et des coupures profondes sur les poignets et les chevilles de détenus libérés de Gaza, qui ont déclaré avoir été attachés pendant des jours sans pouvoir être soulagés. Dans certains cas, les forces israéliennes auraient utilisé des chiens de l’armée pour menacer les détenus.

En janvier, lors d’une visite à Gaza, Ajith Sunghay, chef du bureau des droits de l’homme des Nations unies dans le territoire palestinien occupé, a déclaré qu’il avait rendu visite à un certain nombre de détenus palestiniens qui avaient été détenus « dans des lieux inconnus » pendant 30 à 55 jours.

« Ils ont déclaré avoir été battus, humiliés, soumis à des mauvais traitements et à ce qui pourrait s’apparenter à de la torture. Ils ont déclaré avoir eu les yeux bandés pendant de longues périodes – certains pendant plusieurs jours consécutifs », a déclaré M. Sunghay. « Un homme a déclaré n’avoir eu accès à une douche qu’une seule fois au cours de ses 55 jours de détention. On rapporte que des hommes ont été libérés par la suite, mais seulement en sous-vêtement, sans aucun vêtement adéquat par ce temps froid ».

On estime que quelque 600 Palestiniens de Gaza sont détenus dans les prisons israéliennes. En revanche, des centaines d’autres sont détenus dans des camps de détention israéliens, bien que le nombre exact de cette dernière catégorie ne soit pas connu.

Dans le camp de détention, Haaretz a rapporté que les prisonniers dormaient pratiquement sans vêtements et exposés au froid hivernal, qu’ils avaient constamment les yeux bandés et qu’ils étaient soumis à des tortures constantes à presque toutes les heures de la journée.

En décembre 2023, il a été rapporté qu’un nombre non déclaré de détenus de Gaza étaient « morts » dans les camps de détention israéliens. Ces rapports n’incluaient pas au moins huit autres Palestiniens non originaires de Gaza qui sont également morts dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre.

Si les prisonniers de Gaza sont probablement confrontés à des tortures et des abus extrêmes en raison de leur identité, des tactiques de torture similaires et des abus généralisés, y compris des violences sexuelles, ont également été utilisés contre des Palestiniens d’autres parties des territoires occupés qui sont détenus dans des prisons israéliennes.

Citant un avocat palestinien qui rend visite aux détenus palestiniens chaque semaine depuis le 7 octobre, Amnesty International a déclaré que « les détenus palestiniens se sont vu refuser le droit de faire de l’exercice en plein air et que l’une des formes d’humiliation à laquelle ils sont soumis lors du comptage des détenus est l’obligation de s’agenouiller sur le sol ».

L’avocat, Hassan Abadi, a ajouté que les Palestiniens en détention « ont vu tous leurs biens personnels confisqués et parfois brûlés, y compris des livres, des journaux intimes, des lettres, des vêtements, de la nourriture et d’autres articles ».

Les femmes palestiniennes détenues dans la prison d’al-Damon se sont vu confisquer leurs serviettes hygiéniques par les autorités pénitentiaires. Selon Abadi, une cliente qu’il représentait lui a dit que lorsqu’elle était détenue et avait les yeux bandés, un officier israélien l’avait « menacée de la violer ».

Dans son rapport de janvier, Addameer a décrit plusieurs cas où les forces israéliennes ont proféré des menaces et des violences sexuelles à l’encontre d’hommes et de femmes palestiniens en détention.

Le groupe a déclaré que cette violence est employée par l’occupation israélienne, qui est « bien consciente de la stigmatisation des hommes et des femmes palestiniens et de l’importance de l’intégrité et de l’honneur de leur corps. Ceci est particulièrement important dans les sociétés arabes ».

« De nombreux témoignages de femmes font état de harcèlement sexuel, de menaces de viol et de fouilles à nu forcées à l’intérieur des prisons, et même souvent devant leurs propres enfants pendant la nuit, lors d’invasions de domicile. Il s’agit là de méthodes de coercition visant à donner aux femmes un sentiment d’impuissance et à donner à l’occupant l’impression de contrôler les femmes et leur corps. Il s’agit d’un abus de pouvoir et d’autorité qui joue sur la peur des victimes », a déclaré le groupe.

Addameer a cité le cas d’un prisonnier de Jérusalem, appelé « O.J. » dans le rapport, qui affirme avoir été soumis à une fouille à nu au cours de laquelle les officiers israéliens « ont caressé ses parties intimes à plusieurs reprises sous prétexte d’une fouille minutieuse. Ils l’ont fait s’asseoir et se lever plusieurs fois alors qu’il était nu. En outre, alors qu’il était nu et qu’il subissait la fouille, la pièce dans laquelle il était gardé avait des fenêtres sans protection en verre, ce qui permettait au vent froid de pénétrer dans la pièce ».

Dans un autre cas documenté par Adammeer, les forces israéliennes ont fait une descente au domicile d’une femme à Jérusalem, l’ont menacée de viol, lui ont craché au visage et l’ont forcée à déshabiller sa petite-fille de deux semaines qui venait de naître.

« Ces actes consistant à forcer des hommes et des femmes à se déshabiller et à les toucher de manière inappropriée sous prétexte de les fouiller pour des raisons de sécurité sont commis dans l’intention d’embarrasser et de harceler sexuellement les Palestiniens et les Palestiniennes », a déclaré Addameer.

Dans le rapport de Physicians for Human Rights, un prisonnier du nom de « A.G. » détenu dans la prison israélienne de Ktzi’ot a déclaré que les forces spéciales israéliennes étaient entrées dans leur cellule et avaient battu tout le monde à l’intérieur, en criant des insultes sexuellement explicites telles que « vous êtes des putes », « nous allons toutes vous baiser », « nous allons baiser vos soeurs et vos femmes », etc. A.G. a ensuite été emmené dans des toilettes où les forces israéliennes lui ont uriné dessus.

A.G. a également décrit des incidents de fouilles à nu violentes, au cours desquelles les gardiens de prison « épinglaient les individus nus les uns contre les autres et introduisaient un dispositif de fouille en aluminium dans leurs fesses ». Dans un cas, les gardiens ont introduit une carte dans les fesses d’une personne. Cela s’est produit devant les autres détenus, ainsi que devant les gardiens, qui ont exprimé leur contentement.

« Sous le couvert de la guerre à Gaza, le ministère de la sécurité nationale, son ministre et le ministère de la défense, avec le soutien actif et passif d’autres membres et ministres de la Knesset, ont encouragé une violation sans précédent des droits des Palestiniens détenus par l’armée et l’IPS », conclut le rapport de la PHRI.

« L’État a insisté à plusieurs reprises sur le fait qu’il s’agissait de mesures nécessaires adoptées dans le cadre des ordonnances d’urgence pour maintenir la sécurité nationale. Pourtant, en réalité, ces mesures violent le droit local et international ainsi que les traités internationaux ».

27 février 2024 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine