Les personnes âgées de Gaza meurent de faim et de maladie

Hadia Nasr est née en 1944, quatre ans avant la « Nakba », le mot arabe qui signifie « catastrophe » et qui fait référence à la guerre de 1948 qui a conduit à la création d'Israël et au déplacement massif de centaines de milliers de Palestiniens. Une femme palestinienne âgée, qui était devenue très connue pour avoir dit qu'elle était « plus vieille qu'Israël » dans une vidéo circulant en ligne, a été abattue par un tireur d'élite israélien à Gaza - Photo : Réseaux sociaux

Par Palestinian Information Center

Presque chaque jour, le nombre de morts parmi les Palestiniens de la bande de Gaza, en particulier les personnes âgées, augmente en raison de la faim, de la malnutrition et de l’absence de traitement médical. Cette situation s’inscrit dans le contexte des massacres brutaux et du génocide perpétrés par Israël, ainsi que du siège étouffant qui empêche l’aide d’entrer dans la bande de Gaza depuis plus de cinq mois.

Un rapport publié par l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a confirmé que la plupart de ces cas n’atteignent pas les hôpitaux partiellement fonctionnels du nord de Gaza en raison de la difficulté d’accès et du danger de se déplacer sous les attaques militaires israéliennes continues.

Par conséquent, ils meurent et sont enterrés près de leur domicile ou dans des cimetières temporaires disséminés dans la bande de Gaza, dont le nombre dépasse désormais les 140 cimetières.

Le rapport montre que le bilan direct de l’attaque israélienne s’élève à plus de 40 000 martyrs, dont 92 % de civils et 7 % de personnes âgées. Cela s’est produit dans les cinq mois qui ont suivi le début du crime de génocide.

Il a également confirmé que des milliers de victimes sont tombées et n’ont pas été recensées dans les hôpitaux en raison de la faim, de la malnutrition et de l’absence de soins de santé.

L’Euro-Med Monitor a documenté le décès d’une personne âgée de 72 ans le 6 mars à l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de Gaza, pour cause de malnutrition et de déshydratation, soulignant qu’il s’agit de l’un des rares cas ayant réussi à atteindre les hôpitaux.

Israël ajoute « l’ingénierie de la famine » à sa panoplie d’outils génocidaires

Mohammed Shihabir, un habitant de la ville de Gaza, a signalé la mort de huit personnes âgées dans le quartier de Sabrah où il réside, au cours des trois derniers jours. Elles souffraient de diverses complications dues à la faim, au manque de soins médicaux et au froid.

L’Euro-Med a souligné que le nombre de personnes âgées, de plus de 60 ans, est de 107 000 selon le Bureau central palestinien des statistiques pour l’année 2023, ce qui représente environ 5 % de la population de la bande de Gaza. Toutes ces personnes ont été victimes des violations israéliennes, qui ont créé une situation humanitaire dangereuse pour tous les segments de la société, exacerbant l’impact sur les groupes vulnérables en raison des opérations militaires israéliennes en cours qui ciblent systématiquement et largement les civils.

Cette situation a conduit à la propagation de la famine, à une malnutrition sévère et à la privation des soins de santé essentiels à la survie.

La femme âgée, Shifa Salah Al-Haj Saleh, raconte les détails de la famine vécue par les habitants du nord de Gaza : « En plus des destructions et des tueries que nous subissons depuis plus de cinq mois, nous vivons aujourd’hui une grave guerre de la faim comme nous n’en avons jamais connue auparavant. J’ai cinq enfants et 14 petits-enfants, et je m’inquiète constamment de ce que ces enfants vont manger, car nous vivons une véritable guerre pour assurer leur subsistance ».

Elle ajoute : « Je souffre d’hypertension et j’ai toujours besoin de manger avant de prendre mes médicaments, mais je ne trouve pas de nourriture. Et si j’en trouve, je dis toujours que je la donnerai à mes enfants. Pendant cette guerre, j’ai perdu ma maison, et ma fille et son mari ont été tués, tandis que mon autre fille a été blessée. »

L’homme âgé, M.S., 65 ans, qui a demandé à ne pas être nommé, déclare : « Je n’ai pas pu être évacué vers le sud de la bande de Gaza parce que je suis en fauteuil roulant. Tous mes enfants ont fui et je reste avec ma fille. Nous nous déplaçons difficilement, les bombardements sont omniprésents et il m’arrive de rester deux jours sans rien manger. Je souffre d’hypertension et de diabète, et il n’y a pas de médicaments disponibles. Nous dépendons de ce que nos voisins nous fournissent, et ma fille parvient à s’approvisionner de temps en temps après avoir parcouru de longues distances. »

Un prix élevé

L’Observatoire Euro-Med confirme que les personnes âgées ont payé un lourd tribut à l’attaque israélienne en raison de leur vulnérabilité et de leur incapacité à se déplacer. En outre, 70 % d’entre elles souffrent de maladies chroniques qui les rendent plus vulnérables aux répercussions des attaques israéliennes et à la détérioration de la situation humanitaire.

Il est à noter que les formes de ciblage des personnes âgées varient entre le ciblage direct lors du bombardement de maisons avec des résidents à l’intérieur, où un grand nombre de victimes a été enregistré parmi eux, et l’assassinat de dizaines d’entre eux lors d’exécutions sommaires, soit par des opérations de tireurs d’élite, soit par des tirs à partir d’avions quadcoptères. L

Les personnes âgées ont également été affectées par les blessures, avec des difficultés de rétablissement en raison de leur âge avancé et du manque de soins de santé appropriés.

L’Euro-Med Monitor explique que les personnes âgées déplacées, parmi environ 2 millions de personnes déplacées, ont également été soumises à des souffrances supplémentaires en raison de leur état de santé, qui s’est aggravé avec le froid intense, le manque de nourriture et d’eau potable, le manque de lieux de sommeil appropriés, et l’absence de traitement, de soins, d’appareils médicaux et d’équipement de soutien.

Mort par inanition

Il est ajouté que ceux qui survivent aux tirs israéliens restent exposés à la mort en raison d’autres crimes délibérés, au premier rang desquels figurent la famine, la déshydratation et les maladies qui y sont associées, ainsi que la privation de soins médicaux de base et nécessaires.

Gaza : le génocide par la famine !

L’Euro-Med Monitor a averti que des centaines de milliers de civils, en particulier les personnes âgées et les enfants, sont confrontés à une menace réelle et imminente de mort due à la faim et à la déshydratation. Cette situation résulte de la poursuite du blocus israélien sur la bande de Gaza, qui a entraîné une aggravation de la crise de la famine et une obstruction continue de l’aide humanitaire, en particulier dans la partie nord de l’enclave.

Des morts silencieuses

Le porte-parole du ministère de la santé à Gaza, le Dr Ashraf al-Qudra, a déclaré que le nombre de morts rapporté ne reflète que les personnes qui ont pu se rendre à l’hôpital, et que des dizaines d’autres meurent silencieusement à cause de la famine sans avoir pu se rendre dans les établissements médicaux.

M. Al-Qudra a affirmé que la famine à Gaza a atteint des niveaux mortels, en particulier chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes souffrant de maladies chroniques. Il a appelé à l’entrée immédiate de l’aide humanitaire et médicale.

Il a également exhorté la communauté internationale et les Nations unies à utiliser tous les moyens de pression pour garantir une cessation immédiate de l’agression et à prendre des mesures urgentes pour prévenir la catastrophe humanitaire et sanitaire dans le nord de la bande de Gaza.

La nécessité d’accélérer l’entrée de l’aide humanitaire

Le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, Stéphane Dujarric, a appelé les pays ayant une influence significative sur Israël à exercer leur influence pour imposer un cessez-le-feu et permettre l’entrée de l’aide. Il a qualifié la situation à Gaza de catastrophique et a souligné la nécessité d’ouvrir de nouveaux couloirs pour l’acheminement de l’aide.

M. Dujarric a ajouté : « Sans cessez-le-feu, nous ne pouvons pas mener à bien notre travail humanitaire de la manière requise, ni répondre aux besoins de la population sur le terrain. Aujourd’hui, nous faisons du travail humanitaire chaque fois que l’occasion se présente, en essayant d’atteindre les personnes dans le besoin du mieux que nous pouvons. C’est pourquoi il est urgent d’ouvrir de nouveaux couloirs pour l’entrée de l’aide, car les points de passage de Rafah et de Kerem Shalom sont insuffisants ».

Il a également souligné que les largages aériens et maritimes ne pouvaient se substituer à l’ouverture de points de passage terrestres.

Depuis le 7 octobre de l’année dernière, Israël mène une guerre génocidaire contre la bande de Gaza, qui a fait des dizaines de milliers de morts et de blessés, principalement des enfants et des femmes, et qui a entraîné une destruction massive des infrastructures et une catastrophe humanitaire.

10 mars 2024 – PalInfo – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau