Les Israéliens s’acharnent sur un champ de ruines, sur fond de famine délibérement provoquée

16 mai 2025 - Nihal Al-Banna, elle-même blessée, fait ses adieux à son fils âgé de 12 ans, Ibrahim Al-Banna, tué lors d'une attaque israélienne contre le domicile familial dans le quartier d'Al-Qarara, à Khan Yunis, dans la bande de Gaza. Plusieurs autres membres de la famille ont également été blessés lors de l'attaque - Photo : Doaa Albaz / Activestills

Par Tareq S. Hajjaj, Qassam Muaddi

Les Israéliens ont annoncé la phase initiale de l’opération « Les chars de Gédéon », une invasion terrestre élargie visant à « conquérir » définitivement Gaza, alors que des informations font état du refus par Trump d’appliquer son accord avec le Hamas visant à lever le blocus, et de son intention d’expulser un million de Gazaouis vers la Libye.

De violentes explosions ont secoué la bande de Gaza dans les premières heures de samedi matin, alors que des avions de combat israéliens lançaient des frappes aériennes intensives sur le nord, le sud et le centre de Gaza, dans le cadre de ce que l’armée israélienne a qualifié de « préparatifs en vue d’une extension des opérations » dans le territoire assiégé.

Les frappes aériennes israéliennes ont touché Khan Younis, Deir al-Balah, plusieurs quartiers de la ville de Gaza et Jabalia. Un habitant du camp de réfugiés de Shati, dans la ville de Gaza, a déclaré à Mondoweiss que « l’armée d’occupation avait donné l’ordre d’évacuer le camp de Shati, mais qu’elle avait ensuite annulé cet ordre, avant de l’ordonner à nouveau, plongeant les habitants dans une angoisse permanente ».

« Puis, hier soir, ils ont commencé à bombarder toute la bande de Gaza, y compris le camp de Shati », a ajouté cet habitant de Shati. « Cela a duré toute la nuit. »

Les frappes aériennes ont été accompagnées d’incursions de véhicules explosifs télécommandés israéliens dans le nord de Gaza.

Des journalistes locaux ont rapporté que le véhicule avait explosé dans le quartier de Tal al-Zaatar, à l’est de Jabalia, entre des bâtiments habités. Des éclats d’obus ont atteint l’hôpital indonésien de la ville voisine de Beit Lahia, endommageant le bâtiment, ont rapporté des journalistes locaux.

Selon le ministère palestinien de la Santé, les frappes israéliennes sur la bande de Gaza ont déjà tué 250 Palestiniens au cours des deux derniers jours seulement.

Cette nouvelle vague de bombardements intervient quelques jours après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis la semaine dernière d’« entrer dans Gaza avec toute la force nécessaire » dans le cadre d’une nouvelle offensive terrestre élargie approuvée il y a près d’un mois par le cabinet de guerre israélien, baptisée « Les chars de Gédéon ».

Selon des responsables israéliens, l’assaut israélien permettrait à l’armée de « conquérir » Gaza et de l’occuper de manière permanente.

Peu avant le début de l’invasion samedi, l’armée israélienne a largué des tracts sur Gaza, représentant une scène biblique où la mer se sépare et engloutit des bâtiments détruits dans la bande de Gaza, avec une étoile de David dans le coin en dessous des mots « conquête juste ».

Les habitants du nord de Gaza tentent de fuir les bombardements

Selon Mahmoud Basal, porte-parole de la défense civile à Gaza, l’assaut israélien a fait plus de 100 morts en moins de 12 heures. « C’est une journée sanglante et difficile pour le nord de la bande de Gaza », a-t-il déclaré sur Telegram.

Selon le rapport quotidien du ministère de la Santé, « 153 martyrs et 459 blessés sont arrivés dans les hôpitaux de la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures ». Le ministère a précisé que le nombre de morts recensés était passé à 53 272 depuis le début de la guerre.

Des centaines de milliers de familles déplacées de l’est de la ville de Gaza, qui ont évacué leurs maisons il y a plus d’un mois en raison de l’invasion israélienne du quartier de Shuja’iyya, se sont entassées dans les quartiers ouest de la ville.

Elles ont établi de nouveaux centres de déplacement dans les parcs, les stades et les universités de la ville de Gaza, notamment le stade Yarmouk et l’université islamique.

Au cours de la semaine dernière, l’armée israélienne a menacé d’évacuer également ces centres de déplacement, mettant en avant des zones telles que l’université islamique et d’autres écoles transformées en abris comme devant être évacuées.

Le 16 mai, un grand nombre de personnes ont été déplacées des zones du nord de Gaza, où l’escalade de l’invasion terrestre s’est intensifiée, poussant certains habitants à quitter leurs maisons pour se rendre à Gaza.

Malgré l’incursion de l’armée israélienne dans plusieurs zones du centre de la bande de Gaza et à l’est de Khan Younis, dans la région d’al-Qarara, les habitants décrivent la situation dans le nord comme la plus grave.

Sulaiman Abu Sultan, 41 ans, originaire de Beit Lahia, explique que l’intensité des bombardements dans le nord de Gaza l’a contraint à quitter son domicile. Il raconte à Mondoweiss que l’armée israélienne tire des missiles meurtriers sur des quartiers densément peuplés sans avertissement ni ordre d’évacuation. « Les missiles qui tuent sont l’avertissement », précise Abu Sultan.

« Le temps des avertissements par messages et appels téléphoniques est révolu. Maintenant, ils tuent des centaines de personnes pour avertir ceux qui restent », ajoute-t-il. « Ils envoient des missiles meurtriers qui mettent nos corps en pièces. »

Abu Sultan a décidé d’emmener sa famille de cinq personnes dans ce qui subiste de la ville de Gaza, pour séjourner chez des proches dans la région de Tal al-Hawa, mais il affirme que la situation n’y est pas meilleure.

16 mai 2025 – Des familles palestiniennes fuyant le nord de la bande de Gaza arrivent à Gaza après de violents bombardements dans la nuit, transportant leurs biens et des tentes en lambeaux. Au cours des dernières 36 heures, environ 250 Palestiniens ont été tués et beaucoup sont encore pris au piège sous les décombres. Les hôpitaux sont débordés par le nombre élevé de blessés. Les forces coloniales israéliennes ont largué des tracts sur de nombreuses zones du nord de Gaza et de la ville de Gaza, ordonnant aux Palestiniens de quitter leurs quartiers – Photo : Yousef Al-Zanoun / Activestills

« Nous ne pouvions plus supporter Beit Lahia. Les bruits étaient terrifiants et les bombardements des plus hasardeux. Les débris volaient au-dessus de nos têtes alors que nous étions dans nos maisons détruites », explique Abu Sultan. « Nous pensions que la ville de Gaza serait moins effrayante, mais nous avons trouvé la même situation : des bruits terrifiants et des avions qui volaient au-dessus de nos têtes. »

« Tout cet horreur est-il pour nous ? », se demande Abu Sultan. « Il est difficile de croire que toute cette puissance de feu dans le ciel est réservée à des familles civiles dont la seule préoccupation est de sauver leurs enfants des bombardements et de les nourrir pour qu’ils ne meurent pas de faim. »

Israël poursuit son projet de nettoyage ethnique à Gaza avec le soutien actif des États-Unis

L’offensive israélienne tous azimuts a été précédée par plus d’une semaine de bombardements intensifs de la bande de Gaza, après la libération par le Hamas du soldat israélo-américain Edan Alexander, en « geste de bonne volonté » envers Donald Trump, qui devait arriver au Moyen-Orient dans le cadre de sa tournée prévue dans les pays du Golfe arabe.

L’armée israélienne a lourdement bombardé l’hôpital européen et l’hôpital Nasser à Khan Younis tout au long de la semaine, prétendant viser les principaux dirigeants du Hamas dans un complexe de « commandement et de contrôle » prétendument situé sous l’hôpital européen, même si Haaretz a rapporté qu’Israël n’avait fourni aucune preuve à l’appui de ses affirmations.

Selon une interview accordée à Drop Site News par Basem Naim, responsable du Hamas, la libération d’Alexander faisait partie d’un accord conclu entre le Hamas et l’envoyé américain dans la région, Steve Witkoff, qui était censé contraindre Israël à lever le blocus sur Gaza et à laisser entrer l’aide humanitaire dans le territoire.

Naim a également déclaré que Witkoff s’était « personnellement engagé » à mettre fin au blocus et que Trump était censé appeler publiquement à un cessez-le-feu. Mais selon le haut responsable du Hamas, les États-Unis ont « jeté l’accord à la poubelle ».

Naim a déclaré à Drop Site qu’il n’y avait « aucun » progrès dans les négociations pour un cessez-le-feu, tandis que Witkoff aurait déclaré aux médiateurs arabes que les États-Unis ne feraient pas pression sur Israël pour qu’il mette fin à la guerre contre Gaza.

Pendant ce temps, Netanyahu semble plus inflexible que jamais. Il a déclaré la semaine dernière au quotidien israélien Maariv que l’armée israélienne « détruit de plus en plus de maisons [à Gaza] et qu’ils [les Palestiniens] n’ont nulle part où retourner », ajoutant que « le résultat logique sera le désir des habitants de Gaza de partir ».

Netanyahu a également fait remarquer que la moitié des Gazaouis veulent déjà partir et que « la difficulté est de trouver des pays qui accepteraient de les accueillir ».

Dans le cadre de son plan visant à occuper Gaza indéfiniment, Israël a l’intention de gérer la distribution de l’aide à la population civile selon un nouveau plan des plus horribles qui prévoit le contrôle des familles éligibles à l’aide avec la participation de sous-traitants militaires américains.

Ce plan prévoit apparemment de parquer les Gazaouis dans un camp de concentration dans ce qui reste de Rafah, qui a été rasée et nettoyée par l’armée israélienne, puis d’expulser progressivement la population de Gaza de la bande de Gaza sous le prétexte d’une « migration volontaire ».

En substance, cela impliquerait la destruction et l’extermination du reste de Gaza et le nettoyage ethnique de sa population.

Conformément à ce plan israélien, NBC a rapporté vendredi que l’administration Trump travaillait sur un projet visant à déplacer définitivement un million de Palestiniens vers la Libye en échange de la levée des sanctions imposées à ce pays arabe il y a plus de dix ans. NBC s’est entretenu avec cinq sources anonymes « au courant de cette initiative ».

Selon le ministère palestinien de la Santé, un million d’enfants à Gaza sont menacés de famine, dont 70 000 souffrent de « malnutrition grave » en raison du blocus.

Selon l’Integrated Food Security Phase Classification (IPC), l’organisme de surveillance de la famine affilié à l’ONU, 96 % des Gazaouis sont confrontés à « des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë », dont 22 % à des « niveaux catastrophiques ».

De plus, le ministère de la Santé a annoncé que le nombre de Palestiniens tués par les forces israéliennes à Gaza avait dépassé les 53 000 morts, auxquels s’ajoutent au moins 10 000 personnes disparues sous les décombres.

Ceux qui ont survécu jusqu’à présent se préparent désormais à la prochaine vague d’attaques génocidaires israéliennes soutenues par les États-Unis.


17 mai 2025 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine

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