Israël refuse de restituer aux familles les dépouilles des Palestiniens morts en prison

Des Palestiniens, dont Azhar Abou Srour (centre), mère d'un jeune homme enterré dans un « cimetière des nombres », ont manifesté vendredi 15 septembre 2017 dans le camp de réfugiés d’Aïda contre la décision du gouvernement israélien d’enterrer quatre autre Palestiniens dans ces cimetières anonymes - Photo : MEE/Chloé Benoist

Par Addameer

Les autorités israéliennes d’occupation continuent de refuser de libérer les corps de 11 Palestiniens décédés pendant leur incarcération en Israël, sur les 237 prisonniers décédés dans les prisons israéliennes depuis 1967.

Parmi les martyrs dont les corps sont détenus figurent : Anis Doula, dont le corps est détenu depuis 1980, Aziz Oweisat, dont le corp est détenu depuis 2018, Fares Baroud, Nassar Taqatqa et Bassam As-Sayeh, dont les corps sont détenus depuis 2019, Saadi Al-Gharably et Kamal Abu Wa’er, dont les corps sont détenus depuis 2020, Sami Al-Ammour, dont le corps est détenu depuis 2021, Dawood Az-Zbeidi et Naser Abu Hameid, dont les corps sont détenus depuis 2022.

Le dernier en date est Khader Adnan, qui est décédé le 2 mai 2023, après une grève de la faim de 86 jours pour protester contre sa détention arbitraire.

La détention des corps s’inscrit dans la politique de punition collective exercée par les autorités d’occupation israéliennes à l’encontre du peuple palestinien.

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L’occupation conserve les corps dans des réfrigérateurs et des tombes numérotées sans la moindre considération pour les normes humanitaires.

Selon la Campagne nationale pour la récupération des corps des martyrs, le nombre de martyrs dont les corps sont conservés dans des tombes numérotées a atteint 252, tandis que 142 autres corps de martyrs ont été conservés dans des réfrigérateurs depuis 2015, dont 14 corps d’enfants martyrs et cinq corps de femmes martyrs.

Dans ce contexte, la Cour suprême israélienne a rendu une décision le 14 décembre 2017, acceptant une requête soumise par plusieurs institutions de défense des droits de l’homme au nom des familles des martyrs dont les corps sont conservés.

La Cour suprême a alors interdit le maintien en détention des corps des martyrs en se fondant sur le droit international qui interdit la détention des corps des martyrs.

Cependant, le procureur général israélien a tenu une session supplémentaire avec sept juges, au cours de laquelle la Cour suprême a accepté de tenir la session et a gelé la mise en œuvre de la décision.

Le 9 septembre 2019, la Cour suprême a rendu une décision à la majorité de 4 juges contre 3, revenant sur sa décision précédente concernant la libération des corps des martyrs détenus.

Dans sa dernière décision, la Cour suprême s’est appuyée sur la loi d’urgence israélienne, qui permet au gouverneur militaire d’enterrer les corps des martyrs et de les détenir dans le but de les utiliser comme moyen de pression dans toutes les négociations et échanges futurs qui peuvent être faits avec les Palestiniens et leurs organisations.

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La décision de la Cour suprême israélienne constitue un dangereux précédent dans le cadre des politiques racistes pratiquées par l’État d’occupation à l’encontre des Palestiniens.

Le système judiciaire israélien a souvent agi comme un bras armé du gouvernement et de l’armée israéliens dans nombre de ses décisions.

Avec cette décision, le système judiciaire de l’occupation a une fois de plus démontré sa capacité à violer les principes les plus fondamentaux des droits de l’homme reconnus par la communauté internationale, les accords et les normes qui sont mondialement acceptés, manifestant ainsi son soutien aux politiques de l’occupation.

Addameer Prisoner Support & Human Rights Association appelle la puissance occupante à respecter le droit international, en particulier la quatrième convention de Genève et le premier protocole additionnel aux conventions de Genève.

Ces instruments font partie intégrante du droit international et sont contraignants pour tous les États.

L’article 130 de la Quatrième Convention de Genève stipule que les détenus décédés doivent être enterrés en respectant leurs rites religieux, et que leurs tombes doivent être respectées et préservées.

L’article 34 du premier protocole additionnel aux conventions de Genève interdit la profanation des restes des personnes décédées du fait de l’occupation ou pendant la détention.

27 août 2023 – Addameer – Traduction : Chronique de Palestine