Élections israéliennes : la seule et unique alternative est la Liste Commune

Des citoyens palestiniens d'Israël participent à la marche du retour, organisée dans le village détruit de Khubbeiza, pour marquer le jour de la Nakba, le 9 mai 2019 - Photo: Mati Milstein via 972mag.com

Par Gideon Levy

Les quatre candidats susceptibles d’être élus Premier ministre sont tous terriblement similaires. Ne croyez pas aux contes de fées sur l’existence d’un grand gouffre idéologique entre eux.

Fondamentalement, ils sont identiques: tous sont des juifs sionistes qui soutiennent l’occupation, des adeptes de la suprématie juive en Israël.

Ils sont en faveur des colons et des colonies et ne rêveraient jamais de les stopper.

Ils ne critiqueront jamais l’armée pour ses actions injustifiables et ils sanctifient toute opération violente d’Israël. Des crimes de guerre ? La loi internationale ? Les droits des Palestiniens? Ne les faites pas rire. Ils ont tous suivi exactement la même ligne concernant la Cour pénale internationale de La Haye.

Benjamin Netanyahu, Yair Lapid, Gideon Saar et Naftali Bennett sont tous les mêmes.

Ils promettent l’occupation et la suprématie juive pour toujours. Ce sont des nationalistes juifs israéliens qui emploient exactement le même vocabulaire sur les questions qui comptent vraiment.

Ce serait bien pour Israël si aucun d’eux n’était élu. Nous en avons assez d’eux et de leurs semblables. Mais dans la réalité d’aujourd’hui, l’un d’eux sera sûrement le prochain Premier ministre.

Sur les quatre d’entre eux, Netanyahu est clairement sur le dessus du panier. C’est le plus roublard, futé et expérimenté du groupe.

Les accusations criminelles contre lui, qui, dans une société normale, l’empêcheraient de continuer à occuper ses fonctions – bien que la loi le permette ici – devront être réglées par un tribunal.

Abstraction faite des accusations, il est certainement le personnage le plus impressionnant des quatre.

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Contrairement à la pensée la plus répandue, il est aussi le moins dangereux d’entre eux. Lapid, Saar et Bennett vont nous mêler à une guerre beaucoup plus rapidement qu’il ne le fera. Ils voudront faire leurs preuves, ce qui en Israël se mesure en guerre, ou du moins en bellicisme.

Netanyahu n’a plus besoin de cela…

Il n’y a pas non plus de garantie qu’ils traiteront mieux le coronavirus que lui, et il est même probable que le contraire soit vrai. Parallèlement à ses échecs, Netanyahu a enregistré des réalisations surprenantes à cet égard.

Par conséquent, quiconque se satisfait de vivre dans un État d’apartheid, se soucie guère de la justice pour les Palestiniens et pour qui l’occupation n’est rien de plus qu’un bourdonnement ennuyeux dans les oreilles… devrait voter pour Netanyahu.

Il est le moins pire, même si son mode de vie est écœurant et les accusations portées contre lui très graves. Mais la justice se prononcera là-dessus.

Rappelons aux puristes qui s’indignent de la corruption, que la corruption la plus grande et la plus profonde est l’occupation, qu’ils mentionnent à peine.

La seule vraie alternative à Netanyahu est la Liste Commune. Bibi ou Tibi, 2.0.

Entre Bibi et Tibi se trouve la seule fracture décisive de la politique israélienne.

Entre Bibi et Ayman Odeh passe le tournant du sionisme, dont le temps est révolu et dont les dommages à l’image morale d’Israël s’accumulent. Entre le Likud et Balad se trouve le choix clair entre la suprématie juive et l’égalité.

Dans l’espace entre le Likud et la Liste commune, il n’y a que de pâles imitations de Netanyahu ou des candidats trompeurs pour qui le principal but est de donner aux électeurs un agréable sentiment d’oxygène même s’ils ne sont ni très différents, ni assez subversifs ou révolutionnaires pour ce qui est nécessaire.

Le jargon est différent, il s’écoute plus facilement, mais il est trompeur : la gauche sioniste a égaré les gens depuis 100 ans et Israël ne sera différent sous aucune de ses composantes.

Encore plus de “toujours la même chose” : vivre éternellement par l’épée, l’intimidation et l’incitation à la haine, la déshumanisation et la diabolisation des Palestiniens, et le jeu sans fin de la carte de la victime en se vautrant dans le passé juif.

Dans l’espace entre Bibi et Tibi, il y a Yesh Atid, le Parti travailliste et Meretz. Aucun électeur de gauche ne voterait jamais pour un nationaliste comme Lapid, qui défend aveuglément et automatiquement Tsahal comme le fait un bon ailier droit.

Merav Michaeli inspire à juste titre beaucoup d’admiration, mais son parti est à l’origine de l’occupation – le parti travailliste ne sera pas celui qui fera quoi que ce soit de substantiel pour y mettre fin, même pas avec cette femme en tant que chef.

Et Meretz vit sur les cendres du passé. Avec un général à sa tête qui affirme que Tsahal n’a jamais commis de crimes de guerre, les électeurs de gauche n’ont rien à y trouver.

A1 * Gidéon Lévy, né en 1955, à Tel-Aviv, est journaliste israélien et membre de la direction du quotidien Ha’aretz. Il vit dans les territoires palestiniens sous occupation.


10 février 2021 – Haaretz – Traduction : Chronique de Palestine