« Déluge d’Al-Aqsa » Jour 77 : famine à Gaza et explosion du nombre de prisonniers en Cisjordanie

20 décembre 2023 - Alors que les Palestiniens cherchent des survivants après une frappe aérienne israélienne sur des maisons résidentielles près de l'hôpital koweïtien à Rafah, au sud de Gaza, des blessés sont arrivés à l'hôpital, lequel a déjà du mal à faire face au nombre de Palestiniens nécessitant des soins. Au moins 10 personnes ont été tuées dans l'attaque, mais beaucoup d'autres pourraient encore se trouver sous les décombres. La ville de Rafah a été inondée de Palestiniens déplacés du nord de la bande de Gaza qui ont reçu l'ordre des forces coloniales israéliennes de se déplacer vers le sud, avant d'être confrontés à des bombardements encore plus soutenus. Plus de 20 000 Palestiniens ont été tués dans les bombardements israéliens sur Gaza depuis le 7 octobre, dont près de 8000 enfants, tandis que des milliers d'autres restent sous les décombres. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, au moins 90 % de la population de Gaza a été déplacée, la plupart d'entre eux étant des réfugiés de la Palestine de 1948 - Photo : Mohammed Zaanoun/ Activestills

Par Anna Lekas Miller

Des centaines de personnes ont été tuées dans la bande de Gaza au cours des deux derniers jours.

Victimes :

  • 20 057 Palestiniens tués * et 53 320 blessés dans la bande de Gaza
  • 303 Palestiniens tués et 4655 blessés en Cisjordanie occupée.

* Ces chiffres ont été fournis par le ministère de la santé de Gaza le 22 décembre. En raison des pannes des réseaux de communication dans la bande de Gaza, le ministère de la santé de Gaza n’a pas été en mesure d’actualiser régulièrement et précisément ses bilans depuis la mi-novembre. Certains groupes de défense des droits de l’homme estiment que le nombre de morts est plus proche de 26 000.

Principaux développements :

  • Ministère de la santé de Gaza : 390 Palestiniens ont été tués et 734 ont été blessés au cours des dernières 48 heures alors que les communications étaient suspendues à Gaza. L’armée israélienne a donné des ordres aux habitants de plusieurs zones du nord et du centre de la bande de Gaza, y compris Khan Younis, pour qu’ils « se rendent immédiatement dans des abris (?) à Deir al-Balah ».
  • Une nouvelle enquête du Washington Post ne trouve guère de preuves que le Hamas utilisait l’hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza comme centre de commandement militaire.
  • PAM : Gaza est menacée par la famine, plus d’un ménage sur quatre étant actuellement confronté à une faim extrême.
  • OMS : Le nord de Gaza n’a plus d’hôpitaux en état de marche.
  • Groupe de prisonniers palestiniens : Les forces israéliennes ont kidnappé plus de 4 655 Palestiniens en Cisjordanie occupée.
  • Affrontements à Jérusalem-Est, les Palestiniens se voyant à nouveau interdire d’assister à la prière du vendredi dans l’enceinte d’Al Aqsa.
  • Après avoir retardé le vote d’un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies jeudi soir, les États-Unis ont indiqué qu’ils étaient prêts à accepter des conditions « édulcorées » qui permettraient d’accroître l’accès de l’aide humanitaire à Gaza.
  • L’UE adopte un plan d’aide de 118 millions d’euros pour l’Autorité palestinienne.
  • Le Canada annonce la création d’un visa d’immigration temporaire pour les proches des citoyens et des résidents permanents pris au piège à Gaza. Ce visa serait toutefois subordonné à l’autorisation d’Israël de les laisser partir.

Israël ordonne aux Palestiniens de Khan Younis d’évacuer leur ville, tandis que la bande de Gaza est confrontée à la faim « au niveau d’une crise »

Des centaines de personnes ont été tuées dans la bande de Gaza au cours des deux derniers jours et l’armée israélienne d’occupation a officiellement donné l’ordre aux habitants de plusieurs zones du nord et du centre de la bande de Gaza, y compris Khan Younis, où de nombreuses personnes déplacées ont trouvé refuge, de « se rendre immédiatement dans des abris (quels abris ? -NdT) à Deir al-Balah ».

« Les gens se demandent où aller », a déclaré Motaz Azaiza, journaliste de Gaza, dans un reportage vidéo réalisé ce matin dans le camp de réfugiés d’Al Buriej, ajoutant que la ville elle-même est remplie de personnes qui ont déjà évacué le nord et qui pourraient être à nouveau déplacées.

« Il y a des malades, des blessés, des gens qui ne peuvent pas partir », a-t-il poursuivi. “« Ils se demandent ce qui va se passer ensuite. »

Les bombardements israéliens se sont poursuivis à Jabalia, où au moins 30 personnes ont été tuées, dont 16 membres de la famille al-Bursa, et dans la ville de Gaza, où neuf autres Palestiniens ont été tués après le bombardement d’une maison d’habitation.

Avec l’épuisement des réserves de carburant, le nord de Gaza n’a plus d’hôpitaux en état de fonctionnement et les médecins ne sont plus en mesure que de prodiguer les premiers soins et de gérer la douleur.

« Notre personnel est à court de mots pour décrire la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les patients et les travailleurs de la santé », a déclaré Richard Peeperkorn, représentant de l’OMS, à la suite d’une mission de l’ONU à l’hôpital Al Ahli Arab et à l’hôpital Al Shifa, dans le nord de Gaza.

« Il n’y a plus de salles d’opération en raison du manque de carburant, d’électricité, de fournitures médicales et de personnel de santé, y compris de chirurgiens et d’autres spécialistes. »

Malgré le manque de ressources, les jeunes médecins et les infirmières continuent à fournir les premiers soins et à traiter les blessures à l’hôpital Ahli Arab. Cependant, les patients nécessitant des interventions chirurgicales plus complexes doivent être transférés dans d’autres hôpitaux pour survivre.

Avec la perte des hôpitaux du nord de Gaza, il n’y a plus que neuf hôpitaux en fonctionnement dans toute la bande de Gaza.

Un nouveau rapport de la Classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire (IPC), soutenue par les Nations unies, a révélé que 25 % de la population de Gaza est confrontée à une faim « à un niveau critique », quatre ménages sur cinq dans le nord et la moitié des ménages dans le sud passant des journées entières sans pouvoir s’alimenter.

L’IPC prévoit qu’à moins d’un cessez-le-feu permettant à l’aide humanitaire d’atteindre les personnes dans le besoin, d’ici le 7 février, l’ensemble de la population de Gaza souffrira de la faim à un niveau « critique ou pire ».

Il s’agit de la proportion la plus élevée de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë que l’IPC ait jamais identifiée.

« Le PAM a mis en garde contre cette catastrophe à venir depuis des semaines », a déclaré Cindy McCain, directrice exécutive du PAM. « Tragiquement, sans l’accès sûr et cohérent que nous demandons, la situation est désespérée et personne à Gaza n’est à l’abri de la famine. »

L’insécurité alimentaire a également conduit un plus grand nombre de personnes à manger des aliments avariés et à boire de l’eau salée, contribuant à une augmentation des problèmes de santé tels que la diarrhée et la déshydratation qui exacerbent les maladies potentiellement mortelles, dans un contexte d’effondrement des infrastructures de soins de santé.

Le PAM souligne que tout cela pourrait être évité – ou du moins atténué – avec un cessez-le-feu qui permettrait à l’aide humanitaire d’entrer dans la bande de Gaza.

« Nous avons besoin d’un accès durable. Nous avons besoin de l’ouverture des frontières et des points de passage pour que la nourriture puisse entrer. Nous devons être en mesure de livrer de la nourriture là où les gens en ont besoin », a déclaré un porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) à Al Jazeera. « Et nous avons besoin d’un cessez-le-feu. »

Les rafles se poursuivent en Cisjordanie alors que les forces israéliennes bouclent Bethléem à l’approche de Noël

Les arrestations massives se sont poursuivies en Cisjordanie la nuit dernière, les forces israéliennes ayant effectué des descentes dans les villages de Beit Rima et de Dura et arrêté au moins 11 personnes.

Le nombre de Palestiniens détenus en Cisjordanie depuis le 7 octobre s’élève désormais à plus de 4600 personnes, la grande majorité des détentions ayant eu lieu à Hébron.

RAMALLAH, jeudi 21 décembre 2023 (WAFA) – La Société des prisonniers palestiniens (PPS) a tenu l’administration pénitentiaire de l’occupation israélienne entièrement responsable de l’état de santé grave de Farouk Ahmad Khatib, 30 ans, de la ville d’Abu Shkheidem, au nord-ouest de Ramallah, qui a été libéré hier soir, deux mois avant la fin de sa période de détention, après avoir passé quatre mois en détention administrative.
Le PPS a déclaré que, selon la famille de Khatib, leur fils ne souffrait d’aucune maladie chronique avant son arrestation. Il souffrait seulement d’un rythme cardiaque rapide, qui s’est manifesté lors de sa première arrestation, qui a duré quatre ans, et il a été libéré deux mois avant sa dernière arrestation.
Elle a déclaré que Khatib avait été sévèrement battu par les forces du Nahshon lors de son transfert de la prison d’Ofer à celle de Ramleh, ce qui a conduit à cette étape dangereuse pour sa vie – Photo : via Wafa

Selon le dernier rapport de la Société des prisonniers palestiniens, plus de 260 enfants ont été détenus, ainsi que 160 femmes. Six personnes sont mortes en détention et plusieurs ont connu des problèmes de santé qui ont été exacerbés par leur expérience en détention, où beaucoup ont subi des tortures et d’autres formes d’abus.

En temps normal, la ville de Bethléem accueillerait jusqu’à 1,5 million de touristes et de pèlerins venus du monde entier pour voir le lieu de naissance de Jésus à cette époque de l’année, mais cette année, les forces israéliennes ont bouclé la ville alors qu’elles poursuivent leurs raids d’arrestation visant les Palestiniens dans toute la Cisjordanie.

Outre les retombées de ces raids violents, Bethléem subit également l’impact économique de l’absence de touristes. Les pertes sont estimées à 200 millions de dollars pour l’ensemble du pays, dont 60 % pour Bethléem.

Les églises de Palestine ont décidé d’annuler les célébrations de Noël, en solidarité avec la population de Gaza. Une église a même installé une scène symbolique de Jésus dans la crèche, entourée de décombres.

« Si le Christ devait naître aujourd’hui, il naîtrait sous les décombres », a déclaré à Al Jazeera le pasteur Munther Isaac, de l’église évangélique luthérienne de la Nativité à Bethléem, pour expliquer la scène de la nativité.

Conseil de sécurité : les États-Unis sabotent une nouvelle demande d’un cessez-le-feu permanent à Gaza

Après plusieurs jours d’atermoiements, la résolution appellait également à la mise en place des « conditions d’une cessation durable des hostilités », mais sans appeler à un cessez-le-feu immédiat.

Le correspondant d’Al Mayadeen à New York a rapporté aujourd’hui que les États-Unis ont opposé leur veto à un amendement russe à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur Gaza appelant à une « cessation urgente et durable des hostilités x.

À la suite du veto américain, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté en faveur d’une résolution exigeant « l’acheminement sûr et sans entrave de l’aide humanitaire à grande échelle », conformément à la résolution 2722 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Après de nombreux retards, la résolution a également appelé à la mise en place de « conditions pour une cessation durable des hostilités », mais n’a pas appelé à un cessez-le-feu immédiat.

La Russie et les États-Unis se sont abstenus, ce qui signifie que la résolution a été adoptée avec 13 voix pour, la Russie appelant à un cessez-le-feu immédiat.

La résolution exhorte « toutes les parties » à « autoriser et faciliter l’utilisation de toutes les voies d’accès à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris les points de passage frontaliers, pour l’acheminement de l’aide humanitaire ».

Il propose également la nomination d’un coordinateur humanitaire des Nations unies chargé de superviser et de vérifier les fournitures entrant dans la bande de Gaza. Un projet antérieur indiquait que le système d’aide visant à accélérer la distribution des secours serait « exclusivement « placé sous l’autorité des Nations unies.

Il est désormais précisé qu’il sera géré en collaboration avec “toutes les parties concernées », ce qui implique qu’ « Israël » conservera le contrôle opérationnel des fournitures d’aide.

Les autorités de Gaza ont signalé qu’ « Israël » avait bombardé un passage nouvellement ouvert pour l’aide.

La Russie, citant les manoeuvres de la délégation américaine, met en garde contre le fait que le document révisé comporte un élément dangereux pour l’avenir de Gaza en remplaçant l’appel urgent à un cessez-le-feu immédiat par un terme imprécis, selon le représentant permanent auprès des Nations unies, Vassily Nebenzia, vendredi.

« Grâce aux magouilles de la délégation américaine, ce projet de résolution a inclus un élément extrêmement dangereux pour l’avenir de Gaza », a déclaré M. Nebenzia, ajoutant qu’au lieu d’œuvrer pour une cessation immédiate de la violence, « une phrase ambiguë est apparue, appelant les parties à créer les conditions d’une cessation des hostilités ».

M. Nebenzia a expliqué que les États-Unis ont eu recours à leur « tactique préférée de pression grossière, de chantage et de torsion des bras », ce qui a eu pour effet de « neutraliser considérablement » le contenu du projet de résolution sur Gaza.

22 décembre 2023 – Mondoweiss – Traduction : Chronique de Palestine