Israël est en pleine furie meurtrière

29 février 2024 - Le « carnage » à Gaza, qui a fait plus de 30 000 morts parmi les Palestiniens, doit cesser immédiatement, a déclaré ce soir Volker Türk, chef des droits de l'homme de l'ONU, au Conseil des droits de l'homme, après près de cinq mois de bombardements israéliens constants et de déplacements massifs de Palestiniens dans l'enclave. « La guerre à Gaza doit cesser », a déclaré M. Türk, insistant sur le fait qu'il était « bien trop tard » pour la paix, la responsabilité et les enquêtes sur les violations « évidentes » du droit humanitaire international et les éventuels crimes de guerre commis tout au long de l'agression israélienne en cours. « Il semble qu'il n'y ait pas de limites - pas de mots pour décrire - les horreurs qui se déroulent sous nos yeux à Gaza », a déclaré le Haut Commissaire Türk, alors qu'il présentait au Conseil un rapport programmé de son bureau, le HCDH, sur la situation désespérée dans le Territoire palestinien occupé - Photo : via Al-Qods News Network

Par Andrew Mitrovica

Une pantomime hélas familière se joue dans les comptes-rendus choquants du massacre de plus de 100 Palestiniens désespérément en attente d’aide humanitaire.

Un autre jour, un autre massacre.

Tel est le lot inévitable des Palestiniens dans le sinistre désert dystopique qu’est Gaza.

C’est inévitable parce que peu importe l’ampleur, la nature ou la manière des violacions, les Palestiniens ont été, et seront toujours, considérés comme du fourrage humain jetable par l’armée israélienne et les fanatiques et incitateurs impénitents qui les soutiennent.

Ils sont, bien sûr, à pied d’œuvre pour essayer, comme ils sont conditionnés à le faire, de trouver une explication, une excuse, une justification pour absoudre Israël de sa responsabilité pour les crimes contre l’humanité qu’il a commis en toute impunité à Gaza et au-delà.

Dans leur calcul d’une totale myopie, Israël n’est jamais à blâmer, jamais responsable, jamais l’auteur, jamais coupable… Admettre qu’Israël est à blâmer, responsable, auteur ou coupable, signifierait, en fait, admettre leur propre culpabilité également.

La palette habituelle de mensonges, de distorsions et d’obscurcissements est déployée, à la demande, par les menteurs habituels dans les capitales et les salles de presse habituelles pour nier ou obscurcir l’évidence.

L’aveuglement est un appendice nécessaire à leur complicité. Ils refusent de voir ce que le reste d’entre nous peut voir. Leur allégeance évangélique à Israël l’emporte sur la vérité et la décence. Cela a toujours été le cas et le sera toujours.

Cette pantomime hélas familière se joue dans les comptes-rendus choquants du massacre de plus de 100 Palestiniens désespérément en attente d’aide humanitaire, qui se sont jetés sur des camions transportant les nécessités de survie qui leur sont refusées par un régime fanatique résolu à les tuer, que ce soit rapidement ou lentement.

Cette fois, la terreur a eu lieu dans la rue al-Rashid, dans la périphérie sud-ouest de ce qui reste de la ville de Gaza, où des milliers de sans-abri palestiniens s’étaient rassemblés à l’air libre de la nuit.

Ils avaient froid, étaient malades, assoiffés, affamés…

Ce qui s’est passé à cet endroit et à ce moment-là n’était pas un « incident » ou une « scène chaotique x. Il s’agissait plutôt d’une preuve mortelle du génocide commis par une puissance d’occupation impitoyable contre un peuple emprisonné et impuissant, avec une efficacité délibérée et perverse.

Nous savons ce qui s’est passé à cet endroit et à ce moment-là parce qu’Ismail al-Ghoul, de la chaîne Al Jazeera, était sur place. Il n’était pas à Tel Aviv ou à Jérusalem-Est occupée. Il n’était pas dans un studio de télévision à Washington, DC, New York, Londres ou Paris, se fiant au récit d’un porte-parole israélien arrogant. Il était sur place.

Voici ce dont al-Ghoul rapporte avoir été témoin.

Des dizaines de Palestiniens ont entendu dire que des camions transportant de la farine précieuse étaient sur le point d’arriver. Alors qu’ils attendaient anxieusement, tôt jeudi matin, les soldats israéliens ont commencé à tirer. On peut entendre le crépitement des tirs sur la vidéo qui a filmé la folie meurtrière.

« Nous sommes allés chercher de la farine. L’armée israélienne nous a tiré dessus. Il y a beaucoup de martyrs sur le terrain et jusqu’à ce moment, nous les retirons. Il n’y a pas de premiers soins », a déclaré un témoin à Al Jazeera.

Un autre témoin a ajouté : « Les Israéliens ont ouvert le feu sur nous au hasard, comme s’il s’agissait d’un piège ».

Ensuite, après avoir mitraillé les Palestiniens, les chars israéliens ont avancé et écrasé les morts et les blessés, a indiqué M. al-Ghoul.

Ce que les témoins semblent décrire est la tactique militaire connue sous le nom de « double tap ». La première frappe atteint la cible visée. La seconde frappe vise les passants qui tentent d’aider les morts et les blessés.

Quoi qu’il en soit, lorsque le carnage s’est achevé, le nombre impressionnant de morts et de blessés palestiniens a augmenté, comme chaque jour depuis cinq mois, avec une férocité implacable.

Lorsque le jour s’est levé, la véritable mesure de l’effroyable massacre est devenue évidente.

Les ambulances ne pouvaient pas atteindre les dizaines de morts et de défigurés car les routes, comme la majeure partie de Gaza, avaient été détruites.

Les morts ont été chargés sur le plateau d’un des camions d’aide transformé en morgue mobile, leurs corps mous et sans vie entrelacés dans un grotesque amas d’humanité.

Le déluge de blessés palestiniens ayant survécu à l’attaque s’est abattu sur des hôpitaux débordés et sur les soignants qui les peuplent encore.

« Les hôpitaux ne sont plus en mesure d’accueillir le nombre considérable de patients car ils manquent de carburant, sans parler des médicaments. Les hôpitaux ont également manqué de sang », a déclaré M. al-Ghoul.

Un médecin palestinien qui s’apprêtait à aider les blessés dans ce chaos sanglant a admis qu’il ne pouvait pas faire grand-chose.

« La majorité des cas nécessitent une intervention chirurgicale et des salles d’opération », a-t-il déclaré. « Pour être honnête, je ne sais pas ce que nous pouvons faire. La situation est … épouvantable ».

La situation est « épouvantable » depuis longtemps. Mais la soi-disant « communauté internationale » tergiverse. Pire encore, elle débite des platitudes dénuées de sens « appelant » Israël à cesser de tuer des civils.

Il est clair que les tergiversations et les platitudes ne fonctionnent pas. Les crimes contre l’humanité se poursuivent encore et encore.

Au début, Israël a déclaré que les Palestiniens étaient responsables des meurtres et des dommages causés aux Palestiniens.

Les Palestiniens ont été écrasés et piétinés, selon Israël, lorsqu’ils se sont précipités vers les camions d’aide. Ce n’est pas notre faute.

Comme on pouvait s’y attendre, ce « raisonnement » malsain n’explique pas pourquoi des hordes de Palestiniens doivent charger les camions d’aide.

L’objectif déclaré d’Israël est de forcer les Palestiniens à capituler en les privant de nourriture, d’eau, de carburant et de médicaments.

Ensuite, Israël a viré de bord. Nous n’avions pas l’intention de commencer à tirer sur des civils non armés. Nous avons commencé à tirer uniquement parce que nos soldats lourdement armés se sentaient « menacés » par des civils non armés.

Israël sait que ces absurdités flagrantes fonctionneront. Elles ont déjà fonctionné par le passé. Elles fonctionneront encore.

Israël sait qu’il a le droit de tuer autant de Palestiniens qu’il le souhaite, quand il le souhaite, aussi longtemps qu’il le souhaite, par tous les moyens qu’il souhaite, et que la « communauté internationale x ne fera rien de concret pour l’en empêcher.

Au lieu de cela, elle hochera la tête en signe d’approbation et d’accord. Elle acceptera la version d’Israël de ce qui s’est passé.

L’ « indignation » durera un jour ou deux, puis la « communauté internationale » poursuivra son petit bonhomme de chemin.

Pendant ce temps, les Palestiniens devront enterrer à la main un plus grand nombre de leurs morts dans des fosses à ciel ouvert, en attendant que l’insatiable « rage de tuer » d’Israël prenne fin.

1er mars 2024 – Al-Jazeera – Traduction : Chronique de Palestine