Ce que pensent des élections les jeunes Palestiniens

Commission électorale centrale - Photo : via WeAreNotNumbers

Par Mona AlMsaddar

Les prochaines élections en Palestine occupée – prévues le 22 mai pour les députés, le 31 juillet pour la présidence et le 31 août pour le Conseil national – représentent un mélange de défis, d’opportunités et de menaces qui dépendent grandement du lieu où vivent les jeunes Palestiniens.

L’exclusion de Jérusalem-Est

“Je veux désespérément pouvoir voter aux élections palestiniennes, mais je ne le pourrai pas”, dit Layal, 25 ans, qui vit à Jérusalem. L’occupation israélienne sépare Jérusalem-Est des autres villes palestiniennes et empêche les Palestiniens qui y vivent d’avoir des cartes d’identité palestiniennes.

Près de 3 millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza ont exprimé leur intention de voter aux prochaines élections.

Les électeurs de Jérusalem-Est augmenteraient ce nombre de plusieurs centaines de milliers s’ils étaient autorisés à voter. En 2005, les habitants de Jérusalem-Est ont voté dans des bureaux de poste israéliens dans leurs quartiers de la ville, mais les Israéliens et l’Autorité palestinienne ne sont pas d’accord sur la question de savoir si ce vote serait à nouveau autorisé.

Certaines personnes proposent d’installer des bureaux de vote près de la mosquée Al-Aqsa et de l’église du Saint-Sépulcre dans la vieille ville de Jérusalem, mais de nombreux Palestiniens de la ville ne sont pas sûrs que cela fonctionnerait. Au mieux, le fait de n’avoir que deux bureaux de vote rendrait l’accès difficile pour les habitants et au pire, les points de contrôle israéliens aux portes de la ville en bloqueraient tout simplement l’accès.

Pour compliquer encore plus les choses, un porte-parole de l’Union européenne a fait savoir qu’il n’y a toujours pas de réponse d’Israël à la demande d’une présence d’observateurs européens à Jérusalem pour garantir des élections justes et équitables.

Un enthousiasme teinté de scepticisme

Les habitants de la bande de Gaza et de Cisjordanie pourront voter, mais leurs attentes ont été déçues à plusieurs reprises au cours des 15 dernières années lorsque les élections ont été annoncées puis annulées. Chaque fois que des élections ont été reportées, les espoirs de changement se sont effondrés, et la jeunesse palestinienne se demande avec raison si les annonces faites sont crédibles.

Peuvent-ils cette fois-ci faire confiance au gouvernement ou même aux partis ?

Certains jeunes Palestiniens qui s’impliquent dans les organisations politiques et suivent leurs programmes sont pleins d’espoir que leur parti remportera les élections. Ils font également tout leur possible pour convaincre les autres de voter pour leur organisation, et cet engagement leur donne la possibilité de contribuer au processus démocratique.

À l’autre bout du spectre, il y a des jeunes qui ne font plus confiance à aucun parti. Ils se demandent si ces élections auront une quelconque réalité, ou si elles ne sont qu’un mensonge de plus pour manipuler les gens. De plus, certains jeunes vont jusqu’à souhaiter que les élections n’aient pas lieu, et malheureusement, ils refusent de voter et justifient leur refus en expliquant que leur vote ne changera rien à moins qu’il n’y ait d’autres candidats.

Il convient de noter que l’opinion dominante est pour un changement politique. Des ajustements se sont imposés dans les listes de candidats des partis – des listes qui viennent d’être déposées – parce que les noms sur les listes étaient ceux des personnes responsables en premier lieu des conflits internes entre Palestiniens. Des appels ont donc été lancés en direction des jeunes et de personnalités indépendantes pour se présenter aux élections présidentielles et législatives.

De jeunes Palestiniens, indépendants des partis, ont présenté au moins trois des 35 listes électorales qui ont été déposées et enregistrées.

La crainte des conséquences

Des inquiétudes sont apparues quant à une possible répétition des élections de 2005, lorsque les résultats électoraux ont mené à une scission de la gouvernance entre le Hamas à Gaza et l’Organisation de libération de la Palestine en Cisjordanie.

Au cours des dernières années, des efforts ont été faits pour résoudre ces fractures, mais les électeurs craignent que les résultats des élections ne conduisent à une nouvelle scission. Le processus électoral intensifie la ferveur politique et la ferveur idéologique, et par conséquent le public palestinien craint que les membres des partis ayant perdu les élections n’acceptent pas le résultat.

C’est un grand sujet d’inquiétude, car le statu quo en Palestine ne supporterait pas une nouvelle crise. Les gens ont également peur de l’impact à long terme des résultats des élections sur la cause palestinienne.

L’impact du coronavirus

Le COVID-19 est un défi majeur dans le cadre de ces élections. Le ministère palestinien de la Santé met en garde contre un pic croissant de contaminations, entraînant une prolongation de l’état d’urgence en Cisjordanie pour un mois supplémentaire. Les Palestiniens se demandent dans quelle mesure il leur sera possible de maintenir les élections et de voter pendant la pandémie.

Pour conclure, la Palestine franchit une étape très importante dans sa vie politique qui affectera assurément son projet national. Et il est difficile d’imaginer une légitimité à ces élections sans la participation des Palestiniens qui vivent à Jérusalem-Est.

La loi électorale palestinienne devrait soutenir le droit des résidents de Jérusalem-Est de se présenter aux élections et de voter. Ces changements renforceraient la crédibilité du vote.

Il est important que ces défis et inquiétudes soient surmontés de manière à ne pas compromettre les résultats. Les élections de 2021 sont cruciales pour l’amélioration de la situation en Palestine. Le résultat du vote doit être la formation d’un nouveau gouvernement qui travaillera à ressouder la société et qui se concentrera sur les questions telles que les réfugiés et leur droit au retour.

* Mona AlMsaddar est le genre de personne qui jamais ne cesse de vouloir réaliser ses rêves et respecter ses principes. Elle se considère comme une poète, et c’est pourquoi elle écoute profondément son cœur. “Peu importe la difficulté de la vie, la solution réside toujours en deux mots: Essayez et Croyez.” Mona a travaillé comme formatrice en anglais pendant plus de trois ans. Elle aime ses élèves et se sent responsable de leur donner le meilleur de sa personne et de ses connaissances. Enfin, elle adore essayer de nouvelles choses, et surtout “voler” à travers la musique et la marche.

15 avril 2021 – We Are Not Numbers – Traduction : Chronique de Palestine