Après la vague massive de frappes aériennes israéliennes qui ont tué plus de 100 Palestiniens

29 octobre 2025 - Deux hommes pleurent devant le corps d'une parente décédée devant l'hôpital Al-Awda, dans le centre de Gaza, à la suite d'une vague de frappes aériennes israéliennes - Image : Capture d'écran vidéo d'Abdel Qader Sabbah

Par Abdel Qader Sabbah, Sharif Abdel Kouddous

« Chaque fois que nous nous réveillons dans ce cauchemar, ils nous choquent à nouveau avec le cauchemar d’un retour à la guerre. »

CAMPS DE RÉFUGIÉS DE NUSEIRAT, GAZA — Le Dr Sami Jabr se tenait mercredi sur les décombres de la maison de la famille Abu Dalal dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de Gaza, quelques heures seulement après son bombardement.

Ils étaient ses voisins. Il ne restait plus que des tas de gravats et des arbres déracinés. Des vêtements, des matelas et d’autres vestiges de leur vie étaient mélangés au béton brisé.

« Je commençais à m’endormir quand, boum ! Une succession de bombes a frappé la maison de nos voisins, la famille Abu Dalal, nos proches et nos amis. C’était un massacre. Un massacre. Un massacre.

Nous sommes sortis et n’avons trouvé personne. Seulement des morceaux de corps et des corps démembrés. Il ne restait plus personne en vie… Il y avait un enfant sans tête. Des scènes qui vous brisent le cœur », a déclaré Jabr à Drop Site. « Nous n’avions rien à voir avec tout cela. Quelle est la cause de tout cela ? »

Au moins onze membres de la famille Abu Dalal, dont quatre enfants, ont été tués mardi soir dans le double bombardement de leur maison, qui s’inscrit dans une vague massive de frappes aériennes et de tirs de chars israéliens sur l’enclave pendant la nuit, marquant l’épisode le plus sanglant à Gaza depuis l’entrée en vigueur du soi-disant « cessez-le-feu » le 10 octobre.

Israël a tué au moins 104 Palestiniens, dont 46 enfants, en moins de 12 heures de bombardements. Plus de 250 personnes ont été blessées, dont 78 enfants.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Turk, a dénoncé l’attaque israélienne en déclarant : « Les informations selon lesquelles plus de 100 Palestiniens ont été tués pendant la nuit dans une vague de frappes aériennes israéliennes – principalement sur des bâtiments résidentiels, des tentes de déplacés internes et des écoles dans toute la bande de Gaza à la suite de la mort d’un soldat israélien – sont effroyables ».

Il a ajouté : « Il est affligeant que ces meurtres aient eu lieu juste au moment où la population de Gaza, qui souffre depuis si longtemps, commençait à croire qu’il y avait un espoir que le déferlement incessant de violence puisse prendre fin. »

Avant l’aube à Nuseirat, les gens utilisaient des lampes de poche pour fouiller les décombres, dont certains fumaient encore, afin d’en extraire les morts et les blessés et de les transporter dans des couvertures jusqu’aux ambulances qui attendaient à proximité.

29 octobre 2025 – Les décombres de la maison de la famille Abu Dalal dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de Gaza, quelques heures après son bombardement – Image : Capture d’écran vidéo d’Abdel Qader Sabbah

Jabr, un médecin qui travaille habituellement à l’hôpital Nasser de Khan Younis, n’a pas pu prendre son service malgré l’afflux de blessés. « Je pouvais à peine bouger ou faire quoi que ce soit. Hier… j’ai survécu de justesse », a-t-il déclaré.

« Chaque fois que nous nous réveillons dans ce cauchemar, ils nous choquent à nouveau avec le cauchemar d’un retour à la guerre. »

Ces massacres ont eu lieu après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré mardi avoir ordonné à l’armée de mener des « frappes puissantes » sur Gaza à la suite d’un échange de tirs à Rafah.

L’armée israélienne a ensuite déclaré qu’un soldat israélien, qui avait la nationalité américaine, avait été tué lors d’une attaque. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a déclaré dans un communiqué : « Quiconque lève la main sur des soldats [israéliens] verra sa main coupée. »

Le Hamas a immédiatement nié toute implication dans la mort du soldat israélien, affirmant qu’il « n’avait aucun lien avec la fusillade de Rafah et réaffirmait son engagement envers l’accord de cessez-le-feu ».

Selon un article publié par le média israélien Walla, l’armée israélienne pensait que les militants palestiniens qui s’étaient affrontés avec ses troupes à Rafah appartenaient probablement à une cellule isolée et déconnectée, assiégée depuis longtemps. L’article indiquait également que l’armée israélienne n’était pas en mesure de déterminer si l’attaque avait été approuvée par les dirigeants du Hamas.

Cet article faisait écho à un autre publié la semaine dernière, lorsque deux soldats israéliens avaient été tués à Rafah, un incident pour lequel le Hamas avait également nié toute responsabilité.

À l’époque, la chaîne israélienne Channel 7 avait cité une discussion classifiée au sein de la commission de la sécurité et des affaires étrangères de la Knesset, au cours de laquelle des responsables militaires israéliens avaient conclu que « les terroristes étaient coupés de toute communication avec le monde extérieur et ignoraient qu’un cessez-le-feu avait été conclu, ce qui les avait conduits à mener l’attaque au cours de laquelle deux soldats de l’armée israélienne ont été tués ».

Mardi également, Israël a annoncé que les restes d’un prisonnier remis par le Hamas à Gaza au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne correspondaient pas à l’un des 13 prisonniers décédés restants dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu. Israël a déclaré que les analystes médico-légaux avaient ensuite déterminé que les restes humains appartenaient à un prisonnier israélien dont une partie des restes avait été retrouvée par les troupes israéliennes en novembre 2023.

Israël a également accusé le Hamas d’avoir « mis en scène » la récupération et a diffusé des images montrant des combattants du Hamas en train d’enterrer un corps avant d’appeler le CICR.

Sur la base des images israéliennes, le CICR a déclaré que son personnel « n’était pas au courant qu’un défunt avait été placé là avant leur arrivée ». « Notre équipe a seulement observé ce qui semblait être la récupération de restes humains sans avoir connaissance préalable des circonstances qui y ont conduit », ajoute le communiqué.

Israël a violé l’accord de cessez-le-feu chaque jour depuis son entrée en vigueur, tirant et tuant des Palestiniens, restreignant l’acheminement de l’aide humanitaire et refusant d’ouvrir le passage frontalier de Rafah.

Et peu d’attention internationale a été accordée aux quelque 10 000 corps de Palestiniens disparus sous les décombres à Gaza, dont la récupération sans équipement approprié s’avère ardue.

En réponse à l’ordre donné par Netanyahu de mener des « frappes puissantes » sur Gaza, les Brigades Qassam, la branche armée du Hamas, ont déclaré qu’elles retarderaient la remise des restes d’un autre prisonnier israélien, prévue mardi soir.

29 octobre 2025 – Deuil et funérailles dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de Gaza – Image : Capture d’écran vidéo d’Abdel Qader Sabbah

« Le monde doit comprendre que le sang de nos enfants et de nos femmes n’est pas bon marché, et que la résistance – avec toutes ses organisations qui se sont engagées dans l’accord avec une volonté de responsabilité et qui restent fidèles à celui-ci – ne permettra pas à l’ennemi d’imposer de nouvelles réalités sous les bombes », a déclaré le Hamas dans un communiqué.

« Le Hamas appelle également les médiateurs et les garants à assumer pleinement leurs responsabilités concernant cette rupture agressive, et à exercer une pression immédiate sur le gouvernement d’occupation afin qu’il mette fin à ses massacres et s’engage pleinement à respecter les termes de l’accord. »

Selon l’Associated Press, Israël a informé les États-Unis avant de lancer les frappes mardi. S’adressant aux journalistes à bord d’Air Force One, le président Donald Trump a défendu l’attaque israélienne en déclarant : « Si je comprends bien, ils ont éliminé un soldat israélien. Les Israéliens ont donc riposté, et ils devaient riposter. Quand cela se produit, ils doivent riposter. »

Il a ajouté : « Rien ne va compromettre » le cessez-le-feu et que « s’ils (le Hamas) se comportent bien, ils seront heureux, et s’ils ne se comportent pas bien, ils seront éliminés — leur vie sera éliminée. »

Le vice-président JD Vance a déclaré que le cessez-le-feu « tient bon », qualifiant les attaques israéliennes qui ont tué des dizaines d’enfants de « petites escarmouches ici et là ».

Mercredi midi, l’armée israélienne a déclaré qu’elle était « revenue à l’accord après qu’il ait été violé par le groupe terroriste Hamas », mais s’est réservé le droit de « répondre avec force à chaque violation ». Quelques heures plus tard, Israël a annoncé avoir bombardé un quartier de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, lors d’une frappe qui a tué au moins un Palestinien, selon Al Jazeera.

Mercredi matin, à Nuseirat, l’hôpital Al-Awda était bondé de personnes venues rendre hommage aux défunts, après avoir reçu à lui seul au moins 30 corps.

Des funérailles collectives ont été organisées, rassemblant des centaines de personnes dans les rues pour prier pour la famille Abu Dalal et d’autres, dont les corps, enveloppés dans des sacs mortuaires blancs, étaient empilés sur des camions.

À l’extérieur du complexe hospitalier, deux hommes pleuraient sur le cadavre d’une jeune femme de leur famille, enveloppé dans un drap ensanglanté et posé sur le sol.

« Nous n’avons plus aucune force », a déclaré Jabr. « Ce ne sont pas que des mots. Je jure devant Dieu que nous sommes épuisés. »


29 octobre 2025 – Drop Site News – Traduction : Chronique de Palestine

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